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On a pu dire que le jeune orateur de Metz « dégorgeait science et son érudition profane.

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M. Rébelliau nous peint l'archidiacre de Sarrebourg, 1652, bientôt de Metz, 1654, « s'acquittant largement des devoirs religieux de sa fonction, directeur spirituel et supérieur de communautés », alors qu'il n'a réellement été supérieur que de la communauté des Nouvelles catholiques, pour laquelle il composait en 1658 un Règlement, publié en 1672, et << travaillant à établir à Metz des conférences pour le clergé et un séminaire, disputant avec les rabbins juifs et les protestants >>. Mais M. Rébelliau se trompe en rapportant, p. 17, à l'année 1654, la Réfutation du Catéchisme de Paul Ferri (et non pas Ferry). C'est en 1655 que parut cet ouvrage, qui contient en germe tout ce qu'écrira Bossuet contre les protestants.

Pourquoi ne rien dire, dans une histoire de l'éloquence du jeune orateur de Metz, de ses sermons prêchés à Dijon et à Paris en 1656-57? M. l'abbé Lebarq leur a pourtant consacré tout un paragraphe très important, § 3, Interruption du séjour à Metz, 1656 et 1657 (1), où il raconte le succès merveilleux qu'obtint l'archidiacre de Metz par son Panégyrique de saint Joseph (Quæsivit sibi Deus) et par celui de saint Paul à l'hôpital général de Paris, 30 juin 1657.

Tout le monde sait que la « chute de Fouquet » est de 1661, et non pas de 1663-64, comme une faute typographique le fait dire à M. Rébelliau, p. 42.

Depuis l'excellent livre de M. Lacour-Gayet, maître de conférences à la Sorbonne, sur l'Education politique de Louis XIV, 1898, on ne peut plus soutenir que «< Louis XIV avait peu appris et probablement en avait plus d'une fois souffert », p. 79. Cette opinion était bien celle de Madame, la mère du Régent, de Spanheim, de Saint-Simon, de Louis XIV luimême, qui, sur la foi des flatteurs, croyait avoir été mal élevé et ne devoir rien qu'à lui-même. Mais elle a été péremptoirement réfutée par M. de Laborde, dans son Palais Mazarin (1846), et par M. Lacour-Gayet, qui établit, preuves en mains, que Louis XIV reçut cette culture générale qui faisait

(1) Histoire critique de la prédication de Bossuet, 1888, p. 146-157.

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<< l'honnête homme » au XVIIe siècle; que son éducation ne fut ni négligée, ni « livresque », ét que de plus, Mazarin, par les séances des conseils auxquels il le faisait assister et par ses conversations particulières, « avait stylé son maitre dans l'art de régner », comme disait le maréchal de Gramont (1).

M. Rébelliau n'aurait-il pas dù laisser aussi dans l'ombre le <«< document curieux », p. 55, que M. Rabbe croyait avoir découvert et publié pour la première fois, dans la Revue historique de nov.-déc. 1899, alors que le P. Chérot vient de lui prouver fort spirituellement que ce document avait été, depuis. dix ans, étudié dans les Études, par le P. Clair? M. Rébelliau, sans doute, voit dans cette société secrète un moyen de <«< combattre énergiquement les mauvaises mœurs et de soulager les pauvres ». Mais M. Rabbe dit que « tout le monde en avait peur, qu'on n'en parlait qu'à mots couverts et avec effroi»; et, tout en résumant l'histoire des Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement, il essaie d'établir qu'il y avait là un << système d'intolérance et d'inquisition religieuse, merveilleusement organisé et secrètement appliqué dans la France entière ». Cet auteur a donc mérité le ridicule sous lequel l'a enseveli le P. Chérot, dans les Etudes religieuses, en lui montrant qu'il manque à la fois de science et de conscience. On n'a qu'à hausser les épaules, lorsqu'on songe que les inquisiteurs « de cette société secrète » s'appelaient le P. Suffren, le P. de Condren, saint Vincent de Paul, M. Olier, « l'abbé Bossuet, qui y faisait ses premières armes » et que M. Rabbe regrette <«< d'ajouter aux noms des persécuteurs de Molière, en 1664, où le futur évêque de Meaux fut un des agents les plus actifs de la Compagnie », p. 301.

Il eût été intéressant de voir un tableau qui manque au Bossuet de M. Rébelliau le tableau des prédications de Bossuet à Paris et surtout celui de ses stations de Carême et d'Avent.

M. Rébelliau, parlant « du succès de Bossuet prédicateur »>, estime qu'on lui préféra non seulement cela est sûr

(1) Voir le P. Chérot, dans les Études du 5 novembre 1899 : Bulletin d'histoire.

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mencement Mascaron, Le Boux et Fromentières, à la fin Massillon, le P. Maure ou le P. Séraphin. Pourquoi?... Parce qu'il ne faisait pas assez de portraits dans le goût du jour ». Cette opinion n'est pas nouvelle, puisque le cardinal de Bausset (1), l'abbé Hurel et M. Brunetière l'ont soutenue plus ou moins explicitement; mais elle n'en est pas plus soutenable. Il suffit, pour en faire justice, de rappeler les textes admiratifs, accumulés par l'abbé Lebarq dans son Histoire critique de la prédication de Bossuet. On y voit qu'à seize ans Bossuet passait à Navarre pour une merveille d'éloquence; qu'à vingt et un et vingt-deux ans, ses sermons à la Confrérie du Rosaire faisaient assez d'impression pour qu'on en consignât le souvenir dans les registres du collège; qu'à Metz, juifs et protestants se pressaient pour l'entendre; que dès 1657, très probablement, il était nommé prédicateur ordinaire du Roi (2); et qu'à partir de ce moment jusqu'en 1670 la Gazette de France et la Muze historique de Loret ne cessent de célébrer les mérites du jeune archidiacre de Metz, « orateur, s'il en fût un », « dont chacun est admirateur » et qui « prêche plus qu'humainement »>,

Puisque enfin c'est son élément

De discourir divinement.

Qu'on nous montre donc de pareils éloges accordés à Mascaron, à Le Boux, à Fromentières, ou même à Bourdaloue, qui, d'ailleurs, ne commença à prêcher qu'en 1670, quand Bossuet se taisait, et que Louis XIV n'appela pour prêcher aucune des grandes Oraisons funèbres du temps, ni celle de la Reine, ni celle de la Princesse Palatine, ni celle de Michel Le Tellier, ni celle du grand Condé.

Est-ce que jamais Mascaron, Le Boux, Fromentières, furent chargés comme Bossuet, en février 1669, de défendre le privilège du Committimus appartenant à l'Université et à la Fa

(1) Il dit que « les contemporains de Bossuet parlèrent à peine de lui comme orateur et jamais comme prédicateur ».

(2) Mgr Bédacier lui donne ce titre dans un document officiel du 28 février 1658.

culté de Théologie? « L'abbé Bossuet, si connu du roi, dit Le Dieu, p. 121, et qui faisait tant d'honneur au corps de la Faculté, fut mis à la tête de la députation et porta la parole. Son discours en français, prononcé dans le Louvre avec sa grace ordinaire, en présence de toute la cour, lui attira beaucoup d'applaudissements... Le prince de Condé l'embrassa de joie devant tout le monde. M. de Turenne le vint aussi féliciter, lui et les députés, de ce que la Faculté parlait si bien. M. Le Tellier, ses autres amis et tous les courtisans s'empressaient à lui faire compliment. Il fut parlé de ce discours autant qu'on eût jamais fait d'aucun de ses sermons: et la réputation en est encore vivante dans la Faculté, dont les anciens racontent tous les jours ce succès merveilleux. »

Est-ce qu'on a jamais taxé « d'incomparable » l'éloquence de Mascaron, de Le Boux, de Fromentières, de Bourdaloue, comme celle de Bossuet? Est-ce que ces orateurs, qu'on prétend avoir été préférés à Bossuet, ont vu le Roi faire écrire à leur père, après un premier Carême à la Cour, les choisir pour évêques et pour précepteurs du Dauphin, à cause de leur seule éloquence?

Le Clergé de France, se sentant honoré par Bossuet, « résolut, dit Le Dieu, p. 132, d'assister en corps à la cérémonie de son sacre?» « Elle se fit dans l'église des Pères Cordeliers de Pontoise, le 21 septembre, fête de saint Matthieu, 1670, avec toute la solennité des anciens sacres, et comme en plein Concile, l'abbé de Fromentières depuis évêque d'Aire, faisant la prédication. » L'année suivante, l'Académie française ouvrait ses rangs au grand orateur, et Charpentier le félicitait. «d'avoir remporté les applaudissements de la France entière. par ses célèbres prédications ».

Écoutez, entre autres témoignages, celui du jeune poète de la Monnaye, de Dijon, qui s'applaudit d'entendre en Bossuet, son illustre compatriote, saint Paul et saint Augustin tout ensemble:

Mais ce que ne put voir ce miracle d'Afrique,
Grâces à Bossuet, aujourd'hui je le vois.
Sa bouche, qui ravit le plus grand de nos rois,
Est celle par où Paul à la France s'explique.

Oui, Paul en Bossuet nous est venu des cieux;
Je le connais au feu qui brille dans ses yeux,
A cet éclat de zèle, à cette voix qui tonne.

Mais le comble, après tout, de mon heureux destin,
C'est de voir tout ensemble, en la même personne,
L'éloquence de Paul et le rang d'Augustin.

Écrivit-on jamais pareille chose de Fromentières, de Le Boux, de Bourdaloue lui-même?

Et ce n'est pas seulement la Monnaye qui célèbre ainsi son compatriote, c'est le professeur Maury qui chante en vers latins << son onction et ses éclats de foudre devant le roi :

Seu coram blandus, fulmineusque tonas,

comme aussi «< les merveilles de génie qu'il a entendues et les merveilles de mœurs qu'il a vues:

Ingenii audivi, morum miracula vidi ».

C'est Pellisson, encore calviniste, qui s'écrie en latin: «< 0 Bossuet, toi qu'affectionne Louis, toi que révèrent les princes, si ton esprit plein de Dieu, si ton éloquence éminente ne t'avaient rendu plus célèbre que tous les autres contemporains, tu ne porterais pas sur ton front la mitre sacrée. » C'est Santeul, Léon Bacoüe, Tavernier, Belleville, La Faye, etc., qui glorifient la sublimité, la véhémence, l'onction de l'orateur qu'était Bossuet.

Nous savons par le médecin Rochard que la vaste et splendide cathédrale de Meaux (1)« était entièrement pleine, toutes les fois que ce prélat prêchait ». Après l'avoir entendu déclarer en 1687 qu'il réserve à son troupeau « les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint», il est au moins étrange de le comparer au P. Maure, au P. Séraphin, dont la Cour, d'ailleurs, fut bientôt dégoûtée, et à Massillon, qui ne commença à prêcher qu'en 1699, alors que Bossuet avait soixante-douze ans. On ne lui « préférait >> personne : on écoutait les orateurs de l'époque, sauf à trouver, comme

(1) Voir Bossuet et M. Brunetière, dans Autour de Bossuet, I, pp. 438 et suiv.

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