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piété semblaient tels qu'en février 1665 Nicolas Colbert, dans un Mémoire autographe et inédit, envoyé à Louis XIV, et dans une lettre au grand Colbert, le signalait comme l'un de ceux à qui l'on devait songer pour les fonctions de précepteur du Dauphin. Il était donc tout à fait digne de l'estime et de l'affection de Bossuet, alors dans tout l'éclat de sa gloire de prédicateur à la Cour et à Paris, où le gazetier Loret, dans sa Muze historique, constatait, avec un enthousiasme maintes fois répété, que « le métier » de « ce docteur angélique » était de « prêcher divinement ».

Bossuet fut heureux de la promotion de son excellent ami à l'évêché de Verdun en 1665, alors qu'il n'avait que vingthuit ans. Ms d'Hocquincourt devait être l'un des prélats assistants au sacre de Bossuet, qui eut lieu le 21 septembre 1670, devant toute l'Assemblée du clergé de France, à Pontoise. Le prélat consécrateur était le coadjuteur de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, et les deux assistants l'évêque de Verdun et l'évêque d'Autun, Gabriel de Roquette.

MT d'Hocquincourt obtint ses Bulles en 1667, fut sacré en 1668 et vint, cette même année, prendre possession du siège épiscopal de saint Saintin. Ce siège était vacant depuis la mort de Me François de Lorraine en 1661: un désordre lamentable s'était introduit dans le diocèse et ce fut l'honneur et la gloire de Mer d'Hocquincourt de rétablir, parmi le clergé et les fidèles, une discipline et une piété édifiantes, qu'enviaient au loin les autres églises : le souvenir en a été conservé par Dom Calmet, dans sa Bibliothèque lorraine, article d'Hocquincourt, et par l'auteur anonyme de l'Histoire nouvelle de la ville de Verdun-sur-Meuse et de quatre-vingt-dix évêques qui l'ont gouvernée, jusqu'à M. de Béthune, mort en 1720 (1). L'épiscopat de Mar d'Hocquincourt, ami de Bossuet, n'eut qu'un tort, celui d'être trop court l'excellent prélat mourut en 1679. Heureusement, Ms de Béthune, de la famille du grand ministre Sully, continua les traditions de son prédécesseur, dont il ne devait s'écarter qu'en 1713, où il fut, hélas! l'un des appelants de la Bulle Unigenitus.

(1) Floquet, II, p. 31, à trouvé cette Histoire inédite dans la Bibliothèque de Metz.

Bossuet, qui a séjourné à Verdun, qui a été l'ami d'un de vos meilleurs évêques, vous appartient encore, parce que vous êtes Lorrains, que les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, sont inséparables dans notre histoire du xvii comme du xvI° siècle, et que le plus grand de nos écrivains, chanoine de Metz dès l'âge de treize ans, en 1640-41, sans toucher d'autres fruits de sa prébende qu'une subvention pour ses études, y fut admis à la résidence personnelle, le 10 mai 1648, y fut ordonné diacre le 21 septembre 1649, et, malgré tous les efforts de Nicolas Cornet pour le retenir à Paris et lui donner la grande maîtrise de Navarre, y résida de 1652 à 1659. Il fit partie de l'église de Metz pendant 29 ans, de 1640 à 1669, d'abord à titre de chanoine, puis d'archidiacre de Sarrebourg, de 1652 à 1654, d'archidiacre de Metz de 1654 à 1664, de doyen du chapitre de 1664 à 1669, date de sa nomination à l'évêché de Condom.

La gloire naissante de Bossuet a rejailli sur la Lorraine avec un tel éclat qu'en dehors de la Réfulation du catéchisme de Paul Ferri, qui est de 1655, la critique et l'histoire littéraire désignent la première période de l'éloquence de Bossuet sous le nom de période de Navarre et de Metz, pour la distinguer de celles de Paris et de Meaux. Si le jeune orateur de Metz a, dans ses Sermons, l'enthousiasme exubérant et naïf, s'il y fait étalage d'érudition sacrée et profane, si le raisonnement scolastique y paraît tout bardé de termes et de définitions d'école, si le style en est parfois déparé par la crudité des expressions, la hardiesse bizarre des métaphores et ce que Chateaubriand appelle « l'écume au mors du jeune coursier »>, Metz et la Lorraine purent admirer, par exemple dans le Panégyrique de saint Bernard et le Sermon sur la bonté et les rigueurs de Dieu, un feu singulier, une inspiration et un élan incomparables, «la première sève de l'enthousiasme créateur », comme dit d'Alembert, et des beautés si éclatantes qu'elles n'ont pas été surpassées par Bossuet lui-même. Il << deviendra plus égal et plus châtié; mais jamais il ne sera plus merveilleusement orateur ».

III

De votre Lorraine, qu'il a illustrée, Messieurs, et où il a conquis, dès 1657, le titre de prédicateur ordinaire du roi, que lui fit donner Anne d'Autriche (1), ravie de son Panégyrique de sainte Thérèse, Bossuet semble avoir emporté au cœur le culte de Jeanne d'Arc, dont il fait bon parler ici, sous vos auspices, Monseigneur.

N'est-ce pas vous qui avez réveillé dans toute la France le souvenir sacré de notre héroïne nationale, et qui lui préparez à Vaucouleurs, d'où elle partit pour commencer son épopée victorieuse et tragique, sans égale dans l'histoire des siècles, un monument digne d'elle et de la Patrie française, dont elle est la plus idéale incarnation, en attendant qu'elle en soit la sainte?

Personne au XVIIe siècle n'a parlé de Jeanne d'Arc comme Bossuet. Sans doute, il y eut bien alors la Pucelle de Chapelain; mais c'est une étrange idée et une vaine tentative de Victor Cousin d'avoir es sayé de réhabiliter cette épopée, attendue pendant 20 ans par ses contemporains et accueillie en 1656 avec tant d'enthousiasme que les 12 premiers chants eurent six éditions en moins de deux ans, et que Godeau, Ménage, Huet, Montausier en firent de pompeux éloges, en attendant que Colbert choisit Chapelain, pour l'établir, en quelque sorte, «surintendant des lettres ». Ce qui a perdu Chapelain, comme le dit M. Brunetière, c'est « qu'il a voulu que son poème fût à la fois de l'histoire, de la poésie et de l'allégorie morale (Cf. sa Préface) ». « Afin de réduire l'action à l'Universel, dit-il, suivant les préceptes, et de ne la priver pas de son sens allégorique, j'ai disposé toute ma matière de telle sorte que la France représente l'âme de l'homme;... le roi Charles, la volonté;... l'Anglais et le Bourguignon, les transports de l'appétit irascible;... Amaury et Agnès, l'appétit concupiscible;

(1) C'est du moins ce qui paraît le plus probable, puisque, dès le commencement de 1658, Bossuet est appelé prédicateur ordinaire du roi, dans un acte authentique et solennel de Pierre Bédacier, suffragant de Metz (28 février 1658).

Tanneguy, l'entendement; la Pucelle, la Grâce divine. »> Quelle est l'imagination, si ardente qu'on la suppose, que n'eussent pas refroidie de telles préoccupations? D'ailleurs, Chapelain, pour complaire au duc de Longueville, qui se disait descendant de Dunois et pensionnait Chapelain depuis 20 ans, a pris Dunois pour héros de son poème, du moins dans la seconde partie, où la martyre des Anglais devait paraître transfigurée par « ce je ne sais quoi d'achevé que le malheur ajoute à la vertu ».

Laissons donc la Pucelle dormir son sommeil dans la tombe où l'a si justement ensevelie Boileau, avec cette cruelle épitaphe :

Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve,
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve,
Et de son lourd marteau martelant le bon sens,

A fait de méchants vers douze fois douze cents!

Bossuet, lui, parle de Jeanne d'Arc à deux reprises, d'abord dans sa philosophie de l'histoire, et puis dans son Histoire de France pour Mer le Dauphin.

On connaît très peu la Suite de l'Histoire universelle, dont l'évêque de Condom parlait ainsi au Pape Innocent XI, dans sa fameuse Lettre du 8 mars 1679 : « Nous avons cru devoir travailler... à une Histoire universelle, qui eût deux parties, dont la première comprit depuis l'origine du monde jusqu'à la chute de l'ancien empire romain et au commencement de Charlemagne, et la seconde depuis ce nouvel empire établi par les Français. Il y avait déjà longtemps que nous l'avions composée et même que nous l'avions fait lire au prince. » Il nous reste, en effet, quatre manuscrits de cette Suite ou Seconde partie de l'Histoire universelle : le 1er entièrement écrit. de la main de Bossuet, va de l'an 804 à l'an 1217; le 2o, qu'on attribue à l'abbé Fleury, reproduit le premier et le continue jusqu'en 1668; le 3° et le 4° sont copiés du second, collationnés et corrigés par Bossuet. C'est le dernier qu'on a livré à l'impression.

Voici le passage qui concerne l'héroïne de Domrémy et de Vaucouleurs : « La bataille des Harengs, où sont défaits les

Français et les Écossais leurs alliés, qui allaient au secours d'Orléans assiégé par les Anglais, réduisit les affaires de Charles VII à la dernière extrémité. Jeanne d'Arc, nommée la Pucelle d'Orléans, paraît, et se dit envoyée de Dieu pour faire lever le siège d'Orléans, conduire le roi à Reims pour y être sacré, et lui annoncer que les Anglais seraient chassés du royaume. L'effet justifie ses promesses. Orléans est secouru par la Pucelle et le roi est sacré à Reims. Toutes les villes sur le chemin se rendent à lui. » Et deux alinéas plus loin : «La Pucelle d'Orléans est prise dans un combat par les Anglais, qui la font condamner au feu comme magicienne et pour avoir porté l'habit d'homme. » Cette concision rappelle les vers fameux de Villon :

Jehanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen.

Quant à l'Histoire de France, à « cet abrégé de l'histoire qui avait fait le sujet des thèmes de MT le Dauphin », comme le disait Bossuet en 1698, dans ses Remarques sur la réponse de M. de Cambrai à la Relation sur le Quiétisme (Conclusion), il a sans doute été écrit par le Dauphin, mais sous la dictée de Bossuet il lui appartient donc pour le fond. La forme, l'arrangement, le style ont été soigneusement revus et corrigés par lui, quand il n'a pas tout écrit de sa main, comme le règne de Charles IX. Le cardinal de Bausset, historien de Bossuet, et le savant M. Gosselin, ont eu tort de ne pas vouloir attribuer à M. de Condom une Histoire qu'il a composée et dictée. Un Fragment de l'abbé Le Dieu, que vient de publier le P. Griselle, de l'Université catholique de Lille, semble trancher la question et établir que les éditeurs de Bar-le-Duc se trompaient, eux aussi, en croyant que l'abbé Pérau avait mis du sien dans l'ouvrage qu'il publia en 1747. Quoi qu'il en soit, on est heureux d'y voir un magnifique résumé de la vie de Jeanne d'Arc. « Orléans était à l'extrémité les troupes du roi étaient minées et découragées par tant de pertes; il n'y avait plus d'argent pour en lever d'autres et tout paraissait désespéré, lorsqu'il vint à la Cour une jeune

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