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puissent vivre en paix et en repos, en vous ren»dant obéissance....

» Je n'ignore pas, Sire, combien il vous est >> difficile de donner à votre peuple tout le sou» lagement dont il a besoin, au milieu d'une

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grande guerre où vous êtes obligé à des dé>> penses si extraordinaires, et pour conserver » vos alliés; mais la guerre qui oblige Votre Majesté à de si grandes dépenses, l'oblige en même » temps à ne pas laisser accabler le peuple, par qui seul elle peut les soutenir....

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» Il n'est pas possible que de si grands maux, qui sont capables d'abîmer l'Etat, soient sans » remède, autrement tout seroit perdu sans res» source; mais ces remèdes ne se peuvent trou» ver qu'avec beaucoup de soin et de patience. >> Car il est malaisé d'imaginer des expédiens

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praticables, et ce n'est pas à moi de discourir » de ces choses. Mais ce que je sais très-certai»nement, c'est que si Votre Majesté témoigne » persévéramment qu'elle veut la chose; si mal» gré la difficulté qui se trouvera dans le détail, » elle persiste invinciblement à vouloir qu'on » cherche; si enfin, elle fait sentir, comme elle » le sait très-bien faire, qu'elle ne veut pas être » trompée sur ce sujet, et qu'elle ne se conten» tera que de choses solides et effectives, ceux à

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qui elle confie l'exécution, se plieront à ses » volontés et tourneront tout leur esprit à la » satisfaire dans la plus juste inclination qu'elle » puisse jamais avoir.

» Au reste, Votre Majesté doit être persuadée, » quelque bonne intention que puissent avoir » ceux qui la servent pour le soulagement de » ses peuples, qu'elle n'égalera jamais la vôtre. » Les bons rois sont les vrais pères des peuples; » ils les aiment naturellement; leur gloire et leur » intérêt le plus essentiel est de les conserver, et » de leur bien faire; et les autres n'iront jamais » en cela si avant qu'eux ».

Bossuet finit cette lettre par chercher à exciter dans le cœur de Louis XIV la noble ambition de prendre Henri IV pour modèle; et il peint avec toute l'émotion que le nom seul d'Henri IV réveille encore dans tous les cœurs, après deux siècles révolus, le deuil général qui couvrit la France, au moment où un coup affreux enleva ce prince à ses sujets :

* Seconde

«< * Il est arrivé souvent qu'on a' dit aux rois lettre de Bos» que les peuples sont plaintifs naturellement, et suet à Louis qu'il n'est pas possible de les contenter, quoi- XIV. 1675.

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» qu'on fasse. Sans remonter bien loin dans l'his

ע

» toire des siècles passés, le nôtre a vu Henri IV

>> votre aïeul, qui par sa bonté ingénieuse et per

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» sévérante à chercher les remèdes au maux de

» l'Etat, avoit trouvé les moyens de rendre les

>>

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peuples heureux, et de leur faire sentir et » avouer leur bonheur; aussi en étoit-il aimé » jusqu'à la passion ; et dans le temps de sa mort, » on vit par tout le royaume et dans toutes les » familles, je ne dis pas l'étonnement, l'horreur, » et l'indignation que devoit inspirer un coup si » soudain et si exécrable, mais une désolation » pareille à celle que cause la perte d'un bon père à ses enfans. Il n'y a personne de nous qui ne se souvienne d'avoir ouï souvent raconter » ce gémissement universel à son père ou à son grand-père, et qui n'ait encore le cœur atten» dri de ce qu'il a ouï réciter de la bonté de ce » grand roi envers son peuple, et de l'amour » extrême de son peuple envers lui: c'est ainsi » qu'il avoit gagné les cœurs; et s'il avoit ôté » de sa vie la tache que Votre Majesté vient » d'effacer, sa gloire seroit accomplie, et on » pourroit le proposer comme le modèle d'un roi parfait».

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>>

» Je supplie Votre Majesté de me pardonner >> cette longue lettre; jamais je n'aurois eu la » hardiesse de lui parler de ces choses, si elle ne >> me l'avoit si expressément commandé. Je lui >> dis les choses en général, et je lui en laisse

faire

}

» faire l'application, suivant que Dieu l'inspi

» rera ».

*

X.

Bossuet joignit à ces lettres une instruction par- Instruction ticulière sur ce sujet important: quelle est la de Bossuet dévotion d'un roi.

pour Louis

XIV.

des OEuvres de Bossuet.

On y remarque l'art infini et les ménagemens * Tome 1x délicats, que la prudence chrétienne recommande envers les princes, et qui consistent à présenter les règles et les maximes de la religion sous la forme la plus convenable au caractère, aux qualités, et aux dispositions de ceux qu'on veut ramener aux vertus du christianisme.

Bossuet évite de censurer avec trop d'amertume la passion peut-être extrême, que Louis XIV avoit pour la gloire; cette jalousie du pouvoir suprême; cette magnificence qu'il se plaisoit à étaler dans sa Cour et dans ses palais; le goût excessif qu'on lui a reproché trop légèrement pour le luxe, les beaux arts et les fêtes; il s'attache même à jeter un voile respectueux sur les suites affligeantes qui pouvoient en accompagner l'excès. Il fait plus ; il cherche à faire ressortir les avantages et les bons effets qui peuvent naître de la magnificence à laquelle les rois sont condamnés, lorsqu'ils savent la renfermer dans dejustes bornes. Bossuet se flattoit que, si Louis XIV consentoit à POSSUET. Tome 11. 5

* Instruc

tion de Bos

suet pour Louis XIV.

régler ses penchans sur les maximes de la religion, il trouveroit dans l'application de ces maximes mêmes le grand art de concilier la majesté de son rang et les intérêts de sa gloire avec le soulagement de ses peuples.

Au reste, après un siècle de déclamations, il est aujourd'hui bien reconnu, que, loin d'avoir excédé les bornes d'une sage et utile magnificence, Louis XIV a apporté la plus sévère économie dans l'exécution de ses belles créations; et la postérité, plus équitable, admirera comment il a pu faire tant et de si grandes choses avec d'aussi foibles moyens.

Bossuet montre la même sagesse et la même modération dans les avis qu'il donne à Louis XIV sur les exercices et les pratiques de la religion. Il n'est personne d'éclairé qui ne sache en effet que la dévotion d'un roi dont tous les momens sont remplis par les soins et les intérêts d'un vaste empire, ne peut ni ne doit être celle d'un particulier, et encore moins celle d'un religieux.

<< * Lorsqu'un roi, dit Bossuet, agit fortement » pour soutenir son autorité, et qu'il est jaloux » de la conserver, il fait un grand bien à tout le » monde, puisqu'en maintenant cette autorité, » il conserve le seul moyen que Dieu ait donné

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