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Je me suis constamment plu à faire ressortir les hautes qualités de Pie VII. Il y a eu une circonstance qui a duré le quart d'une heure, et, en la mentionnant, je sentois qu'il m'étoit plus que jamais prescrit d'être vrai; il ne faut pas, dans une sorte de pruderie en apparence charitable, tourner un ou deux feuillets. Celui qu'on a paru blâmer, parce qu'il existe un document accusateur, est bientôt sorti de l'état de maladie et d'épuisement qui le mettoit hors de lui, et il est redevenu tout à coup admirable et céleste. Si je me fusse obstiné à un silence inutile, je n'aurois pas eu ensuite à louer l'action la plus héroïque et l'un de ces glorieux repentirs que Dieu couvre de bénédictions et qui sont de si grandes joies dans le ciel. Je n'ai puisé d'ailleurs mes informations sur ce point, que dans les Mémoires du saint cardinal, doyen du sacré collége, qui, mieux inspiré que le cardinal Consalvi, nous a confié tout ce qu'il a su des événemens de ce règne.

Une gravure en tête du premier volume représente les traits de Pie VII dans une auréole de splendeur. Au-dessous de lui

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sont placés les deux cardinaux ses ministres; d'abord le cardinal doué de la sage dextérité politique qui sauva le SaintSiége d'un premier danger, et qui, plus tard, lui fit restituer ses provinces; puis, le cardinal doué d'un noble courage religieux, qui ne voulut plus négocier avec la mauvaise foi, qui souffrit la persécution, et que la Providence qui avoit permis qu'on l'enlevât dans la même voiture que son maître, voulut faire ramener dans le même char de triomphe. Quelle gloire pour Pie VII qu'un tel retour! Dans Rome, on vantoit à l'envi cette époque d'intrépidité et de résistance, qui appartenoit à lui seul, quand à Savone il rédigeoit de sa propre main les instructions demandées par des Catholiques, quand il copioit ses propres bulles, quand il y mettoit la suscription et le sceau de l'anneau Piscatorial, quand il étoit seul le maître et l'ouvrier de la vigne.

M. Dien, un de nos meilleurs artistes, qui a vu le Pontife et les deux ministres à Rome, a gravé habilement cette planche d'après M. Laguiche, dessinateur des Iconographies grecque et romaine. Au haut

de la gravure on voit le contour exact de la tiare si magnifique, si riche, si élégante que Napoléon donna au Saint-Père, et qui est restée un des plus précieux ornemens du trésor pontifical.

Je m'excuserai ici, relativement à une partie prédominante de mon ouvrage, et sur laquelle je suis le plus vulnérable. Rien, que je pense, ne peut dénoncer en moi l'oubli de la patrie; mais il perce à travers mes jugemens et mes opinions un sentiment de tendresse pour la ville de Rome. Je ne dirai pas qu'un attrait irrésistible m'y a fait retourner sept fois avec plaisir. Je ne rappellerai pas les efforts qu'ont faits pour y revenir les personnes qui s'en étoient le plus exilées. Je ne répéterai pas le mot de l'empereur Alexandre : « J'aurois bien envie d'être quelque temps mon ministre à Rome! » Je prendrai mon exemple dans ce trait de la vie d'un grave Espagnol, mon ancien ami, M. le chevalier de Vargas: il étoit fidèle à sa cour, et mérita qu'on lui envoyât le brevet de Marquis de la Constance. Un jour on le rappelle à Madrid pour le constituer ministre des affaires

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étrangères. Il nous fait de tristes adieux, et il part pour obéir. Arrivé à Burgos, il trouve une dépêche qui lui annonce qu'il est attendu avec impatience, et qu'il doit se hâter d'arriver. Alors il lui vient dans la pensée d'essayer une dernière tentative pour se dégager : il écrit qu'il n'est pas propre aux élévations du ministère ; qu'il sera toujours plus utile à Rome qu'à Madrid. Il écrit si bien, si éloquemment, qu'il parvient à convaincre le gouvernement: on lui rend sa liberté. M. de Vargas se trouvoit au centre de la Vieille-Castille, à quarante-huit lieues de Madrid et à près de quatre cents lieues de Rome, à cause des détours nécessités par l'état de guerre. Il demande des chevaux de poste, et, de Burgos, il prend rapidement la route de Rome, où nous le vîmes arriver plein de joie et de bonheur.

J'ai publié, chez MM. Firmin Didot, un ouvrage intitulé l'Italie : il est à proprement parler le portique, le PRONAOS de l'Histoire de Pie VII. J'ai conçu ces deux ouvrages dans les mêmes vues d'amour pour la religion et la vérité.

DE

LA VIE ET DU PONTIFICAT

DU PAPE PIE VII.

CHAPITRE PREMIER.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE RÈGNE DE PIE VII. SA NAISSANCE. IL ENTRE DANS L'ORDRE DE SAINT BENOIT. IL EST NOMMÉ ÉVÊQUE DE TIVOLI. PUIS D'IMOLA. ENSUITE CARDINAL.

GUERRE EN ITALIE. ARMISTICE CONCLU A BOLOGNE ENTRE LE

SAINT SIÉGE ET LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

L'HISTOIRE des grandes prospérités et de ceux qui ont constamment vécu dans une région de succès, de gloire et de magnificence, a toujours brillé d'un éclat imposant; l'histoire des grandes infortunes, et de ceux qu'elles ont accablés sans pitié, peut aussi exciter de touchantes émotions: mais quelqu'élevés que soient de tels sujets, l'intérêt qu'ils inspirent s'affoiblit devant

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