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plus facile et le plus dangereux à exercer, ce gou¬ vernement, né de l'ignorance et des ténèbres de la barbarie, quoique contrarié par le despotisme des hauts barons, parvint à se soutenir.

Au cominencement du quatorzième siècle, l'accroissement des domaines royaux et du nombre des propriétaires, fit sentir le besoin de donner une meilleure organisation au parlement et de le rendre sédentaire. Dans le siècle suivant, ce parlement, chargé de vérifier, enregistrer et publier les édits et ordonnances, s'arrogea, comme une conséquence de cette charge, le droit de faire des remontrances sur ces actes de la puissance royale, et même d'en refuser l'enregistrement. Ce droit, consacré par l'usage, tempéra quelquefois le despotisme des rois, ou plutôt celui des ministres; mais, par ce droit, le parlement n'exerçait qu'une force morale, et ne pouvait lutter efficacement contre des Richelieu, des Louis XIV, contre des lettres de jussion, des lits de justice et des exils. Ainsi les parlemens n'offraient qu'une faible résistance à l'action du despotisme absolu.

Telle était la prétendue constitution du royaume, qui laissait aux rois ou à leurs ministres un pouvoir illimité, et livrait l'État à toutes les variations résultant du naturel et du degré d'équité et d'instruction dont étaient doués les différens maîtres; sous chaque règne, sous chaque ministre, les principes de l'administration publique, et Pétat des habitans de la France, pouvaient changer.

De plus cet ordre de choses, quoique fort amélioré par l'influence des lumières progressives, se ressentait encore de son origine, et les traces de sa barbarie n'étaient pas entièrement effacées. Il existait beaucoup de vices dans l'administration du royaume : je ne dois pas les retracer ici. Le malaise était général; on le supportait, parce qu'on l'avait supporté, par l'empire de l'habitude; il ne pouvait être durable. D'ailleurs, ce gouvernement était arrivé à un point de caducité qui le mettait en contraste continuel avec la vigueur de l'opinion publique. Tout allait au mieux pour une classe d'hommes, pour une poignée de courtisans qui vivaient splendidement des nombreux abus; tout allait au plus mal pour la grande majorité de la nation qui en souffrait.

Quand la grande majorité d'une nation est mécontente, quand elle est parvenue à connaître les causes de son mécontentement, il ne faut, pour anéantir son gouvernement, qu'une occasion favorable et un ambitieux.

Une constitution dictée par la raison et la justice, et fortement exécutée, aurait prévenu la révolution et ses malheurs.

Si des lois sages eussent réglé l'emploi des finances, le gouvernement, n'aurait pas été réduit à la disette, n'aurait pas été contraint de convoquer les représentans de la nation pour en solliciter des conseils et des secours, et la révolution n'aurait pas été indispensable.

Après avoir indiqué les causes de cette catastropho politique, il convient d'exposer sommairement les faits qui en furent les précurseurs.

Il régnait dans les esprits une inquiétude, une fermentation peu ordinaires; la guerre des insurgens contre l'Angleterre inspirait un vif intérêt; les ouvrages des économistes avaient appris aux Français à discuter sur des matières administratives, autrefois dédaignées; les écrits des philosophes répandaient de vraies ou de fausses lumières, mais exerçaient le jugement de la jeunesse. Sous le règne de Louis XVI, on tournait encore en plaisanterie les vices du gouvernement, mais beaucoup moins que sous celui de son prédécesseur; on composait moins de chansons et d'épigrammes sur les fautes des chefs, mais on raisonnait davantage.

Telle était la disposition des esprits lorsque, en 1783, M. de Calonne fut appelé au contrôle-général des finances. Adroit courtisan, mais mauvais économe, ses complaisantes profusions pour des personnes puissantes lui acquirent la réputation de ministre très-habile; il la soutint par le moyen d'emprunts successifs et ruineux. Bientôt le Trésor royal fut vide, et il fallut recourir aux expédiens et donner le signal de détresse.

Le ministre de Calonne détermina le roi à convoquer une assemblée de notables. Depuis l'an 1626, la France n'avait point vu de pareille assemblée. Celle-ci fut convoquée, le 13 janvier 1787, pour le 29 de ce mois, et ne s'ouvrit que le 22 février

suivant. Son ouverture magnifique, imposante, n'aveugla personne. Il s'agit, dit le roi à l'assemblée, de soulager le peuple, d'augmenter le produit des finances et de diminuer les entraves du commerce.

L'assemblée, composée de princes, de nobles, d'évêques, de magistrats, découvrit bientôt le seul et véritable motif de sa convocation. Elle s'assura de l'état des finances, et fut frappée de la profondeur du mal. Depuis 1776, les emprunts publics, selon les membres de cette assemblée, s'étaient élevés à un milliard six cent quarante-six millions, et il existait dans les revenus de l'État un déficit annuel de cent quarante millions.

Calonne, accusé de dilapidations énormes et près de sa chute, eut néanmoins le crédit de faire ôter les sceaux à Miroménil et de les faire donner à Lamoignon. Dans le moment qu'il s'applaudissait de ce double succès, le roi, le 10 avril, lui fit demander sa démission; il prit la fuite, fut exilé en Lorraine, rompit son ban et se réfugia en Angleterre.

A sa place fut élevé M. Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, puis archevêque de Sens, puis cardinal. Il reçut d'abord le titre de chef du conseil des finances. Tous les principes alors changèrent dans le gouvernement. Le 25 mai, l'assemblée des notables, après avoir arrêté six articles que le roi adopta, termina sa session. Ces articles concernaient l'établissement des assemblées provinciales, l'abolition des corvées, le transport des

barrières fiscales aux frontières, la répartition égale des impôts, l'établissement de règles invariables dans l'administration des finances, etc.

Dans le discours de clôture, le ministre de Brienne déclara que le désir du roi était que, dans les assemblées subséquentes, le tiers-état eût autant de voix que les deux premiers ordres, et que les suffrages fussent recueillis par tête et non par ordre.

Voyons quel remède vont apporter aux désastres des finances les deux nouveaux ministres de Brienne et Lamoignon, et quel soulagement vont en recevoir les contribuables. Dans les premiers jours de juillet, fut présenté l'édit du timbre qui devait se percevoir sur plusieurs actes désignés. Le parlement, pour vérifier et enregistrer cet édit, demande les pièces nécessaires à la connaissance du déficit, et un état des recettes et des dépenses. Les ministres refusent, et enjoignent au parlement de véri¬ fier et d'enregistrer; le parlement persiste dans son refus; les ministres répliquent que le parlement n'a pas le pouvoir de prononcer sur ces matières. << La nation seule réunie en états-généraux, disent»>ils, peut donner à un impôt perpétuel un con» sentement nécessaire. >>

Bientôt après, les ministres produisent un nouvel impôt, nommé impót territorial, qui cause de violentes agitations dans le parlement. Cette Cour, loin d'enregistrer, porte plainte contre les dilapidations de Calonne, et demande la convocation des

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