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même temps l'Angleterre négociait activement avec les puissances continentales, pour qu'elles reprissent les armes. Déjà, et dès décembre 1804, l'Empereur des Turcs, Sélim III, avait refusé de reconnaître la nouvelle forme du gouvernement français. Le 8 avril 1804, on signait à Saint-Pétersbourg, entre les cours de Russie et d'Angleterre, une union hostile à la France, å la suite de laquelle le général Hédouville, notre ambassadeur auprès d'Alexandre, dut rentrer à Paris, en y apportant la fâcheuse nouvelle que je viens de signaler. Déjà le général Brune était parti de Constantinople, et nous pouvions nous regarder comme en guerre ouverte avec les Turcs. La Russie tarda peu à commencer les hostilités; l'une de ses flottes ayant pénétré dans l'Adriatique, s'empara militairement des sept îles, Céphalonie, Xante, Corfou, Itaque, etc., que notre gouvernement avait détachées des possessions vénitiennes, et que conservant, il n'avait pas abandonnées à l'Autriche avec les possessions de terre-ferme de cette antique république disparue si inopinément.

Le 18 mars 1805, la république Cisalpine prit fin par la nomination qu'elle fit de Napoléon à titre de son roi. Celui-ci accepta ce nouveau titre et fut sacré Roi d'Italie par le cardinal Caprara, dans la cathédrale de Milan. Le 26 mai suivant, à cette même époque, il institua l'ordre royal de la

couronne de fer qui fut l'apanage particulier de son nouveau royaume.

Cette dignité, ajoutée à celle d'Empereur des Français, semblant ôter à tout jamais à l'Empereur François II l'espérance de récupérer la Lombardie, le détermina à recourir aux armes et à répondre ainsi favorablement aux instances qui lui étaient faites par les cabinets de Londres et de Saint-Pétersbourg. Déjà ce César, dans un sage esprit de prévoyance, craignant que le terme fût proche de la dissolution de l'Empire d'Allemagne, et ne voulant pas, cette catastrophe arrivant, demeurer en Europe simple roi de Hongrie, de Bohême et archiduc d'Autriche, déjà, dis-je, et dès le 4 août 1804, il s'était, par le fait de son omnipotence impériale et en sa qualité de successeur d'Auguste et de Charlemagne, élevé à la dignité suprême des États réunis sous le sceptre de la branche aînée de Lorraine, sous le titre particulier d'Empereur d'Autriche. Napoléon avait vu une rupture prochaine dans cette mesure; on se manifestait visiblement une défiance hostile de ses intentions cachées et d'avenir; aussi, lui également, s'était-il préparé en silence.

Depuis la rupture de la paix d'Amiens, Napoléon faisait les préparatifs immenses sur le littoral de l'Océan et aux alentours du port de Boulogne particulièrement, d'une descente en Angleterre. On construisait des flottilles de bâteaux plats des

tinés à porter nos troupes, et une armée formidable s'amoncelait sur le rivage du Boulonnais, prête à s'embarquer et à profiter d'un bon vent et d'une circonstance heureuse. Dans l'île britannique on feignait en apparence un grand mépris de ces apprêts gigantesques, et en réalité ils causaient à la nation anglaise une terreur qui perçait dans les travaux de résistance auxquels on se livrait de l'autre côté du canal.

Ainsi, la discorde allait diviser les peuples, et néanmoins à l'extérieur la paix semblait régner en Europe. Le 26 avril, une nouvelle constitution était donnée par Napoléon à la Hollande : elle devait servir de base à cette royauté contrainte à laquelle l'ambition de notre Empereur forcerait bientôt après le peuple batave à se soumettre.

Le 4 juin vit le terme de l'existence de la république ligurienne. Les Génois furent amenés par une violence cachée à renoncer à leur indépendance et à demander comme une faveur leur réunion à l'Empire français. Ainsi, déjà Napoléon démentait sa promesse énoncée dans son discours dernier adressé aux chambres législatives, de n'agrandir plus ses États. Le même jour et par une démarche semblable, le peuple Lucquois parut solliciter notre Empereur de lui donner pour souverain un des membres de sa famille. Ce vœu forcé fut exaucé, et madame Élisa Bonaparte, femme du comte Bacchiochi, ceignit, avec son

mari, cette petite couronne, à laquelle ils réunirent la principauté de Piombino, arrachée aux Ludovisi, ses propriétaires légitimes, et que leur frère et beau-frère leur avait donnée. Déjà enfin, le 21 juillet de la même année, un simple décret im¬ périal réunit à l'Empire français le riche et beau duché de Parme, dont les possesseurs, Bourbons infants d'Espagne, portaient momentanément par le choix de Napoléon le sceptre de l'Étrurie; nom ancien imposé à la Toscane lorsqu'elle avait perdu ses grands dues de la maison de Lorraine, à la suite de la paix de Lunéville.

Les choses étaient dans cet état, lorsque le 9 août 1805, l'Empereur d'Allemagne, François II, signa un traité d'alliance offensive et défensive avec la Russie et l'Angleterre, et fit connaître publiquement les motifs qui le ramenaient à prendre les armes et à faire marcher ses troupes contre la France.

J'ai cru nécessaire, pour l'intelligence de ce qui va suivre, de peindre à larges traits la situation. des choses en Europe au moment où la discorde des souverains allait l'ensanglanter de nouveau. Cette esquisse devenait nécessaire pour bien saisir la marche des évènements qui avaient amené, depuis la bataille de Marengo, cette rupture de la bonne intelligence entre les cours de Vienne et de Paris. Maintenant, je vais laisser parler Napoléon lui-même.

C'était vers le milieu du mois d'avril 1809, l'Empereur se trouvait au château des Tuileries. Joséphine, quelque peu souffrante, n'avait pas néanmoins fermé la porte de son appartement, et autour d'elle il y avait deux ou trois ministres plénipotentiaires des États d'Allemagne, entre autres le baron de Cetto, ambassadeur de Bavière à Paris, avec aussi l'ambassadeur de Prusse, et le chargé d'affaires de l'électeur de Hesse; de plus, il y avait là le prince hongrois d'Esterhazy et deux ou trois magnats de Bohême, qui venaient prendre congé de S. M. I. et R., à tel point les inquiétaient les mouvements hostiles qui avaient lieu en Autriche et, sans doute mieux encore, ce que leur avait appris leur correspondance particulière avec leur patrie; les maréchaux d'Empire Masséna et. Berthier, les duchesses d'Abrantès et Lefebvre, augmentaient le cercle assez taciturne. Joséphine, souffrante, et d'ailleurs inquiète ( car déjà elle redoutait le malheur qui l'accablerait à la fin de cette année), allait congédier sa cour, lorsque tout à coup la porte de l'escalier intérieur qui descendait des appartements du premier étage au sien, fut poussée avec cette violence qu'un seul homme pouvait se permettre. Chacun tressaillit; S. M. laissa échapper un demi-cri d'effroi, qu'elle comprima soudainement à la vue de Napoléon.

L'Empereur apparut aux yeux étonnés et presque effrayés de ses sujets et des étrangers présents,

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