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le Chapitre et pour aider les missionnaires par sa parole éloquente (1). Il profita si bien de « l'exemple de tant de saints ecclésiastiques et des leçons qu'il avait autrefois apprises en la Compagnie », écrivait-il à saint Vincent de Paul, que M. l'abbé de Chandenier, neveu du cardinal de La Rochefaucauld et directeur de la mission de Metz, écrivait à saint Vincent de Paul « J'ai cru, Monsieur, que vous n'auriez pas désagréable que je vous fasse part d'une pensée qui m'est venue, qui est que vous écrivissiez un petit mot de congratulation à Mer d'Auguste (Mg Bédacier, évêque suffragant de Metz) de l'honneur de sa protection, qui nous est très favorable; et pareillement une lettre de congratulation à M. Bossuet, du secours qu'il nous donne par les prédications et instructions qu'il fait, auxquelles Dieu donne aussi beaucoup de bénédictions ».

Quel plus beau titre de gloire pour Bossuet, jeune orateur, que cette « lettre de congratulation» de saint Vincent de Paul, que nous n'avons pas, hélas! mais dont l'existence est incontestable!

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Après saint Vincent de Paul, pour la béatification duquel Bossuet devait écrire à Clément XI, en 1702, une si belle lettre en latin, l'abbé de Rancé, condisciple à Navarre du futur évêque de Meaux et plus tard abbé de la Trappe, où Bossuet fit huit voyages et séjours, édifiant la communauté par sa régularité ponctuelle, devait jusqu'à sa mort lui témoigner la plus respectueuse admiration. Il le consultait en 1682 sur son grand ouvrage De la sainteté et des devoirs monastiques, et Bossuet lui envoyait «< toutes ses remarques » (2); il mettait l'affaire en train pour l'impression. Rancé lui donnait encore ses commissions pour M. de Reims, M. de Paris et l'évêque de Grenoble, le cardinal Le Camus. Il s'aidait de ses lumières dans sa polémique avec dom Mabillon et dom Mège sur les études monastiques. Il lui écrivait en mars 1697 : « Je ne puis penser à ce bel ouvrage de M. de Cambrai (les Maximes des

(1) Le 23 mai 1658, il remercie saint Vincent de Paul de l'honneur que lui ont voulu faire ses missionnaires « de l'associer à leur compagnie et à une partie de leur travail ».

(2) Lettre du 30 octobre 1682.

saints) sans indignation; je demande à Notre-Seigneur qu'il lui fasse la grâce de reconnaître ses égarements. Dieu, Monseigneur, vous a choisi dans le temps entre les autres hommes, pour soutenir la vérité, et vous l'avez fait jusqu'ici en toutes rencontres et avec tant de succès que je ne doute point que vous ne le fassiez encore dans celle-ci avec le même bonheur. » C'était engager Bossuet à soutenir cette polémique du Quiétisme, que tant de critiques, bien moins compétents que l'abbé de Rancé, s'obstinent à regarder comme inutile ou même déplorable. Le 14 avril 1697, l'illustre abbé de la Trappe écrivait à Bossuet à propos de ses États d'oraison : « Je ne vous dirai point, Monseigneur, que (ce livre) ait surpassé mon attente, mais bien que j'y ai trouvé dans le peu que j'en ai déjà lu tout ce que l'on pouvait désirer pour l'établissement de la vérité et pour la destruction de l'erreur... Vous traitez la chose avec une profondeur et une étendue digne de vous, Monseigneur; et quoique Dieu donne à tout ce qui sort de votre plume une bénédiction particulière, il me semble que ce dernier ouvrage a encore été plus favorisé que les autres. Il est vrai, Monseigneur, que rien n'a jamais été plus important pour l'honneur de l'Église, pour le salut des fidèles et pour la gloire de Jésus-Christ, que la cause que vous soutenez car, en vérité, si les chimères de ces fanatiques avaient lieu, il faudrait fermer le livre des Écritures, laisser l'Évangile. » Ces deux lettres firent grand bruit : le mysticisme de Fénelon y était jugé et condamné par le plus grand mystique du siècle, par « un autre saint Bernard », comme on l'appelait, qui, « outre une grande science, avait l'expérience de tant de saints qu'il avait conduits pendant plus de trente années (1) ». - Écoutons sur le même sujet Dom Innocent Le Masson, prieur de la Grande Chartreuse : « Je suis si rempli d'estime, de respect et de reconnaissance pour Votre Grandeur, écrit-il à Bossuet le 11 juillet 1698, que je suis pressé de m'en soulager un peu, en interrompant vos occupations, si utiles à l'Église, par ce mot de lettre. Je vous y parlerai avec la franchise et la simplicité cartu

(1) Lettre de l'abbé Bernier, 23 août 1697.

sienne. Je bénis Dieu mille fois, Monseigneur, de ce qu'il a donné à son Église en votre personne un si fidèle et si docte défenseur de la foi catholique et de la morale chrétienne. Chacun sait ce que vos savants et sages livres ont produit contre l'hérésie; mais je crois connaître, autant que personne au monde, le prix de vos écrits contre la dame qui a tant fait parler d'elle et contre ses fauteurs. Car j'ai vu de près ce que sa pernicieuse doctrine et celle de son directeur étaient capables de produire, et je l'ai comme touché au doigt par les effets que j'en connais (1)... J'ai lu et relu (vos livres. précieux) avec une entière satisfaction; mais votre Relation, que j'ai reçue et comme dévorée sur-le-champ doit être considérée comme ce qui s'appelle le coup de grâce, qui doit faire cesser l'erreur et la défense de l'erreur. » Et mettant ensemble Bossuet, Mgr de Noailles et M Godet des Marais, le saint religieux continue : « Voilà un digne funiculus triplex qu'on trouve en vos trois sacrées personnes, pour la conservation desquelles, nous prions Dieu de tout notre cœur, comme pour trois grands défenseurs de l'Église, qui méritent d'être écrits dans le catalogue des Athanase, des Chrysostome et des Augustin. >>

Et ce ne sont pas seulement les supérieurs de la Trappe et de la Chartreuse qui vénèrent et félicitent Bossuet; c'est le P. Latenai, assistant général des Carmes, qui, prévoyant pour Bossuet << la gloire de voir triompher bientôt la vérité qu'il défendait », espérait « que le siècle présent se joindrait. avec les futurs pour lui en témoigner ses reconnaissances >> (2). - C'est le P. Candide Champy, ex-provincial des Récollets. d'Artois, qui avertit Bossuet de tout ce qui s'imprime et se trame à Cambrai. - C'est le fameux capucin, tant loué par La Bruyère, le P. Séraphin, qui « parle à Bossuet le langage de tout le monde en son honneur » (3). C'est le P. Augustin, bénédictin de Rome, qui écrit à M. de Meaux « le respect ancien et plein de religion qu'il doit au vrai maître des Églises, au vrai

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(1) Mme Guyon et le P. La Combe étaient passés à plusieurs reprises dans le diocèse de Grenoble.

(2) Lettre du 16 décembre 1698.

(3) Lettre du 7 juillet 1698.

AUTOUR DE BOSSUET.

T. II.

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père des fidèles, au vrai défenseur de la religion dans le temps >> (octobre 1697). -C'est le P. Estiennot, procureur général des Bénédictins à Rome, le P. Roslet, procureur général des Minimes, le P. Prinslet, procureur général de Citeaux, le P. Cambolas, procureur général des Carmes, le P. Colombet, procureur général des Augustins, qui écrivent des « merveilles» sur Bossuet, qu'ils «< honorent parfaitement »>, tandis que M. de Mauleuvrier, curé de Saint-Sulpice, veut empêcher Fénelon d'écrire contre M. de Meaux, et que M. Tronson, de la même société, proteste « de sa sincérité et de son attachement respectueux pour le prélat, auquel il est uni par la sainte société que Dieu a mise entre eux pour l'ouvrage où ils ont travaillé sous ses ordres »>.

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M. Brisacier, supérieur du Séminaire des Missions étrangères, le consulte, en 1701, sur le livre du docteur Coulau à propos de l'affaire des Cérémonies chinoises. Le P. de La Chaise lui dit que les théologiens de la Compagnie de Jésus trouvent 43 propositions condamnables dans le livre de Fénelon, et le P. Bourdaloue écrit contre le Quiétisme une lettre admirable. Ainsi donc, presque tout le clergé régulier de France professait pour Bossuet la plus grande admiration.

-

Le clergé séculier ne pensait pas autrement. Inutile de parler ici du Chapitre de Metz, qui le nomma doyen à l'unanimité; de M. de Lagutère, promoteur de Condom, qui, dans ses lettres, lui témoigne toute sorte de « déférence » (1); du clergé de Meaux, qui l'aimait tant, comme on le voit par les Notes du curé Raveneau et par les regrets unanimes que causa sa mort, dont le récit par l'abbé de Saint-André, son vicaire général, est si touchant, si édifiant. - Inutile encore de parler de ses amis intimes, l'abbé Fleury, l'abbé de Langeron, qui lui écrivait un jour : « Vous êtes plein de fentes, Monseigneur, par où le sublime échappe de tous côtés »; Fénelon, qui, jusqu'en 1697, l'appelle un « aigle », un « très grand docteur >> dont il est le « petit écolier », si bien, ajoute-t-il, que « je ferai profession toute ma vie d'être votre disciple et de vous devoir la meilleure partie de ce que je suis (2)... Pour le cœur, je (1) Lettres de 1669, 1670, 1671-72.

(2) Lettre du 7 décembre 1695.

»

n'y ai que respect, zèle et tendresse pour vous (1)... J'irai toujours avec joie et de moi-même au-devant de tout ce qui pourra vous témoigner ma déférence et ma vénération pour vos sentiments. Je ne ferai ni ne dirai jamais rien qui n'en doive convaincre le públic ». - Hélas! pourquoi faut-il dire qu'à cette date, 4 octobre 1696, Fénelon avait à peu près composé les Maximes des saints, qu'il allait publier malgré MeTM de Noailles et le vénérable curé de Saint-Sulpice, M. de Mauleuvrier? Pourquoi faut-il dire que le « très grand docteur », qui avait sacré l'archevêque de Cambrai, ne sera plus désormais à ses yeux que l'accusateur de ses frères, un «< persécuteur » acharné, un calomniateur, coupable d'avoir violé le secret de la confession de Mme Guyon et de son défenseur?

Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé?

Non, « l'or pur» qu'était Bossuet n'avait changé qu'aux yeux des Cambraisiens. Tout le clergé de France était de cœur et d'esprit avec lui. Non seulement plus de 200 docteurs de Sorbonne condamnaient, avant le Pape, le livre de Fénelon, et sans que Bossuet intervînt, comme l'en accusait à tort son rival; mais «< tous les évêques et tous les docteurs, tout l'épiscopat >> étaient unanimes en faveur de Bossuet, ainsi que l'établissent plus de dix passages de la Correspondance, ainsi que le montrèrent d'ailleurs les Assemblées provinciales des évêques en 1699 et l'Assemblée du clergé en 1700.

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Si M. Rébelliau avait pris la peine de lire ces témoignages, il ne dirait pas dans son Bossuet, p. 166 : « La victoire étaitelle donc d'un si grand prix? » Oui, il y allait « de toute la religion », comme l'écrivait Bossuet; il y allait, « de l'Evangile même », comme le disait l'abbé de Rancé. Il ne dirait pas non plus (p. 173-4) que le triomphe « de Bossuet fut douteux et stérile » et que « Fénelon n'était pas seul comme Bossuet l'avait cru ». On peut défier M. Rébelliau de citer un seul évêque qui ait été franchement pour Fénelon et qui ne l'ait pas condamné dès 1697.

(1) Lettre du 21 mai 1696.

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