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ministres, il soutint la doctrine de son Examen dans la Défense du culte extérieur de l'Église catholique, 1686. Il fit ensuite paraître, en 1686, la Réponse aux plaintes des protestants contre les moyens que l'on emploie en France, pour les réunir à l'Église, où l'on réfute les calomnies qui sont contenues dans le livre intitulé: La politique du clergé de France par Jurieu. En 1686 encore, il publia le Traité de l'Eucharistie, où, sans entrer dans la controverse, on prouve la réalité par des vérités avouées de part et d'autre. En 1687, ce fut le Traité de l'Église, où l'on montre que les principes des calvinistes se contredisent; en 1692, l'Histoire du Fanatisme de notre temps et le dessein que l'on avait de soulever, en France, les calvinistes, avec une Suite de cette Histoire, 1709 et 1713 (4 vol. in-12); en 1709 encore, le Traité de l'obéissance des chrétiens aux puissances temporelles. -Brueys, controversiste distingué, avait en même temps la passion du théâtre et, avec son excellent ami et collaborateur Palaprat, il fit jouer des pièces, qui ne sont pas du Molière, assurément, mais où il y a de la gaieté, du naturel, comme dans Regnard, à défaut d'une grande justesse d'observation le Grondeur (1691), le Muet (1691), l'Important (1693), les Empiriques (1697), et l'Avocat Patelin (1706), imitation d'une excellente farce du xve siècle.

C'était donc un de vos compatriotes les plus dignes d'estime dont Bossuet fut le convertisseur, le correspondant et l'ami dévoué. Il faut regretter que nous n'ayons qu'une seule des intéressantes lettres qui durent être échangées entre Brueys et l'évêque de Meaux : la date même n'en est pas certaine, on la met tantôt en 1682, tantôt en 1693. Il semble, d'après le texte, qu'elle est certainement de 1682, à cause de l'allusion au livre de M. Claude et aux ouvrages de Brueys.

II

Sont-ce là tous les rapports de Bossuet avec Aix et les Aixois? Non, Messieurs; en cherchant bien, j'ai trouvé dans le Journal de Le Dieu, mai 1701, la page suivante, tout à fait honorable pour la modestie de M. de Meaux et le mérite de

l'archevêque d'Aix à cette époque « Depuis la mort de M. de Clermont, évêque de Noyon, qui laissa un cordon de l'ordre vacant (l'ordre du Saint-Esprit, la Légion d'honneur du temps), outre celui qui avait été repris à M. le cardinal de Bouillon (disgrâcié), le bruit courait que M. l'évêque de Meaux en aurait un, jusque-là que quelques-uns de ceux qui l'approchent lui en firent compliment, lors même qu'il n'en avait aucune espérance. M. de Meaux reçut fort mal ce compliment et y répondit qu'on lui faisait tort de répandre de lui de pareils bruits et de tenir de semblables discours à son sujet, et que surtout les personnes qui le voient souvent doivent savoir ses pensées à l'égard de ces sortes d'honneurs du monde. C'est ainsi qu'il éloignait tout ce qui pouvait blesser sa modestie tant soit peu, et qu'il rejetait les flatteries des indiscrets et des importuns, tels que sont les deux abbés de Lusanel, qui lui tinrent ces discours impertinents (1) et s'attirèrent cette répréhension, contraire à l'esprit de douceur de notre prélat, qui laisse d'ordinaire passer les discours désobligeants plutôt que de faire la moindre peine à ceux qui en sont les auteurs, en les relevant. Mais sur la modestie, il ne peut souffrir qu'on l'entame et qu'on le flatte, tant il en fait une haute profession et tant il lui est cher d'en conserver la réputation. Quand nous arrivâmes de Meaux à Paris, nous y apprîmes, dès le dimanche 17 d'avril, la nouvelle, venue de Marly, que les deux cordons étaient donnés à M. l'archevêque d'Aix Cosnac, et à M. de La Hoguette, archevêque de Sens. M. de Meaux applaudit à ce choix; et sur ce que quelqu'un ajouta qu'on parlait de M. de Coislin, évêque de Metz, premier aumônier du roi, au lieu de M. l'archevêque d'Aix, il dit seulement : « Ah! M. de Metz!» Et sans s'expliquer davantage, il faisait assez entendre qu'un évêque si jeune pouvait bien encore attendre cet honneur, qu'il recevrait à temps dans un âge plus mûr... M. de Meaux, sans songer seulement à ce qui se passait à la cour,... travaillait tranquillement dans sa chambre à sa seconde Instruction pastorale sur les pro

(1) Au sens du XVIIe siècle, c'est-à-dire non pertinentes, n'ayant pas d'à-propos.

messes de l'Église. Et c'est ainsi qu'occupé des pensées de la religion et du soin de servir l'Église, il n'est aucunement touché ni des honneurs, ni des espérances de ce monde; qu'il ne fait pas un pas à ce sujet et n'en parle seulement point. »>

Voilà bien, prise sur le fait, l'admirable humilité de cet homme de génie, en même temps qu'il est agréable pour Aix de recueillir les « applaudissements » de M. de Meaux à l'adresse de l'un de ses archevêques, Mar de Cosnac.

Cet archevêque, dont les Mémoires si intéressants ont été publiés en 1852 par un membre de son illustre famille, le comte Jules de Cosnac, a eu les honneurs d'une des plus piquantes Causeries du Lundi de Sainte-Beuve, t. VI. Mais si le célèbre critique venge votre archevêque d'un mot impertinent de Voltaire, « ce fou d'évêque Cosnac (1) »; s'il écrit: << Cosnac n'était pas fou; il était fin, sensé, habile, mais gai, brusque, pétulant et en tout un original »; s'il rappelle le mot de Mme de Sévigné sur ce prélat : « Il a bien de l'esprit » (2), il n'insiste guère que sur « le premier Cosnac », comme il dit, pour donner une idée de ce que c'était alors, pour un jeune abbé de qualité, que faire son chemin à la Cour et dans le monde.

Né en Limousin vers 1630, cadet de deux autres frères, qui prirent les armes, Cosnac fut destiné à être d'Église et prit le petit collet, après ses études à Périgueux et au collège de Navarre à Paris. Il s'attacha au prince de Conti, frère du grand Condé, et qui, songeant alors à être d'Église et cardinal, pouvait par conséquent faire la fortune d'un abbé de qualité. C'était « un spirituel, un aimable, terrible et fantasque enfant,... chétif, rachitique, muable de volonté, capricieux avec violence ». Jouet de sa sœur, Mme de Longueville, il rêve bientôt d'être, non pas cardinal, mais généralissime. Cosnac, qui le suit à Bordeaux, puis en Languedoc, où il fait «< accorder à Molière et à sa troupe une suite de représentations promises et qui préludent avec une sorte d'éclat à ses débuts de Paris », est assez adroit, assez spirituel pour faire épouser au prince une nièce de Mazarin, la seule qui fut vertueuse.

(1) Lettre du 9 août 1756.

(2) Lettre du 6 octobre 1673.

Mazarin, reconnaissant, nomma évêque de Valence à l'âge de 24 ans, le jeune abbé de Cosnac, au moment où il descendait de chaire. Il lui dit : « Être nommé évêque au sortir d'un aussi beau sermon, c'est recevoir le bâton de maréchal de France sur la brèche ». Le nouvel évêque, d'après le conseil de Mazarin, acheta la charge de premier aumônier de Monsieur, frère du Roi et duc d'Orléans : il essaya de faire de ce prince efféminé, qui ne songeait qu'aux jeux de l'enfance, un homme utile et vaillant; il le poussa et le conduisit dans la tranchée, au siège de Douai en 1667 : « Mon frère, dit le roi un peu piqué, on vous appellera bientôt sac à terre. - Quoi! ajouta-t-il; M. de Valence dans la tranchée! Sire, répondit Cosnac, je ne suis venu que pour pouvoir me vanter d'avoir vu le plus grand roi du monde s'exposer comme un soldat.» Après avoir échoué dans son entreprise d'élever le cœur de Monsieur, qui ne songeait qu'à ranger les fauteuils. dans un appartement, M. de Cosnac « se dégoûta fort de son petit maître » et le laissa de côté, pour avoir avec Madame, la gracieuse et séduisante duchesse d'Orléans, « les relations les plus honorables », dit Sainte-Beuve, qui leur consacre toute une autre Causerie du Lundi. Cosnac s'attira l'inimitié du chevalier de Lorraine, favori de Monsieur, de Monsieur luimême et reçut du Roi, qui pourtant l'estimait beaucoup, l'ordre de se retirer dans son diocèse de Valence et de ne plus reparaître à la cour ni à Paris. Il partit donc; mais, sur les instances de Madame, qui, à la veille de son départ pour Douvres, lui redemanda des papiers importants, il revint à Paris incognito en 1670, fut dénoncé, surpris, arrêté comme faux monnayeur, jeté au Fort-l'Évêque, exilé en Armagnac, à l'lle Jourdain, où il resta plus de deux ans. C'est ce que Mme de Sévigné appelle « les malheurs » de M. de Valence. Le Roi, qui connaissait son esprit, son intelligence des affaires, le désigna pour être de l'Assemblée de 1682, où il joua, à côté de Bossuet, un rôle très actif, très utile, ou plutôt, hélas! trop utile à la Cour, comme le prouve un rapport qu'il fit sur les démêlés avec Rome. « Il faut le garder pour un grand poste,» disait Louis XIV à l'archevêque de Paris, de Harlay. Ce grand poste fut l'archevêché d'Aix, en 1687:

<< Monsieur, lui dit le Roi en lui parlant des Provençaux, vous êtes bien homme pour eux (c'est-à-dire l'homme qu'il leur faut). » Par suite des difficultés survenues avec Rome, Cosnac ne reçut ses Bulles qu'en 1693 et ne prit possession de son siège qu'en 1695. Désormais, et même depuis quelque temps déjà, c'était le second Cosnac qui allait se révéler, c'est-à-dire << un personnage considérable, comme parle Sainte-Beuve, un des instruments actifs et perfectionnés de la politique de Louis XIV dans l'administration ecclésiastique de son royaume ». Ses Mémoires font prévaloir cette partie sérieuse de sa vie de prélat respecté, considérable et continuellement employé pour les desseins temporels du grand roi ». Il mourut en plein crédit, le 18 janvier 1708, après 54 ans d'épiscopat, qui faisaient de lui le doyen des évêques de France.

« En somme, c'est un personnage et un caractère de plus dans ce siècle où il y en eut tant d'originaux. » Il faut le blâmer de son gallicanisme et ne le louer qu'à demi de son zèle contre les hérétiques; car il se servit trop des dragons, « ces missionnaires bottés » de Louvois. Il arracha à la mort 2.000 huguenots, condamnés à être pendus, ce qui est fort bien; mais réussit-il à les convertir sincèrement? « J'avoue, dit-il luimême, que la crainte des dragons et des logements dans les maisons des hérétiques y pouvaient contribuer plus que moi. >> -D'ailleurs, Cosnac était d'une extrême vivacité. Un jour, qu'à propos du voyage des Pyrénées, en 1660, où se fit le mariage du Roi avec l'infante d'Espagne, les maréchaux avaient voulu avoir leur siège à l'église tout comme les évêques, et que Mazarin disait à Cosnac, pour le harceler, « qu'un maréchal de France s'était vanté en sa présence que, s'il eût trouvé un évêque assis et qu'il eût été debout, il l'aurait pris par la main et se serait mis à sa place ». C'était le maréchal de Villeroi qui avait tenu ce propos. Cosnac riposta: « A tel évêque ce maréchal se serait adressé, qu'on peut dire que de sa vie il n'eût vu une occasion si chaude ». Cela fit rire et aux dépens de Villeroi, assez pauvre guerrier. Un autre jour, le chancelier Le Tellier reprochait à Cosnac par devant le Roi, d'avoir pris le pas à Valence, comme évêque, sur M. de Lesdiguières,

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