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serve pendant sa vie le type qu'il possédait à sa naissance. Le contraire serait plutôt probable, étant donnée la variété des circonstances qu'il traverse et qui provoquent de sa part des réactions également variées. Si cette variété conduit néanmoins toujours au même résultat, c'est qu'elle est dominée par une volonté qui poursuit ce résultat et qui l'y fait aboutir. Cette influence peut d'ailleurs s'exercer indirectement par l'intermédiaire de forces convenablement choisies et distribuées.

Il faut éviter de traiter comme tout-à-fait semblables des phénomènes qui n'ont entre eux qu'une vague analogie, quoique parfois les mêmes mots servent à les désigner. On peut à certains égards voir dans la forme adulte une situation d'équilibre stable vers laquelle tend le développement embryonnaire. Mais ce serait une singulière illusion que de considérer les phénomènes de croissance et de régénération comme les mouvements d'un corps qui étant dérangé de sa position d'équilibre, tend à y revenir. Si un triton auquel on a amputé une patte n'est plus en équilibre sur les trois qui lui restent, cela m'explique qu'il tombe sur le flanc, mais non pas que la quatrième patte repousse. Il est vrai que la rupture d'équilibre qu'on invoque n'est pas celle-là. Mais en quoi consiste-t-elle et pourquoi, comme le fait remarquer Gustav Wolff, la guérison de la blessure ne suffit-elle pas à le rétablir? Nous ne pouvons comprendre la régénération des membres que comme l'action de la nature qui répare son œuvre ; et voyant qu'elle aboutit toujours plus ou moins parfaitement à ce résultat, quelles que soient les lésions, pourvu qu'elles ne la détruisent pas radicalement, nous concluons que c'est un but qu'elle poursuit.

Le but, nous l'avons dit, n'exerce sa causalité que par l'intermédiaire de l'intelligence. Car n'existant pas en lui-même il n'a d'action sur la réalité que par l'esprit

qui le conçoit et la volonté qui y tend. Concevoir la finalité comme liée à l'existence d'une cause psychologique ce n'est donc pas seulement, comme le dit Wolff, (Mechanismus und Vitalismus, Leipzig 1905, p. 14), proposer une hypothèse basée sur l'analogie avec notre propre activité, c'est une nécessité logique.

L'évolution s'accomplit donc aussi bien dans la succession des espèces que dans le développement des individus sous la direction d'un être qui, ayant conçu un but, le poursuit et le réalise. Mens agitat molem. Lorsque nous admirons la manière persévérante et complexe dont la nature réalise ses fins, nos hommages n'iront pas à << l'intelligence des fleurs » mais nous nous inclinerons avec respect devant la Sagesse Infinie qui, en déployant devant notre esprit les splendeurs de la Création, soulève un coin du voile qui la recouvre.

JACQUES LAMINNE.

ARISTARQUE DE SAMOS

A PROPOS D'UN LIVRE RÉCENT (1)

I

La vie d'Aristarque de Samos nous est peu connue : nous savons seulement qu'elle s'écoula probablement de 310 à 230 environ, entre Euclide et Archimède son contemporain, mais plus jeune que lui de quelque vingt-cinq ans.

Un seul de ses ouvrages nous est parvenu; il a pour titre Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune. C'est une œuvre géométrique de valeur que les anciens ont estimée et accueillie dans leur collection appelée la Petite Astronomie, par opposition à la Grande Astronomie, la Syntaxe de Ptolémée.

Cette circonstance n'est pas étrangère à sa conser

vation.

:

Nous possédons trois éditions du texte grec de ce traité la première est due à Wallis (1688), la seconde à Fortia d'Urban (1810), la troisième, œuvre de seconde main, se base sur les deux précédentes. Les mérites de celles-ci ne rendent pas inutile une édition nouvelle bénéficiant d'une collation plus complète et

(1) Aristarchus of Samos, the ancient Copernicus. A History of Greek Astronomy to Aristarchus, together with Aristarchus's Treatise on the sizes and distances of the Sun and Moon, a new greek text with translation and notes. By sir Thomas Heath, K. C. B., Sc. D., F. R. S. Sometime Fellow of Trinity College, Cambridge. Oxford, at the Callendon Press, 1913.

d'une étude plus approfondie des nombreux manuscrits que recèlent les bibliothèques du Vatican, de Paris, de Venise, de Milan, de Vienne, etc. M. Th.-L. Heath vient de réaliser ce travail.

Son projet primitif se bornait à la publication de cette édition critique plus savante et plus soignée du texte grec, avec traduction anglaise et commentaires. Mais, en cours de route, M. Th.-L. Heath élargit le cadre de son travail : il y fit entrer l'Histoire de l'Astronomie grecque de ses Origines à Aristarque de Samos. Voici comment il y fut amené.

Dans son livre Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune, Aristarque ne dit rien des mesures qu'il aurait faites des diamètres apparents du Soleil et de la Lune. Mais parmi les données fondamentales que sa méthode suppose et qu'il emprunte aux astronomes observateurs, figure la valeur de ces diamètres apparents qu'il suppose égaux entre eux et à « la quinzième partie d'un signe du Zodiaque », soit 2°, donnée très éloignée de la réalité.

En outre, dans tout le cours de son traité, il parle dans l'hypothèse géocentrique : la Lune et le Soleil tournent autour de la Terre immobile au centre de leurs trajectoires circulaires; nulle part ne transparaît l'hypothèse héliocentrique.

Or les anciens vantent l'utilité de plusieurs instruments qu'Aristarque aurait imaginés et qui se prêtaient à la mesure des diamètres apparents du Soleil et de la Lune; n'en aurait-il tiré que cette grossière approximation? D'autre part, n'est-il pas le précurseur de Copernic? Comment expliquer dès lors qu'il ne fasse aucune allusion au mouvement annuel de la Terre autour du Soleil?

A ceci, on peut répondre que le problème dont il s'occupe ici, n'a rien à voir avec l'ordonnance du système solaire il suffit, comme il le suppose, que les

:

distances de la Terre au Soleil et à la Lune restent constantes. Mais nous possédons heureusement, sur les observations et les vues astronomiques d'Aristarque, un témoin hors pair, Archimède. Il a connu ses travaux, il a lu ses ouvrages et il nous fournit, en termes formels et très précis, la preuve irrécusable que le Samien a bien mesuré les diamètres du Soleil et de la Lune, que le résultat obtenu est très voisin de la réalité, et qu'il a très clairement exposé, sinon inventé, l'hypothèse héliocentrique.

Rappelons ce témoignage.

C'est en passant qu'Archimède est amené à parler d'Aristarque, de ses découvertes et de son système astronomique, et cela dans un livre dont le but est étranger à la science du ciel, l'Arénaire. Ce traité est

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effet consacré à un problème de numération. L'auteur prétend montrer que dans la suite des nombres qu'il a appris à écrire et à dénommer dans un opuscule antérieur aujourd'hui perdu — il en est de beaucoup supérieurs à celui des grains de sable que contiendrait un volume égal à la sphère du Cosmos. Pour donner le plus d'ampleur possible à sa démonstration, c'est aux vues astronomiques qui accordent à l'Univers les plus vastes dimensions qu'il emprunte la base de ses calculs.

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« Tu sais, dit-il, il parle au roi Gélon auquel il adresse son livre - que la plupart des astronomes appellent monde (кóσμoç) la sphère qui a pour centre la Terre et pour rayon la distance de la Terre au Soleil... Mais Aristarque de Samos a donné des descriptions de certaines hypotheses (ὑποθεσίων τινῶν ἐξέδωκεν γραφάς) d'où il suit que l'Univers serait maintes fois plus grand que cela. Il suppose, en effet, que les étoiles fixes et le Soleil (τὰ μὲν ἀπλανέα τῶν ἄστρων καὶ τὸν ἅλιον) sont immobiles, tandis que la Terre est emportée autour du Soleil, le long d'une circonférence dont le Soleil

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