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Fénelon et La Bruyère, qu'ils abusaient du droit de faire des portraits et que la prédication devait être avant tout « évangélique », comme l'avait toujours été celle de Bos

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Cela est si vrai que le P. de La Rue disait, le 23 juillet 1704, après avoir loué le fruit des prédications du doyen de Metz, plus grand encore que leur éclat : « M. Bossuet excella dans toutes les parties de l'orateur: il fut sublime dans l'éloge, touchant dans la morale, solide et précis dans l'instruction, insinuant dans la persuasion, juste et noble partout dans l'expression. » Le 2 août, à l'Académie, l'abbé de Polignac disait que Bossuet «< parut dans la chaire de l'Évangile comme un Chrysostome ». L'abbé de Clérembault le félicita de « ses succès si grands qu'en peu de temps il avait obscurci la plupart de ses égaux ». « M. Bossuet a été le premier prédicateur de son temps », pouvait écrire Joly, l'auteur d'une Histoire de la prédication en 1767, infligeant ainsi un démenti à tous ceux qui devaient prétendre que le XVII° siècle n'avait pas reconnu en Bossuet un prédicateur « hors de pair ».

M. Rébelliau n'est-il pas trop absolu dans son affirmation, lorsqu'il dit de Bossuet, devenu précepteur du Dauphin en 1670, que «< laissant de côté sermons, oraisons funèbres, théologie dogmatique, controverse, il se consacra sans réserve, dix années durant, à cette œuvre de faire un roi de France », où, comme l'écrivait alors un ministre de Louis XIV, <<< toute la chrétienté avait intérêt »? - Si Bossuet ne prêcha que trois fois de 1670 à 1680, s'il écrivait en 1672 (9 septembre) au maréchal de Bellefonds: « Je ne parle point ici; il faut donc bien que j'écrive, et que j'écrive, et que j'écrive. Hé! ne voilà-t-il pas un beau style pour un si grand prédicateur? Riez de ma simplicité et de mon enfance, qui cherche encore des jeux », il renonça si peu à la « théologie dogmatique » et à la controverse » que c'est en 1671 qu'il publia l'Exposition de la doctrine catholique sur les matières de controverse, composée « dès 1668 », peut-être dès 1665, non pas « en vue de l'instruction de Turenne, de Dangeau et du marquis de Lorges », p. 60-61, mais «< pour l'abbé de Dangeau, dit formellement l'abbé Le Dieu, p. 152, et de

puis communiquée au vicomte de Turenne ». Ce « livre d'or », comme l'appelaient MT de Furstemberg et Leibniz, occupa M. de Condom pendant dix années; car il fallut le traduire en plusieurs langues et obtenir l'approbation solennelle des cardinaux et du Pape. Ce fut l'une des affaires les plus importantes de la vie de Bossuet, et l'abbé Le Dieu ne consacre pas moins de douze pages, 152-164, de ses Mémoires, à raconter l'histoire de (( ce petit livre très célèbre », des raisons qui poussèrent M. de Condom à le publier, du succès et des conversions qu'il obtint, des versions qui en furent faites et de l'éclatant hommage que lui rendit, après le Pape, l'Assemblée de 1682. « On ne saurait dire, ajoute Le Dieu, combien de personnes de toute condition, éclairées par cette simple exposition de la doctrine catholique, sont venues de tout le royaume se faire instruire par l'auteur, à la réputation de son livre. Combien le roi lui en a envoyées, des plus illustres par leur naissance, qui ont trouvé en lui la bonne foi et la probité que son livre leur promettait! Combien les évêques même des provinces les plus éloignées lui ont adressé de familles entières, qui s'en sont retournées consolées autant par l'efficace et par la douceur de sa parole que par l'onction de sa piété! Des ministres même, célèbres par leur esprit et par leur érudition, gagnés par la simplicité et par la candeur avec laquelle la vérité leur est ainsi proposée, toute nue, sont venus de Languedoc, de Dauphiné et de Poitou, achever de se convaincre par ses discours et faire ensuite entre ses mains leur réconciliation. » L'abbé Le Dieu termine ce récit en donnant comme occupation de l'évêque de Condom à la cour « l'instruction des nouveaux catholiques, avec son travail ordinaire pour Monseigneur le Dauphin»: preuve évidente qu'il ne se consacra pas « sans réserve » à ce dernier travail.

De même que M. Rébelliau ne dit rien du séjour et des travaux de Bossuet à Saint-Thomas du Louvre, depuis 1659 jusqu'à 1670(1), de même il est muet sur le Petit Concile, qui, pendant le préceptorat du Dauphin, réunit autour de M. de Condom, à Paris, à Saint-Germain, à Versailles, dans l'Al

(1) Voir ma thèse Bossuet et les saints Pères, pp. 32-52.

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lée des Philosophes, des hommes éminents, Pères laïques, Pères ecclésiastiques, rabbins ou orientalistes, Fleury, Huet, Renaudot, Pellisson, La Bruyère, Caton de Court, le comte de Troisville, le maréchal de Bellefonds, d'Herbelot, Thoynard, les deux frères Weil, etc., qui s'occupaient à bien comprendre et à bien commenter les Livres saints. « Tous les amis du prélat, dit Le Dieu dans une Lettre du 5 mai 1696, lui avaient décerné le nom de Père grec. » Sans doute, il est très méritoire de raconter, mieux que personne ne l'a fait avant M. Rébelliau, les relations de Bossuet avec des physiciens et des naturalistes comme Guichard, Duverney, Romer, David Blondel; avec des érudits comme Lenain de Tillemont, Mabillon, Ruinart, Montfaucon, Doujat, Cordemoy, Thoynard, d'Herbelot; avec les habitués de « l'Académie Lamoignon », Charles Patin, Tavernier, Du Cange; avec les Bénédictins de Saint-Germain-des-Prés, Martène, Claude Devert, Michel Germain. Mais comme la Bible fut toujours la grande préoccupation de Bossuet, les réunions du Petit Concile eurent toujours à ses yeux plus d'intérêt et de charme que toutes ses autres relations.

M. Rébelliau dit du grand Dauphin. p. 76, « qu'admis aux conseils d'État, il n'allait jamais à ceux de finance ni de « dépêches », c'est-à-dire d'affaires étrangères ». - Non, le conseil des « dépêches » n'était pas celui des «< affaires étrangères, auquel le Dauphin assistait, « au moins dans les circonstances importantes », comme en 1700 : c'était un conseil où l'on s'occupait des « dépêches » des intendants et de l'administration intérieure.

Ce n'est pas en 1698, comme le dit M. Rébelliau, p. 177, que Bossuet «< soutient une longue correspondance... avec l'intendant Lamoignon de Basville et les évêques du midi de la France », au sujet des protestants qu'il ne veut pas forcer à aller à la messe. C'est en 1700 et 1701, comme en font foi toutes les Lettres échangées à ce propos entre Bossuet et ses correspondants du Midi.

M. Rébelliau se trompe encore, quand il dit de Bossuet, p. 177: « En 4699, il reprend, à la prière de Leibniz, la négociation, à laquelle il s'était déjà mêlé de 1691 à 1693, d'une

rentrée des Luthériens dans l'Église romaine et il la poursuit deux années. »

D'abord, cette négociation, avait duré de 1691 à 1694-95, ainsi que l'établissent des Lettres de Leibniz à Mme Brinon et de celle-ci à Bossuet. Puis, ce n'est pas en 1699, mais le 9 janvier 1700, qu'il « reprend ses projets de réunion, « à la prière de Leibniz », sans doute, mais plutôt sur les instances du duc de Brunswick. Enfin, il ne « poursuit » pas cette négociation avec Leibniz pendant « deux années »>, mais pendant dix-neuf mois seulement, de janvier 1700 au mois d'août 1701. Il reprend la question en 1702, à la demande du Pape Clément XI.

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D'après M. Rébelliau, p. 177, ce serait après l'Assemblée du clergé de 1700 que Bossuet aurait « réfuté et dénoncé à Rome les concessions du cardinal Sfondrata sur le péché originel et le salut des enfants morts sans baptême ». Or, c'est le 23 février 1697, que Bossuet avait écrit au Pape la Lettre en latin par laquelle les archevêques de Paris et de Reims, les évêques d'Arras, d'Amiens et de Meaux, dénonçaient le livre du cardinal Sfondrate: Nodus prædestinationis dissolutus.

«De 1700 à 1704, dit M. Rébelliau, p. 178, tout le temps, Bossuet est occupé des Jansénistes et de Richard Simon. >> C'est oublier ce que M. Rébelliau lui-même vient de dire : la négociation avec Leibniz pour la réunion des Luthériens en 1700 et 1701. C'est oublier encore la Première et la Seconde

Instruction pastorale sur les promesses de l'Eglise, publiées en 1700 et 1701 pour ramener les Protestants. C'est oublier aussi le De Excidio Babylonis, composé en 1701-1702 contre une thèse des Protestants de Bâle, Iselin et Verensfels. C'est oublier enfin l'Explication de la prophétie sur l'Enfantement de la Sainte Vierge et du Psaume XXI, « dictée » par Bossuet << de son lit >> contre les Sociniens et publiée avec trois Lettres contre Grotius en 1704.

Ne sont-ce pas encore des lacunes regrettables, dans le Bossuet de M. Rébelliau, que l'absence à peu près complète de détails sur la vie pastorale et épiscopale de M. de Meaux (1)?—

(1) Voir l'excellent livre Bossuet à Meaux, par M. Druon, docteur ès lettres. Paris, Lethielleux, 1900. In-12 de 264 pages.

Rien de sa prédication aux grandes fêtes, dans sa cathédrale; rien de ses sermons dans les missions; un mot seulement pour peindre l'évêque allant, l'Évangile en main, de paroisse en paroisse. Rien ou presque rien du « ministère de Bossuet à l'égard des protestants », sur lequel Le Dieu, Rochard et l'abbé Lebarq insistent avec tant de raison. Rien sur les rapports si édifiants de Bossuet avec son clergé, dans les synodes annuels, dans les visites pastorales (1), dans les missions. Rien ou presque rien sur Bossuet, directeur de conscience, sur son rôle auprès des religieuses de Meaux et du diocèse, pour lesquelles il a tant parlé et tant écrit de chefs-d'œuvre.

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La grande âme de l'évêque, du modèle des évêques, échappe ainsi à M. Rébelliau, qui n'avait pas mieux connu l'âme du prêtre, si zélé et si saint. Est-il donc étonnant que l'auteur de Bossuet en vienne à dire, p. 168. que le prélat « sentait plus vivement tous les jours à quel point la direction des événements lui échappait », et, p. 185, que « de tous les échecs et de toutes les déceptions que le mouvement des idées et les vicissitudes de l'histoire peuvent infliger à qui a le malheur de trop vivre, aucun ne lui était épargné? Eh quoi! est-ce un «< échec », une « déception », que l'honneur qu'il eut en 1698 de voir le Roi le charger de rédiger une Instruction aux intendants et aux évêques, sur la tolérance envers les protestants, Instruction confirmée le 1er novembre 1700? Est-ce un «< échec », une « déception » que le triomphe de Bossuet sur le Quiétisme en 1699? Est-ce un « échec », une « déception », que cette Assemblée de 1700, dont il fut l'âme et «< l'oracle »>, disent les historiens, « le docteur, l'esprit et le conseil ». dit Le Dieu, au point que l'archevêque de Reims, Le Tellier, l'appelait « Mon président » et qu'on le chargea du rapport sur le Quiétisme déjà condamné, du rapport sur les erreurs des Jansénistes et des Casuistes, qu'il fallait condamner? Est-ce un « échec », une «< déception », que l'honneur que lui faisait Clément XI, en 1702, de lui demander un Mémoire sur cette réunion des Églises, qui avait été le rêve de toute la vie du

(1) Voir dans la Revue Bossuet, janvier et avril 1900, etc., les Extraits des Procès-verbaux des visites pastorales faites par Bossuet.

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