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bres, après une horrible tempête, ont trouvé, dans l'Académie de Stanislas, une patrie nouvelle et des confrères dévoués !

Avec quelle logique, quelle chaleur d'âme, quelle sobriété et quelle vigueur de style, il réclame la liberté de conscience, la liberté politique, l'égalité des droits civils pour ce peuple infortuné, que le souffle de l'Éternel a dispersé sur la terre, et dont l'histoire écrite en caractères de sang accuse la cruauté des nations! Prêtre catholique, il oppose la férocité des princes de la terre, de ce roi d'Angleterre, par exemple, qui vend les Juifs à son frère, le comte Richard (ut quos rex excoriaverat, comes evisceraret), à la mansuétude des souverains Pontifes, qui leur ouvrent des asiles dans Rome, et qui, au jour de leur exaltation sur le chemin de Saint-Jeande-Latran, reçoivent, avec les hommages des fils d'Abraham, les tables de la loi de Moïse! Écoutez cette belle et chrétienne invocation, l'accent en est profond et sincère: «O nations, depuis dix-huit siècles, vous foulez aux pieds les débris d'Israël ! La vengeance divine déploie sur eux ses rigueurs, mais vous a-t-elle chargées d'être ses ministres? La fureur de vos pères a choisi ses victimes dans ce troupeau désolé; quel traitement réservez-vous aux agneaux timides échappés au carnage et réfugiés dans vos bras? Est-ce assez de leur laisser la vie, en les privant de ce qui peut la rendre supportable? Enfants du même père, dérobons tout prétexte à l'aversion

de nos frères.... par nos prières, nos vœux, notre tendresse, hâtons le moment où réunis sous l'étendard de la croix, dans le même bercail, ils confondront avec nous leurs adorations au pied des mêmes autels! (35) >>

Nous sommes à la veille de la révolution, Messieurs, ou plutôt la révolution est faite dans les esprits et dans les mœurs; le règne de Louis XVI a inauguré un régime nouveau, plus en accord avec les besoins et les lumières du temps.

Le restaurateur de la liberté, le meilleur ami de la nation, comme l'appelait Bailly), le Roi accepte et proclame ce qu'il y a de justice et de vérité dans les idées modernes. A sa voix, la France se lève en quête de son idéal : l'autorité, l'ordre, la liberté !

Fidèle aux traditions de sa fière indépendance, notre Lorraine est en tête de ce mouvement réparateur et libéral (7). Ouvrez les registres des requêtes et des mémoires présentés à l'assemblée provinciale de 1787 à 1789; lisez les discussions, les discours du Clergé, de la Noblesse, du Tiers; consultez les vœux des célèbres cahiers improprement appelés de doléances, et dites-moi s'il y a un abus qui ne soit signalé, une réforme utile qui ne soit indiquée et réclamée (38) ?

Le 20 janvier 1789, les délégués des Trois-Ordres sont réunis à Nancy: en présence d'une grande assemblée et d'une grande cause, le curé d'Ember

ménil se sent orateur, il débute par un succès dans la carrière politique. Sans autre caractère, sans autre mission que le droit, qu'on ne peut lui contester, de chérir ses concitoyens, ses confrères, son état, il formule et il développe, en faveur des 1,500 curés de la province, une proposition accueillie par l'acclamation unanime: Cela est juste !

Le même jour, il s'installe à l'hôtel des TroisMaures, il fait imprimer son discours, et le surlendemain, 22 janvier, il en envoie un exemplaire à tous les curés lorrains et autres ecclésiastiques séculiers du diocèse de Metz. Il les conjure de s'associer à la sainte énergie qui anime tous les esprits dans les Trois-Ordres, il leur demande des observations et des mémoires (39).

Sa merveilleuse activité, l'austérité de sa vie, l'intégrité de sa foi, la renommée de ses travaux couronnés par deux Académies, son expérience des misères du pauvre peuple, sa déférence pour son évêque, son respect pour le roi, tout le désignait au suffrage de ses confrères; son nom sortit le premier de l'urne électorale.

Personne ne pouvait mieux que lui porter aux États généraux cet esprit de science, de conseil, de paix et de progrès, qui distinguait le clergé lorrain. A-t-il réalisé ces belles espérances? a-t-il su, malgré sa volonté, ses luttes, son courage, ses contradictions étranges, résister toujours aux entraînements, aux passions, aux colères de la politique? a-t-il pu

surtout dégager complétement sa responsabilité morale des crimes de cette tourmente révolutionnaire, dont il a flétri, avec tant d'énergie, le vandalisme et l'impiété sacrilége? Non, Messieurs, je le dirai avec une entière et douloureuse franchise.

Mais ce que j'ai voulu démontrer aujourd'hui, ce que j'ai le droit d'affirmer, à l'honneur de notre sage et patriotique Lorraine, c'est que, le 7 juin 1789, cinq semaines après son arrivée à Versailles, lorsque déjà son amour-propre en souffrance, ses illusions déçues, les excitations fatales des clubs l'éloignent des voies de la modération et de la justice, il proteste encore, avec une éloquence indignée, contre les accusations adressées au Tiers de vouloir confondre les classes de citoyens, attaquer les propriétés, ébranler la monarchie, porter atteinte au catholicisme ("). « Appelés par leur souverain au milieu de la nation assemblée, les curés français se montreront dignes d'être les prêtres de la patrie et de la religion.... Unissant leurs destinées à celles d'un monarque, que l'on peut louer sans flatterie, ils travailleront à régénérer l'un des plus beaux empires de l'univers (").

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Vous l'avez entendue, Messieurs, cette profession de foi si spontanée, si accentuée, si loyale; vous ne l'oublierez pas lorsque, dans la suite de cette étude, j'aurai à examiner, à discuter et à combattre les opinions et les actes du célèbre Curé successivement

Évêque constitutionnel de Blois, Conventionnel, Sénateur et Comte de l'Empire (42).

Et maintenant, Messieurs, permettez-moi de terminer par un vœu ce discours commencé par un cher et pieux hommage à la mémoire des Anciens de cette Compagnie, dont votre dévouement à la science, votre activité laborieuse, conservent noblement les traditions de travail et d'honneur. Que les tristesses du présent, que le souvenir amer de nos malheurs fortifient dans nos âmes l'énergie morale, l'espérance, la foi surtout, une foi invincible. dans les destinées et la fortune de notre chère Patrie, que Dieu protége toujours! Puisse l'Académie de Stanislas, fière de son passé, forte du concours et de l'appui de cette grande et complète Université, dont, au lendemain de nos désastres, je réclamais l'installation et le retour à Nancy, être, à l'avant-garde de la France, pour son relèvement, son salut et sa gloire, un centre large et fécond de hautes études, un foyer puissant d'où s'échappent et rayonnent l'intelligence, la lumière, la chaleur et la vie !

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