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LA REVUE PARAIT TOUS LES JEUDIS

LE NUMÉRO : 60 CENTIMES

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SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'IMPRIMERIE ET DE LIBRAIRIE

(ANCIENNE LIBRAIRIE LECÈNE, OUDIN & Cie)

15, RUE DE CLUNY, 15

Tous les droits de reproduction sont réservés.

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Chaque année.

France.

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LE NUMÉRO : 60 centimes

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Les Troisième, Quatrième, Cinquième,
Sixième et Septième Années

DE LA REVUE

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Il reste quelques exemplaires de la première et de la seconde année que nous tenons à la disposition de nos clients au prix de 25 francs chaque année.

CORRESPONDANCE

M. J... K... à R... Nous avons bien reçu vos devoirs, mais laissez plus d'espace pour les corrections, s'il vous plaît.

TARIF DES CORRECTIONS DE COPIES

Agrégation. Dissertation latine ou française, thème et version ensemble, ou deux thèmes, ou deux versions. .

Licence et certificats d'aptitude.

5 fr. Dissertation latine ou française, thème

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3 fr.

et version ensemble, ou deux thèmes, ou deux versions. Chaque copie, adressée à la Rédaction, doit être accompagnée d'un mandat-poste et d'une bande de la Revue, car les abonnés seuls ont droit aux corrections de devoirs. Ces corrections sont faites par des professeurs agrégés de l'Université, et duelques-uns même sont membres des jurys d'examens.

REVUE HEBDOMADAIRE

DES

COURS ET CONFÉRENCES

DIRECTEUR: N. FILOZ

Le roman personnel

Cours de M. FERDINAND BRUNETIÈRE

Maitre de conférences à l'Ecole normale supérieure.

De tous les romans qui ont paru de 1800 à 1820, il n'y en a guère aujourd'hui que trois qui survivent. On ne lit plus Me Cottin, dont le succès a été considérable en son temps. Pigault-Lebrun n'est qu'un plaisant de bas étage, qui a transporté dans le roman le genre de comique du théâtre de la foire. Mais Atala et surtout René, mais Delphine ou Corinne, mais Adolphe ont leur place dans l'histoire de la littérature, et ce sont autant de romans personnels. Il est naturel de se demander, avant tout, s'ils survivent parce qu'ils sont « personnels », ou au contraire quoique «personnels » ; et cette manière de poser la question est peut-être aussi la meilleure qu'il y ait d'apprécier la valeur d'Adolphe, de Corinne et de René.

Mais, d'abord, précisons bien en quel sens et dans quelle mesure ils sont personnels. Pour René, pas de doute, et, à défaut du témoignage des contemporains, nous avons les aveux des Mémoires d'outre-tombe. René, c'est bien Chateaubriand lui-même; Amédée, c'est bien sa sœur Lucile; il s'agit bien de Combourg; et il ne faut assurément rien dire de plus, il ne faut pas prêter à Chateaubriand les sentiments de René pour Amélie ; mais on ne peut cependant douter que leur affection fraternelle ait eu quelque chose de secret et de passionné, qui excédait la mesure ordinaire. Sainte-Beuve

se demande, à ce propos, comment Chateaubriand n'a pas craint de nous obliger à remuer cette question délicate; et il en profite, ou il en abuse pour insinuer ce qu'il n'ose dire. Mais Chateaubriand dans son René n'a fait, en tout cas, que ce que Sainte-Beuve luimême fera plus tard dans Volupté. Du moment qu'il se mettait en scène, comme avant lui Rousseau dans ses Confessions, il trouvait son compte à se faire moins « ordinaire », moins semblable à nous », et conséquemment plus « poétique » qu'il n'avait été. C'est le grand écueil du « roman personnel ». On ne se confesse pas publiquement, pour conter ce qui pourrait être les Mémoires de tout le monde; on prend une attitude, on joue un rôle, on s'efforce à << se distinguer », et, pour y réussir, non seulement on n'hésitera point à scandaliser les âmes simples, mais on les scandalisera de parti pris; et l'orgueil se glorifiera de l'énormité même des fictions que nous prendrons, nous, bonnes gens, pour des aveux. René est bien le roman de Chateaubriand, mais à la vérité des sentiments ou des faits l'auteur s'est donné le plaisir d'ajouter tout ce qui pouvait grandir son personnage à nos yeux, ou, plus généralement, tout ce qu'il a cru qui pourrait nous « étonner » en lui.

La question est plus délicate en ce qui concerne Mme de Staël, et nous n'avons pas, à l'égard d'une femme, la même liberté d'investigation. Je me contenterai donc de vous rappeler le mot de Mmc Necker de Saussure dans son Essai sur la vie et les œuvres de son illustre parente. « Corinne, a-t-elle écrit, est l'idéal de Mme de Staël, Delphine en est la réalité durant sa jeunesse. Avons-nous besoin d'en savoir davantage pour avoir le droit d'y reconnaître des << romans personnels » ?

Et enfin, nous savons non seulement que le personnage d'Adolphe est Benjamin Constant lui-même, et tout entier, mais nous savons de quels traits il a composé le personnage de son Ellénore. Vous noterez, à ce propos, si vous avez le goût de ce genre de recherches, que Benjamin Constant a été l'un des héros de la galanterie de son temps, et que de ses liaisons comme de ses variations politiques, on pourrait dire qu'elles ne se comptent pas. Il en a eu de toute sorte, et nous ne les connaissons pas toutes. Il est possible qu'il y ait dans le personnage d'Ellénore quelques traits de Mme de Staël; je ne les y vois pas très bien, et ils y sont, en tout cas, singulièrement altérés, d'une manière qui ne ferait guère d'honneur à Benjamin Constant; mais il y en a d'autres qui se rapportent à d'autres personnes; on y verrait plutôt une combinaison des traits qui furent ceux de Mme de Charrière, la première de ses « protectrices », et d'une miss Lindsay, fort à la mode au temps du Directoire, et dont la liaison avec Ben

jamin Constant fit quelque bruit à l'époque. Vous vérifierez ces détails, si vous en avez le temps. Je ne vous les rappelle, très sommairement, que pour bien établir le caractère « personnel » du roman d'Adolphe, et j'arrive à la seule question qui m'intéresse: qu'y avait-il d'original, de littérairement nouveau dans René, dans- Corinne, dans Adolphe, et qu'en survit-il aujourd'hui ?

René, vous le savez sans doute, n'est qu'un fragment du Génie du Christianisme, une « illustration » pour le chapitre intitulé: du Vague des passions, et, à ce propos, on n'a pas manqué de se demander, ironiquement, le rapport que cette histoire ou ce rêve d'inceste pouvait avoir avec une apologie de la religion. Le développement de ce thème est facile, et je n'y insisterai donc pas. J'établirais plutôt, s'il le fallait, la réalité de ce rapport, et je ne croirais pas soutenir un paradoxe; et je n'aurais pour cela qu'à reprendre les raisons dont Chateaubriand lui-même s'est servi pour montrer ce qu'il y avait de « chrétien » dans la Phèdre de Racine. Il peut paraître bizarre aussi que Phèdre ait réconcilié Racine avec Port-Royal, et cependant cela est de l'histoire ! Ce n'est pas là ce qu'il y a de nouveau dans René. Ce qu'il y a de nouveau, c'est l'analyse ou la peinture de ce que nous avons appelé, depuis lors, un « état d'âme », et c'est ce que n'avaient encore abordé franchement ni le roman, ni même le théâtre tragique. Les tragédies de Racine sont bien des « états d'âme » ; mais l'analyse en demeure subordonnée aux exigences de l'action dramatique. René, c'est l'égoïsme de la jeunesse à la recherche d'impressions qui le distraient du mécontentement et de l'ennui de soimême. Tout le reste n'est rien. Point d'intrigue, à proprement parler, et point de caractères. Des impressions changeantes qui n'ont entre elles d'autre lien que le moi de René. Amélie même ne lui est qu'une occasion de se lamenter sur lui-même. Pardessous tout cela, l'impuissance de se fixer, des désirs qui s'évanouissent dans l'effort qu'ils tentent pour se satisfaire, une sensibilité morbide, l'orgueil du malade qui se fait de sa souffrance une supériorité, le mépris des hommes, tous les traits enfin qui font de René le frère de Don Juan ou de Faust et l'ancêtre de tous les héros romantiques.

Ajoutez maintenant la beauté, l'éclat, la magnificence, la grandiloquence du style jeté comme un vêtement splendide sur cette orgueilleuse misère. Il n'y a point, dans René, de ces fausses notes qu'il y avait encore dans Atala, cet abus de la couleur locale que Chénier, dans son Rapport, avait, non sans raison, reproché à Chateaubriand. Ce sont nos paysages de France, et le poète ici n'a plus

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