user habilement de l'ascendant personnel du caractère, de l'estime obtenue, de la confiance méritée, du souvenir des services et des complaisances, pour ranimer les amitiés ébranlées ; à l'égard de son pays, s'exposer à tout, même à déplaire, en montrant les choses telles qu'elles sont et non pas telles que les désirent le souverain ou ses ministres; par exemple, effrayer utilement par un tableau fidèle et sincère de la force, de la puissance, des ressources, du pays où il réside, afin de faire rejeter le dessein d'une guerre, en n'en dissimulant pas les chances possibles ni les résultats probables: tels sont les devoirs imposés au diplomate. Voilà le bien qu'il peut faire et le mal qu'il peut détourner; voilà sa haute et difficile mission; belle et honorable carrière; œuvre du temps, des mœurs, du progrès des lumières. C'est le génie de la paix personnifié qui semble envoyé pour balancer le génie de la guerre et pour consoler les hommes ! On ne peut disconvenir que la diplomatie, considérée comme science, ne forme un corps de doctrine, une spécialité parfaitement distincte. La politique, c'està-dire la science de l'organisation sociale, et le droit international ou système des lois qui règlent et maintiennent les rapports des états entre eux, lui servent en quelque sorte d'introduction. Un article spécial sera consacré à l'une et à l'autre dans cet ouvrage. Bornons-nous à dire que la dernière traite des droits absolus des états, droit de propre conservation, droit d'indépendance, droit d'égalité. Mais outre ces droits absolus, il en est de relatifs ou de conditionnels, et c'est relativement à eux que s'exerce plus particulièrement l'action de la diplomatie. On les divise en droit de la paix, droit de la guerre et droit de neutralité. Le cérémonial des cours, les rapports entré souverains, l'art des négociations, la nature et l'objet des traités, les droits et prérogatives des divers agents diplomatiques, leur juridiction, le cérémonial qui les concerne, les usages établis relativement aux notes, dépêches et autres communications ou orales ou écrites, sont autant de matières dont la science s'occupé et dont nous ne donnons qu'une énumération bien imparfaite. L'espace nous manque ici pour les examiner chacune en particulier, mais nous l'avons fait ailleurs avec tous les développements désirables et dans l'ordre qui nous a paru le plus méthodique*. Du reste, ces matières sont réservées pour les articles spéciaux où le lecteur trouvera les moyens de compléter notre rapide esquisse. Voy. COUR, CÉRÉMONIAL, NÉGOCIATIONS, NOTE, Office, Chiffre, Traités, ConGRÈS, ALLIANCE, MÉDIATION, AMBASSADEUR, AGENTS DIPLOMATIQUES, CONSULS DE COMMERCE, DESARMEMENT, Guerre, NEUTRALITÉ, LIMITES, etc., etc. HISTOIRE DE LA DIPLOMATIE. Envisagée sous le point de vue que nous avons choisi, l'histoire de la diplomatie a pour objet principal de faire voir comment, à la suite des guerres, au moyen des négociations et des traités, s'est successivement formé, modifié, détruit et recomposé le système politique de l'Europe; c'est ainsi que l'on désigne l'union virtuelle, la confédération des états que lient des rapports de religion, de mœurs, de situation et des intérêts communs; union dont le but est d'établir une juste pondération entre les divers états et d'assurer à tous l'indépendance et la paix. Avant de retracer le tableau des vicissitudes politiques des nations européennes, quelques explications préliminaires nous paraissent indispensables. Il existe un droit entre états comme il existe un droit entre particuliers, mais il manque d'une garantie extérieure : il n'y a point de pouvoir coërcitif qui puisse (*) Traité complet de Diplomatie, ou Théorie générale des relations extérieures des puissances de Europe, par M. le comte de Garden, ancien ministre-résident, Paris, 1833, chez Treuttel et Wurtz, 3 v. in 8°. Dans cet ouvrage, fruit d'une étude approfondie et favorisée par l'expérience des affaires, l'auteur de l'article a rempli une lacune qu'ont eu à regretter tous les jeunes diplomates à l'entrée de leur carrière. Il leur manquait un ouvrage didactique où tous les éléments de la science à laquelle ils se vouaient, tous les principes positifs et applicables qu'elle a réunis en faisceau, fussent présentés avec ensemble et classés avec méthode. Maintenant un guide sûr leur est offert, et c'est de préférence à l'écrivain auquel ils en sont redevables que nous avons dû nous adresser pour offrir à nos lecteurs des notions certaines et suffisamment mûries sur une science généralement plus pratiquée que décrite. J. H. S. comme les passions qui les inspirent et les justifient, prolongent l'état de guerre ouverte ou latente dans lequel vivent encore les puissances de l'Europe. De là des inquiétudes toujours actives ou toujours renaissantes, et qui ont amené à reconnaître que chaque état, dans ses relations extérieures, n'a et ne peut avoir d'autres maximes que celles-ci: quiconque par la supériorité de ses forces et par sa position géographique peut nous faire du mal est notre ennemi naturel; quiconque ne peut nous faire du mal, mais peut, par la mesure de ses forces et par la position où il est, nuire à notre ennemi, est notre ami naturel. forcer les différents états à ne pas dévier dans leurs relations de la ligne du juste. Les individus ont assuré leurs droits en créant cette garantie par la formation de l'ordre social, et c'est ainsi qu'ils sont sortis de l'état de nature; mais les souverains ne sont jamais parvenus à créer cette garantie commune de leur existence et de leurs droits, et chacun d'eux est resté juge et seul défenseur de ce qui lui appartient exclusivement et de ce que les autres doivent respecter. Au défaut de cette garantie commune, les souverains se sont liés réciproquement par des contrats appelés traités. Mais comme nul pouvoir coactif ne garantíssait l'exécution de ces engagements, ils ont euxmêmes occasionné de nouvelles violences, ils ont multiplié les attaques, les plaintes; et les espérances que l'on fondait sur le secours des traités ont été vaines. Les sociétés sont donc encore les unes à l'égard des autres dans l'état de nature, état qu'il ne faut pas confondre avec l'état primitif, mais qui est une négation de l'état social. Cet état de nature est contraire au bonheur et à la destination de l'homme; la force n'y existe qué pour violer impunément le droit, et entraine nécessairement à sa suite le fléau de la guerre. Les états ont donc dû s'efforcer de sortir de cette situation violente, et l'on a tour à tour préconisé, dans ce dessein, des moyens divers qu'il suffit d'énoncer pour en faire apprécier la valeur. On a proposé: 1o l'établissement en Europe d'une monarchie universelle; 2° la création d'une association générale de toutes les puissances, dont les représentants formeraient un tribunal souverain; 3o l'organisation de tous les gouvernements suivant des formes représentatives; 4o enfin on a espéré que les progrès de la raison et de la moralité assureraient le règne de la justice. Quelque séduisantes que soient ces idées, ce ne sont Nous avons déjà vu que lá science de que des vapeurs agréablement colorées : intérêts des états a existé de tous le il n'est pas probable que ce soient elles temps et que la diplomatie, destinée qui gouvernent jamais le monde. C'est faire triompher les intérêts que poursu sur la crainte et la défiance que sont fon- la politique, remonte pareillement à l'o dées la plupart des combinaisons politi-rigine des sociétés. Les peuples chez les ques et toute la science des rapports qui lient les états les uns aux autres. Cette crainté et cette défiance, indestructibles Aussitôt que ces maximes toutes simples eurent été saisies, il resta démontré que l'on devait tout craindre de celui qui pouvait tout entreprendre, et que la mesure de la puissance nationale était l'unique mesure de la sûreté extérieure ; que dès lors aussi les nations devaient constamment s'appliquer à prévenir les progrès de la puissance de leurs ennemis naturels, à donner à la leur le plus haut degré de force et de consistance, et, au défaut de moyens d'accroissements qui leur fussent propres, à former des alliances habilement combinées, une masse capable de contre-balancer celle qu'elles redoutaient. De là cette succession d'efforts et d'essais plus ou moins heureux, de la part de tous gouvernements, pour établir entre eux une garantie sociale du droit, qui rassurât contre l'abus de la force; de là enfin cet espoir nettement formulé, de maintenir l'ordre et l'harmonie entre les corps politiques, par les mêmes moyens qui entretiennent l'ordre et l'harmonie dans le monde physique. Ces principes posés, nous allons en suivre maintenant l'application et les ef fets dans toutes les phases des rapport ou des collisions des peuples européens quels on en retrouve les premières trace sont les Grecs, les Carthaginois et le Romains; leur histoire offre une asšez longue suite d'actions et de mesures qui ont permis d'apprécier l'esprit de leurs relations avec les pays étrangers. Cependant alors les grands états étaient isolés, et le système fédératif, fréquemment appliqué par les petits états de la Grèce, n'était guère à l'usage des puissances importantes qui longtemps semblaient s'ignorer les unes les autres. Maîtres de l'Asie jusqu'à ses confins avec l'Europe, les rois de Perse n'avaient pas besoin d'alliances pour réunir des millions d'hommes sur les champs de bataille; Philippe et Alexandre soumirent la Grèce plutôt qu'ils n'en firent une alliéc, et chez les Romains, les alliés de la république naissante se virent bientôt assujettis à son pouvoir et englobés dans sa vaste domination. Les Romains furent adroits, prévoyants, habiles à diviser, habiles à réunir; et, ne craignant pas pour eux-mêmes le reproche d'infidélité qu'ils adressaient à Carthage, ils ne ratifiaient que les traités favorables, ne se faisant aucun scrupule de désavouer les autres. tion de l'imprimerie, l'application de la poudre à canon à l'art de la guerre donnent une direction nouvelle à tous les esprits. D'autre part, les princes trouvent le moyen de diminuer le pouvoir des grands feudataires et des nobles; l'abaissement de ces vassaux mine peu à peu le système féodal et permet de remplacer cette institution dégénérée par des institutions plus conformes au but des sociétés. Plusieurs états auxquels le régime féodal n'avait pas permis de développer leurs forces, débarrassés de cette entrave, devinrent forts et puissants. Dès ce moment les souverains, étant parvenus à concentrer le pouvoir, voulurent lui imprimer une marche légale et ferme. Les ressorts qui se trouvaient placés dans la main des gouvernements étaient assez actifs pour assurer la tranquillité des peuples; mais il était possible de les détourner de leur destination. La guerre pouvait naître d'un instant à l'autre du sein même des institutions qui ne devaient tendre qu'au maintien de la paix. Les peuples, craignant alors que des ambitieux ne formassent des projets d'agrandissement et de conquêtes, recoururent à cette politique qu'avaient imaginée jadis les ré Dans les sociétés nouvelles créées par le moyen-âge, les transactions politiques étaient peu compliquées; la plupart des traités étaient temporaires, dictés par les besoins du moment, et sans pré-publiques italiennes et dont Florence voyance pour l'avenir même le plus rap- fut la modératrice; ils comprirent qu'il proché. Les trèves, suite de l'épuise- n'y avait de salut pour leur existence ment des partis, ne servaient qu'à se que dans un ordre de choses où les forces mettre, de part et d'autre, en état de des états, exerçant les unes sur les autres continuer la guerre. Peu de nations une action et une réaction réciproques, étant alors assez riches pour en soudoyer se continssent mutuellement dans les lid'autres, on rencontre à peine quelques mites du droit, et que la sûreté génétraités de subsides; il en est de même rale ne pouvait naître que de l'équilibre des ligues et des confédérations. des moyens d'attaque et des moyens de défense. Cette politique nouvelle, qui exigeait de fréquentes communications entre les parties intéressées, donna lieu à ces ambassades, à ces négociations multipliées qui caractérisent les trois derniers siècles. Mais au xv siècle, une révolution s'opère dans les mœurs, dans les institutions et dans les gouvernements : d'une part, la prise de Constantinople, en avertissant l'Europe du danger qui la menace, rapproche de nouveau les états que les croisades avaient déjà mis en rapports entre eux et pour lesquels la féodalité était une espèce de lien commun; ce même événement fait refluer les sciences, les lettres et les arts vers l'Italie. La découverte de l'Amérique, le nouveau passage aux Indes-Orientales, la boussole perfectionnée, l'inven L'expédition de Charles VIII en Italie fut la cause, ou du moins l'occasion, des premières mesures de ce genre, et on doit les regarder comme le véritable point de départ du système politique de l'Europe. A dater de cette époque, l'histoire diplomatique présente quatre phases principales qui forment autant de par- durant plusieurs siècles, avaient été apties distinctes. La première s'étend de pelés à être arbitres et garants des traités, la naissance du système jusqu'à la guerre voulurent convertir cette déférence en de Trente - Ans; la seconde depuis le un devoir; mais les souverains, redoutant commencement de cette guerre jusqu'à un pouvoir qui n'avait plus de bornes, la paix d'Utrecht et à la mort de Louis substituèrent aux garanties pontificales XIV; la troisième se termine à la révo- celles des laïcs, et les schismes ébranlant lution française; la quatrième nous con- encore le respect envers la cour romaine, duit jusqu'aux congrès de Vienne et elle ne put désormais se rendre impod'Aix-la-Chapelle. sante que par l'ascendant de la vertu. Mais on doit réellement fixer le point de départ de l'ère diplomatique moderne à Henri IV. Tout ce qui existait de formes et d'usages fut manifestement perfectionné sous son règne, auquel appartiennent les meilleurs négociateurs, d'Ossat, Jeannin, Villeroi, Bellièvre, Silleri, Bouillon, Sanci, Sully et tant d'autres. Des instructions furent dressées par des ministres qui avaient étudié les hommes et les affaires à l'école des révolutions, Et une circonstance bien digne de remarque, c'est que les passions haineuses qu'avaient engendrées les discordes civiles n'avaient point pénétré dans les actes ou les correspondances des cabinets. Les dépêches, et surtout celles du ministère de Henri IV, sont en général écrites avec une sagacité, une prudence et une candeur qui les font envisager comme les meilleurs modèles en ce genre; ce qu'on y découvre toujours, c'est l'esprit de conciliation, c'est le noble désir de faire prévaloir les moyens de persuasion. C'était là en effet un des principaux ressorts de la politique de Henri IV; c'est lui qui véritablement créa le système des médiations. Première période. La période de 1492 à 1618 vit éclater presqu'à son début la réformation, qui lui imprima un caractère particulier. Les intérêts religieux se mêlèrent à la politique des princes, et cette alliance détermina la direction de l'esprit du siècle. Le fait qui domine toute la période, c'est l'Espagne s'élevant au premier rang. Cette puissance, devenue le centre de tous les mouvements politiques, pèse sur l'Europe et la menace. Mais sa grandeur même lui devient funeste, et ses excès l'affaiblissent. La force croissante de la France lui impose. Charles-Quint avait créé la puissance de l'Espagne, Philippe II la soutient, puis en abuse, et elle se perd sous le règne de ses successeurs. C'est principalement dans le cours de cette première période que se montrent les formes et le caractère déterminé de la diplomatie. Les ambassades devenues permanentes, il fallut créer un cérémonial des cours, un protocole ministériel, ré– gler les préséances, assurer le secret de la correspondance par l'invention des chiffres, et établir dans chaque état une administration pour diriger les ambassades: de là, ce département appelé secrétairerie des affaires étrangères. Les transactions politiques, plus réfléchies, mieux discutées, furent conduites avec tout le soin qui pouvait prévenir les fausses interprétations. On donna plus de force aux garanties par les précautions nouvelles; ainsi, aux serments religieux, à la soumission aux censures de l'Église, on ajouta le scellé des grands vassaux, des seigneurs et des villes principales, qui, institués conservateurs de la foi des traités, s'engageaient à ne plus reconnaître leur propre souverain et même à prendre les armes contre lui, s'il venait à en décliner l'exécution. Les papes qui, Deuxième période, de 1618 à 1715. La guerre opiniâtre qui depuis le commencement du xv1° siècle ravageait l'Allemagne, entraîne dans son tourbillon presque toute l'Europe. La France applaudit en secret à l'élévation de l'électeur palatin Frédéric V; elle excite le Danemark et la Suède à défendre la re ligion protestante; Richelieu, appelé au ministère en 1624, reprend le système de Henri IV; il fait connaître par ses actions et par quelques paroles échappées à sa discrétion ordinaire que le colosse de la maison d'Autriche ne devait pas être regardé d'un œil indifférent : cette pensée dirige la politique de la France.' La paix de Westphalie (1648), qu'on a nommée le code des nations, lui donne une influence décisive. La paix des Pyrénées (1659) lui assure le premier rang. La France acquiert une force qui la rend❘ dominatrice en Europe. Le génie de Colbert active le développement des éléments de sa puissance, et Louis XIV la déploie tout entière. A la paix de Nimègue (1678), elle est à son plus haut degré d'élévation. Déjà elle menace la liberté générale et abuse de sa supériorité. Le génie de Guillaume d'Orange, la révolution qui le place sur le trône d'Angleterre et la ligue d'Augsbourg entravent et arrêtent l'ambition de la France. A Ryswick, elle ne dicte plus la loi; à Utrecht, elle conclut encore une paix avantageuse, mais elle est affaiblie; elle possède de grandes ressources, mais elle n'est plus prépondérante. Dans la période dont nous venons de retracer le caractère, les négociations et les traités commencent à marquer la place qu'ils occuperont désormais dans l'histoire. On voit peu à peu la violence disparaître; la guerre est devenue une science et une affaire de calcul; la grave politique captive tous les esprits, et le monde est gouverné par des ministres. Les rapports diplomatiques prennent une grande extension; la France surtout étend beaucoup les siennes; des ambassades solennelles et confiées à des personnages honorés portent les paroles du roi dans le nord et le midi de l'Europe; la Perse, la Moscovie, la Transylvanie reçoivent pour la première fois ses envoyés. Mais n reproche à Richelieu et à Mazarin emploi perfide et réprouvé des agents secrets. Les compositions diplomatiques des ministres de Louis XIII peuvent être comptées parmi les belles productions de l'esprit, sous le rapport du choix des moyens, de l'art de se servir des hommes et de l'adresse à faire naître ou à éluder les circonstances; mais trop souvent aussi le machiavélisme et l'intrigue viennent déparer les conceptions du génie. On se servait anciennement de la langue latine pour les actes relatifs aux affaires d'état, pour les négociations et même dans les conférences. Les langues européennes, au moyen-âge, n'étaient pas assez perfectionnées pour être écrites et servir aux documents; ce fut vers le com mencement du XIIIe siècle que l'usage de la langue nationale s'introduisit dans l'administration intérieure, tandis que la langue latine fut, comme de coutume, employée dans les relations extérieures jusqu'au xvi1o, époque où les légations permanentes s'établirent. Mais les agents diplomatiques se seraient trouvés exclus, par l'ignorance de la langue du pays, de tout commerce avec les personnes illettrées, si un autre idiome n'eût remplacé le latin. La France pourvut à cette nécessité, et la langue française devint celle des cours. Depuis lors son usage a été adopté pour les négociations et les écrits diplomatiques. Cependant on ne manque jamais, lorsque la France est partie contractante, de déclarer, dans un article séparé que la langue française a été employée, sans tirer à conséquence. Le goût de Louis XIV pour la guerre imprima un caractère particulier à la diplomatie. On vit fermenter dans tous les cabinets des idées d'ambition et d'accroissement; de là tant de combinaisons défensives, de ligues sans cesse renaissantes, et l'usage des moyens que Louis ne se faisait aucun scrupule d'employer: le fer et la flamme, l'adresse un peu forcée dans les négociations, les émissaires et la corruption. Quelque exagérées que fussent assurément les vues de domination attribuées à Louis XIV, c'était cependant pour élever un rempart à l'abri duquel les peuples trouvassent sûreté et protection que Guillaume III mit en crédit le système des barrières politiques, consistant soit dans plusieurs rangs de places fortes, soit dans l'interposition d'états capables de former un obstacle insurmontable, ou d'arrêter du moins le premier effet de son irruption. On trouve dans cette période un grand nombre de traités de commerce bien conçus et auxquels sont annexés des tarifs complets; puis des traités de marine et de navigation relatifs à la conduite des navires, au cérémonial maritime, aux priviléges des pavillons, etc. Les traités et articles secrets, les articles séparés, n'étaient point connus dans les premiers àges des relations politiques, mais toutes |