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hensible (1). >> << Nul ressentiment (2). »> «Dieu confond toujours la témérité des novateurs (3). » « Qu'on fasse tout le bon traitement possible à la personne, en la regardant comme soumise et obéissante, ainsi que ce prélat l'a promis (4). » « Je parle sur cela le moins que je puis... Cependant tout l'épiscopat et tout le doctorat est contre (M. de Cambrai), tellement magno numero que le reste ne parait rien (5). » « Je suis en repos, quand je songe que j'ai fait ce que j'ai pu pour prendre des tempéraments convenables et ensuite pour la défense de la vérité; ce que je continuerai jusqu'au dernier soupir, Dieu aidant (6). » - Voilà toute « l'âpreté » de M. de Meaux; et chose étonnante, ceux qui dans leurs lettres excitent le plus son neveu contre les Cambraisiens et qui lui disent : «< Pressez tant que vous pourrez »; « Continuez toujours à veiller sur les démarches de la cabale. Tout est à craindre, » c'est l'évêque de Chartres, l'archevêque de Reims et Mer de Noailles, qui passe pour un homme très doux. O justice historique, que d'erreurs on commet en ton nom!

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Pour en venir au fond des choses, qu'il nous suffise de citer deux ou trois lettres du grand évêque de Meaux. «M. de Cambrai (7) continue à semer partout que c'est moi seul qui remue la cabale qui est contre lui. Il m'a cru le meilleur de ses amis, quand il m'a prié de le sacrer et qu'il a remis tant de fois sa doctrine entre mes mains. Toute la cabale a été de le retirer de l'entêtement de Me Guyon, à quoi j'ai travaillé de concert avec Mme de Maintenon, sa protectrice, à laquelle il doit tout, et à cacher son erreur au roi, dans l'espérance qu'il donnait de se corriger. Le roi a bien su me reprocher que j'étais cause, en lui taisant un si grand mal, qu'il était archevêque de Cambrai. Voilà tout mon crime à son égard, et... toute ma cabale. » — « Le P. de La Chaise, depuis la Relation (sur le Quiétisme)

(1) Lettres du 15 février et du 18 février 1698.

(2) Lettre du 12 mars 1698.

(3) Lettre à Renaudot, 7 avril 1698.

(4) Lettre du 10 novembre 1698.

(5) Lettre du 19 janvier 1699.

(6) Lettre du 22 janvier 1699.

(7) Lettre du 16 septembre 1697.

se déclare si hautement contre le livre (de Fénelon) qu'il ne s'y peut rien ajouter... On est surpris de voir que ceux qu'on accusait d'être emportés contre M. de Cambrai aient eu la patience de taire, depuis si longtemps, ce qu'ils savaient. La charité seule les retenait, et le désir d'épargner la personne d'un archevêque (1). › « Je ne me suis déclaré que quand son livre, ses mauvaises explications et son opiniâtreté m'ont fait perdre toute espérance. Encore n'ai-je éclaté sur les faits qui regardent la conduite que quand tout le monde a vu qu'il n'y avait plus moyen de se taire (2).

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Et après avoir répondu à ceux qui parlent de querelle particulière entre M. de Cambrai et lui, de ressentiment, de jalousie (quelle jalousie pouvait avoir l'auteur de l'Exposition, des Oraisons funèbres, du Discours sur l'histoire universelle, de l'Histoire des Variations, des Méditations sur l'Évangile, des Élévations sur les Mystères, contre un prélat qui n'était connu alors que par le Traité sur le ministère des pasteurs et le Traité de l'éducation des filles?), Bossuet ajoute : « Nul autre motif ne me fait agir que celui d'empêcher que les vaines dévotions ne prévalent contre l'ancienne piété, enseignée par saint Augustin et par saint Thomas (3). » « Ily va de la cause de Dieu, qui ne souffre nul faible ménagement.. C'est l'affaire de l'Église.» « Je suis inexorable, quand il s'agit de la religion (4). Pour « l'aigreur que les Cambraisiens m'imputent, le P. Estiennot a répondu que M. de Cambrai me devait tout; qu'il ne faut pas s'étonner que, sur l'accusation formée contre moi d'avoir révélé sa confession et sur d'autres imputations extrêmement odieuses, j'avais répondu sévèrement; que, pour me bien connaître, il ne fallait que lire les Variations, où l'on voit autant de modération que de force (5). »>« Je ne souhaite à M. de Cambrai que son chan gement (6). >> « Nous n'accusons point ses mœurs : à Dieu ne

(1) Lettre du 30 juin 1698.
(2) Lettre du 7 juillet 1698.

(3) Lettre du 31 août 1698.

(4) Lettres du 6 janvier, du 15 février et du 31 août 1698.

(5) Lettre du 7 décembre 1698.

(6) Lettre du 1er juin 1698.

plaise! Il n'en a pas même été question, mais de sa seule doctrine... Quels outrages avons-nous faits à M. de Cambrai? Tout ce que nous avons dit contre sa doctrine et son livre est mot à mot ce qui est porté dans la constitution » (1) du Pape, qui condamne 23 propositions comme « téméraires, scandaleuses, mal sonnantes, offensant les oreilles pieuses, pernicieuses dans la pratique et même erronées respectivement »>. « M. de Cambrai a dit qu'il m'avait en vue, lorsqu'il écrivait ce mot (probra), parce que je l'ai nommé le Montan de la Priscille. Mais je me suis assez expliqué. Ni Eusèbe de Césarée et les auteurs qu'il cite, ni saint Épiphane, ni saint Jérôme, ni saint Augustin, ni Philastrius n'accusent Montan d'autre commerce avec les fausses prophétesses que celui d'une fausse spiritualité. Au surplus, je lui ai fait faire des honnêtetés depuis la censure, auxquelles il n'a pas répondu un seul mot. D'autres personnes ont voulu s'entremettre entre ses amis et moi; j'ai toujours répondu très honnêtement, comme je ferai toujours (2). » Bossuet envoya même à Cambrai un de ses grands vicaires, l'abbé de Saint-André; mais rien n'apaisa Fénelon. Il faut voir de quel ton il repousse l'honneur de faire l'oraison funèbre de Bossuet.

Cela veut-il dire que nous ne regrettions pas profondément quelques paroles de Bossuet sur Fénelon, qu'il appelle << suspect et odieux », « superbe et consterné », et dont il dénonce <«< la finesse », les « faux fuyants, les embrouillements et les chicanes sans fin »>, (< l'hypocrisie », « la hardiesse à mentir » (ce dernier mot est de Louis XIV; mais M. de Meaux le fait sien en le répétant)? Non, certes mais il nous souvient que, selon le mot d'un contemporain, «< il y a de l'hommerie en tout »>, et que Bossuet en a eu sa part, infiniment moindre que celle de son rival, par lequel on prétend qu'il a été << vaincu », comme si Rome et toute la France n'étaient pas avec Bossuet en 1697,98 et 99! Il nous souvient qu'un jour un illustre vieillard, blanchi comme Bossuet dans les travaux et les luttes pour la vérité divine, écrivait à un jeune adver

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(1) Lettre du 26 mai 1698. (2) Lettre du 1er juin 1699.

saire, plus illustre que Fénelon : « Il n'appartient qu'à de vaniteux adolescents de chercher de la renommée pour leur nom en attaquant des hommes illustres... Jeune, ne provoquez pas un vieillard dans le champ des Ecritures... Souvenez-vous de Darès et d'Entelle (le vieux lutteur qui triomphe du jeune, dans l'Enéide) et du proverbe qui dit que le bœuf fatigué n'en est que plus ferme sur ses pieds (1).» « Quelquesuns de mes amis, vases du Christ,... me faisaient entendre que vous n'aviez point agi en toute simplicité de cœur, mais pour grandir à mes dépens, pour faire un peu de bruit et gagner un peu de gloire aux yeux du peuple; vous me provoquiez et vous laissiez croire que je redoutais un rival tel que vous vous vous posiez comme un docte écrivain, et je me taisais comme un ignorant, et j'avais enfin trouvé quelqu'un pour me rabattre le caquet... Si vous voulez exercer ou étaler votre savoir, cherchez des hommes jeunes, éloquents et illustres, comme on dit qu'il y en a beaucoup à Rome... Pour moi, jadis soldat, aujourd'hui vétéran,... si vous me pressiez trop de vous répondre, je pourrais bien me souvenir de Quintus Maximus, qui, par sa patience, brisa l'orgueil du jeune Annibal (2). » On peut défier tous les anti-bossuétistes de trouver rien de semblable, dans les écrits publics et privés de Bossuet, à l'adresse de son jeune rival. Et pourtant, les lettres précédentes sont adressées par un simple prêtre à un évêque, qui ne l'avait pas accusé d'avoir violé le secret de la confession, par un saint à un autre saint, par saint Jérôme à saint Augustin. Or, quoi qu'on en dise, nous ne canonisons pas Bossuet, mais encore moins Fénelon il fut si loin de répondre à Bossuet avec l'aménité d'Augustin, qui rayonnait d'un génie tout autre que celui de M. de Cambrai !

Tout cela pour faire comprendre combien M. Lanson dit vrai, quand il écrit : « Toutes les accusations qu'on a portées souvent contre (Bossuet) et qu'une étude approfondie des autres œuvres parviendrait à détruire, tombent plus facilement à la lecture des Lettres... Qu'on les lise... et qu'on lise

(1) Lettres de saint Augustin traduites par Poujoulat, LXVIIIe. (2) Lettre LXXII®.

aussi la Correspondance de Fénelon; on verra de que côté furent dans ce triste débat les pensées personnelles, les artifices et même la haine. Ce qui est dur dans Bossuet, je l'ai déjà dit, c'est sa logique, et Fénelon jette des cris de victime, toutes les fois qu'il se sent touché par un argument fort: où il n'a pas de réplique, il crie à l'outrage, à la cruauté. Et Bossuet, ses lettres en font foi, n'a eu d'autre souci que celui de la vérité. S'il estimait qu'il y allait de toute la religion, fautil s'étonner qu'il ait frappé fort? »

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VII

Mais, nous dit Lamartine, Bossuet, langue d'or, âme adulatrice, rassemble en lui, dans sa conduite et son langage devant Louis XIV, le despotisme d'un docteur et les complaisances d'un courtisan. » Paul Albert parle de « la servilité » de Bossuet. M. Charles Gérin en fait « un très souple courtisan ». Il cite contre lui des rapports de police. Étrange aberration! Car que dirions-nous de la postérité, si elle voulait juger un jour, d'après les rapports de notre police ou les Notes de M. Dumay, nos plus vaillants évêques, comme Ms Cotton, Mgr de Cabrières et Mgr Gouthe-Soulard?

Bossuet, sans doute, a beaucoup loué Louis XIV, mais moins que ne l'ont loué Corneille, Molière, Racine, Boileau, La Fontaine, La Bruyère et Mme de Sévigné, pas plus que ne l'a loué Bourdaloue, qui «< frappait comme un sourd ». Et puis, est-ce que, par hasard, Bossuet aurait glorifié en Louis XIV ce qui ne méritait pas d'être glorifié? Est-ce qu'il aurait commis pour le Roi-Soleil une de ces flatteries dont notre époque démocratique ne se scandalise guère, lorsque tel évêque appelle Carnot «<le Christ temporel », avec ses trois heures d'agonie; lorsque tel autre prélat salue en Casimir Périer « l'étoile du matin» et en Félix Faure, dont on connaît la mort scandaleuse, « le modèle du père de famille »? Non, certes; Bossuet dit aux souverains qu'il n'y a pas de différence entre eux et les autres hommes, « <<<< entre de la boue et de la boue, pourriture et pourriture ». Sans rappeler ici la sainte liberté de l'orateur, s'écriant au Louvre, en face de Louis XIV et

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