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de cette expression de la représentation de l'idée divine et de ceux qui s'en sont faits les apôtres; tout au contraire. Je tiens seulement, comme citoyen ou plutôt comme unité dans ce tout qu'on appelle la société française, je tiens, dis-je, à examiner ce que cette société ou plus volontiers l'État qui en est la formule pratique, se trouve avoir à espérer ou à redouter de cette ingérence de l'ultramontanisme dans les affaires de l'intérieur et de l'extérieur.

En effet, s'il est de nos jours un fait curieux à constater, c'est celui de l'ignorance dans laquelle nombre de Français paraissent être des intérêts et des véritables traditions du pays. Cette étrangeté est surtout frappante au point de vue religieux et de la Rome ecclésiastique.

Que certains chefs de partis se servent de cette force ou de cette négation, qu'ils renient l'histoire ou l'oublient pour le succès de la cause qu'ils prétendent faire réussir, il n'y a là qu'un phénomène parfaitement naturel. Mais que le clergé séculier et qu'une portion éclairée de la population, par paresse ou indifférence, se

laisse plus ou moins convaincre, grâce à cette sorte d'exposition majestueuse où la politique se mêle à la religion, c'est ce qu'il serait assez difficile d'expliquer, si l'on ne se trouvait en présence d'une période de transition, pendant laquelle le niveau de l'instruction générale s'est abaissé sous l'influence d'un affaissement moral de cette classe particulière de Français.

« D'ailleurs, M. Prévost-Paradol l'a déjà dit excellemment, des intentions pures, accompagnées d'ignorance et d'aveuglement, ont souvent causé plus de maux que les mauvaises passions, contenues et dirigées, dans le sens d'un intérêt bien entendu, par un certain degré de lumières. Mais c'est surtout dans le jugement des affaires publiques que la vertu, dénuée de lumières, est impuissante et peut devenir funeste.» Or ce danger, si pressant, n'est heureusement que passager. Les malheurs éprouvés, la nécessité du travail et l'effort de tous pour le payement des dettes nationales, la plus grande participation du pays à la gestion de ses affaires, la loi immuable du progrès humain surgissant dans tous les

a.

mondes, le service obligatoire et personnel surtout, sont des causes suffisantes d'un relèvement certain, mais trop éloigné encore pour les esprits inquiets et ardents qui s'étonnent de cette lenteur apparente du mouvement des idées et des faits qui en sont la conséquence normale et qui ne comprennent pas que les générateurs de ces idées nouvelles ont tout aussi grand besoin de mûrir que leurs contradicteurs de disparaître avec la génération qu'ils personnifient.

Il n'en est pas moins d'un intérêt puissant de se rendre un compte exact de la situation actuelle, car s'il y a des mots qui se heurtent péniblement à notre époque d'individualisme et de liberté, ce sont ceux de droit divin, de religion, de pèlerinage et de légitimité. Il n'est d'ailleurs chose plus pénible au monde que d'entendre certaines personnes rattacher l'idée d'ultramontanisme à celle de royauté et cela sans même paraître se douter du grand rôle que cette dernière a joué pendant une longue série d'années pendant ses transformations successives.

Ne savent-elles donc pas qu'à l'intérieur la

royauté a lutté constamment avec l'aide des communes, c'est-à-dire de la bourgeoisie et du peuple, pour aboutir à la plus belle et à la plus grande expansion de son unité sous Louis XIV? Quel fait plus symbolique de cette représentation de la loi par la royauté que l'histoire de ce paysan d'Auvergne, rencontré par un hobereau, insulté et décoiffé violemment par lui et s'écriant fièrement : « Ramassez mon bonnet ou j'irai le dire à MM. les grand'juges du Roi,» siégeant alors à Clermont-Ferrand par ordre du jeune Louis XIV pour diriger les fameuses assises, destinées à mettre un terme aux exactions et aux crimes impunis de la noblesse de ce pays. Or le petit gentilhomme eut peur de Messieurs du Conseil; il ramassa la coiffure du vilain. Le roi pour ce malheureux signifiait donc la justice. qu'on lui avait refusée jusqu'alors.

Ignorent-elles qu'à l'intérieur la royauté a constamment soutenu le gallicanisme contre l'infaillibilité, l'autorité laïque contre l'autorité séculière et cette dernière contre la prépondérance des réguliers?

Ne se rappellent-elles pas que pendant des siècles la France est restée l'adversaire de Rome et de sa domination, des jésuites et de leur ingérence dans le domaine des affaires de l'État et de l'instruction?

Or, c'est pour avoir négligé ces traditions, pour avoir désobéi à ces lois d'existence nationale que la royauté a dû succomber dans notre pays. Et si, sous cette forme particulière de gouvernement, la monarchie se soutient encore dans les États du Nord, c'est que, comprenant le grand rôle des nations qu'elle représente, elle ne s'est pas ingéniée à enrayer le mouvement qui les entraîne, mais elle a cherché au contraire à l'assimiler, de manière à combiner les intérêts de ses peuples avec les siens propres.

C'est donc par ignorance plus encore que par insouciance que la France en est arrivée à cet état critique qu'elle subit aujourd'hui et qui la peut entraîner vers une catastrophe nouvelle, et celle-ci terrible et sans merci, car elle serait capable d'achever sa ruine, non-seulement matérielle, mais encore morale.

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