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donné aujourd'hui des résultats absolument concluants (voir mon article de février 1911 dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES.

Dans le courant de cet hiver j'ai rappelé l'attention du bureau permanent de l'Institut international de Rome, sur la destruction progresssive des oiseaux migrateurs insectivores qui séjournent l'été en Belgique et qui ne parviennent souvent pas à regagner notre pays au printemps, parce que les habitants du littoral de la Méditerranée et de l'Adriatique en font chaque année de véritables hécatombes, malgré les mesures de protection des gouvernements français et italien. Le préfet des Alpes maritimes vient de prendre un nouvel arrêté interdisant strictement la chasse, en tout temps, de ces précieux auxiliaires de l'agriculture. Mais il est à craindre que ce nouveau règlement ne soit pas mieux observé que les précédents, pour les motifs que j'ai indiqués précédemment. C'est pourquoi j'ai cru bien faire en signalant aux membres de l'Association des naturalistes des Alpes Maritimes les mesures que nous avons prises en Belgique (réunion du mois de décembre 1912). A mon grand étonnement, il s'est trouvé, dans cette assemblée, des contradicteurs pour affirmer que la protection des oiseaux est plutôt une question de sentiment et d'esthétique qu'une question intéressant sérieusement l'avenir de l'agriculture et de l'horticulture.

On se base sur des observations qui prouvent, en effet, que certains oiseaux, comme le moineau, sont plus nuisibles qu'utiles, parce qu'ils détruisent non seulement les récoltes et les fruits, mais les insectes utiles qui contribuent activement, comme les ichneumons, les tachinaires, les coccinelles à limiter la reproduction des parasites des plantes cultivées. On incrimine aussi les étourneaux dont on voit voltiger, sur et autour de la ville de Nice, de véritables nuées et qui sont, paraît-il, très friands des raisins et des olives, comme ils le sont d'ailleurs des fruits à noyau; mais il suffit de quelques coups de fusil pour préserver les récoltes, et l'on sait qu'ils contribuent d'autre part à la destruction de la redoutable mouche parasite de l'olivier (1).

Le Président de la Société des naturalistes a fait observer que si l'étourneau est, comme le merle, très friand des fruits à

(1) Les ravages exercés par cet insecte contribuent pour une large part à la crise actuelle de l'oléiculture dans le Midi.

noyau, c'est un infatigable échenilleur et destructeur des charançons. Il a débarrassé complètement les forêts domaniales. de la Saxe d'un charançon qui ravageait les grands bois de sapin; alors qu'on avait inutilement dépensé des milliers de marks pour le détruire par divers procédés. Il a suffi de placer dans ces diverses forêts une centaine de nids artificiels d'étourneaux pour enrayer les ravages des insectes parasites.

En Algérie et sur tout le littoral africain, cet oiseau rend de grands services à l'agriculture en détruisant les sauterelles dont les nuées dévastatrices sont souvent suivies de grandes bandes d'étourneaux. En Belgique, ils détruisent en été des quantités énormes de larves et de chenilles, surtout pendant la période de reproduction.

M. Candèze avait jadis formulé dans notre pays la même thèse paradoxale que le professeur de Nice et M. Marion, de Marseille. Cette opinion résulte évidemment d'une connaissance imparfaite des mœurs de chaque espèce d'oiseaux et de l'économie générale de la Nature qui maintient à travers les siècles, sous les apparences trompeuses du désordre, l'équilibre compensateur de la reproduction des plantes et des animaux.

Car il est indiscutable que beaucoup d'oiseaux, comme les fauvettes, les alouettes, les mésanges, les pouillots, les hirondelles, etc., rendent des services signalés aux cultivateurs en détruisant des myriades de chenilles et de larves d'insectes nuisibles, des légions de pucerons et de cochenilles, sans compter les innombrables diptères (cousins ou mouches) qui contribuent pour une large part la science moderne l'a mis hors doute à la propagation des maladies contagieuses de l'homme et des animaux domestiques.

Le président de la Société Niçoise, M. Caziot, partageant entièrement ma manière de voir (1), j'ai réclamé la rectification du procès verbal de la séance qui portait à croire que la majorité de l'assemblée était de l'avis de M. Mauri, professeur au lycée de Nice, mon principal contradicteur. Il importe, en effet, de ne pas laisser s'accréditer dans la presse une erreur aussi préjudiciable à l'agriculture internationale.

M. le Président a bien voulu rappeler aussi dans son mémoire,

(1) Il est l'auteur d'un mémoire sur la protection des oiseaux, publié dans les BULLETINS de la Société centrale d'agriculture et d'horticulture des Alpes maritimes, no 5, mai 1911.

la part active que j'ai prise en 1906 à la défense de cette thèse (Assemblée générale de l'Institut international de Rome, Section des maladies des plantes et des oiseaux insectivores).

Les conclusions de cette section, votées à l'unanimité par l'Assemblée générale, étaient conformes aux voeux émis par la Commission internationale réunie à Paris en 1895, où je fus délégué par le Ministère de l'Agriculture.

Tout en défendant la cause des oiseaux protégés par la convention internationale signée le 12 décembre 1905, j'ai cru devoir faire, dès lors, mes réserves pour ce qui concerne le moineau, que d'aucuns considéraient et considèrent encore comme un oiseau utile parce qu'il détruit les hannetons et beaucoup de larves d'insectes, mais qui cause de grands dommages à nos récoltes de céréales et de légumineuses et qui détruit également plusieurs espèces d'insectes utiles. Je rappellerai, à ce propos, l'enquête que j'ai provoquée au Ministère, il y a plus de quinze ans, contradictoirement aux théories de M. le Directeur Gilbert, qui fut délégué avec moi à Paris en 1895 et qui soutint contre moi la cause de cet oiseau si redouté de nos cultivateurs.

Tous nos agronomes consultés furent unanimes à partager ma manière de voir. Le rapport de M. Jadoul était particulièrement concluant pour la région hesbayenne, comme ceux des agronomes du Brabant, des Flandres et de la province d'Anvers.

La discussion du parasitisme en agriculture, qui prélève chaque année un si lourd tribut sur les récoltes, étant inscrite à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l'Institut de Rome, les observations qui précèdent ont été communiquées au bureau de l'Institut par l'intermédiaire de notre délégué permanent, M. le Directeur Oscar Bolle. L'administration de l'agriculture aura déjà signalé, d'ailleurs, à Monsieur le Ministre le remarquable rapport du Vice-Président de l'Institut, M. Louis Dop, sur cette question.

M. Louis Dop a confirmé aussi, dans un savant rapport, la thèse que nous avons soutenue depuis longtemps à la Société scientifique (3e section) et à la Commission officielle pour l'étude des sols et des climats : que la météorologie doit être considérée comme une branche essentielle de l'enseignement agricole, et qu'il importe d'étudier plus méthodiquement, plus scientifiquement qu'on ne le fait en France et en Belgique, l'action des éléments sur la terre afin de déterminer les lois qui président à ces phénomènes qui rendent si précaire encore, en dépit des

merveilleuses découvertes de la physique et de la chimie au XIX siècle, l'industrie du cultivateur (1).

En poursuivant depuis quelques semaines, avec le concours de plusieurs agronomes, horticulteurs et propriétaires de vignobles, ainsi que du laboratoire municipal de Nice, mes recherches sur la composition et la genèse des terres arables et particulièrement sur l'influence des divers terroirs du littoral dans la production des bouquets des vins, je crois ètre arrivé déjà à des résultats intéressant particulièrement les stations agricoles et viticoles.

Par exemple, il existe autour de Nice dans les alluvions torrentielles du Var qui s'élèvent parfois à plus de 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, des clos de vignobles réputés, tels que ceux de la Gaude et du Bellet. Ces cultures soignées ne relèvent cependant jusqu'ici que de l'empirisme, leurs propriétaires étant restés étrangers à la physiologie et à la chimie agricoles.

J'ai constaté que les mêmes vignes qui végètent à quelques mètres de distance dans des couches diverses de sable, de marne, de limon ou de calcaire mélangés de cailloux roulés ou de poudingue provenant des roches primitives des hautes Alpes, donnent des produits très différents. Ce fait est particulièrement

(1) Grâce à leur bon sens et à leur grand esprit d'observation, les agriculteurs connaissent assez bien, d'une façon générale, les conditions climatériques de la région qu'ils cultivent. Mais ces renseignements leur viennent généralement de la tradition, quelquefois même d'un empirisme qui n'est guidé par aucune notion scientifique.

Pour aider au progrès il conviendrait donc de déterminer dans un même lieu les relations qui existent entre les phénomènes de la végétation et les conditions atmosphériques; de connaître, dans deux régions différentes, les modifications qui résultent, pour ces phénomènes, de conditions climatériques différentes; de rechercher les effets nuisibles que les phénomènes atmosphériques accidentels, grêle, gelée, brouillard, etc., déterminent dans chaque région et les moyens de les atténuer ou de les combattre ; de créer dans les différentes régions des services de renseignements et d'avertissements qui, communiqués à des spécialistes agricoles, permettraient de fixer ceux-ci sur l'urgence et l'opportunité de certaines opérations agricoles, de certains travaux ou de traitements préventifs. Les tentatives faites dans ces différentes voies sont restées jusqu'à ce jour trop localisées pour être efficaces, ou ont été effectuées avec des moyens insuffisants, sans base scientifique; elles ont de plus manqué de la publicité nécessaire à leur diffusion. Les expériences exécutées dans certains pays ont mis en évidence les progrès qu'on était en droit d'attendre de recherches entreprises sur une grande étendue, d'après un plan uniforme, lorsqu'elles étaient conçues d'après des règles scientifiques. (Extrait du rapport de M. Louis Dop).

remarquable dans le clos de Bellet appartenant à M. Mari, ancien horticulteur, qui obtient de ses vignes des vins rappelant le bouquet du bourgogne et du sauterne. J'ai prélevé, devant lui avec un géologue de Paris, M. Caux, des échantillons de ces divers sols à la même exposition et à la même altitude. Il résulte jusqu'ici de mes analyses que les sols contenant des débris de roches micacées et feldspathiques, qui titrent parfois jusque 3 ou 4% de potasse à l'état de silicate, donnent les meilleurs produits, toutes choses égales d'ailleurs; tandis que les zones argileuses provenant de la décomposition des schistes et des calcaires (1) de la montagne, produisent des raisins moins sucrés et moins parfumés. Les sables micacés ayant reçu les mêmes engrais donnent un produit supérieur, surtout lorsqu'ils sont mélangés au calcaire magnésien provenant des roches dolomitiques du terrain triassique ou jurassique.

Non seulement il semble que la chaux, la magnésie et la potasse, mais le fer et le manganèse, dont on retrouve toujours des traces dans ces terrains, jouent un rôle important dans la production de ces raisins au point de vue de la formation du sucre et du bouquet du vin.

Il est à remarquer que tous les grands crus des vins de France, comme les bourgognes, les champagnes et les vins de Bordeaux sont les produits de terrains calcaires plus ou moins sablonneux ou marneux de l'époque secondaire, particulièrement des étages jurassiques et crétacés, tandis que les vins du Rhin et de ses affluents sont produits surtout dans des schistes et des grès de l'époque primaire plus ou moins ferrugineux et dans des terrains basaltiques ou trachytiques d'origine volcanique.

Quand le calcaire est mélangé aux silicates de potasse et de magnésie, comme c'est le cas dans les alluvions torrentielles du Var, on ne doit guère s'inquiéter de restituer au sol d'autres éléments minéraux que les phosphates.

Et même, il existe des zones où l'acide phosphorique résultant de la décomposition des organismes marins qui ont formé certaines roches calcaires du Trias, du Lias, du Jurassique ou du Crétacé, existe en quantité suffisante pour alimenter les vignes et les oliviers, comme les pommes de terre, les tomates, les chênes et les pins. Dans ces conditions, pour peu qu'il existe à

(1) Calcaires impurs donnant, par décomposition, des argiles jaunes ou rouges mélangées de sable et de carbonate calcique. (Voir les analyses faites à ma demande à l'Institut de Gembloux et au laboratoire de Gand.)

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