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férents noms, et pent-être même avec Astarté (voy. DAGON). Comme cette dernière, et de même que l'Isis des Égyptiens et l'Aphrodite des Grecs, elle représentait la force naturelle qui, poussant l'amour, procrée toutes choses. C. L.

est déraisonnable quand on ne peut motiver ses actes de manière à satisfaire la majorité; quand on agit sans principes reconnus généralement comme bons et solides; quand on redoute les conseils de gens réputés sages; quand on refuse de vérifier des faits allégués, ou que l'on nie ceux qui sont avérés; quand on veut mettre les rêves de son imagination à la place d'une vérité positive. Les femmes sont souvent accusées de déraison, parce qu'elles décident et prononcent volontiers sans avoir réfléchi; qu'elles cèdent aux impulsions de leur sensibilité, donnent de l'importance aux choses frivoles, et se fatiguent ou s'ennuient des choses graves avant de les discuter. Convaincre de sa déraison un individu quel qu'il soit, c'est l'avoir presque corrigé; mais l'obstination, compagne inséparable de ce défaut, rend la conviction très difficile. Il faut beaucoup de ménagement et d'adresse pour inspirer à une personne déraisonnable quelque défiance d'ellemême, et, pour tenter de la rendre sensée, il faut l'aimer véritablement; car rien ne rebute, n'irrite davantage que d'avoir à lutter contre la déraison. Ce défaut n'est considéré ici que comme habitude: montrer de la déraison dans quelques circonstances ne constate point que l'on soit déraisonnable; peu d'hommes, aucun peut-être, ne pourrait se vanter de n'avoir en sa vie donné quelques preuves de déraison. L. C. B.

DERBEND, voy. DAGHESTAN. DERCETO (Derketo), nom sous le quel les Syriens adoraient une déesse représentée comme femme jusqu'aux hanches, et à partir de là comme pois

son;

elle avait ses principaux temples à Ascalon et à Joppé (Diod. Sic. II, 4). On raconte qu'ayant un jour offensé Aphrodite, celle-ci, pour s'en venger, lui inspira un violent amour pour un jeune Syrien qui la rendit mère de Sémiramis. La fable ajoute que Derceto finit alors par rougir de sa passion, ct qu'après avoir tué son amant et exposé son enfant, elle se précipita dans la mer près d'Ascalon, devenu dans la suite le principal siége de son culte. Derceto ne fait probablement qu'une avec Atergatis(Tergatis, de là Derketo), connue sous dif

DERCYLLIDAS. Après la retraite des Dix-Mille, les Grecs d'Ionie, qui avaient suivi Cyrus, craignant la vengeance du roi de Perse et de Tissapherne, son satrape, implorèrent le secours des Lacédémoniens. Timbron fut d'abord envoyé eu Ionie, mais bientôt on lui donna pour successeur Dercyllidas, que son habileté et son esprit fécond en expédients avaient fait surnommer Sisyphe. L'armée était à Éphèse quand il en prit le commandement, 399 ans avant J.-C. Sachant que Pharnabaze et Tissapherne ne vivaient pas en parfaite intelligence et qu'ils étaient suspects l'un à l'autre, il négocia avec Tissapherne et marcha contre son rival, qu'il haïssait parce qu'autrefois, à Abydos, on l'avait, sur l'accusation de ce satrape, condamné à rester debout avec son bouclier, cruelle injure pour un Spartiate, dont les lois infligeaient cette pu nition au soldat qui abandonne son rang. Dans cette expédition, il pénétra jusqu'en Eolie, province alors adminis trée, sous Pharnabaze, par Midias, qui en avait dépouillé sa belle-mère Stranice, femme d'un mérite éminent. L'Éolie haissait son joug; Pharnabaze lui-même se disposait à le punir de ses crimes, quand arriva Dercyllidas. En un seul jour Larisse, Hamaxite et Colonne, villes maritimes, se rendirent à lui. En vain Midias voulut traiter avec le vainqueur : celui-ci n'écouta aucune proposition, réclamant pour les Grecs de ce pays une entière liberté. Ces succès obligèrent Pharnabaze à demander une trève, et Dercyllidas alla prendre ses quartiers d'hiver dans la Thrace bithynienne. Il fut rejoint par des cavaliers Odrysiens que Jui envoya Seu hès, et éprouva un léger échec pour avoir confié à 200 h plites la défense de leur camp. Au commencement de la campagne suivante des députés de Lacédémone vinrent prolonger les pouvoirs de ce général pour un an. Après avoir donné la paix aux Perses, il traversa l'Hellespont avec ses troupes pour

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entrer en Europe, reçut l'hospitalité des Scythes et vint dans la Chersonèse qu'il distribua à ses soldats, en la fermant d'un mur pour arrêter les invasions des Thraces. Après cette conquête, il repassa en Asie, prit Atarne, dont s'étaient emparés les exilés de Chio, et, d'après l'ordre des éphores, entra ensuite en Carie. Ayant trouvé l'armée des Perses beaucoup plus nombreuse que la sienne, il fit si bonne contenance que Tissapherne et Pharna- | baze demandèrent à entrer en négociations.

pour la rejeter, sur la théorie qui dit qu'en donnant issue au sang par un organe ou par la partie voisine de cet organe, on y fait nécessairement appel au sang des autres parties de l'économie. Aujourd'hui la question est à peu près jugée: on s'accorde à penser que la saignée dérivative est avantageuse, mais qu'elle doit être plus copieuse que la révulsive, afin de compenser l'appel fait au saug et de causer une déplétion subite. Les cautères, sétons, vésicatoires ou moxas, que P. G-Y. l'on applique sur ou près d'une partie DÉRIVATIFS (adj. pris substantive-malade, ne son! jamais dérivatifs, puisment), de derivare, détourner un cours qu'ils irritent la peau et y causent une d'eau. En effet, l'action des dérivatifs révulsion. Voy. RÉVULSIFS. consiste à détourner le cours du sang ou des humeurs qui irritent un organe, en leur donnant issue par une partie voisine ou les appelant dans le torrent général de la circulation. L'action des dérivatifs | est souvent confondue, à tort, avec celle des révulsifs: ils diffèrent cependant en ce que leur action est prochaine ou générale, tandis que celle des révulsifs est éloignée ou spéciale.

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C. DE B.

DÉRIVATION, voy. ÉTYMOLOGIE, DÉRIVATIONS (CALCUL DES). En 1789 Arbogast avait envoyé à l'Académie des Sciences un mémoire intitulé : Essai sur de nouveaux principes du calcul différentiel et intégral, indépendants de la théorie des infiniment petits et de celle des limites; ce mémoire, où il pose les principes du calcul différentiel qui se rapportent au passage des quantités diPar exemple la saignée, le plus puis-rectes aux quantités continuēs, lui fit faire sant des dérivatifs, est aussi un révulsif énergique; mais, dans certaines spécialités, à l'anus par exemple, si on la pratique dans le but de désemplir le système de la veine-porte ou de diminuer l'irritation d'un des organes abdominaux, elle est dérivative; si au contraire on l'emploie pour appeler le sang sur les vaisseaux hémorroïdaux, en le détournant de dessus un organe important à la vie, en facilitant l'apparition ou le retour des hémorroïdes, alors elle devient révulsive. Le bain est dérivatif quand il est tiède et qu'il a pour but de faciliter et d'égaliser la circulation générale; il est révulsif quand on l'emploie pour irriter la peau : il doit alors être chaud ou chargé de substances irritantes.

Ce fut longtemps une question chaudement controversée que celle de savoir lesquels devaient être préférés des révulsifs ou des dérivatifs. Les partisans de la dérivation se fondaient sur le précepte d'Hippocrate et de son école, appuyé et sanctionné par une longue expérience et de nombreux succès; les adversaires de la dérivation, au contraire, se fondaient, |

plus tard des réflexions sur des principes d'une seconde espèce, et il vit naître dès lors les premiers germes des idées de la méthode qu'il développa dans son grand ouvrage du Calcul des dérivations (Strasbourg, 1800), calcul où il considère en général les quantités comme dérivant les unes des autres, de manière que les co| efficients différentiels successifs offrent l'exemple de quantités qui dérivent les unes des autres par un procédé uniforme d'opérations.

« La dérivation, dit Arbogast, est l'opération par laquelle une dérivée est déduite de celle qui la précède ou de la fonction. La méthode des dérivations consiste en général à saisir la loi qui lie les assemblages de quantités quelconques les uns aux autres, et à se servir de cette loi comme d'un moyen de calcul pour passer de dérivée en dérivée; et de cette sorte, ajoute-t-il, les dérivées que je con

(*) Né à Mutzig (Bas-Rhin) en 1759, il devint professeur de mathématiques à l'école d'artillerie, recteur de l'université de Strasbourg, député du Bas-Rhin à la Convention nationale. Arbogast mourut à Strasbourg en 1803.

S.

sidère sont moins des dérivées de quantité que des dérivées d'opération, comme l'algèbre est moins un calcul de quantités que d'opérations arithmétiques ou géométriques à exécuter sur ces quantités. »

Selon Arbogast, avec cette méthode, dont le calcul différentiel (voy.) n'était qu'une partie, les opérations ou les formules devaient être simplifiées et la considération de l'infini devenait inutile: aussi les encyclopédistes du xviR siècle ayant jeté dans la science des principes matérialistes que l'on n'avait pas encore combattus avec succès en 1800, les mathématiciens adoptèrent alors cette méthode, et le continuateur de Montucla en parle comme de la plus belle découverte dont la science puisse s'enorgueillir. L'auteur de la Philosophie de l'infini a prouvé que le calcul des dérivations n'était au contraire qu'une méthode qui peut bien, dans les applications, remplacer le calcul différentiel, mais qui ne peut être comprise qu'au moyen de ce calcul lui-même, dont les procédés plus simples et plus directs font arriver au même résultat. R. DE P.

DERJAVINE (GABRIEL ROMANOVITCH), l'un des meilleurs poètes de la Russie, vit le jour à Kasan, le 3 juillet 1743. Après avoir terminé ses études au gymnase de sa ville natale, il entra en 1762 au service militaire comme simple -volontaire et se distingua particulièrement, en 1774, contre le rebelle Pougatchef. La même année il passa dans le civil, et, par ses talents, s'éleva promptement aux plus hautes dignités de l'état. Nommé trésorier de l'empire en 1800, et deux ans plus tard ministre de la justice, il se retira des affaires en 1803, pour se vouer exclusivement aux muses. Sans connaitre ni les poètes classiques de l'antiquité ni les productions modernes des autres pays, il s'était abandonné de boune heure à sa verve poétique : aussi toutes ses poésies portent-elles un cachet original. Parmi ses odes, celle à Dieu et une autre intitulée la Cascade doivent être particulièrement distinguées. La première fut traduite en latin par Czersky (Wilna, 1819), et elle l'a été en chinois par ordre de l'empereur du céleste empire qui l'a fait imprimer sur de la soie, en caractères d'or, et placer d'une manière osten

sible dans une salle de son palais. Les odes de Derjavine, ainsi que ses autres poésies lyriques, parmi lesquelles on distingue un hymne sur l'expulsion des Français de sa patrie (Saint-Pétersbourg, 1813, traduite en allemand par Goetze, Riga, 1814), sont riches de poésie; mais, par leur style allégorique, propre à l'Orient, elles tombent trop souvent dans le pathos. Quant aux compositions dramati ques de ce poète, ainsi qu'à ses ouvrages écrits en prose, ils dénotent générale→ ment une grande fécondité d'esprit et sont habilement conçus. Les œuvres complètes de Derjavine, mort le 8 juillet 1816 à sa terre de Svanka près de Novgorod, ont paru à Saint-Pétersbourg, en 5 volumes, de 1807 à 1816. Une nouvelle édition a été publiée à Saint-Pétersbourg, en 1824. C. L.

DERME, voy. PEAU.

DERMESTES, genre d'insectes coléoptères, de la section des pentamères, famille des clavicornes, tribu des dermestins. Ses caractères sont : des antennes de 11 articles, plus courtes que la tête et le corselet, et terminées brusquement par une massue perfoliée, formée par les trois derniers articles; tarses libres; jambes étroites et allongées; pieds non complétement rétractiles. Le nom de ces petits animaux, formé de deux mots grecs qui signifient mange-peau, convient parfaitement, à raison des mœurs de leurs larves. En effet, celles-ci causent de grands dégâts dans les collections d'histoire naturelle et dans les ma gasins de pelleteries. Elles rongent tellement les poils ou les plumes de toutes les peaux de mammifères ou d'oiseaux qu'il n'en reste bientôt plus que le cuir tout nu. Les dermestes s'introduisent aussi dans les garde-manger et y dévorent toutes les matières animales qu'on y conserve. La petitesse de leur taille, jointe à la rapidité avec laquelle ils se reproduisent, fait que l'on n'a connaissance de leur présence que lorsque déjà ils ont détruit ce que l'on aurait voulu soustraire à leur voracité. C. L-R.

DÉROGATION A LA LOI. Il y a dérogation à une loi lorsqu'une partie de cette loi est abrogée (voy. ABROGATION). On entend encore par cette expression

sants, et, la plupart, d'une profonde ignorance. Beaucoup d'entre eux, quand ils peuvent se procurer des liqueurs fortes, de l'eau-de-vie ou du vin, en boivent outre mesure. L'usage de l'opium est beaucoup plus fréquent chez eux que chez les autres musulmans. Le jeudi est leur jour de jeûne; ils ne peuvent rien manger avant le coucher du soleil. Pour se dé

dommager de ce jeûne obligé, ils s'enivrent d'opium. Cette substance, dont une petite quantité suffit pour donner la mort

une convention contraire à une disposi- | classe qu'ils appartiennent, et pénètrent tion de loi. Il est de principe que l'on ne sans façon dans les divans des gouvernepeut déroger aux lois impératives ou ments ou chez d'autres officiers, qui sont prohibitives, ni à celles qui intéressent obligés de les accueillir avec les plus l'ordre public et les bonnes mœurs.-Legrands égards. Ils sont orgueilleux, suffimot dérogation vient des deux mots latins de privatif, et rogatio, qui désignait, chez les Romains, la présentation d'un projet de loi, parce que, dans les comices par centuries le magistrat qui demandait l'approbation des citoyens les priait de vouloir et d'ordonner ce qu'il leur proposait: Rogo vos, Quirites, ut velitis, jubeatis. E. R. DÉROUTE, mot dont l'étymologie est douteuse et difficile à ressaisir; car après la désuétude des analogues desroi et desroys (désarroi), le mot a eu pour sy-à quiconque n'est pas fait à son usage, est nonymes route et déroupte; il a une corrélation mal connue avec vau de route. Une déroute est le superlatif d'une défaite (voy.), le chaos d'une retraite ou même d'une fuite, la désorganisation d'une armée battue; c'est, pour un vaincu, la catastrophe qui complète la victoire de son ennemi. Il n'est général, si brave, si habile soit-il, qui puisse se croire à l'abri d'un échec; mais l'homme de guerre à qui une armée est confiée n'est qu'un officier de peu de capacité s'il ne s'est ménagé des ressources qui assurent le ralliement de ses troupes, s'il n'a donné des appuis aux régiments engagés, s'il n'a pourvu, par des réserves, à la sécurité de sa retraite, s'il ne recule comme le lion, s'il ne se retire la barbe sur l'épaule, comme on disait au temps de François I. Voy. RETRAITE. Gal B.

DERVIS, DERVICHES, ou MEVLEVIS, moines mahométans vivant en communauté, sous la conduite d'un supérieur et de délégués,et dont la principale occupation est la prédication. Leur règle leur impose la pauvreté, la chasteté et l'obéissance; mais ils éludent facilement les deux premières; ils ont même la faculté de quitter leur vie monastique et de se marier, sans aucun scandale.

En présence de leur supérieur et des étrangers, les derviches affectent une grande modestie, ils ont toujours les yeux baissés et gardent le plus profond silence; mais, hors de là, ils prennent un ton de supériorité envers les croyants, à quelque

prise par eux jusqu'à plusieurs onces à la fois. Peu à peu elle excite chez eux une vive gaité, à laquelle succède une exaltation et même une ivresse complète. Dans cet état ils restent étendus toute a journée sans remuer ni bras ni jambes. Leur barbe est l'objet particulier de leurs soins; ils se sont beaucoup relâchés de la manie de se découper et taillader le corps comme jadis à peine si la peau est effleurée; mais ils se brûlent encore le côté du cœur avec de petites bougies en témoignage de tendresse pour l'objet de leur amour. Ils fixent l'admiration du peuple par l'agilité et l'extrême adresse avec lesquelles ils manient le feu sans se brûler; ils tiennent même dans la bouche et sans danger, assez longtemps, ainsi que nos jongleurs et nos charlatans, des pointes ou lances rougies au feu, etc. Ils font mille autres tours adroits et prétendent, par une vertu particulière attachée à leurs robes, charmer et captiver les vipères et les serpents.

Ils sont les seuls parmi tous les religieux tures qui parcourent l'Orient dans tous les sens : ils vont jusqu'au fond de l'Inde, mettent de côté les abondantes aumônes qu'ils reçoivent, et entrent familièrement dans toutes les maisons religieuses qui se trouvent sur leur route, où ils se font défrayer de tout. Cependant les seuls Bektachi forment un ordre mendiant : il n'est point permis aux autres de demander l'aumône. Les derviches sont musi

ciens; leurs chants à la louange de Dieu

meau tout rond, d'un blanc sale, en forme de pain de sucre, arrondi au sommet; quelques-uns roulent autour un linge ou sesse en forme de turban.

De quelque ménagement dont le gouvernement soit obligé de faire usage envers eux, il ne souffre plus aujourd'hui que leur ordre prenne la même extension qu'autrefois. Les célibataires ne jouissent d'aucune considération parmi les Turcs: ce motif fait regarder les derviches comme nuisibles plutôt qu'utiles dans cet empire.

Le sulthan Amurath avait résolu de les supprimer; mais redoutant quelque soulèvement, il fut obligé de se contenter de les reléguer dans leur couvent de Koniah. Ils ont une succursale importante à Galatah, sur la côte du Bosphore de Thrace, et une à Broussa, l'ancienne Pruse, en Bithynie.

sont toujours accompagnés de flûtes et de tambours de basque, quoique l'Alcoran défende l'emploi des instruments de musique. Leurs prières sont accompagnées de danses; c'est le vendredi et le mardi qu'ont lieu leurs cérémonies religieuses publiques; elles sont précédées d'une prédication du supérieur ou d'un délégué. Les femmes, bannies de tous les lieux où se réunissent les hommes, peuvent assister à ces prônes et n'y manquent jamais. Les derviches sout enfermés dans une balustrade, accroupis sur leurs talons, les bras croisés et la tête baissée. Après le sermon, les chantres, placés dans une galerie qui tient lieu d'orchestre, accordent leur voix avec les instruments et chantent un hymne fort long. Le supérieur ou cheikh, en étole et veste à manches pendantes, frappe des mains à la seconde strophe: à ce signal, les moines se lèvent, et, après avoir fait une profonde révérence, commencent à tourner sur eux-mêmes en pirouettant, l'un après l'autre, avec une telle rapidité que leur robe s'arrondit en pavillon d'une manière surprenante. Les danses cessent subitement à un nouveau signal du supérieur et les derviches reprennent leur première attitude, aussi frais et dispos que s'ils ne venaient pas de se livrer à un exercice violent. Cette danse recommence ainsi cinq à six fois, aux signaux du supérieur, se prolongeant de plus en plus et augmentant de rapidité à mesure qu'elle avance vers sa fin; car les derviches sont en haleine. Par la longue babitude qu'ils ont de cet exercice, ils s'y livrent sans en être étourdis.

La plupart portent une veste de bure couleur brune, qui descend un peu plus bas que le gras de la jambe; elle se boutonne; mais ils ont presque constamment la poitrine découverte jusqu'aux hanches, et la taille serrée par une ceinture en cuir noir; les manches de cette veste sont très amples. Par-dessus ils portent un mantelet ou casaque à manches qui vient jusqu'au coude. Leurs jambes sont nues, et ils sont chaussés de babouches. Ceux qui mettent une chemise sous la veste la font faire de la toile la plus grossière, par humilité et pénitence. Leur coiffure est un bonnet en poils de cha

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Les derviches s'occupent beaucoup poésie; ils n'y parlent jamais des femmes, à moins que ce ne soit de celles qu'ils espèrent trouver au céleste séjour. Leurs chants sont tristes, mélancoliques, mais harmonieux. Les personnes qui ont parcouru l'Orient avec attention sont surprises de lire dans les relations de quelques voyageurs que les Turcs et surtout les derviches insultent grossièrement le Christ ces auteurs induisent le public en erreur. Il arrive souvent que les prédications des derviches roulent sur Jésus-Christ alors ils attaquent les Juifs, mais avec calme et mesure; on ne les voit jamais s'emporter. Ils sont persuadés que le Christ n'a pu être mis à mort, qu'il est monté aux cieux, et que les Juifs crucifièrent un homme qu'ils prirent pour lui. Ils font un reproche aux chrétiens de croire que l'envoyé de Dieu fût mortel, et s'ils nous traitent d'infidèles, ce n'est pas parce que nous révérons le Christ, mais parce que nous ne voulons pas admettre que Mahomet ait été envoyé après lui pour prêcher une loi plus en harmonie avec l'espèce humaine et la nature.

Le nom de derviche signifie pauvre, en persan, et on le donne à tous les moines de l'islamisme. Ils sont cependant de plusieurs ordres divers (Nakchbendi, Mevlevi, Bektachi, Kadri, Khalveti,

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