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giquement le principe et les conséquences de la souveraineté nationale. Et, voulant mettre ses actes d'accord avec ses opinions, il envoya sa démission de maître des requêtes, et refusa la direction générale des travaux publics, et les places de procureur géné ral, de président et de conseiller, qui lui furent successivement offertes.

Ce fut alors que, sous l'impulsion des circonstances, il devint pamphlétaire à quarante-deux ans. Ses lettres sur le Pouvoir constituant, la Charte, la Pairie et la Liste civile furent bientôt suivies de ses réponses à MM. de Kératry, Devaux, de Schonen et Casimir Périer (1830-1832). Il déploya tout à coup dans ses écrits une verve d'à-propos, une logique entraînante, une puissance d'ironie et une originalité, une richesse, une perfection de forme, qui durent d'autant plus surprendre, que rien n'avait décelé jusqu'à présent chez lui le grand écrivain. Le pamphlet contre les apanages, réimprimé avec les Lettres sur la Liste civile, eut un succès prodigieux, et ne contribua pas peu

amener le

retrait de la loi de dotation par le ministère. Plusieurs autres écrits: le Bilan du 13 mars, Un mot sur le pamphlet de la police, la Défense de l'évêque de Clermont,

les

Très

humbles remontrances de Timon, Y'Etat de la question, et les Questions scandaleuses d'un Jacobin, n'eurent ni moins de succès, ni moins de retentissement. A l'occasion du retrait de la loi d'apanage, plusieurs milliers d'ouvriers et d'hommes de toutes les conditions se cotisèrent pour présenter une médaille d'or à M. de Cormenin; mais il refusa d'accepter l'offrande qu'on lui destinait, et le produit de la souscription servit à doter de jeunes filles dans quelques-unes des principales villes industrielles de la France.

Parmi les écrits de M. de Cormenín, plusieurs ont eu surtout pour but de former l'éducation de la classe ouvrière, et d'améliorer sa condition morale et matérielle. C'est dans cet esprit qu'il a écrit, sous le nom de

maître Pierre, ses Dialogues politiques et utilitaires, un des petits livres les plus avancés et les plus remarquables qui aient paru en France sur les questions d'économie populaire. En 1833, il conçut le projet de réunir sous sa direction un comité composé d'hommes spéciaux, pour faire une enquête générale sur la condition intellectuelle, morale, physique et industrielle des classes laborieuses. MM. Corne, député, Cauchois - Lemaire, Féret, Gervais de Caen, Aristide Guilbert, Victor Rodde, etc., furent associés à cette idée, et prirent part aux travaux de M. de Cormenin. On rédigea sur les matières qui devaient être l'objet de l'enquête, une série de questions dont l'aniversalité et la prévoyance embrassaient tous les faits et tous les détails de la vie économique et sociale; et ce travail, fort étendu, inséré dans un supplément du journal le Bon Sens, excita au plus haut point l'intérêt des économistes et des publicistes de la France, de l'Angleterre et de l'Allemagne. Le comité de Paris devait se mettre en relation avec d'autres comités, constitués dans le même but et de la même manière, dans les principaux centres d'industrie. Malheureusement, les événements d'avril étant venus exciter les alarmes du gouvernement, et jeter l'inquiétude dans les esprits, les membres de la commission d'enquête crurent devoir renoncer à la mission toute pacifique et toute morale qu'ils s'étaient imposée.

M. de Cormenin, comme publiciste, jurisconsulte et économiste a pris part à la rédaction du Journal des Débats, de la Thémis, de la Gazette des Tribunaux, du Courrier français, du Bon Sens et de la Nouvelle Minerve. Ses Études sur les Orateurs parlementaires, véritables chefs-d'œuvre d'analyse, de critique, d'appréciation et de style, furent originairement publiées dans cette dernière revue.

Depuis la révolution de 1830, M. de Cormenin a siégé sur les bancs de l'extrême gauche, entre MM. Arago et Garnier-Pagès. Réélu député, au mois

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d'octobre 1830, par le collége départemental de l'Ain, il demanda à la chambre la publicité des audiences du conseil d'État et la défense orale, et réclama l'abolition des cumuls et des sinécures. En juin 1831, il fut élu simultanément par les colléges de Belley, de Pont-de-Vaux, de Joigny, de Montargis. Il opta pour celui de Belley; et, peu de temps après, dès le début de la session, il fut assez heureux pour faire abolir la loi du 12 septembre 1807, relative aux pensions des ministres. Il attaqua l'hérédité de la pairie et l'institution même de la chambre des pairs, et il adressa à ce sujet une lettre à Casimir Périer, qui lui mérita une ovation de la part des jeunes gens des écoles. Réélu à la fois, en 1834, par les colléges de Joigny et du Mans, M. de Cormenin opta encore pour Joigny, où il a été réélu de nouveau en 1837. Il fut l'un des défenseurs du procès d'avril, et, comme tel, il se vit en butte aux poursuites ministérielles; mais il éluda ces poursuites, en déclarant qu'il n'avait ni rédigé, ni signé, ni donné l'autorisation de signer pour lui la lettre collective incriminée par le gouverne

ment.

M. de Cormenin s'est fait une réputation immense, et s'est acquis une grande popularité par ses écrits sur la législature et ses pamphlets politiques. Son Droit administratif compte aujourd'hui cinq éditions; son Livre des Orateurs, onze; ses Lettres sur la Liste civile et sur l'apanage, vingtneuf; sa Défense de l'évêque de Clermont, neuf; ses Très-humbles remontrances de Timon, six; l'Etat de la question, sept; les Questions scandaleuses d'un Jacobin, dix-sept, etc. Plusieurs de ces ouvrages, les Etudes sur les Orateurs parlementaires, la Défense de l'évêque de Clermont, etc., ont été publiés sous le pseudonyme de

Timon.

Tout récemment, M. de Cormenin a brigué la place devenue vacante à l'Académie des sciences morales et politiques par la mort de M. de Bassano, et quoiqu'il n'ait pas été élu, sa

CORMONTAIGNE

candidature a été généralement accueillie avec la faveur et l'empressement qui étaient dus à l'importance et à la multiplicité de ses connaissances, de ses travaux et de ses services.

CORMONT (Thomas de), architecte du treizième siècle, l'un des artistes qui ont bâti la cathédrale d'Amiens; l'inscription suivante est le seul document que l'on possède sur sa vie (*):

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En lan de grace mil IIc.
et xx fut l'œuvre de cheens
premièrement encomenchie
a dont y ert de cheste evesquie
Evrart Evesque benis

et Roy de france Loys
2 fu filz Phelippe le Sage
Chil maistre y ert de l'œuvré,
Maistre Robert estoit nomes
et de Lusarches surnomes
maistre Thomas fu après luy
de Cormont et après sen filz
Maistre Regnault qui mestre
fist à chest point chi chestre leitre
que l'incarnacion valoit

XIII C. ans moins x11 en faloit.

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CORMONTAIGNE (N.), ingénieur, qui fut, dit Bousmard, le plus heureux des disciples de Vauban dans « les efforts faits pour ajouter à la « force des places, naquit à la fin du dix-septième siècle, et mourut en 1752. Il entra en 1713 dans le corps du génie, et devint maréchal de camp après avoir passé par tous les grades. Il assista à la plupart des siéges importants qui eurent lieu de 1713 à 1745. Les grands ouvrages ajoutés sous Louis XIV aux places de Metz et de Thionville furent construits sur ses projets et sous sa direction, et on lui doit dans la construction des fortifications un grand nombre de perfectionnements importants. Il avait composé un assez grand nombre d'ouvrages dont on avait fait de nombreux extraits, et qui ont été enfin publiés par M. Bayard, capitaine du génie, savoir: 1° Mémorial pour l'attaque des places, Paris, 1806, in-8°; 2o Mémorial pour la défense des places, 1806, în-8°; 3° Mémorial pour les fortifica

(*) Nous devons à l'obligeance de M. Didron une copie de cette inscription : le texte que nous donnons est plus exact que tous ceux qui ont encore été publiés.

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CORNEGLIANO (prise de). Dans le cours de la deuxième expédition en Calabre, le général Reynier se présenta le 19 juillet 1806, devant la ville de Cornegliano, où s'étaient réunis en armes les paysans des communes d'alentour. Enhardie ou influencée par la présence de ces bandes, la municipalité osa écrire au bas d'une réquisition de vivres que Reynier lui adressa: « Viens les prendre. » Il donna aussitôt l'ordre d'attaquer la ville. Tandis qu'un régiment la tournait par les bauteurs, d'où il dépostait les insurgés, une colonne s'avança directement sur le faubourg principal, et parvint jusqu'aux premières maisons sans recevoir un coup de fusil. Mais là, elle fut accueillie par une décharge qui lui tua une vingtaine d'hommes. Reynier rendit ruse pour ruse. Il fit faire un mouvement rétrograde à sa troupe, comme si ce premier accueil l'avait découragée, et attira ainsi les insurgés hors des murs; puis, tandis qu'ils se répandaient dans la plaine en poussant des cris de triomphe, un régiment de chasseurs fondit sur eux à l'improviste et les extermina. Pendant ce temps, l'infanterie entrait au pas de charge dans Cornegliano, et s'en emparait.

CORNEILLAN, Cornelianum, ancienne seigneurie, avec titre de vicomté, dans l'Armagnac, aujourd'hui dépar tement du Gers.

CORNEILLE (Pierre) naquit à Rouen, le 6 juin 1606. Son père, avocat général à la table de marbre de Normandie, le destinait au barreau. Un événement de la vie du jeune homme le détourna de cette carrière, pour laquelle il se sentait peu de goût, en lui révélant sa vocation dramatique. Un de ses amis allant chez une jeune personne dont il possédait les bonnes grâces, l'emmena un jour avec lui le nouveau venu supplanta bientôt son introducteur. Cette aventure, arrangée en comédie, devint Mélite, qui fut jouée en 1629. Plusieurs autres ouvrages succé dèrent à celui-ci, tels que Clitandre, tragédie; la Veuve, la Galerie du

Palais, la Suivante, la Place-Royale, comédies. Mais rien n'annonçait encore le grand Corneille. Ces pièces, faibles essais d'un talent qui suivit le goût de son siècle avant de le réformer, offrent cependant des traits d'esprit et de verve comique; on peut même y découvrir des combinaisons ingénieuses, un dialogue souvent animé, quelques ressorts d'intrigue ménagés avec art, quelques situations heureuses. Aux yeux d'un public que Corneille n'avait pas encore instruit à le juger, ces premières ébauches d'un grand homme parurent des chefs-d'œuvre, et furent accueillies avec transport. Aujourd'hu Clitandre et Mélite restent dans les œuvres de Corneille près de Polyeucte et du Menteur, pour faire mesurer l'espace que son génie lui fit parcourir. Médée est son premier pas dans la carrière de la véritable tragédie. Des traits fiers et hardis brillent par intervalle dans cette pièce, dont le sujet, atroce sans être touchant, et fondé sur le pouvoir des enchantements magiques, serait, de nos jours, trop dénué de vraisemblance. Il l'était bien moins alors, et Corneille, en le traitant, ne faisait que se conformer au goût de ses contemporains.

Dans le même temps, il se livrait à d'autres travaux vers lesquels son âme fière et noble ne l'attirait pas sans doute, mais qui étaient pour lui comme une des misères necessaires de sa condition de poëte. Les poëtes étaient alors les protégés des grands seigneurs, dans la domesticité desquels ils vivaient souvent : ce qu'ils gagnaient en bien-être à ce patronage, ils le perdaient en indépendance. Les puissants qui s'attachaient ainsi les écrivains, rendaient sans doute de grands services aux lettres, mais ils exigeaient trop souvent de leurs protégés de tristes complaisances. Riche lieu, que la gloire littéraire ne tentait pas moins que le titre de grand politique, ne se contenta pas de fonder l'Académie française : il se faisait faire par les poëtes, ses favoris pensionnés, des pièces dont il leur fournissait les plans. Ces ouvrages, représentés en

suite sans nom d'auteur, étaient attribués au cardinal, qui n'était pas moins fier des compliments qu'on lui en faisait, que de ses victoires sur la maison d'Autriche. Boisrobert, l'Estoile, Colletet et Rotrou, étaient ceux dont il appelait surtout la muse à son service. Corneille leur fut adjoint, et pensionné comme eux; mais il ne savait pas jusqu'où, en acceptant cette position, il fallait abdiquer son indépendance. Il se permit de faire quelques changements dans la conduite d'un de ces drames dont la facture lui était confiée, et que le cardinal avait conçu. Le cardinal s'en offensa. Corneille, étonné et peut-être blessé d'avoir ainsi déplu, renonça à la pension et à la faveur du puissant ministre, et prétextant des arrangements de fortune, il retourna dans sa famille pour se livrer sans contrainte aux études de son art, aux inspirations de son génie.

Il avait alors près de 30 ans. Il était mûr pour les plus grandes entreprises du génie. La méditation sur les ressources de l'art, l'étude des anciens, l'expérience que ses premiers ouvrages lui avaient donnée du théâtre, tout avait développé et éclairé ses hautes facultés. C'est alors qu'un M. de Chalon, ancien secrétaire de la reine Marie de Médicis, et retiré à Rouen, lui donna des conseils qui lui ouvrirent une des mines les plus riches que son génie pût exploiter. Le vieillard l'engagea à apprendre l'espagnol, lui en donna des leçons, et lui mit d'abord entre les mains Guillen de Castro. De cette lecture et du travail qui en fut la suite, sortit le chef-d'œuvre qui devait nous créer un théâtre, le Cid. Dans le Cid, ce ne sont plus, comme dans Médée, quelques élans de passion et de génie perdus dans les longueurs d'une intrigue froidement atroce, d'un dialogue plein d'enflure et de vaine déclamation: c'est l'un des plus heureux sujets que puisse offrir le théâtre; c'est une intrigue noble et touchante; c'est le combat des passions entre elles, du devoir contre les passions; c'est l'art encore inconnu de disposer, de mouvoir les grands ressorts dra

matiques, l'art d'élever les âmes et de toucher les cours; en un mot, c'est la vraie tragédie. Rien n'avait encore approché de ce degré d'intérêt, de naturel et de charme; aussi l'enthousiasme alla-t-il jusqu'au transport. Le succès, trop éclatant pour le repos de l'auteur, était si bien mérité, qu'il excita contre lui une des persécutions les plus violentes dont l'histoire des lettres ait conservé le souvenir. A la tête des ennemis de Corneille, se plaça le tout-puissant cardinal, qu'il avait eu l'imprudence ou le courage d'offenser. On a dit que le ressentiment du ministre et son acharnement à poursuivre le Cid venaient de ce qu'ayant offert à l'auteur de lui acheter sa pièce pour cent mille écus, il avait essuyé un refus humiliant. Cette anecdote n'est pas suffisamment prouvée, et n'est pas nécessaire d'ailleurs pour expliquer la persécution du Cid. On n'excusera pas la conduite de Richelieu, mais on la comprendra, si on se rappelle que Corneille, blessé du mécontentement que lui avait témoigné le ministre au sujet de ces changements faits dans le canevas d'un drame, impatient du reproche qui lui avait été fait, de n'avoir pas un esprit de suite, c'est-à-dire de n'être pas assez rampant, avait brusquement demandé son congé et renoncé à sa pension. Les motifs de cette retraite hautaine durent être empoisonnés par les flatteurs du cardinal, jaloux de l'homme de génie. Justement, dans le même temps, Corneille publia une Epitre à Ariste, où il exprimait sa confiance dans son talent avec une libre hardiesse, disant que son travail n'avait pas besoin d'appui, et qu'il ne faisait point de ligue pour se faire admirer. Ces traits durent être rapportés, commentés, et vinrent achever d'indisposer le cardinal contre son ancien favori, qu'on lui présentait comme un ingrat insolent. Les choses étaient dans cet état quand le Cid parut, et éclipsa tout ce qu'on avait admiré jusqu'alors. Un succès aussi éclatant, par lequel le poëte semblait prendre une revanche de sa disgrâce, et prouver qu'en effet

il n'avait pas besoin d'appui, dut faire sur le ministre vindicatif et jaloux l'effet d'une humiliation qu'on ne peut pas supporter. Les hommes de lettres, lancés par lui sur Corneille triomphant, entreprirent d'anéantir ce grand succès et de prouver au public que le Cid était le commencement de la décadence du théâtre. Parmi eux, Scudéry se fit remarquer par son acharnement. Ce fut lui qui publia les Observations sur le Cid, qui donnèrent lieu à ce grand procès où vint figurer l'Académie. Le cardinal, charmé de l'ouvrage de Scudéry, voulut susciter au poëte des détracteurs dont les critiques eussent encore plus de poids et d'influence. Avec une feinte impartialité, il appela l'Académie, née d'hier et sortie de ses mains, à prononcer entre le Cid et les Observations sur le Cid, entre l'auteur et le critique. La position de l'Académie était difficile. Après cinq mois de débats, de négociations entre le premier ministre, qui ordonnait de proscrire la pièce, et les juges, qui craignaient de révolter le public et ne pouvaient d'ailleurs étouffer leur propre admiration, on vit enfin paraître les Sentiments de l'Académie sur le Cid. On s'attendait à un acte de complaisance et de bassesse l'Académie s'honora en paraissant ne s'être occupée que d'un travail littéraire où aucune préoccupation ne sollicitait sa louange ni son blâme. De grands éloges furent donnés à Corneille; on releva chez lui des fautes, ou du moins ce qu'on croyait en être; on blâma le choix de son sujet; en somme, on lui rendit justice, en reconnaissant dans le Cid un chefd'œuvre. D'ailleurs l'Académie décernait de nouveaux tributs d'hommages à la gloire de son généreux fondateur. Cette conduite adroite et qui témoi gnait en même temps de la plus noble equité, excita les applaudissements du public, mais satisfit médiocrement Richelieu, comme on peut le pen

ser.

Cependant Corneille ne tarda pas à rentrer en grâce auprès de lui. Il n'eut pour cela qu'à accepter, avec des démonstrations de joie et de re

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connaissance, les nouveaux bienfaits que le cardinal lui offrit pour le mettre à l'épreuve. Richelieu ne recouvra pas sur lui tous ses anciens droits de patronage mais il le vit s'incliner devant sa protection, et se résigna aisément à des succès dont il serait désormais le Mécène tout-puissant, à des chefs-d'œuvre qui ne se produiraient que marqués du sceau de son approbation.

Dès lors Corneille ne songea plus qu'à confondre ses envieux par de nouveaux triomphes. Dans les libelles prodigués contre lui, on répétait que l'auteur de Médée et du Cid ne saurait jamais qu'imiter et traduire, qu'il avait dérobé la première de ses tragédies à Sénèque, et la seconde à Guillen de Castro. Ces clameurs hâtèrent l'apparition d'Horace, de Pompée, de Cinna. Abandonnant plusieurs projets d'imitations espagnoles qu'il avait conçus, il chercha un sujet que personne n'eût traité avant lui, que lui seul pût avoir l'audace de traiter; qui, pour être mis sur la scène, exigeât des prodiges d'invention. Horace parut en 1639, trois ans après le Cid. L'envie fut forcée de se taire devant les beautés de cette œuvre énergique et sublime qui enlève l'âme par des traits d'une si fière éloquence, par des situations si profondément dramatiques. Du reste, cette pièce, qui atteste un immense progrès, était, dans son ensemble, plus défectueuse que le Cid. « Il y a trois tragédies dans Horace, » dit Voltaire. L'unité d'action est violée, l'ordonnance vicieuse; souvent même les subtilités, les analyses froides, les raisonnements languissants, le faux esprit, déparent le dialogue. Le plaisir qu'on goûte en lisant cette pièce n'est pas celui que procure la perfection également répandue sur toutes les parties d'un ouvrage : il faut penser que l'ascendant de ce génie est bien grand, puisque tous ces détails où l'admiration est remplacée par la critique, n'ôtent rien à l'enthousiasme qu'il inspire.

Cinna, qui suivit Horace, n'offre point d'infraction à l'unité d'action,

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