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douze grenadiers, les plus braves parmi tant de braves, eux-mêmes blessés, couverts du sang ennemi et du leur, noircis par la poussière, croisent leurs fusils, y joignent des branches de chêne, placent par dessus quelques drapeaux enlevés ce matin à l'ennemi, et sur ce brancard si noble posent leur illustre maréchal, mon ami, l'effroi de l'Europe et l'honneur de la France, et dont la mémoire en sera l'amour.

» Par un vrai bonheur on me cacha d'abord cette catastrophe horrible, sa connaissance trop vite venue aurait paralysé mes esprits, et j'avais tant besoin de la lucidité de mes idées !!! Placé au centre des combats et dans le rayon de la mousqueterie, j'examinais ce qui se passait, j'affaiblissais un point pour en renforcer un autre; chaque ordre bien exécuté nous faisait gagner du temps; j'ose dire que sans moi, l'armée française était perdue; elle dut son succès à mon calme et aux ressources de ma stratégie. Quatre fois GrossAsspernn fut pris et repris, Esling le fut huit fois, ce qui faisait treize fois en comptant celles de la veille. Enfin, à la dernière, les régiments de fusiliers de tirailleurs de la garde, commandés par les comtes Mouton et Carial, me le conservèrent, l'ennemi renonçant à le leur arracher.

» A neuf heures du soir les feux s'éteignirent, et des deux parts on battit la retraite. Les Autrichiens avaient dans cette journée tiré quarante

mille coups de canon; le champ de bataille était couvert de vingt mille morts ou blessés des deux armées; parmi ceux des ennemis qui portèrent nos sanglantes marques ce jour-là, on compta quatre feld maréchaux, huit généraux, six cents soixante-trois officiers, tous Autrichiens. Le feld maréchal Weber, quinze cents prisonniers et quatre drapeaux, furent les trophées de cette victoire; car n'est-ce pas vaincre que de ne reculer totalement en pareil cas.

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(1) Depuis dix heures du matin, les officiers du génie et de l'artillerie restés dans l'île de Lobau, s'étaient occupés à faire réparer avec la plus grande activité le désastre des ponts, et surtout de celui qui servait à la communication de la rive gauche du fleuve. Les pontonniers et ceux qui étaient employés à un travail aussi urgent, avaient à lutter contre les brûlots qui descendaient incessamment sur les débris du pont, et contre la violence d'une crue subite des eaux du fleuve, qu'une fonte extraordinaire et inopinée venait d'élever de huit pieds dans l'espace de quelques heures. Les câbles rompaient, les bateaux étaient entraînés ou avaient la plus grande difficulté à

(1) Les quatre paragraphes suivants, extraits mot à mot du bel ouvrage Victoires et Conquêtes, etc., des Français, mine inépuisable pour tout historien moderne, sont intercalés en cet endroit du récit, dont ils sont un digne complément.

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remonter le courant. A peine replacés avec des efforts inouïs, ils étaient brisés et entraînés de nouveau; chaque fois que le pont se trouvait à peu près rétabli, on se hâtait d'y faire passer quelques hommes et des munitions, qui mirent les Francais à même de se maintenir jusqu'à la nuit, comme on l'a vu.

» Sur ces entrefaites, tous les blessés qui s'étaient traînés vers le point de passage, se trouvaient amoncelés à l'entrée du pont en attendant qu'il fût réparé; bien plus fragile que ceux qui se trouvaient à l'autre côté de l'île, ce même pont était couvert d'ouvriers qui travaillaient à le consolider contre les arbres, les bateaux et les radeaux entraînés par le courant et rompant les câbles des pontons. Dix à douze mille hommes blessés, la plupart presque mortelłement, mais soutenus encore par leur courage et l'espoir de venger bientôt les malheurs de cette journée, où les éléments avaient combattu pour l'ennemi, cherchèrent alors à accélérer, soit par leurs vœux, soit par leurs cris déchirants et leurs gémissements plaintifs, le moment où il leur serait permis de passer dans l'île. Un grand nombre s'était avancé jusques dans l'eau; le fleuve grossissait sous leurs pas chancelants, et la foule, qui s'augmentait derrière eux, les empêchant de reculer devant ce nouveau désastre, ils étaient entraînés; d'autres les remplaçaient à l'instant et

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