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Avant-propos. Le Pape devenu l'un des fonctionnaires obligés du sacre de Napoléon. Conseil tenu à ce sujet, où Napoléon appelle Cambacérès, Fouché, Talleyrand, Crettet et Regnault.

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Discus

sion. Le premier Consul, par son discours éloquent, ramène tous les conseillers à son avis. Le cardinal Fesch à Rome. Négociations. Le Pape consent à venir sacrer Napoléon. Intrigue des cabinets européens, pour le détourner de ce voyage. Détails de la pérégrination de Pie VII. Récit de la première entrevue en plein air de l'Empereur et du Pape, dans la forêt de Fontainebleau. Position de la royauté française. Aperçu politique de la situation de l'Europe, à la veille du sacre de Napoléon. Comment en moins de dix années, Napoléon avait presque accompli l'une de ses prédictions. Ancienneté de son trône en 1814.

Avant de poursuivre le récit des faits qui désormais se rattacheront plus particulièrement à Napoléon, Empereur; avant de le montrer dans la série des évènements écoulés depuis son élévation à l'Empire, époque où il domina toutes les têtes couronnées de l'Europe, jusqu'à la fatale époque de son abdication; je crois devoir, pour compléter l'ensemble des anecdotes renfermées dans les

deux premiers volumes de cet ouvrage, où tout, j'ose le dire, porte le cachet de la vérité, ramener rapidement le lecteur en arrière; bien établir dans sa mémoire ce que j'ai cherché à y graver; et, ensuite, je terminerai par un sommaire bref et fidèle de la situation de l'Europe et de la France aux approches du 2 décembre 1804, où fut posée sur le front du premier Consul français, la couronne suzeraine en Europe des César et de Charlemagne. Au reste, ces deux tableaux ne seront pas tracés avec la froideur ordinaire à l'histoire, ils se dérouleront plus agréablement sous la forme d'une de nos soirées.

La dernière du tome précédent eut lieu la veille du sacre, celle-ci lui sera antérieure de quelques jours, et avant que de la faire connaître, je raconterai ce que je crois nécessaire à l'intelligence de ce grand acte politique et religieux.

Dès que Napoléon eut été élu Empereur par les votes du Sénat, du Corps-Législatif, du Tribunat, seuls corps de l'État qui eussent eu le droit de s'opposer à cette nouveauté, et par l'assentiment de la majorité des citoyens, il se mit à rechercher tous les documents des sacres anciens, soit ceux des empereurs, soit ceux des rois de France et d'Angleterre. Sa première pensée, et nul autre ne la lui suggéra, fut que pour augmenter l'éclat de cette cérémonie auguste, que pour ajouter à la vénération qu'elle inspirerait, soit aux Français,

soit au reste des autres nations, il conviendrait que le Pape, le vicaire de Dieu sur la terre, selon le dogme de foi des catholiques, le chef suprême et absolu de la religion, devînt le ministre pieux qui verserait l'huile sainte sur sa tête. Une sorte de reconnaissance importante de son droit impérial résulterait, selon lui, de la participation du souverain pontife aux solennités de son sacre. Il voyait l'Italie entière, sur laquelle il dominait déjà directement ou indirectement, se soumettre sans résistance à l'oint du Seigneur. Ce fait, en outre, le rendant tout pareil aux Césars d'Orient, d'Occident, anciens, lui accorderait une sorte de suprématie religieuse sur les Empereurs modernés d'Allemagne, qui, après Charles-Quint, se contentant du couronnement de Francfort, avaient renoncé au voyage de Rome, où le Pape, par les onctions saintes, semblait, selon beaucoup de gens, leur imprimer le titre ineffaçable de successeurs réels de Charlemagne, et, par conséquent, de possesseurs légitimes de ce qu'on appelait encore par convention le Saint-Empire romain.

Dès que cette pensée si profonde, si sage, et d'un tel profit pour l'avenir du trône français, eut été connue dans le for interne du premier consul, elle lui apparut avec ses avantages immenses, ses conséquences irrésistibles. Aussitôt il en parla aux hommes d'État, accoutumés à être consultés par lui lorsqu'il s'agissait de mesures graves et ma

jeures c'étaient le second consul, Cambacérès; M. de Talleyrand-Périgord ; le ministre de la police, Fouché; le comte Crettet, ministre de l'intérieur; M. de Portalis, ministre des cultes; et le comte Regnault Saint-Jean-d'Angely. Le premier de ceux-là et tous les autres, à l'exception du second et du troisième, approuvèrent ce projet, qu'ils admirèrent comme éminemment politique ; car, enfin, si le Pape consentait à jouer le rôle de consécrateur dans cette cérémonie imposante, dès lors aux yeux de l'Église romaine et du clergé de France lié de communion avec elle, la légitimité de Napoléon devenait la première; et le Saint-Siège, à perpétuité, et pour demeurer conséquent à ses maximes et à sa doctrine, soutiendrait la cause du César et de sa famille, auxquels un pape aurait librement accordé, ce qu'en style de chancellerie romaine, on qualifie de bénéfice de l'Empire.

Mais si Cambacérès, Crettet, Portalis et Regnault, avaient approuvé le choix de Pie VII, ils ne furent pas imités par Talleyrand et Fouché, celuilà, ancien évêque, celui-ci ex-oratorien, tous les deux liés autrefois à cette église, dont ils s'étaient séparés avec tant de violence; aussi, frémirent-ils à la certitude de voir le Pape à Paris, de se trouver en contact, eux, avec le chef de l'Église, qui ne pouvant les estimer, le leur laisserait apercevoir peut-être. Dans cette crainte, on les vit à

l'envi l'un de l'autre tenter de faire changer Napoléon d'idée. Ils lui présentèrent en épouvantail l'ambition ultramontaine, lui faisant observer, dirent-ils, que le Saint-Siège se targuant dorénavant de sa participation au sacre, en ferait découler pour lui le droit imperscriptible de disposer à l'avenir de l'Empire français. A les entendre, le premier Consul allait ressusciter les querelles. sanglantes et prolongées des papes et des Empereurs d'Allemagne, après Charlemagne et Othonle-Grand.

Napoléon les écouta sans laisser rien lire de l'impression que leur double insistance produisait sur lui; car, tous les deux étaient venus ensemble à cette conférence, afin de se soutenir réciproquement; mais dès qu'ils eurent débité tout ce qu'ils crurent meilleur pour amener une détermination favorable à leur situation, Napoléon les regardant avec ses yeux d'aigle, tandis que sa bouche souriait, leur dit :

« Grand merci, Messieurs, de vos sollicitudes pour l'indépendance à venir de la couronne impériale française; soyez à ce sujet calmes comme moi et sans inquiétude; les choses auront lieu convenablement. Il y a dans le sacre deux cérémonies très-distinctes qu'on peut séparer nettement, et qui seront tranchées, je vous l'atteste, de manière à ne permettre aucune confusion: l'une est toute religieuse, celle des onctions; l'autre, toute ci

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