Sayfadaki görseller
PDF
ePub

| tracer l'image même du dieu ou celle de l'animal qui lui était consacré et devenait son symbole énigmatique, ou écrire son nom en toutes lettres, c'est-à-dire par les signes la feuille, (my) l'échi quier, et (m) l'eau, qui valent A, M, N, en y ajoutant le symbole de la divinité.

l'a emarqué, avait donc beaucoup d'anabgie avec l'écriture dont on fait usage das le jeu nommé rébus et qui exprime 1s sons par des objets figurės (rebus), oit par les objets mèmes que l'on veut désigner, soit par d'autres qui ont seulement avec eux une analogie de prononciation. Mais dans l'écriture phonétique, ou, si l'on veut, dans les rébus égyptiens, un signe n'exprime pas plusieurs syllabes, mais seulement une articulation. Dans une langue qui renferme beaucoup de mots d'une seule syllabe et où les voyelles se prononcent d'une manière si fugitive, si variable, qu'il est difficile de les écrire, un symbole pouvait aisément correspondre à une consonne. Ainsi la bouche se dit en égyptien Ro, le serpent, oF : les images de la bouche, du serpent, sont devenues les signes de l'R et de l'F. Les hiéroglyphes phonétiques que nous nommons des voyelles, et qui en ont rempli l'office dans les temps postérieurs pour transcrire les noms grecs et latins, n'étaient dans l'origine que des aspirations douces comme les semi-voyelles des Hébreux. On pourrait comparer les voyelles aux couleurs et les consonnes aux contours; l'égyptien, comme la plupart des langues de l'Orient, ne représentait que le trait, la forme, pour ainsi dire, des mots : les nuances du son, qui variaient selon les dialectes, ne se notaient pas dans l'écriture.

Après ce premier pas, les Egyptiens auraient pu adopter une trentaine de figures qui auraient représenté toutes les articulations de leur langue, c'est-à-dire un alphabet dont les éléments auraient exprimé, par leurs combinaisons, tous les mots. Mais il leur parut plus naturel, plus pittoresque et plus concis, toutes les fois qu'ils pouvaient peindre une idée par une seule image, de n'avoir point recours à l'autre procédé. On les trouve donc employés conjointement dans une même phrase. Les deux méthodes pouvaient même s'allier dans un même not et se prèter un mutuel secours. Nous avons dit tout à l'heure qu'après les noms propres d'individus on ajoutait une image d'homme; on peignait de même un des attributs de la divinité à la suite des noms divins écrits phonétiquement, le symbole d'une ville ou d'une contrée à la suite des noms géographiques. C'est encore Champollion qui a reconnu le premier cette classe importante d'hiéroglyphes qu'il nomme déterminatifs, et dont la connaissance, ainsi que celle des clefs chinoises, met tout d'abord sur la voie du sens d'un passage.

Les déterminatifs peuvent être: 1o spéciaux, c'est-à-dire ne s'appliquer qu'à un seul mot, comme l'image d'un bœuf, d'un cheval, d'un chat, jointe au nom de ces animaux par une sorte de pleonasme; 2o généraux, ainsi un arbre à la suite de tous les noms d'arbres, trois molécules pour tous les minéraux, un certain signe pour tous les quadrupèdes, un autre pour toutes les parties du corps; une étoile pour les noms de constellation, etc., etc. Champollion a réuni avec beaucoup de soin, dans sa Grammaire, les diverses sé

Du moment que l'on pouvait rendre par des images détournées de leur acception primitive le son des noms propres (ce qui probablement eut lieu dès les premiers temps de l'écriture hiéroglyphique), pourquoi n'aurait-on pas de même exprimé les mots difficiles à peindre par des images qui offraient des analogies de son? C'est ce qu'on fit en effet, principalement pour les signes grammaticaux et les particules. Ainsi, par exemple, la ligne ondulée (w) qui représente l'eau (en égypt. Noun), servit pour la préposition de (en égypt. aN) et en général pour l'articulation n. On ne se borna pas à écrire phonétique-ries de mots caractérisés par un mème dément les mots qui ne pouvaient l'être autrement les scribes pouvaient à leur choix employer diverses méthodes. VouJaient-ils parler du dieu Ammon (en égyptien, AMN), ils pouvaient à leur choix

[ocr errors]

terminatif ce sont les éléments d'un lexique méthodique. Les verbes ont aussi leurs déterminatifs : ce sont quelquefois de petites scènes, telles qu'une mère allaitant son enfant pour le verbe nourrir,

[ocr errors]

un homme renversé pour les idées vaincre, soumettre, un joueur d'instrument pour le verbe chanter; mais le plus grand nombre n'est déterminé que par un signe général, comme deux jambes en marche pour les idées de locomotion, un bras pour les verbes d'action, etc., etc.

Si ce mélange de sons et de détermi- | natifs significatifs paraît incohérent, il faut bien se persuader que le langage de ceux qui l'inventèrent n'était probablement pas beaucoup plus parfait que leur écriture. Il faut se représenter des hommes qui n'ont encore qu'un petit nombre de mots, souvent détournés de leur sens naturel, pour exprimer les idées nouvelles, et qui auraient de la peine à s'entendre entre eux s'ils n'avaient complété par des gestes expressifs leurs paroles brèves et vagues. Ouvrez un dictionnaire kopte, et vous serez frappé du grand nombre de mots presque identiques pour le son, quoique différents pour le sens; voyez aussi quelles incertitudes présente, par cette même cause, la lecture des inscriptions phéniciennes ou des textes hébreux non ponctués. Il fallait, pour éviter la confusion dans le langage, cette pantomime animée qui nous frappe encore chez quelques peuples méridionaux. Les déterminatifs figuratifs ou symboliques, joints aux signes de sons, jouent le même rôle dans l'écriture, celui de dissiper l'incertitude qui pourrait rester sur le sens d'un mot. Aussi leur emploi est-il facultatif: on les ajoute, ou les supprime selon que la clarté de la phrase l'exige ou peut s'en passer.

De même que les symboles mimiques servaient à déterminer les mots phonétiques, on pouvait ajouter des signes de son pour préciser davantage la valeur d'un symbole idéographique ou ses inodifications grammaticales. Ainsi le duel et le pluriel qui s'expriment quelquefois par le redoublement et par la triplication du signe, est plus souvent marqué par une désinence phonétique. Les genres se marquent aussi en traçant l'article à la suite du nom. Les articles démonstratifs, les pronoms possessifs, occupent la même place. Il n'en est pas de même dans la langue kopte: ces diverses parties du discours sont plutôt préfixes qu'affixes, et

cette différence avait fait contester l'e:actitude des premières transcriptions de Champollion. Mais depuis que l'ensembe du système hieroglyphique est expos dans la Grammaire égyptienne, on reconnaît qu'il était bien plus conforme à son esprit de présenter d'abord l'idée principale et d'ajouter, comme déterminatifs, les divers compléments grammatieaux. La Grammaire égyptienne fait ainsi toucher au doigt l'origine des désinences dans les conjugaisons antiques.

Non contents d'unir, par l'addition des déterminatifs, les deux méthodes symbolique et phonétique, les scribes sacrés parvinrent souvent à les fondre tout-àfait. Ainsi, un certain nombre de mots très usités, tels que roi (SɔuTeN), vie divine (HôNKh), bon (NoFRé), se trouvent écrits de trois manières :

1o Ils sont écrits par un symbole isolé, par exemple une plante (), pour roi; une espèce de croix ansée que l'on voit dans la main des divinités (†) pour vie divine; un théorbe, instrument de musique(), pour bon;

2o Ils sont écrits phonétiquement et suivis de leur symbole comme déterminatif : ainsi NoFRé, écrit par la ligne ondulée (w) N, le serpent (→) F, et la bouche (O) R suivis du théorbe comme déterminatif ( ~~); ₫

[ocr errors]

3o On les écrit encore en employant le symbole, non plus comme déterminatif, mais comme signe phonétique initial ainsi ce même mot NoFRé s'écrit par le théorbe () qui prend, dans ce cas, la valeur phonétique N, et suivi des signes indiqués ci-dessus pour F et R.

Champollion considérait la première de ces trois orthographes comme une abréviation phonétique. Ainsi les Égyptiens auraient écrit S pour SouTeN, roi, N pour NoFRé, bon, comme nous mettons dans certains cas M. pour Monsieur, S. M. pour Sa Majesté. Mais il est plus probable, ainsi que le pense M. Lepsius, que la forme primitive soit le symbole isolé auquel on a plus tard ajouté un complément phonétique, en lui donnant à lui-même une valeur de son. Disons néanmoins, sans nous arrêter à ces questions de détail, que les deux méthodes se

fondent si aisément que les scribes des denières époques glissaient du symblisme jusque dans l'orthographe des joms romains. Ainsi le son Lou R pouant indistinctement se rendre par une lionne (Labo) ou par une fleur de grenade (Roman), ils choisissaient de préférence le lion dans les noms d'empereur, la fleur dans un nom de reine. Pour écrire le nom d'Antonin, ils choisissaient des signes qui pouvaient en même temps présenter l'idée œil du monde.

Récapitulons maintenant les éléments divers dont nous venons de reconnaître la nature et l'emploi.

L'écriture hiéroglyphique se compose d'images d'objets physiques, dont les uns expriment l'objet même qu'ils représentent, d'autres une idée qui a quelque rapport intellectuel avec cet objet, d'autres enfin des idées ou des objets qui n'ont avec eux d'autre rapport que celui des sons par lesquels on les exprime dans le langage oral. Pour produire ces analogies de sons, on peut grouper ensemble plusieurs images en ne tenant compte que de l'articulation initiale du mot que chacune rappelle. Le sens ou la nature des mots écrits en signes phonétiques peut être, en outre, déterminé par un symbole soit commun à un ordre d'idées, soit particulier. Ces signes, destinés à guider l'esprit, ne se prononçaient probablement pas dans la lecture, et pouvaient être négligés dans certains cas. Les modifications grammaticales des mots sont habituelle ment notés par des signes phonétiques ajoutés au signe ou groupe principal. Les relations des mots peuvent s'exprimer, comme dans d'autres langues, par des prépositions et des conjonctions. Toutefois ces parties du discours sont souvent sousentendues, et la syntaxe n'est alors indiquée que par la position relative des mots.

tant cependant tous ces obstacles, Champollion déchiffrait les textes hieroglyphiques avec une facilité qui aurait été suspecte de prestige, si l'on ne savait par quelle suite d'efforts persévérants il l'avait acquise. Nous avons dit quel enchainement de faits amenèrent ses premières découvertes. L'étude d'un nombre infini de monuments, sur lesquels les mêmes formules sont répétées avec des variantes orthographiques, lui apprit toutes les formes diverses dont un mot est susceptible. Les grands bas-reliefs historiques ou civils, entremêlés de légendes, lui firent aussi connaitre le sens d'un grand nombre de mots que la langue kopte ne nous a pas conservés. Ces notions, dont il avait quel quefois fait usage sans en indiquer l'origine, sont exposées de la manière la plus méthodique dans la Grammaire égyp tienne qu'en mourant il a léguée au monde savant. Là chaque assertion est appuyée sur un exemple tiré le plus souvent des monuments dessinés dans l'expédition scientifique qu'il accomplit en 1829, et dont les immenses résultats se publient sous les auspices du gouvernement. L'age des monuments dont ces inscriptions sont tirées étant maintenant facile à reconnaître par les cartouches royaux, l'histoire des modifications de la langue et de l'écriture devient possible, et le philologue peut avec confiance étendre le domaine de la linguistique. Le public est aujourd'hui en possession des deux tiers de cette précieuse Grammaire égyptienne, encore inédite lors de l'impression des articles CHAMPOLLION et ÉCRITURE de cette Encyclopédie. Il serait difficile d'en donner une analyse sans recourir à des planches que ne comporte pas notre

cadre.

Après avoir exposé les principaux éléments de l'écriture sacrée, nous devons Ces fréquentes ellipses et les variantes dire quelques mots des autres modes d'équi résultent de la latitude laissée au goût criture usités en Égypte, qui dérivent des des scribes pour le choix des caractères hieroglyphes et dont l'étude ne peut en phonétiques homophones, sans rendre l'é- être séparée. Outre les inscriptions sculcriture sacrée aussi mystérieuse qu'on l'aptées ou peintes sur les parois des temcrue longtemps, lui donnaient cependant quelque chose d'énigmatique; et pour nous la difficulté s'accroit de l'ignorance où nous sommes d'une partie de l'idiome et des idées de l'antique Égypte. Surmon

ples, sur les cercueils, les amulettes, et en général sur tous les monuments à leur usage, les Égyptiens avaient des manuscrits sur papyrus (voy.). Nos muses en renferment un grand nombre troaves

[ocr errors][merged small]

d'adoration dans les lieux célèbres four leur sainteté. On trouve aussi des regstres de compte dans cette écriture, mis la perception des impôts était du domain des prêtres, Avec le temps, elle s'altéra comme toute écriture cursive et donna naissance à la troisième forme qui fut adoptée pour les contrats civils, les rescripts royaux, d'où lui vient probablement le nom d'épistolographique que lui donne saint Clément. Sous les Ptolémées, cette écriture commence même à paraître sur les monuments, témoins l'inscription de Philé, l'obelisque de M. Bankes et la stèle bilingue du musée de Turin, qui avait, comme celle de Rosette, une inscription grecque et démotique. A la même époque, les prêtres conservaient pour leurs usages l'ancienne forme de l'écriture cursive, ce qui lui a fait donner par Champollion, d'après saint Clément, le nom d'hiératique ou sacerdotale. Les textes en écriture démotique ne different pas seulement des hiéroglyphes par la forme des caractères, ils admettent encore des mots et des formes grammaticales qui s'écartent du dialecte sacré, que l'écriture hiératique reproduit exacte

dans des cercueils de momies; sur ces rouleaux, des figures semblables à celles qui sont sculptées sur les monuments sont tracées en colonnes verticales, qui se lisent en commençant par la droite. Champollion nomme cette écriture hieroglyphes linéaires, parce que les images y sont réduites à un simple trait; mais le mot hieroglyphe, qui implique l'idée de sculpture, n'est pas toutà-fait exact. Young nommait ces caractères hiératiques, nom que Champollion a appliqué à une autre écriture dans laquelle est souvent conçu le rituel funèbre joint aux momies. Nous avons déjà dit qu'une comparaison de ces manuscrits divisés en sections ornées de petites scènes symboliques avait fait reconnaitre que cette écriture, qui se trace en lignes horizontales de droite à gauche, n'était qu'une sorte de tachygraphie des hiéroglyphes et correspondait exactement aux textes des rituels ou hieroglyphes linéaires. Enfin on trouve une écriture encore plus cursive, employée dans des contrats sur papyrus du temps des Lagides et dans quelques inscriptions de la même époque, notamment celle de Rosette, où elle est désignée en grec par les mots εγχώρια pappata, lettres du pays, et opposée à l'écriture grecque et à l'écriture sacrée. Hérodote et Diodore n'indiquent que deux sortes d'écriture en Égypte : l'une sacrée, l'autre populaire (dématique). Saint Clément, dans le passage cité plus haut, en distingue trois : l'épistolographique, l'hiératique et l'hieroglyphique. Nous avons dit combien les opinions avaient varié sur la nature des écritures cursives égyptiennes, que l'on avait regardées tantôt comme purement alphabétiques, tantôt comme purement symboliques, jusqu'à ce que Champollion ait montré qu'elles partici-nos alphabets européens eux-mêmes déri

paient de ces deux méthodes, ainsi que l'écriture sacrée. Selon M. Lepsius, l'écriture nommée par Champollion hiératique ou sacerdotale serait plutôt populaire, et il cite quelques exemples où elle est employée à des usages civils. Il est probable que ce fut la première et, pendant un temps, la seule altération des hiéroglyphes. Elle dut alors être employée pour tous les besoins de la vie. Des voyageurs s'en servirent pour tracer leurs actes

ment.

Vers la fin du 111° siècle de notre ère, les sectateurs de la religion chrétienne, qui fit en Égypte de grands progrès, introduisirent un alphabet emprunté à celui des Grecs, moins peut-être à cause des inconvénients de l'ancien système graphique qu'afin de rompre avec toutes les traditions du paganisme. Pour exprimer les sons étrangers à la langue grecque, on admit dans le nouvel alphabet six des anciens signes phonétiques : ainsi quelques traces de cette écriture primitive se perpétuèrent en Égypte. Mais peut-être

vent-ils des hieroglyphes par l'entremise des Phéniciens.Nous avons vu que l'emploi de l'élément phonétique, en Égypte, est de la plus haute antiquité et bien antérieur à l'introduction, en Grèce, des lettres attribuées à Cadmus. Celles-ci avaient peut-être passé d'Égypte en Asie dans ces fréquentes alternatives d'invasions dont l'histoire nous a conservé le vague souvenir; et si l'écriture phénicienne, hébraïque ou syriaque, se présente dégagée

duymbolisme dont les Égyptiens contiruèrent à faire usage, c'est un résultat

turel de la différence des idiomes. Ainsi ar exemple l'image de la bouche (Ro, en égyptien) était tantôt le symbole des idées bouche, ouverture, et tantôt le signe de R. Mais transporté chez un peuple qui parlait une langue différente, ce signe n'exprimait plus qu'un son vide de sens. Cependant l'alphabet sémitique a conservé quelques traces de son origine symbolique dans les noms significatifs que portent les lettres. Champollion et Salvolini ont établi quelques rapports entre les lettres phéniciennes et hiératiqueségyptiennes. M. Lenormant, dans ses cours à la Faculté des Lettres de Paris sur l'histoire des Phéniciens, a multiplié ces rapprochements par des combinaisons ingénieuses.

Mais c'est peut-être trop nous arrêter à la partie matérielle de l'écriture hiéroglyphique, et nous devons parler des connaissances qu'elle était destinée à transmettre et de l'influence que ce système peut avoir exercée sur le peuple qui l'employait. Sur la foi des éloges prodigués à la sagesse des Égyptiens, on avait conçu de toutes leurs productions l'opinion la plus avantageuse; et la lecture des kyrielles de louanges mystiques gravées sur les obélisques et d'autres monuments n'a pas répondu à l'attente du public. Mais dans les monuments des temps pharaoniques, il ne faut chercher que les premiers essais de l'esprit humain, et il ne faut pas oublier que l'ancienne institutrice de la Grèce était retombée dans une sorte d'enfance à l'époque où son élève brillait encore du plus grand éclat. Les puérilités de l'astrologie, de l'alchimie, les superstitions de tout genre, restèrent le partage des Égyptiens, tandis que l'école grecque d'Alexandrie faisait faire des progrès remarquables à l'astronomie, aux mathématiques, à la médecine. En voyant ce peuple qui avait, ainsi que les Chinois, devancé de beaucoup tous ses voisins dans la civilisation, rester ensuite stationnaire ou même rétrograder, on se demande s'il faut uniquement s'en prendre à la forme théocratique de son gouvernement, ou bien si on ne doit pas l'imputer à l'imperfection des

méthodes usitées pour la transmission des pensées. Ce problème, si nous pouvions le résoudre ici, répandrait du jour sur une question posée par l'Institut au commencement de ce siècle, savoir : Quelle est l'influence des signes sur la formation des idées? Malgré l'introduction de l'élément phonétique, les signes figuratifs ou symboliques tinrent toujours trop de place dans l'écriture égyptienne pour qu'elle se prêtât aisément à rendre les conceptions mobiles de la pensée. Il dut y avoir pour l'Égypte un moment de prodigieux développement intellectuel: c'est celui où son écriture s'est formée, où l'on a cherché pour les idées abstraites des images sensibles. Mais ces images une fois choisies d'après des rapports quelconques, il a fallu s'en tenir à elles, sous peine de tomber dans la confusion en présentant tous les jours aux yeux de nouvelles énigmes. Dès lors, les idées se présentèrent à l'esprit toujours sous le même aspect traditionnel. Le symbolisme anime sans doute la matière et l'idéalise en quelque sorte, mais en revanche il expose à matérialiser les idées. Ainsi les animaux adorés en Égypte n'étaient sans doute, dans l'origine, que des symboles de certains attributs de la divinité ou de la nature; mais si cette idée s'était conservée chez quelques initiés, la masse du peuple était attachée au signe matériel avec une superstition qui préta tant à rire aux étrangers. L'immortalité de l'âme est un dogme sublime dont on fait honneur à l'antique Égypte; mais, d'après ses monuments, l'autre vie n'est guère qu'une répétition de la vie terres tre et matérielle. A l'opposé des Grecs, qui, abusant de la flexibilité de leur idiome, ont si souvent quitté l'étude du monde réel pour les rêves de la métaphysique, les Égyptiens aimaient à envelopper les idées abstraites sous des for mes matérielles; et pour rendre raison de beaucoup de leurs prescriptions religieuses, ainsi que des préceptes pythago riciens, il faut chercher le sens caché sous le symbole. Si cette écriture se prêtait mal aux abstractions de la philosophie, elle était plus favorable aux sciences d'observation. L'antiquité dépose des progrès que plusieurs d'entre elles avaient

2

ไป

« ÖncekiDevam »