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sont intéressantes; ces couvents de la Visitation, des Ursulines, de Notre-Dame, « qu'il visitait à propos et consolait par sa parole », parce qu'il estimait, comme un ancien Père, «que les vierges sont la plus noble portion du troupeau de Jésus-Christ et la plus digne du soin des pasteurs »>, si bien qu'après les avoir « favorisées de ... pieuses et ferventes élévations, comme il les appelait (1) », et dont les Visitandines ravies écrivaient, dans leurs Mémoires, « que cet homme, élevé si haut par la sublimité de sa science et par son génie prodigieux, leur parlait avec tant d'onction et de clarté qu'elles croyaient être dans le ciel » (2), il composa pour elles ces deux livres admirables, au-dessus desquels il n'y a rien. dans notre langue, d'après M. Brunetière, les Méditations sur l'Evangile et les Élévations sur les Mystères; - ces hôpitaux de votre belle ville, pour le règlement desquels, dit Le Dieu, <<< il fit exprès des visites partout, mettant, dans les plus considérables, des Sœurs de la Charité de Saint-Lazare pour avoir soin des malades, faisant des aumônes réglées abondantes en faveur surtout de l'hôpital général, les augmentant considérablement dans la chère année (l'année de la disette, 1693 ou 1699), au point que son homme d'affaires lui disait qu'il fallait les modérer et qu'il ne pouvait lui fournir tant d'argent : « Pour les diminuer, dit-il, je n'en ferai rien, et pour faire de l'argent, je vendrai plutôt tout ce que j'ai (3) »; ces quartiers pauvres de la ville de Meaux, où il allait, après la révocation de l'Édit de Nantes, surprendre les vignerons protestants (les caffés, comme on les appelait), pour leur parler et les convertir à force d'onction et de bonté plutôt qué de science et de logique éloquentes; ce Grand Séminaire, « qu'il visitait souvent et où il parlait à ses jeunes clercs avec la même familiarité (qu'à ses prêtres), assistant à leurs conférences, les faisant parler en sa présence et surtout dans le temps des retraites pour les ordinations; il allait aux entretiens du soir et les finissait ordinairement par des paroles

(1) Mémoires, p. 98-99.

(2) Cité par Lebarcq : Histoire critique de la prédication de Bossuet, P. 330.

(3) Mémoires, I, p. 187-188.

pleines de feu, en un temps où les cœurs étaient déjà émus par les saints exercices et exhortations. D'ailleurs, dans leur institution, son principal soin était qu'on les exerçât à parler en public, n'ayant rien tant à cœur que l'instruction des peuples » (1); enfin, ces magnifiques portraits que vous avez de lui, celui de Mignard surtout, qui représente Bossuet jeune évêque avec cette « douceur charmante » dont parle SaintSimon, cette «< candeur » que célèbre Massillon et qu'on ne trouve pas au même degré dans les magnifiques chefs-d'œuvre de Rigaud, ou dans le buste de Coysevox, au Louvre, qui, pourtant, ravissait Sainte-Beuve et lui faisait dire : « Noble tête, beau port, fierté sans jactance, front haut et plein, siège de pensée et de majesté, la bouche singulièrement agréable, fine, parlante même lorsqu'elle est au repos, le profil droit et des plus distingués, en tout une expression de feu, d'intelligence et de bonté, la figure la plus digne de l'homme, selon qu'il est fait pour parler à son semblable et pour regarder les cieux » (2).

Oui, certes, tout parle à Meaux de votre grand Bossuet avec cette incomparable éloquence des choses que la parole humaine n'égalera jamais. N'y a-t-il donc pas une hardiesse inexcusable de la part d'un inconnu à venir ici raviver des souvenirs qui vous sont aussi chers que familiers et à propos desquels vous pouvez tout apprendre aux étrangers, sans avoir rien à apprendre d'aucun d'eux?

Mais vous l'avez voulu, Monseigneur, ainsi que vous, M. le vicaire général Allègre (3), et je vous ai obéi. Si l'obéissance était une muse, comme elle est une vertu, j'oserais croire qu'elle m'inspirerait quelque chose de digne d'un si grand homme et de cet auditoire d'élite. Hélas! il n'en est rien, et j'en suis réduit à mon humble admiration pour Bossuet, auquel je dois, après Dieu, le peu que je vaux, avec le titre de docteur és lettres et de membre du Comité du monument de Bossuet, qui seul excuse ma présence au milieu

(1) Mémoires, p. 181-182.

(2) Causeries du Lundi, X, p. 197.

(3) Secrétaire du Comité du Monument Bossuet à Meaux et mort depuis,

en 1900.

de vous, dans ce Grand Séminaire où je suis heureux de saluer en la personne de M. le Supérieur (1), un des maîtres vénérés de ma jeunesse cléricale.

Pour donner quelque actualité à un sujet que vous connaissez mieux que moi, il m'a semblé que je pouvais développer ce thème :

BOSSUET ET LA LETTRE DE SA SAINTETÉ LÉON XIII
AU CLERGÉ de France, 8 SEPTEMBRE 1899.

I

N'est-il pas vrai, Messieurs, que tous les amis du grand Bossuet tressaillirent d'allégresse, lorsqu'ils lurent, l'année dernière, la Lettre que notre grand Pape adressait le 4 décembre au cardinal Perraud, et dont ce dernier me faisait l'honneur de me dire, il y a quelques jours à peine, que Sa Sainteté avait voulu écrire entièrement de sa main cette glorification si haute, si solennelle et si complète de votre grand. évêque « Bien que le personnage qu'a été Bossuet ait moins illustré telle ville en particulier que la France tout entière, il semble toutefois que, par suite d'une relation plus étroite avec la contrée dont il fut l'évêque, il ait jeté sur son diocèse un plus grand éclat.

:

« Aussi, dès que notre vénérable frère, l'évêque de Meaux, Nous eut informé du dessein qu'il avait formé d'élever un monument dans sa cathédrale à son immortel prédécesseur, Nous l'avons grandement approuvé. Nous tenons, en effet, pour évident qu'il sera glorieux au clergé et aux catholiques de France d'avoir donné ce témoignage de leur reconnaissance au grand homme qui, par-dessus toutes choses, fit servir à défendre et à patronner la cause catholique les facultés splendides dont il avait été doué, son lumineux génie, sa grande âme, les trésors de sa doctrine et en particulier la puissance oratoire de son éloquence, empreinte de tant d'autorité et de majesté. »

(1) M. le vicaire général Caussanel, prêtre de la Mission.

C'était assez d'un tel hommage pour défendre Bossuet de calomnies, hélas! que quelques membres du clergé ne lui ont pas moins prodiguées que les libres penseurs. Et pourtant, notre grand Pape a voulu faire davantage pour votre illustre évêque, dont la gloire est « une des religions » de cette France qu'aime tant Léon XIII. Dans sa Lettre du 8 septembre 1899, aux archevêques, évêques et au clergé de France (Depuis le jour), où, après avoir dit sa « sollicitude et son affection toute particulière » pour la France et fait l'éloge de son clergé, il trace avec tant de magistrale sûreté le programme des études à faire dans les petits et les grands séminaires, pour conserver à ce clergé la science et les vertus qui ont fait sa gloire dans le passé, et donne comme modèles parfaits de l'éducation conforme « aux méthodes traditionnelles »> «< ces hommes éminents dont l'Église de France est fière à si juste titre, les Petau, les Thomassin, les Mabillon et tant d'autres, sans parler de votre Bossuet, appelé l'Aigle de Meaux, parce que, soit par l'élévation des pensées, soit par la noblesse du langage, son génie plane dans les plus sublimes régions de la science et de l'éloquence chrétienne. Or, c'est l'étude des belles lettres qui a puissamment aidé ces hommes à devenir de très vaillants et utiles ouvriers au service de l'Église, et les a rendus capables de composer des ouvrages vraiment dignes de passer à la postérité, et qui contribuent encore de nos jours à la défense et à la diffusion de la vérité révélée ».

Eh bien, Messieurs, il s'agit de faire voir que jamais éloge plus solennel ne fut mieux mérité : Bossuet a réalisé à l'avance le programme tracé par Léon XIII pour l'étude du latin et du grec, de la philosophie et des sciences naturelles et physiques, de la théologie et de l'Écriture sainte, de l'histoire de l'Église et du droit canon. Bien plus, les œuvres du grand évêque de Meaux, dont l'ensemble est trop peu connu, comme s'en plaignait naguère avec raison un protestant, M. Paul Stapfer, dans son livre si finement critiqué, d'ailleurs, par M. Faguet, Bossuet, Adolphe Monod, 1898, contiennent presque toute la science ecclésiastique et religieuse, présentée en un incomparable langage et telle que la rêve pour nous le génie d'un Pape cordialement dévoué à la France.

II

D'abord, pour le latin, qui ne sait que Bossuet l'apprit comme sa langue maternelle, soit à Dijon, au collège des Godrans, sous la direction des Jésuites, ses maîtres vénérés, dont le Ratio studiorum rendait obligatoire pour toutes les classes, les classes de grammaire aussi bien que les classes d'humanités et de rhétorique, l'usage de la langue latine; soit au collège de Navarre, où, pendant près de dix ans, de la fin d'octobre 1642 à avril-mai 1652, le jeune chanoine de Metz se perfectionna dans l'habitude de parler le latin, employé exclusivement pour la philosophie, la théologie, l'Écriture sainte et le droit canon. En 1643, le succès de sa thèse de philosophie fut tel, au dire de Le Dieu, « que l'Université, alors en différend avec les Jésuites, les défiait dans ses écrits publics de produire dans leurs collèges de jeunes philosophes de cette force ». Inutile de rappeler la soutenance de la Tenlative de théologie, de Deo trino et uno et de Angelis, si forte et si brillante, le 24 janvier 1648, que le grand Condé, auquel elle avait été dédiée et qui, lui aussi, parlait très bien le latin, éprouva le désir d'argumenter contre l'éloquent candidat. Son discours de paranymphe en 1648 (?): Deum timete, regem honorificate, fut également <«< une action célèbre », comme parle Le Dieu.

En 1651, Bossuet put plaider dans la langue de Cicéron devant le Parlement de Paris et soutenir la validité de sa Sorbonique, interrompue et attaquée par les Messieurs de Sorbonne, il le fit avec tant d'éclat que les juges, «< charmés de son éloquence et convaincus de son habileté par leur propre expérience, lui furent favorables; Omer Talon, avocat général, conclut aussi en sa faveur », et « le grand Mathieu Molé, premier président et depuis garde des sceaux..., fit son éloge en prononçant l'arrêt » par lequel il lui donna gain de cause, tout en condamnant les docteurs de Navarre, déboutés de leurs prétentions contre la Sorbonne.

<< Dieux, quelle sera la grandeur de ce jeune homme? » Hic juvenis, numina, quantus eril?

s'écriait ravi un professeur de rhétorique de la capitale, Mar

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