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90), la Lettre sur l'adoration de la Croix (1691), les Maximes et Réflexions sur la comédie (1694), le Mémoire de ce qui est à . corriger dans la Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, d'Ellies Dupin, les Remarques sur l'histoire des Commentateurs, et surtout cette admirable Défense de la tradition et des saints Pères, supérieure à tout ce que le xvIIe siècle a produit de semblable.

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La théologie mystique et ascétique, à laquelle quelques-uns croient qu'il demeura étranger jusqu'à la querelle du Quiétisme, lui était familière, quand il composait, tout jeune encore, ses admirables Panégyriques de sainte Thérèse, de saint Jean, de saint François d'Assise. L'Instruction sur· les états d'oraison, parue en mars 1697, le second Traité sur les états d'oraison, publié naguère par M. Levesque, de SaintSulpice, la Tradition des nouveaux mystiques, les Mystiques en sûreté, l'École en sûreté, le Quiétisme ressuscité, sont, quoi qu'en disent les « Cambrésiens » du XIXe siècle, des ouvrages excellents, et que Bossuet seul a pu surpasser dans ses Lettres de direction, si simples et si libérales, et surtout dans ses Élévations et ses Méditations, dont on s'étonne qu'un critique comme M. Rébelliau dise : « quelques aridités et longueurs qu'elles présentent »> (1).

Reste la théologie polémique ou la controverse, que Bossuet avait apprise du docteur Péreyret et du docteur Claude. Lefeuvre, grand maître de Navarre. Il y a excellé et il faut remonter jusqu'à saint Augustin, « l'aigle des Pères, le docteur des docteurs », comme l'appelle Bossuet, pour trouver des œuvres de controverse aussi nombreuses, aussi variées, aussi admirables de clarté lumineuse et de charité pénétrante. On dirait que Bossuet a voulu réaliser à l'avance le mot de Pie IX à l'abbé Perreyve : « Blessez courageusement les erreurs; mais ayez un cœur de mère pour les hommes. >>> Controverses avec les protestants, Paul Ferri et Claude, Basnage et Jurieu, Laroque et Aubert de Versé, Iselin et Vérensfels, Molanus et Leibniz; controverse avec les jansénistes, de 1660 à 1663 et surtout de 1696 à 1704; controverse avec

(1) Bossuet, p. 205.

les casuistes; controverse avec les apologistes du théâtre; controverse avec les ultramontains; controverse avec les quiétistes et Fénelon; controverse avec les critiques et les philologues, Malebranche, Ellies Dupin, Coulau, le défenseur des cérémonies chinoises, et surtout Richard Simon: Bossuet mène presque tout cela de front, dans les quinze dernières années de sa vie, sans en être accablé, grâce à « son tempérament admirable », dit Le Dieu, d'où lui venait «< cette facilité merveilleuse pour le travail et l'application continuelle dans laquelle il a passé sa vie ».

Parmi ses œuvres de controverse, il faut citer la première, la Réfutation du Catéchisme de Paul Ferri (1655), qui contient en germe tout ce que Bossuet écrira plus tard contre les protestants; « le livre d'or » de l'Exposition, comme l'appelaient Leibniz et l'évêque de Paderborn, Ferdinand de Furstemberg, ce livre qui convertit Turenne et tant d'autres hérétiques que Jurieu s'écriait de dépit : « Le monde s'entête de l'Exposition », et que Fénelon y voyait le chef-d'œuvre de M. de Meaux; les six Avertissements aux Protestants (1689-91), qui répondent avec tant de sérénité aux Lettres pastorales de Jurieu; le Projet de réunion, discuté avec Molanus; et la Relation sur le Quiétisme, qui n'est pas « un pamphlet », quoi qu'on en dise, mais « un modèle de polémique narrative »>, comme le prouve si bien M. Crouslé, dans son Fénelon et Bossuet (1894-95).

Quand on considère dans son ensemble l'œuvre de Bossuet, théologien scolastique et thomiste, théologien positif, théologien mystique, théologien polémiste, on est frappé d'admiration, ainsi que tous ses contemporains, qui faisaient de lui <«<l'oracle » du clergé de France, en 1700, ou lui écrivaient comme M. Morel, vicaire général de Toulouse, le 2 août 1698 : <«< Nous avons tous une si grande vénération pour vous, Monseigneur, dans nos provinces, qu'un chacun désire avoir l'honneur d'être connu de vous. Pour moi, je ne doute pas, Monseigneur, que ceux qui viendront après nous dans les siècles à venir ne vous révèrent, et tous vos ouvrages, comme nous révérons les anciens Pères de l'Église et leurs ouvrages. »

Si M. Rébelliau avait bien voulu tenir compte de ces faits

éclatants, il ne nous dirait pas, dans son Bossuet, page 185, que « de tous les échecs et de toutes les déceptions que le mouvement des idées et les vicissitudes de l'histoire peuvent infliger à qui a le malheur de trop vivre, aucun ne lui était épargné ». Rien de plus faux: Bossuet, devenu l'oracle de la France depuis 1699 surtout, Bossuet appelé par Clément XI à être l'instrument, l'intermédiaire du projet de réunion, qu'il avait caressé toute sa vie, entre les catholiques et les protestants, Bossuet n'avait jamais été plus grand que dans les dernières années de son existence, alors que Rigaud fixait sur la toile les traits immortels de notre dernier Père de l'Église.

VI

Oui, Père de l'Église, il l'était, Messieurs, surtout par sa manière d'étudier et d'interpréter l'Écriture Sainte, à propos de laquelle Léon XIII rappelle son Encyclique du 18 novembre 1893, Providentissimus Deus, et nous met «< en garde contre des tendances inquiétantes, qui cherchent à s'introduire dans l'interprétation de la Bible et qui, si elles venaient à prévaloir, ne tarderaient pas à en ruiner l'inspiration et le caractère surnaturel ».

Eh bien, cette préoccupation que causent au Pape de «< dangereuses témérités », Bossuet l'eut en son temps, et ce fut l'objet de sa lutte, mal comprise par quelques-uns, contre les intolérables hardiesses de Richard Simon.

Depuis qu'à l'âge de 14 ou 15 ans, Bossuet avait ouvert la Bible dans la bibliothèque de son père, à Dijon, et qu'il lui <«< avait trouvé un goût et une sublimité qui la lui firent préférer à tout », « la profonde impression de joie et de lumière qu'il en avait ressentie» ne s'effaça jamais, et il fut « l'homme de la Bible» à Navarre, à Metz, à Paris, à Versailles, dans les fameuses réunions du « Petit Concile », à Meaux, où il disait que « son vœu suprême était de vieillir sur les Livres saints et d'y mourir : In his senescere, in his immori summa votorum est ». Il fut « l'homme de la Bible » dans sa prédication, toute fondée sur l'Écriture, dans ses controverses, dans ses travaux

ascétiques, dans son style enfin, qui a le ton, les couleurs, les images bibliques. Il écrivait au maréchal de Bellefonds en 1677 « Soyons pleins de Dieu : ainsi, nos pensées seront des pensées de Dieu, nos discours des discours de Dieu, toute notre action sortira d'une vertu divine. Il me semble qu'on prend cet esprit dans l'Écriture. » Il l'y a pris, Messieurs, et, de ce chef, il est pour nous, un modèle admirable.

D'ailleurs, quels magnifiques commentaires ne nous a-t-il pas laissés sur les Livres Saints, non seulement dans les Élévations et les Méditations, mais encore dans l'Explication de l'Apocalypse (1689), qui avait frappé l'abbé de Langeron, <«< comme un homme qui verrait naître tout à coup une grande lumière dans un lieu fort obscur », car Bossuet, ajoutait-il, est «plein de fentes par où le sublime s'échappe de tous côtés »; dans les Commentaires sur les Psaumes (1691), dont la Dissertation préliminaire sur la nature, la sublimité, le charme des Psaumes, la manière de les lire, de les comprendre, d'en faire usage dans n'importe quel état de vie, est un pur chef-d'œuvre, trop peu connu; dans les Suppléments aux Psaumes (1693), les Commentaires sur les Cantiques de l'Ancien et du Nouveau Testament, les Commentaires sur les livres de Salomon Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse, Ecclésiastique, sans parler du De Excidio Babylonis (1701-1702), et de l'Explication de la prophétie d'Isaïe (1704).

Qu'ils sont rares aujourd'hui ceux qui lisent ces œuvres d'exégèse! Et pourtant, lorsque Bossuet donnait aux Carmélites de Paris, en 1668 et en 1686-87, des conférences où il résumait la substance de ses Commentaires futurs sur l'Apocalypse et le Cantique des Cantiques, ces religieuses ravies écrivaient dans leurs Mémoires que « ces explications étaient d'une beauté enchantée et de la plus grande utilité du monde ». L'abbé Le Dieu, qui assistait aux dernières de ces conférences, <«< croyait entendre saint Jérôme interprétant les Livres saints aux veuves et aux vierges chrétiennes ». Lacordaire a dit à son tour que Bossuet traduisant ou commentant la Bible, << c'est un prophète expliquant un prophète ».

Mais plus Bossuet était l'admirateur passionné de l'Écriture, plus il devait s'indigner, comme il s'indigna en effet,

contre les tentatives hardies de Richard Simon, qui, dans l'Histoire critique de l'Ancien Testament (1678), l'Histoire critique du Nouveau Testament (1689), l'Histoire critique des versions du Nouveau Testament (1690), l'Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament (1693), les Nouvelles observations sur le texte et les versions du Nouveau Testament (1695), et enfin la Version de Trévoux (1702), soutenait que le Pentateuque n'était pas l'œuvre de Moïse, mais «< d'un Esdras pieusement faussaire »; que le texte de nos Livres sacrés doit être traité comme un texte ordinaire et que les Pères qui en ont parlé ont commis bévues sur bévues. Faut-il s'étonner que Bossuet ait pris feu, dès 1678, contre ce qu'il appelait «< un amas d'impiétés et un rempart du libertinage»? qu'après avoir essayé « des voies les plus douces », conférences amiables à Saint-Germain et à l'Oratoire, système des cartons reconnus insuffisants, il ait laissé supprimer 12 à 1.500 exemplaires de l'Histoire critique de l'Ancien Testament? que, plus tard, il ait écrit contre Richard Simon la Défense de la Tradition et des saints Pères et les Remarques sur la Version de Trévour, qui établissent clairement que Bossuet a pour lui la tradition constante des Conciles, des Papes, des Pères, tandis que la critique de son adversaire est hardie, téméraire, licencieuse, ignorante, sans théologie? « Il y va de tout pour la religion, écrivait Bossuet à M. Pirot, le 28 mai 1702, de faire connaître cet auteur qui s'en moque visiblement, et d'abattre avec lui une cabale de faux critiques dont il est le chef et qui ne travaillent qu'à ôter toute autorité aux saints Pères et aux décisions de l'Église. »

Le dernier historien de Bossuet, M. Rébelliau, appelle cela une « rupture avec l'exégèse », qui « n'allait pas sans une espèce d'inconséquence ». Quelle « inconséquence » pouvait-il y avoir, Messieurs, à interpréter l'Écriture par la tradition? Et si « rupture » il y avait, ce n'était qu'une rupture avec l'exégèse protestante, socinienne, rationaliste, avec ce que Bossuet appelle si bien, après saint Paul, « les profanes nouveautés de paroles, profanas vocum novitates ».

II maintenait ainsi les principes immuables de l'exégèse catholique et traditionnelle, proclamés par les Conciles de

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