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Influence des accidents météorologiques sur la croissance des arbres. - Un autre professeur à l'École forestière de Nancy, M. Émile Mer, s'est occupé, à un point de vue un peu différent, de l'action des conditions climatériques sur la végé tation des arbres. Il a comparé aux effets des sécheresses des étés de 1892 et de 1893 ceux des périodes pluvieuses, dans les Vosges, des années 1887 et surtout 1888.

En ce qui concerne les états climatériques extrêmes, comme ceux de 1888 et de 1893, les constatations de M. Mer portent sur ce fait que la sécheresse ralentit la croissance des arbres à la fois en hauteur et en diamètre, et que l'état prolongé d'humidité atmosphérique a une moindre influence sur l'accroissement en hauteur, mais une beaucoup plus grande sur le développement en grosseur.

Des conditions météorologiques analogues, quoique moins extrêmes comme intensité et surtout comme durée (d'une part les années 1887 et 1892, d'autre part 1894), exercent encore, bien que dans une moindre proportion, une influence sensible.

Enfin il importe de tenir compte, dans le cours de la période végétative, du moment de cette période, fin ou commencement, où ces accidents météorologiques se font sentir. Si c'est au commencement, comme en 1888, 1892 et 1893, c'est surtout l'accroissement en hauteur qui sera ralenti. Si c'est vers la fin de la période végétative, comme en 1887, alors que l'évolution des bourgeons est terminée, le ralentissement se fera sentir sur le diamètre.

Comme son collègue M. Henry, M. Mer conclut que la production ligneuse est soumise, ainsi que les autres produits du sol, à des oscillations dues aux conditions météorologiques; et il ajoute qu'il devra à l'avenir être tenu compte, dans les opérations forestières, de l'influence qu'exercent les fluctuations climatériques sur la croissance des arbres (1).

Ce conseil est parfait en théorie : l'application pratique ne paraît pas devoir en être toujours facile.

Funestes effets de la destruction des forêts littorales. Les forêts constituent une protection efficace, on le sait, non seulement contre le ravinement des pentes en montagne, mais aussi contre l'envahissement des sables sur les bords de la mer. La Basse-Côte de la Prusse orientale, qui s'étend d'Elbing à

(1) COMPTES RENDUS, 6 février 1895.

Kænisberg le long du Frische-Haff, cette sorte d'annexe de la baie de Dandzig, souffrirait cruellement aujourd'hui du déboisement inconsidéré qu'elle a subi au XVIe siècle. Le roi FrédéricGuillaume Ier ayant besoin d'argent, un sieur de Korff s'engagea à lui en procurer, moyennant l'autorisation de tirer parti" de tout ce qui était inutile „. C'est ainsi que, sous prétexte d'inutilité, il fit abattre toute la région boisée qui s'étendait le long du lac Frische-Haff et au delà. “Cette simple coupe sombre, (sic! l'auteur veut dire évidemment:" coupe blanche „) (1), lisonsnous dans la relation où nous puisons ces détails (2), encore aujourd'hui à l'État des préjudices irréparables.

cause

En effet, rien n'atténuant plus la violence des vents de mer, ceux-ci poussent les sables vers l'intérieur; la Frische-Haff serait ainsi déjà à moitié comblée, se couvrirait de roseaux et menacerait de se convertir en un vaste marécage; la route qui s'étend entre Elbing et Konisberg serait compromise, et la pêche dans le Haff menacée. Vainement s'efforce-t-on de fixer les dunes de sable avec des osiers, des graminées, des plantes à racines traçantes: ce ne sont là que palliatifs insuffisants. On donnerait aujourd'hui, assure-t-on, des millions pour reconstituer la forêt protectrice si imprudemment détruite, il y a un siècle et demi, pour un rendement en argent de 200 000 thalers à peine, soit environ 600 000 fr. On voit comment le sieur de Korff comprenait ce qui était inutile. Il est probable qu'en fournissant par ce procédé de l'argent à son souverain, l'industrieux sujet n'avait pas négligé ses petits intérêts personnels.

Le retrait de la végétation forestière dans les Alpes. Le col du Lautaret, situé au nord-ouest de Briançon, département des Hautes-Alpes, entre les deux bourgades du Monestier et de La Grave, offre une altitude de plus de 2000 mètres. M. W. Kilian y signale divers gisements de tufs calcaires de formation relativement récente et dont les débuts auraient précédé le retrait des derniers grands glaciers. On trouve dans ces tufs des fossiles végétaux assez nombreux, entre autres des rameaux et cônes de pin sylvestre, indiquant une végétation

(1) On appelle coupe blanche ou à blanc estoc une coupe qui fait tomber indistinctement tous les arbres, tous les brins d'un peuplement forestier quelconque. Au contraire on nomme coupe sombre, dans un massif de haute futaie, une coupe ne portant que sur un très petit nombre d'arbres, de manière à maintenir l'état sombre du massif. (2) BULLETIN Soc. centr. forest. de BelgiqUE, avril 1895.

forestière qui a aujourd'hui abandonné cette altitude. On n'y rencontre actuellement que quelques mélèzes malvenants et rabougris. L'auteur du mémoire en tire une corroboration des "nombreuses constatations tendant à établir la marche rétrograde de la végétation forestière dans les Alpes françaises (1) .. Un certain recul de la végétation forestière ne saurait être contesté. L'altitude du pin sylvestre, dans les Alpes dauphinoises. ne dépasse pas 1600 mètres aux temps actuels. Il faut descendre en latitude jusqu'aux Alpes maritimes pour le rencontrer à des hauteurs supramarines de 2000 mètres. Le mélèze, dans les Alpes provençales, s'élève jusqu'à 2300 mètres; même en Dauphiné il n'est pas rare de le rencontrer à des altitudes se rapprochant de cette dernière. Il est donc permis de penser que si la disparition du pin sylvestre, au col du Lautaret, provient de causes climatériques générales, la rareté et le médiocre état de végétation du mélèze au même lieu doit résulter de quelque autre cause. L'abus du pâturage des moutons, abus si indéracinable dans nos Alpes, est, vraisemblablement, plus que les influences climatériques, la cause de la disparition ou extrême restriction de la végétation forestière au Lautaret.

Projet de carte botanique et forestière de la France. Lors de la session commune des deux Sociétés botaniques de France et de Suisse, réunies à Genève les 5 et 6 août 1894. M. le professeur Flahaut, de Montpellier, a fait une proposition intéressante sous le rapport sylvicole. Ayant dressé une carte botanique du midi de la France, il expose les principes sur lesquels il s'est guidé. Élimination des espèces communes et qui, répandues partout, ou tout au moins sur de très vastes régions, ne sont caractéristiques ni des climats, ni des sols, ni des conditions météorologiques, ni des autres peuplements végétaux. Compte tenu avec grand soin, au contraire, des espèces présentant une importance de premier ordre dans la végétation et délimitant certaines zones, comparables (au moins métaphoriquement) aux "formations, géologiques, ces espèces étant toujours" accom pagnées d'un cortège, d'une association d'autres espèces dont elles sont inséparables,. L'auteur de la carte botanique indique, par des procédés graphiques, la zone, par exemple, du châ taignier, celle du chêne vert, celle du hêtre, et groupe ainsi une

(1) Les Tufs calcaires du Lautaret, mémoire de M. Kilian. COMPTES RENDUS, séance du 1er octobre 1894.

foule de faits rendus de la sorte plus apparents et plus aisément saisissants que par des catalogues même détaillés.

Cette synthèse géographique permet de dégager divers problèmes, comme l'origine d'espèces rares, ou comme la question des genres comprenant de nombreuses espèces non fixées.

Pratiquement elle permet de se rendre un compte suffisant des essences à choisir pour le reboisement des terrains vagues, soit en plaine, soit en montagne, et de fixer la limite des cultures. Tels propriétaires se sont ruinés dans certaines vallées pyrénéennes pour avoir planté le châtaignier trop haut, à une altitude où il ne fructifie plus : les graphiques de la carte leur auraient montré que, plus haut que la limite inférieure du hêtre, dans ces montagnes, le châtaignier ne donne plus ses fruits.

Le savant botaniste constate, par ses graphiques, un fait qui n'est pas pour surprendre les forestiers. Un massif de sapin (Abies pectinata) une fois détruit ne se reforme plus spontanément, au moins d'une manière prochaine; de même pour le hêtre, au moins au-dessous de 1200 mètres d'altitude: ils sont remplacés l'un et l'autre "par une végétation qui ne craint pas le soleil „. Mais lorsque celle-ci a établi sur le sol un couvert suffisamment prolongé, l'ancienne essence y reparaît quelquefois d'elle-même. Sur la proposition de M. Guignard appuyé par M. Fliche, professeur à l'Ecole forestière de Nancy, la Société a émis un vœu faisant appel au concours du ministère de l'Instruction publique pour l'extension de la carte botanique à la France tout entière (1).

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Sur la flore forestière en Algérie. La flore forestière de l'Algérie varie à l'infini, suivant d'ailleurs les altitudes et les expositions. Nos essences des climats tempérés, comme le frêne, le tremble et les autres peupliers, se rencontrent sur le bord des cours d'eau, reliées parfois par d'inextricables réseaux de lianes diverses. D'importants massifs répandus sur toute la région littorale, depuis les environs de Bône et de Philippeville jusqu'à ceux de Tlemcen, contiennent de très belles futaies de chênes divers liège (Quercus suber), zéen (Q. Merckii), yeuse (Q. ilex), kermès (Q.coccifera), faux-kermès (Q.pseudo-coccifera), à feuilles de châtaignier (Q. castaneaefolia). Leur station est comprise entre les altitudes de 500 et 1000 mètres, où l'on trouve aussi, s'accrochant aux flancs des rochers, les genévriers et le pin d'Alep. A

(1) Cosmos, no 507, 13 octobre 1894.

partir de 1000 mètres et jusqu'à 1600 mètres, se rencontrent les forêts de cèdres qui occupent, avec le sapin d'Espagne (Abies pinsapo), les versants du Djurjura, les environs de Blidah et de Teniet-el-Had et les plateaux du massif de l'Aurès, notamment le Tougourt ou Pic des Cèdres.

L'olivier occupe la zone voisine de la mer et les versants montagneux qui regardent la Méditerranée, ainsi que les pentes sahariennes de l'Aurès et les oasis qui longent, au sud, la base de ce massif montagneux. Dans les forêts plus ou moins dévastées, les eucalyptus, d'introduction récente, se mêleraient aisément aux jujubiers (Rhamnus zizyphus, Z. lotus, etc.), à l'arbousier (Arbutus unedo), au lentisque (Pistacia lentiscus), et autres végétaux de basse ou moyenne venue. Les eucalyptus ou gommiers devraient être affectés surtout aux terrains mouilleux ou marécageux, en raison de leur propriété énergiquement asséchante qui deviendrait nuisible dans les sols où l'humidité ne surabonde pas. Le térébinthe (Pistacia terebinthus). arbre de moyenue grandeur, et le tamarix (T. africana), grand arbrisseau, tous deux propres aux terrains secs, rompent seuls la monotonie des vastes plaines dans la région des hauts plateaux.

Rien à dire des dattiers, providence des oasis, ni des autres variétés de palmiers: ce ne sont pas, à proprement parler, des arbres forestiers. Mais il n'est pas sans intérêt de dire un mot des richesses végétales du jardin botanique de Hamma créé en 1832, aux portes d'Alger, dans un ancien marais d'une centaine d'hectares. A un beau massif de gommiers ou eucalyptus succède une fraîche allée de platanes que coupe une sombre avenue de bambous géants. Palmiers de la Havane, lataniers, dragoniers, figuiers des banians et à caoutchouc, goyaviers, sans parler d'une multitude d'autres plantes exotiques, s'accommodent merveilleusement du climat à la fois chaud et maritime du nord de l'Algérie (1).

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Le Tamarix d'Orient. Nous avons vu plus haut le Tamarix africana figurer dans la flore forestière de l'Algérie. Il est une autre espèce du genre, le tamarix d'Orient ou articulé, T. orientalis, indigène au Pendjab et naturalisé depuis plusieurs siècles en Egypte et au Maroc, et que préconise, pour la Tuni

(1) Cfr La Flore algérienne, par C. Marsillon, dans le Cosmos des 20 et 27 avril et 4 mai 1895.

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