Cet immense travail a forcé M. Des Étangs à vivre pendant douze années dans le monde des morts, parmi ceux que Virgile a placés dans le vestibule de l'enfer Qui sibi lethum Insontes peperere manu, vitamque perosi et dont le Dante unit les âmes aux arbres sanglants du septième cercle infernal. L'auteur ne nous donne encore que la première partie de son œuvre : le suicide politique. Dans la suite, il parlera de ceux que le scepticisme, l'imagination, les chagrins, l'amour, la misère, le jeu, la folie, ont entraînés à leur résolution suprême : victimes innombrables, pour la plupart inconnues! Il raconte aujourd'hui les derniers instants de ces malheureux qui troublés depuis soixante-dix ans par nos commotions politiques, déçus dans leurs plus chères espérances, agités jusqu'au délire par la fièvre qui surexcitait tous les esprits, plus dignes bien souvent de pitié que de blâme, n'ont pas été oubliés de l'histoire; c'est Valazé le Girondin qui échappe à l'échafaud par le poignard; c'est Condorcet, lassé de fuir et de dérober sa tête à ses implacables ennemis; c'est Chamfort qui se frappe avec un acharnement héroïque et ne parvient pas à mourir ; c'est Roland qui ne peut survivre à une femme adorée et à la ruine de ses illusions politiques; c'est Loménie de Brienne qui, sans avoir pu éviter la prison, même en sacrifiant à ses craintes ses convictions de citoyen et sa dignité de prêtre, prévient l'arrêt du tribunal et demande la mort au poison. J'ai cité quelques-uns des noms les plus célèbres je n'en dirai pas davantage. Il suffit d'avoir rapidement exposé le but et la portée du remarquable livre de M. Des Étangs. Espérons que bientôt ces études savantes, si tristement curieuses, arriveront à leur terme. Alors on pourra parcourir dans tous les sens l'immense nécropole des suicidés, et la moralité de l'œuvre apparaîtra. Les conclusions que M. Des Étangs ne peut manquer de résumer à la fin de ses études seront évidemment contraires au suicide. Les faits révélés démontreront de plus en plus ce que les plus grands penseurs ont compris. Ils dévoileront une vraie faiblesse sous les apparences d'un courage parfois déclamatoire, des vices réels sous le masque du stoïcisme, et ils aideront la philosophie à condamner avec une indulgence douloureuse, les malheureux qui, épouvantés par la lutte ou aveuglés par leurs erreurs, ont désespéré de Dieu, des hommes et d'eux-mêmes. LES ROUÉS SANS LE SAVOIR. Nouvelles, par M. Louis Ulbach. -Paris; Hachette, in-12. 1860. Peut-on être roué sans le savoir? Grave question psychologique, que M. Louis Ulbach résout affirmativement, aidé de cet esprit aimable et de ce bon langage que nos lecteurs connaissent. J'aime certes mieux être de son avis que de contredire un paradoxe ou une vérité dont il a su tirer trois nouvelles charmantes et parfaitement honnêtes, ce qui devient rare aujourd'hui. Trois nouvelles comme celles-là, mais ce sont trois arguments irrésistibles! Un seul de cette force m'eût désarmé. Que voulez-vous que je fasse contre trois? Avouons-le donc : il y a des roués sans le savoir. Cependant, si un beau désespoir pouvait me secourir, je dirais que l'ingénue du premier conte est bien fine, bien adroite, qu'elle connaît bien à fond le cœur des hommes. Si elle joue encore les rôles d'ingénue, assurément bientôt elle passera grande coquette : elle en a déjà les allures, et la grâce et les ruses. J'ajouterais que les trois jeunes gens si bien étudiés dans la seconde nouvelle, Un honnéte homme, exploitent avec une admirable sagacité cet héroïque André Vidal : ce sont des personnages fort madrés, et s'ils ne se sentent pas roués jusqu'au bout des ongles, c'est qu'ils n'ont guère étudié la psychologie et ne se connaissent pas eux-mêmes. La troisième nouvelle seule : les Deux Médecins, me force à battre en retraite. Voilà un roué par amour qui ne se doute pas de son adresse: pour sauver sa maîtresse, il aime, et pour être aimé d'elle, il n'emploie pas d'autre ruse que son propre amour : les docteurs de la passion l'ont enseigné il y a longtemps et un grand poëte l'a répété : Comment, disaient-ils, Sans philtres subtils? Aimez! disaient-elles. CHARLES DE MOUY. FIN DU NEUVIÈME VOLUME. Droit de reproduction réservé. TABLE DU NEUVIÈME VOLUME. LOUIS ULBACH. M. ET MADAME FERNEL. Sixième partie (fin). SAINT-MARC GIRARDIN. DE L'AMOUR CONJUGAL DANS LE DRAME. VI. La femme délaissée : Grisélidis et Palombe... line de Tristan. L'Octavie de Mairet. . . de Racine. La Zénobie de Crébillon. L'Idamé de Voltaire. . . 501 De la puissance temporelle des papes après Char- - Lutte de la papauté contre la maison de Hohen- Cinquième Partie. La papauté à Avignon. Philippe le Les papes à Avignon. - Tentative républicaine de Rienzi. Schisme d'Occident. Du rôle de la papauté après la prise de Constantinople. Conquête de la Romagne par César papauté. Réunion du duché de Ferrare et du duché d'Urbin aux 67 216 389 576 Deuxième Partie.-Démonstration du principe. Application à diverses 416 291 481 569 522 ARNOULD FRÉMY. — Les Matinées littéraires, de M. Taxile Delord. - ERCKMANN-CHATRIAN. LE VIOLON DU PENDU, conte fantastique. - - - - Chapitre XXVII. — L'Académie française et le R. P. Lacordaire.. - Chapitre XXIX. Chapitre XXX. M. Thiers, écrivain. Consulat et de l'Empire. L'Histoire de la Presse, par M. Eugène Hatin. Le roman anglais et le roman français. Le Rose et le Gris, par M. E. Forgues. Beatrix ou la madone de l'art, par - |