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de Choiseul. Cosnac, auraient, pour plaire à Louis XIV, « signé l'Alcoran », au dire des pamphlets contemporains. « Vous savez tout ce que je fis alors pour empêcher qu'on n'allât plus loin», pouvait écrire Bossuet à son neveu le 9 décembre 1697.

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M. Rébelliau est bien dur pour le Sermon sur l'Unité de L'Église, qu'il ne se contente pas d'appeler avec Joseph de Maistre un tour de force», mais dont il dit que «< parfois, vraiment, on aurait peur d'être dupe des prestiges d'une rhétorique de diplomate. si l'on ne savait avec quelle sincérité foncière l'intelligence de Bossuet logeait ensemble les contradictions utiles ». Eh quoi! Bossuet, l'homme « des contradictions utiles! » Où sont-elles donc? Qu'on nous les montre.

M. Alfred Baudrillart, Bulletin critique, 1900, p. 590, s'élève à bon droit contre l'insistance avec laquelle M, Rébelliau veut voir en Bossuet des « inconséquences heureuses » et des «< contradictions utiles ».

Est-ce que Bossuet rappelle au Pape « par la bouche de saint Bernard, qu'il était, non pas le premier des évêques, mais l'un d'eux » ? Il dit formellement le contraire : « Vous pouvez tout; vous avez la plénitude de la puissance..., le droit de gouverner les évêques. » Sans doute. Bossuet n'affirme pas la vérité intégrale il soutient, non l'infaillibilité personnelle du Pape, mais l'indéfectibilité du Saint-Siège, distinction subtile et peu juste. Toutefois, il ne loue l'Église gallicane que dans son union avec le Saint-Siège, et il fait dire par Charlemagne à Louis XIV que, quand l'Eglise romaine imposerait un joug à peine supportable, il faudrait le souffrir plutôt que de rompre la communion avec elle. « Quelle erreur, quand des rois ont cru se rendre plus indépendants en se rendant maîtres de la religion! Dieu préserve nos rois très chrétiens de prétendre à l'empire des choses sacrées. » Le Sermon sur Unité de l'Eglise, imprimé par ordre de l'Assemblée du clergé, est un chef-d'œuvre d'érudition patriotique et d'éloquence inspirée, un hymne magnifique en l'honneur de la primauté du Pape. Aussi Bossuet pouvait-il écrire, le 10 novembre 1681, au docteur Dirois : « Je fis hier le sermon de l'Assemblée, et j'aurais prêché dans Rome ce que je dis, avec

autant de confiance que dans Paris : car je crois que la vérité se peut dire hautement partout, pourvu que la discrétion tempère le discours et que la charité l'anime. » Le 1er décembre de la même année, il racontait au cardinal d'Estrées, notre ambassadeur à Rome, comment il avait lu le Sermon sur l'Unité de l'Église à M. de Paris et à M. de Reims, deux jours avant que de le prononcer, et comment «< on demeura d'accord qu'il n'y avait rien à changer ». « Je le prononçai de mot à mot comme il avait été lu, ajoutait-il. On a souhaité depuis de le revoir en particulier avec plus de soin, afin d'aller en tout avec maturité. Il fut relu à MM. de Paris, de Reims, de Tournay, pour le premier ordre; et, pour le second, à M. l'abbé de Saint-Luc et à MM. Coquelin, chancelier de Notre-Dame, Coursier, théologal, et Eaure. On alla jusqu'à la chicane; et il passa tout d'une voix qu'on n'y changerait pas une syllabe.... Le roi a voulu voir le Sermon: Sa Majesté l'a lu tout entier avec beaucoup d'attention, et m'a fait l'honneur de me dire qu'elle en était très contente, et qu'il le fallait imprimer. L'Assemblée m'a ordonné de le faire et j'ai obéi. » Bossuet pousse le scrupule jusqu'à faire faire un carton pour corriger un passage où « l'on a mis en italique quelque chose qui ne doit pas être », afin que tout soit exact. Il explique ensuite au cardinal d'Estrées que, en parlant des libertés gallicanes, il s'est proposé «< deux choses: l'une, de le faire sans aucune diminution de la vraie grandeur du Saint-Siège; l'autre, de les expliquer de la manière que les entendent les évêques et non pas de la manière que les entendent les magistrats... Je n'ai pas mis une seule (parole) qu'avec des raisons particulières, et toujours, je vous l'assure devant Dieu, avec une intention très pure pour le Saint-Siège et pour la paix... J'ai parlé net; car il le faut partout, et surtout dans la chaire; mais j'ai parlé avec respect; et Dieu m'est témoin que ç'a été à bon dessein. Votre Eminence m'en croira bien; j'espère même que les choses le lui feront sentir; et que la bonté qu'elle aura de les pénétrer, lui donnera le moyen de fermer la bouche à ceux qui pourraient m'attaquer ». Pourquoi faut-il que de si belles paroles n'aient pas « fermé la bouche » aux critiques contemporains, qui parlent « des prestiges d'une rhétorique.

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de diplomate, et renouvellent ainsi « la chicane » dont Bǝssuet se plaignait, mais triomphait au XVIIe siècle?

N'est-il pas vrai, d'ailleurs, que son gallicanisme a été singulièrement ébranlé pendant la querelle du Quiétisme, où il appelle Rome «< la maitresse des Églises, magistram Ecclesiarum », pendant les démêlés avec Pontchartrain, qui voulait soumettre à la censure, en novembre 1702, les écrits des évêques et provoquait ce cri superbe de M. de Meaux : « J'y mettrais la tête! » enfin, pendant la lutte contre les jansénistes, auxquels il interdit d'en appeler du Pape au Concile? M. AlgarGriveau, dans son Étude sur la condamnation des Maximes des Saints, t. II, a soutenu que Bossuet n'était plus gallican vers la fin de sa vie en tout cas, non content de refondre complètement la Defensio Declarationis, il défendit expressément de publier même la troisième rédaction. Toutes les diatribes que cette publication a suscitées contre Bossuet portent donc à faux, puisqu'il a condamné lui-même ce qu'on condamne chez lui si sévèrement, alors qu'on est si indulgent pour des Pères qui se sont trompés, comme saint Irénée, Tertullien, Origène, saint Cyprien, saint Anselme, saint Thomas, saint Bernard et Fénelon, dont le Quiétisme n'avait pas, comme le Gallicanisme de Bossuet, l'excuse d'être admis par la majorité des théologiens français.

Puisque nous en sommes à l'assemblée de 1682, il nous faut relever ce que dit à ce sujet M. Rébelliau, en rappelant que dès lors, « la lutte contre les casuistes » occupait et intéressait le grand évêque : « Il voulait que le clergé proclamât de nouveau contre eux, dans la pénitence, la nécessité de la contrition et de l'amour de Dieu. » Les casuistes, comme l'Église catholique, ont toujours proclamé « la nécessité de la contrition ». Il n'y avait de controverse que sur «< l'amour de Dieu les jansénistes exigeaient à tort pour la justification « la charité dominante »; les attritionnaires se contentaient de la seule crainte de l'enfer; Bossuet, d'accord avec le Concile de Trente et tous les théologiens, voulait «< un amour commencé, amor incipiens», impliqué dans l'attrition.

Si M. Rébelliau était un peu plus catholique, il n'appellerait pas, p. 141, « dénoùment piteux » un acte de soumission à

Rome et au Pape, fait en 1693 par Bossuet et les évêques auxquels on avait jusque-là refusé leurs Bulles. Il ne dirait pas surtout que Bossuet affirmait «< contre le bon sens » qu'en proclamant, en 1682, les principes « fondamentaux » du Gallicanisme, les évêques n'avaient pas entendu promulguer « une décision de foi ». — Le bon sens catholique d'un enfant du catéchisme sait qu'un Concile œcuménique ou le Pape seul peuvent promulguer des « décisions de foi », chose qui dépasse absolument les droits de l'assemblée de 1682, qui n'était même pas un concile national.

On avouera que, dans tout ce qui précède, nous avons relevé chez M. Rébelliau tout autre chose que ce que la Revue Bossuet appelle, par un euphémisme trop bienveillant, un défaut de « justesse et de précision » théologique.

IV

La controverse du quiétisme attire naturellement l'attention de M. Rébelliau, qui lui consacre quinze pages, 162-176. Quel en fut l'objet véritable? Sur quoi portait le débat entre Bossuet et Fénelon? Vous le chercheriez en vain dans le Bossuet de la Collection des grands écrivains français. Il fallait pourtant dire que le quiétisme était la doctrine du prêtre espagnol Molinos, auteur de la Guide spirituelle, arrêté à Rome par l'Inquisition en 1685 et condamné à la prison perpétuelle pour avoir poussé au dernier degré d'immoralité les conséquences pratiques de son livre, dont 68 propositions furent condamnées par Innocent XI comme « hérétiques, erronées scandaleuses, blasphématoires ». Molinos et ses partisans, fort nombreux dans le royaume de Naples, faisaient consister l'état parfait du chrétien dans une oraison perpétuelle, passive, contemplative, où ils honoraient l'essence divine, sans songer ni à Jésus-Christ, ni à la Trinité, ni aux attributs adorables du Créateur. Sous prétexte de désintéressement et d'amour pur, ils ne demandaient pas même à Dieu de les sauver, et ils étaient contents d'être damnés éternellement, s'il le vou

lait. Ils supprimaient en même temps tout acte, toute prière, tout effort volontaire pour s'élever à Dieu, toute mortification, tout exercice des diverses vertus particulières, et déclaraient qu'un seul acte d'amour et d'abandon, produit une fois au commencement, suffit pour toute la vie. « Ama et fac quod vis aimez et faites ce que vous voudrez » : telle était la devise d'un système, qui, un acte de pur amour étant posé, permettait de ne plus penser à Dieu et de recevoir comme de lui toutes les tentations, toutes les sollicitations de sens et des passions, auxquelles on cédait comme à la volonté divine (1).

L'abbé de Rancé, qui s'y connaissait, devait écrire le 14 avril 1697 « En vérité, si les chimères de ces fanatiques avaient lieu, il faudrait fermer le livre des divines Écritures, laisser l'Évangile, quelque saintes et quelque nécessaires qu'en soient les pratiques, comme si elles ne nous étaient d'aucune utilité; il faudrait, dis-je, compter pour rien la vérité et la conduite de Jésus-Christ, tout adorable qu'il est, si les opinions de ces insensés, trouvaient quelque créance dans les esprits, et si l'autorité n'en était entièrement exterminée. Enfin, c'est une simplicité consommée, cachée sous des termes extraordinaires, des expressions affectées, sous des phrases toutes nouvelles, qui n'ont été imaginées que pour imposer aux âmes et pour les séduire. »

Un laïque aveugle, de Marseille, Malaval, ayant soutenu ces erreurs quiétistes, fut dénoncé et son livre, Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation, censuré par Rome. - Le P. La Combe, barnabite, vit son ouvrage, l'Analyse de l'oraison mentale, également condamné par l'Inquisition, le 4 septembre 1688, sous Innocent XI. — Mme Guyon, Jeanne Bouvier de la Motte, veuve à 28 ans, après un mariage malheureux, avait

(1) Le P. Chérot, dans le Quiétisme en Bourgogne et à Paris en 1698, in-8°, 1901, p. 13-14, résume ainsi le quiétisme du curé de Seurre, Robert: << Depuis la doctrine de l'abandon définitif et complet, jusqu'au dédain de la science théologique, l'inutilité des directeurs et de l'aveu en confession, en passant par l'état passif et l'indifférence, l'horreur des actes réflexes et des retours sur soi-même, l'interdiction de communiquer les conseils reçus et de s'ouvrir avec personne, presque toutes les maximes de la secte y sont exprimées assez nettement. »>

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