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SOIRÉE XXX.

Le Pape et l'Empereur. Premier discours de Napoléon à la Legislature. État de l'Europe en 1805.— Napoléon, Roi d'Italie. -Suite de l'état de l'Europe. Coalition contre la France. - Soirée chez l'impératrice Joséphine. Napoléon survient. — Colloque trèsanimé. Précis de la bataille d'Austerlitz et des évènements qui la précédèrent, racontés par Napoléon. Le général Mack. Discours de Napoléon au Sénat. — Proclamation à la Grande Armée. — Entrée en campagne. Capitulation d'Ulm. Faits et anecdotes. - Autre proclamation.

Ce ne fut qu'au 5 avril 1805, que le Pape, quittant Paris, se sépara de l'Empereur; ces deux hautes personnes avaient eu l'une pour l'autre une affection extrême, jusqu'à l'heure qui les mit en présence. Dès lors, elles se déplurent réciproquement, et de ce qui devait resserrer les nœuds de leur amitié, ressortit un mal-vouloir qui depuis alla toujours croissant. Pie VII, re

prochait à Napoléon de n'avoir rien tenu des promesses qu'il lui avait faites, pour le déterminer à venir le sacrer. L'Empereur prétendait n'avoir rien promis, et que si des espérances avaient été offertes à Sa Sainteté, comme des réalités, c'étaient le cardinal Fesch et autres intermédiaires, à qui le tort devait en être attribué. Selon lui, et dans leur zèle pour amener le Pape à Paris, ils auraient pris avec le Saint Père des engagements au nom de Napoléon, dont celui-ci n'eut connaissance que lorsque Pie VII les lui mit sous les yeux.

La finesse ultramontaine ainsi jouée, en garda de la rancune. Les relations devinrent difficiles. L'Empereur fut exigeant, le Pape tenace dans ses refus, la chancellerie romaine suscita à notre clergé des difficultés sans nombre. L'Empereur demanda que les États du Saint Père fussent fermés aux Anglais, et en outre successivement aux peuples avec lesquels il était en guerre; le Pape répondait négativement et avec raison, car en sa qualité de Père commun des fidèles, sa cour doit toujours être neutre et ouverte à toutes les nations. L'Empereur contesta, nia ce droit et ce devoir, et peu à peu on en vint de part et d'autre à une lutte découverte, pendant laquelle le Pape perdit ses États, et où il excommunia son terrible adversaire; plus tard nous reviendrons sur ces époques importantes de notre histoire contemporaine.

Avant de parvenir à l'Empire et tant qu'il avait · été premier Consul, les rapports entre la législature et le chef du gouvernement avaient eu lieu par l'intermédiaire des ministres. Mais dès que Napoléon eut posé la couronne impériale sur sa forte tête, il voulut lui-même prendre ce soin, et à la prochaine ouverture de la session, il arriva dans la salle du Corps-Législatif, avec tout l'appareil de la souveraine puissance. Là, s'adressant aux sénateurs, aux législateurs, aux tribuns réunis dans la même enceinte, il commença le discours suivant :

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<<< Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Députés des départements au Corps-Législatif, » Messieurs les Tribuns, Messieurs les Membres » de mon Conseil-d'État ; je viens présider à l'ou» verture de votre session, c'est un caractère plus imposant et plus auguste que je veux imprimer à vos travaux. Princes, magistrats, soldats, citoyens, nous n'avons tous dans notre carrière » qu'un seul but, l'intérêt de notre patrie. Si » ce trône sur lequel m'ont placé la Providence et la volonté de la nation est cher à mes yeux, » c'est parce que seul il peut défendre et con>> server les intérêts les plus sacrés du peuple

français. Sans un gouvernement fort et paternel, la France aurait à craindre de retomber » dans les maux qu'elle a soufferts. La faiblesse » du pouvoir suprême est la plus affreuse cala

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>>mité pour les peuples. Soldat ou premier Con» sul, je n'ai eu qu'une seule pensée. Empereur, je n'en ai point d'autre, les prospérités de la » France. J'ai été assez heureux pour l'illustrer par >> des victoires, pour la consolider par des traités, › pour l'arracher aux discordes civiles, pour y préparer la renaissance des lois, des mœurs et de la religion. Si la mort ne me surprend >> pas au milieu de mes travaux, j'espère laisser à » la postérité un souvenir qui serve à jamais » d'exemple ou de reproche à mes successeurs.

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» Mon ministre de l'intérieur vous fera l'exposé » de la situation de l'Empire. Les orateurs de mon Conseil-d'État vous exposeront les divers besoins de la législation... Quelque étendus qu'aient été les préparatifs qu'a nécessités la » guerre dans laquelle nous sommes engagés, je » ne demanderai à mon peuple aucun nouveau >> sacrifice; il m'aurait été doux à une époque

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aussi solennelle de voir la paix régner dans le monde; mais les principes politiques de mes ennemis..... en font assez connaître les diffi>> cultés. JE NE VEUX PAS ACCROITRE LE TERRITOIRE DE LA FRANCE, mais en maintenir l'intégrité; je n'ai pas l'ambition d'exercer en Europe une plus grande influence, mais je ne veux pas déchoir de celle que j'ai acquise. AUCUN ÉTAT NE SERA INCORPORÉ A L'EMPIRE (1); mais je ne sacri(1) Malgré sa promesse solennelle donnée à cette époque,

» fierai pas les droits ni ne romprai les liens qui > m'attachent aux États que j'ai créés.

» En me décernant la couronne, mon peuple » a pris l'engagement de faire tous les efforts que requéraient les circonstances, pour lui con» server cet éclat nécessaire à sa gloire comme à » la mienne. »

Ce langage était noble et digne, Napoléon en avait besoin, car un nouvel orage le menaçait. Le 2 janvier 1805, il avait écrit de sa main une lettre au roi d'Angleterre, la réponse fut méprisante elle eut lieu sous forme de note diplomatique et adressée par le ministre des affaires étrangères du cabinet de Londres, au ministre des relations extérieures à Paris. A part cette insulte, tout traité y était repoussé, tout arbitrage décliné. En

de ne pas accroître le territoire français, et de n'y réunir aucun autre État, Napoléon, jusqu'à la fin de son règne, incorpora définitivement à la France ou au royaume d'Italie, les duchés de Parme et de Plaisance, la République de Genève, celle de Gênes, la principauté de Guastalla, le royaume d'Étrurie, les États du Pape, ceux de Venise, les royaumes de Piémont, de Lombardie, de Naples, d'Espagne, le grand duché de Berg et de Clèves, le royaume de Westphalie, où trônait nominativement son frère Jérôme; celui de Hollande, les provinces et villes anséatiques, la République de Raguse, des Sept Iles, le Cattaro, la Dalmatie, l'Illyrie, l'Istrie, le Portugal pendant un temps, etc., etc., etc.

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