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Cas de conscience et ses signataires. « On sait, dit Le Dieu, Mémoires, p. 210, le succès de ses soins pour porter les docteurs à une rétractation, hors trois ou quatre, et la part qu'il eut à l'Ordonnance et censure de ce Cas faites par M. le cardinal de Noailles.» « Les jansénistes déclarés » et tous ceux qui sont attachés au parti en veulent tout le mal à M. de Meaux, qu'ils en croient le seul auteur, et ils ne se trompent pas... Les jansenistes enragent », dit encore Le Dieu, Journal, 21 et 24 juin 1703. Après avoir rapporté le formulaire sur la soumission intérieure et absolue aux décisions doctrinales de l'Église, que M. de Meaux sut imposer à M. Couet, grand vicaire de Rouen et l'un des 40 docteurs signataires du Cas, le secrétaire de Bossuet ajoute : << Pouvait-il parler avec plus de précision et de netteté, et d'une manière plus convenable à la conduite de toute sa vie?.. Cette affaire finie, il en eut une telle joie qu'il ne put s'empêcher d'en écrire à une dame du premier rang (Mme de Maintenon) qui y prenait intérêt... Le Bref du Pape contre le Cas ne lui donna pas moins de joie, et encore plus celui que Sa Sainteté a publié depuis contre le livre qui a pour titre : Veritable tradition de l'Eglise sur la prédestination et la grace. »> - Or, ce livre n'est-il pas du P. Quesnel, d'après le Causa Quesnelliana et l'auteur de l'Examen théologique (1)? Il arrive ainsi que le prétendu « apologiste du P. Quesnel » triomphe de la condamnation d'un de ses livres et meurt en réfutant le Jansénisme (2) et en « dictant un long mémoire (De l'Autorité des jugements ecclésiastiques) avec un recueil de toutes les preuves de la tradition sur cette affaire », c'est-à-dire sur << la soumission parfaite de jugement que l'on doit aux décisions de l'Église, même dans les faits dogmatiques >>.

Voilà le rôle de Bossuet dans les querelles du Jansénisme », et ce rôle éclatant ne laisse pas l'ombre d'un doute sur son anti-jansénisme dogmatique et moral et sur la sincérité de « ses premiers et de ses derniers sentiments en faveur des Constitutions apostoliques » (3).

(1) Dictionnaire des Jansenistes, Migne, p. 786.

(2) Voir le XIII livre de la Défense de la Tradition et des saints Pères. (3) Mémoires de Le Dieu, p. 81.

Oublier toute cette longue série de faits « d'une importance décisive pour déterminer le rôle de Bossuet », la passer complètement sous silence, comme le fait l'auteur de Bossuet apologiste du P. Quesnel, est-ce de la critique et de l'histoire impartiale, sereine et sincère?

Si encore la démonstration de « l'authenticité de la Justification des Réflexions morales » on a vu qu'il faut dire de

était une chose

l'Avertissement sur les Réflexions morales nouvelle, une découverte précieuse d'érudit et de chercheur, on comprendrait « l'importance » qu'y attache M. l'abbé Urbain.

Mais toutes les éditions complètes des Euvres de Bossuet donnent comme authentique et reproduisent intégralement l'Avertissement en question, sauf la mention qu'elles y ajoutent des aveux de Quesnel, dont ne parle pas M. Urbain. Le coryphée du Jansénisme raconte ingénument qu'il a pris soin d'y rectifier quelques passages fautifs, d'y en ajouter quelques autres hors du texte, pour fortifier les pensées de l'auteur ». N'y aurait-il pas lieu de s'arrêter sur cette confession, dépouillée d'artifice?

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Toutefois, l'authenticité de l'Avertissement, reconnue dès la première heure, en 1710, lorsque Quesnel eut publié à Lille, chez Brovellio, la Justification (voilà bien au moins un titre apocryphe) des Réflexions sur le Nouveau Testament, imprimées de l'autorité de Mer l'Evêque et Comte de Chalons et approuvées par Ms le Cardinal de Noailles, composée en 1699 contre le Problème ecclésiastique, etc., par feu Messire Jacques-Bénigne Bossuet, cette authenticité fit-elle accuser M. de Meaux par ceux qui le connaissaient bien de Jansénisme dogmatique et moral, ou du moins de « certaines affinités avec les jansénistes, provenant « d'un fond d'idées communes, les principes de la morale »?

Non, certes. Écoutez Mgr de Bissy, successeur de Bossuet à Meaux, très peu sympathique, d'ailleurs, à la mémoire du grand évêque. Il avait lu, grâce à Le Dieu, l'Avertissement manuscrit avec non moins d'attention que le théologal Treuvé et M. Le Brun, doyen de Tournai, qui parlaient de le faire imprimer : « Mais, dit l'évêque, ils n'oseraient, ces jansénistes,

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faire imprimer cet écrit, parce qu'il est contre eux et qu'il combat directement la plupart de leurs principes. Écoutez l'abbé Le Dieu, qui nous raconte ce qui précède dans un écrit de 1711 (1), publié par l'abbé Guettée, Mémoires, p. 252: il y soutient également qu'en 1709 il communiqua au théologal Treuvé « cet Avertissement manuscrit (2) et lui dit : « Voici, monsieur, la bonne doctrine sur la grâce; l'écrit est court, mais il est plein de sens et d'une grande érudition. » Il vit aussitôt, par les titres des chapitres, de quoi il s'agissait et qu'en justifiant (3) le P. Quesnel dans les Réflexions morales, où il était accusé de Jansénisme, on (Bossuet) prenait occasion de combattre le Jansénisme en lui-même et d'établir les principes qui y sont le plus opposés : la grâce offerte à tous, les grâces suffisantes avec leurs véritables pouvoirs; le secours divin toujours présent aux fidèles, au milieu des plus grandes tentations; la saine doctrine au sujet de saint Pierre, laissé à lui-même sans secours dans la tentation, expliquée, et l'erreur opposée réfutée; M. Arnauld, quoique sans le nommer, blâmé en ce point, comme ayant abusé des passages des Pères et de saint Chrysostome, faute de ne point les avoir tous rapportés et ainsi du reste. »

Écoutez le docteur Gaillande, l'auteur des Éclaircissements sur quelques ouvrages de théologie, 1712, qui dit formellement: « Cet écrit (l'Avertissement de feu M. de Meaux, par lequel ils prétendent justifier les Réflexions morales), devrait les couvrir de confusion; car, après les preuves incontestables que les jansénistes ne pouvaient ignorer,... qui mettent hors d'atteinte la mémoire de ce savant évêque et qui nous font connaitre le jugement qu'il a porté des Réflexions morales, et l'écrit qu'il avait composé pour justifier ce livre, les jansénistes ne devraient point avoir la hardiesse de se couvrir de l'autorité de ce prélat et donner par là occasion de faire connaître leur mauvaise foi. » Il y a donc de la «< mauvaise

(1) Postérieur par conséquent à la publication de l'Avertissement. (2) Le Dieu, d'ailleurs, au dire de l'abbé de Saint-André, 7 nov. 1711, << traitait d'ignorants et de gens prévenus, tous ceux qui doutaient le moins du monde que l'ouvrage ne fût de M. de Meaux ».

(3) C'est Guettée qui souligne ce mot.

foi» à voir du Jansénisme dans l'Avertissement de Bossuet sur les Réflexions morales.

Écoutez encore Mer d'Yse de Saléon, évêque d'Agen, puis de Rodez, enfin archevêque de Vienne en 1746, et auteur des Trois Lettres éloquentes à Ms de Troyes sur les sentiments de M. Bossuet contre le Jansénisme, en 1737 : « Je ferai voir, dit-il, que l'ouvrage appelé par Quesnel Justification des Réflexions morales, est réellement une solide et exacte apologie de la Bulle Unigenitus. » Et quand il a longuement, vigoureusement prouvé cette assertion : « Si c'est là, conclut-il, justifier les Réflexions morales, daignez, Monseigneur, nous apprendre comment on doit parler, quand on veut les combattre?... Une pareille << Justification » paraîtra à tout homme sensé une véritable censure. >>

Écoutons enfin les PP. Jésuites de Colonia et Patouillet (1), auteurs de la Bibliothèque Janséniste, 1722, et du Dictionnaire des livres jansénistes ou qui favorisent le Jansénisme : « Si nous mettons ici cet écrit (l'Avertissement sur les Réflexions morales) à la suite des livres jansénistes, ce n'est certainement pas que nous voulions accuser M. Bossuet de Jansénisme, lui qui a établi des principes si contraires à cette hérésie. Ce n'est pas non plus que nous doutions que cet écrit ne soit en effet l'ouvrage de ce grand évêque; la chose nous paraît incontestable. Nous voulons seulement que les lecteurs soient instruits des articles suivants :

1° Que M. Bossuet n'a pas publié cette pièce de son vivant; mais que ce sont les jansénistes qui l'ont fait imprimer après sa mort;

2° Que jamais il ne l'a intitulée : « Justification des Réflexions sur le Nouveau Testament, et que ce titre a été imaginé par le parti. >>

(1) Le témoignage des Jésuites a d'autant plus de valeur que Le Dieu nous affirme, Journal, juin 1711, qu'ils avaient à se venger de Bossuet, qui, en 1700, avait fait condamner « la morale relâchée ». Le P. Daubenton, il est vrai, croyait que Bossuet n'était que « le prétendu auteur » de la Justification, qui, d'après lui, « ne répond que faiblement et légèrement à certaines propositions évidemment janséniennes ». Mais il écrit cela de Rome et à Fénelon, le 17 février 1712.

Il y est dit encore, à propos du livre de Quesnel, Vains efforts des Jésuites contre la Justification des Réflexions, etc.: « L'occasion de cet ouvrage est la prétendue Justification des Réflexions morales, écrit de M. Bossuet, évêque de Meaux, que les jansénistes n'ont produit qu'après sa mort. Sur quoi il faut observer : 1° que ce prélat avait dit en toute occasion que le livre de Quesnel était pétri du plus pur Jansénisme; 2o qu'on a encore entre les mains des lettres où il le lui reprochait à lui-même; 3° que dans son écrit il ne justifie le livre de Quesnel qu'à condition qu'il sera corrigé et rectifié par six vingts cartons au moins, condamnation encore plus forte que celle qui est portée par la Bulle, où l'on n'a spécifié en détail que 101 propositions; 4° qu'il avait composé un Avertissement pour expliquer le sens catholique que devaient avoir les autres points qui lui faisaient peine et qu'il n'avait pu comprendre dans les 120 cartons; 5° qu'enfin convaincu de la mauvaise foi des jansénistes, qui n'avaient point mis les cartons et les corrections qu'il avait jugés nécessaires, il condamna son écrit à ne paraitre jamais au jour ».

Voilà donc le témoignage de Mar de Bissy, de Le Dieu, du docteur Gaillande, de Mar de Saléon, des PP. Jésuites de Colonia et Patouillet, qui, il y aura bientôt deux siècles, regardaient comme «< incontestable » l'authenticité de l'Avertissement de Bossuet sur les Réflexions morales, et auxquels cette authenticité paraissait si peu «< avoir une importance décisive pour déterminer le rôle de Bossuet dans les querelles du Jansénisme» et pour établir ses «< affinités », son « fonds d'idées communes » avec les jansénistes, qu'ils en concluaient tous, au contraire, que M. de Meaux était anti-janséniste même dans cette œuvre.

Il a fallu que l'abbé Guettée, gallican, janséniste et mort pope russe, vint tirer à lui Bossuet, dire que ce prélat << trouvait le livre du P. Quesnel fort orthodoxe » et qu'il le « justifie du reproche de Jansénisme sur tous les points (1) ». Il a, d'ailleurs, eu «< sous les yeux » les deux copies dont M. Urbain n'a fait que constater à nouveau l'existence, de même

(1) Mémoires, p. 240-241. Pièces inédites.

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