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dans des détails aussi étendus; mais cet ouvrage de Bossuet est si important dans l'ordre de la religion et de la politique; il nous a paru si nécessaire d'en constater l'authenticité, que nous avons cru devoir nous élever au-dessus de toute autre considération.

Le cardinal Orsi, qui a entrepris de le réfuter, ne peut s'empêcher lui-même d'en convenir; et cet aveu involontaire semble lui échapper dans la préface de son traité de l'infaillibilité du pape.

<< J'ai entendu, dit le cardinal Orsi, non-seulement » à Rome, mais encore en beaucoup d'autres lieux, » un grand nombre de personnages aussi distingués » par leurs vertus que par leur science et leurs lu» mières, prétendre, après avoir lu cet ouvrage de >> Bossuet avec toute l'attention dont ils étoient ca» pables, que les théologiens romains devoient abso» lument renoncer à soutenir une cause désespérée; qu'il étoit plus généreux à eux de le déclarer fran» chement, d'autant plus qu'ils n'apercevoient rien >> qu'on put opposer avec quelque apparence de succès, » à l'évidence des raisons de Bossuet (1). »

>>

En s'exprimant ainsi, le cardinal Orsi se rappeloit probablement ce qui s'étoit passé à Rome du temps

(1) « Ipse Romæ et alibi plures audivi nec malos, nec indoctos, » qut imperitos, qui Bossuetiano opere pervoluto, nec indiligen»ter, ut eis videbatur, experto causam hanc non ultrà à roma» nis theologis sustinendam, sed veluti conclamatam et deplo» randam dimittendam esse censerant, nihil esse quod perspicuœ » veritati objici possit. »

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du pape Clément XII, au sujet de l'ouvrage de Bossuet. C'est un fait assez remarquable dont le pape Benoit XIV nous a transmis la connoissance dans une de ses lettres à l'archevêque de Compostelle. Ce savant pape lui écrivoit le 21 juillet 1748: « Vous devez » savoir que depuis peu d'années on a publié et imprimé un ouvrage, dont le but est de soutenir les » propositions établies par le clergé de France dans » l'assemblée de 1682. Quoique le nom de l'auteur ne » s'y trouve pas, tout le monde sait bien qu'il a été » composé par BOSSUET, évéque de Meaux. On exa» mina sérieusement dans le temps de CLÉMENT XII, »> notre prédécesseur immédiat, si on proscriroit cet » ouvrage ; et il fut conclu qu'on s'abstiendroit de toute proscription, tant à cause de la mémoire de l'auteur, » qui avoit si bien mérité de la religion, par tant d'au» tres chefs, que par la juste crainte de faire naître de » nouvelles disputes (1). »

On doit remarquer que du temps du pape CLE

(1) « Notum tibi absque dubio est opus, non multùm ab hinc » annis editum, typisque impressum, quod etsi nomine careat', » omnes tamen probè scimus esse Bossuetii,episcopi Meldensis..... » Totum opus versatur in asserendis propositionibus à clero gal»licano firmatis in conventu anni 1682, tempore CLEMENTIS XII, » nostri immediati prædecessoris, seriò actum est opere proscri» bendo, et tandem conclusum fuit, ut à proscriptione abstine» retur, nedùm ab memoriam autoris, ex tot aliis capitibus de » religione benè meriti, sed ob justum novarum Dissertationum

» timorem...... »

MENT XII, on ne connoissoit encore l'ouvrage de Bossuet que par l'édition de 1730, imprimée à Luxembourg, édition dans laquelle ne se trouvoit point la Dissertation préliminaire ( Dissertatio prævia ), qui explique l'esprit dans lequel Bossuet a conçu son ouvrage, et fixe d'une manière si précise et si satisfaisante l'objet qu'il s'est proposé en le composant. On ne peut qu'applaudir aux sentimens estimables qui arrêtèrent les censeurs de Rome; mais il est permis de croire que s'ils furent retenus par les justes égards dus à la mémoire de Bossuet, peut-être aussi se sentirent-ils arrêtés par les autorités si imposantes qu'il avoit appelées à la défense des maximes de l'Eglise gallicane.

DU LIVRE SEPTIÈME.

Isaac Papin.

N. I.

Protestans convertis par Bossuet.

ENTRE les ministres et les protestans distingués qui eurent recours aux lumières ou aux secours de Bossuet, nous nous bornerons à citer les plus connus et les plus recommandables.

Isaac Papin, né à Blois, étoit passé en Angleterre à l'époque de la révocation de l'édit de Nantes, avoit embrassé la religion anglicane, et y avoit reçu le titre de ministre. Il s'étoit fait un nom dans son parti par ses connoissances, et des ennemis par ses maximes de tolérance. Revenu encore à la religion prétendue réformée, il se trouvoit pourvu de la chaire des églises françaises à Dantzick. Le fanastime de Jurieu, adversaire emporté de tous les hommes sages et modérés, l'y poursuivit encore. Le ministre Papin, fatigué de se voir l'objet des persécutions d'un homme et d'un parti qui se plaignoit d'être opprimé, et qui donnoit l'exemple de l'oppression, se trouva naturellement disposé à se désabuser de toutes ces magnifiques idées de réforme et de morale évangélique que Calvin avoit

PIÈCES JUSTIFICAT. DU LIVRE SEPTIÈME. 431 proclamées avec tant d'ostentation et consacrées avec tant de violence.

Lorsque Papin forma le dessein de revenir en France et de se réunir à l'Eglise romaine, il eut recours à Bossuet. Bossuet lui en procura les moyens, et reçut son abjuration et celle de sa femme dans l'église des Pères de l'Oratoire de la rue Saint-Honoré, le 15 janvier 1690. Les ouvrages qu'il a publiés, prouvent la sincérité de son retour, et plusieurs de ses lettres écrites après la mort de Bossuet, attestent sa reconnoissance pour celui à qui il dut la tranquillité de sa vie après tant d'agitations, et le calme d'une conscience qui avoit flotté d'erreurs en erreurs, pour se reposer enfin dans le sein de la vérité; Isaac Papin mourut le 19 juin 1709, à l'âge de cinquante-deux ans.

rin.

Joseph Saurin, né à Courtaison dans la principauté Joseph Sau. d'Orange, ministre, fort jeune encore, à Eure en Dauphiné, avoit été obligé de se retirer à Genève. On le nomma pasteur de Bercher, bailliage d'Yverdun, canton de Berne, où il se maria; il y essuya des persécutions, parce qu'il se refusoit à adopter les dures et décourageantes idées de Calvin sur la prédestination. Il fit un voyage en Hollande; et ce fut de là qu'il écrivit pour la première fois à Bossuet, et lui exprima le désir et le besoin qu'il avoit de conférer avec lui. Bossuet lui procura la liberté de revenir en France, et les moyens de faire le voyage. Il se chargea de l'instruire lui-même à Germigny. Il voulut d'abord montrer à Bossuet qu'il étoit une conquête digne de lui,

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