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où consiste la véritable et rigoureuse notion du libre arbitre », et «< qu'en même temps on ne peut pas résister à Dieu, quand sa volonté se déclare »... « Et la raison radicale par où il arrive, selon saint Thomas, que cette nécessité ne nuit point au libre arbitre, c'est que l'efficace toute-puissante de la volonté de Dieu, qui opère que ce qu'il veut sera, opère aussi qu'il sera avec la modification qu'il y veut mettre, c'est-à-dire que ce qu'il veut du libre arbitre arrive contingemment et peut absolument ne point arriver. »><

C'est à ce propos que Bossuet affirme que « cette doctrine est connue et commune dans l'École, et que s'il faut les éviter (ces locutions de l'Écriture et des Pères), pour éviter le Jansénisme, le Jansénisme est partout» réponse anticipée à ceux qui, du thomisme de Bossuet, concluent à son Jansénisme. Le thomisme n'a jamais été, ne sera jamais condamné. Chose singulière M. l'abbé Urbain reproche à Bossuet d'avoir, parce qu'il est thomiste, « certaines affinités» avec le Jansénisme; Rohrbacher, au contraire, estime que Bossuet se trompe, parce qu'il n'est pas assez thomiste : « Il nous paraît évident, dit Rohrbacher, que Bossuet n'avait pas une idée nette de la nature et de la grâce, de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel; qu'il confondait l'un avec l'autre; qu'il ignorait ou méconnaissait la doctrine de saint Thomas sur ces matières, et que de là lui venait son secret penchant pour les jansenistes, quoiqu'il n'en fût pas. » (Histoire universelle de V'Eglise, x1). Il faudrait pourtant bien que les adversaires de Bossuet se missent d'accord entre eux : car il ne peut être à la fois trop thomiste et pas assez thomiste, pour pencher dans les deux cas vers le Jansénisme.

La troisième des cinq propositions jansénistes nie le libre arbitre dans l'état de nature tombée; et, de ce chef, il y a six propositions condamnées par la Bulle Unigenitus (38, 39, 40, 41, 42, 43) dans les Réflexions morales de Quesnel. Or. Bossuet, qui avait composé tout un Traité du libre arbitre, montre dans l'Avertissement, § III, que, par la liberté de l'homme,<«< la volonté de nous guérir, l'opération de Dieu en nous, une voix qui nous parle au cœur, comme à saint Paul, (est) indignement rejetée, repoussée, rendue inutile », et que

«< l'aveuglement, l'endurcissement (qui) suit ce mépris en est la peine et présuppose le crime d'une résistance parfaitement libre ».

La quatrième des erreurs jansénistes, c'est que les semipélagiens étaient hérétiques en admettant la nécessité d'une gráce prévenante intérieure pour tous les actes, même pour le commencement de la foi, et d'une grâce telle que la volonté humaine pouvait lui résister ou lui obéir de ce chef, il y a plusieurs propositions condamnées dans Quesnel, de 20 à 30 en particulier. Or, Bossuet établit invinciblement, § vi et ailleurs, qu'on ne peut rien faire de méritoire pour le salut sans la grâce, que chacun peut lui résister et qu'il faut apprendre à captiver notre intelligence, pour confesser ces deux grâces, dont l'une laisse la volonté sans excuse devant Dieu, et l'autre ne lui permet pas de se glorifier en elle-même, puisque « tout don parfait descend de Dieu, le Père des lumières ».

La cinquième erreur jansénienne, c'est que le Christ n'est pas mort, n'a pas répandu son sang pour tous les hommes, mais pour les seuls élus de ce chef, les propositions 30, 31, 32 et 33, de Quesnel, sont condamnées par la Bulle Unigenitus.

Or, Bossuet a tout un paragraphe, le xvio, « sur la volonté de sauver tous les hommes : 1o Volonté générale du salut de tous les hommes; 2° Volonté spéciale pour les fidèles, volonté très spéciale pour les élus, etc. (1).

A ce propos, qu'on nous permette de demander à M. l'abbé Urbain qu'il renonce une fois pour toutes à la prétention qu'il affiche depuis longtemps de concilier ces deux affirmations inconciliables d'un côté, « Bossuet apologiste du P. Quesnel » et « de l'Évangile du nouveau Jansénisme »; et, de l'autre, Bossuet qui « n'était pas Janséniste en ce qui regarde

(1)« Il faut reconnaitre, dit-il, la volonté de sauver tous les hommes justifiés, comme expressément définie par l'Église catholique,... le Concile de Trente,... la constitution d'Innocent X... Il n'y a bien assurément aucun des fidèles qui ne doive croire avec une ferme foi que Dieu le veut sauver, et que Jésus-Christ a versé tout son sang pour son salut. C'est la foi... d'Innocent X,.. de l'ancienne Tradition,... de saint Cyprien,... de saint Augustin, que Jésus-Christ a donné son sang pour rendre le Paradis... à cette partie de sa famille qui est damnée avec Satan et avec ses anges. »

AUTOUR DE BOSSUET. — T. II.

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le dogme, puisqu'il n'a cessé de combattre ceux qui soutenaient les Cinq propositions ». Le P. Quesnel les soutenait si bien qu'elles constituent la trame des Réflexions morales, condamnées principalement à cause de ces cinq erreurs essentielles à tout Jansénisme dogmatique ou moral. Si donc Bossuet «< n'a cessé de les combattre », comment a-t-il pu être leur «<<< apologiste » à propos de Quesnel? Et s'il a été leur «< apologiste », en faisant « l'apologie de l'Évangile du nouveau Jansénisme », comment n'a-t-il pas «< cessé de combattre ceux qui soutenaient les Cinq propositions? » La contradiction est flagrante, et il faut dire avec Pascal : « Contradiction, mauvaise marque de vérité ».

En dehors des Cinq fameuses propositions, qu'il ressuscite sous une forme captieuse, Quesnel a des erreurs plus à lui. Ainsi, par exemple, les propositions 34, 35, 36 et 37 renouvellent le pélagianisme pour l'état de nature entière. Or, Bossuet, on l'a vu, redresse cette erreur au § xxiv, en s'étonnant qu'elle ait échappé dans les éditions précédentes des Reflexions morales.

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Ainsi encore, Quesnel soutient, propositions 44 à 67, qu'il n'y a que deux amours, la Charité divine, d'où naissent nos << actes bons », et la cupidité terrestre, d'où viennent nos actes mauvais. Or, Bossuet, ainsi que le dit Mgr de Saléon, ne compte-t-il pas parmi les « erreurs » de M. de Cambrai, cette proposition: «< Tout ce qui ne vient pas du principe de la charité, comme l'enseigne saint Augustin, vient de la cupidité? » Ne s'est-il pas attaché, dans ses ouvrages contre cet évêque, à montrer un amour bon, saint et innocent, qui ne soit point amour de charité? » Que s'il n'en parle point dans l'Avertissement sur les Réflexions morales, « c'est que la proposition 24 était de celles qu'il exigeait qu'on ôtât du livre des Réflexions: c'était particulièrement pour elle qu'il destinait un des 120 cartons qu'il avait demandés ». Comme nous n'avons plus ce carton, il faut en conclure que la liste qui reste à la Bibliothèque nationale et qu'a publiée Guettée est tout à fait incomplète. D'ailleurs, la pensée de Bossuet ne saurait être douteuse au lieu que, d'après Quesnel, les païens et les philosophes, qui n'avaient point de charité, étaient obligés de

pécher dans toutes leurs actions, Bossuet reconnaît que leurs bonnes actions, inutiles pour le salut, n'étaient ni des péchés, ni des crimes; mais le résultat de « vertus humaines », de << vertus morales », qu'on ne saurait appeler coupables.

Quesnel soutenait encore (proposition 57) « que la crainte servile ne se représente Dieu que comme un maître dur, impérieux, injuste, intraitable; que la crainte des peines, qui est séparée de la charité, ne saurait être un bon mouvement, un mouvement du Saint-Esprit et de sa grâce, et que celui qui ne s'abstient du péché que par crainte de la peine, le commet dans son cœur » (propositions 60, 61, 62). — ́ Eh bien, Bossuet écrit formellement : « La terreur des jugements de Dieu est salutaire et bonne, puisque c'est, dit le Concile de Trente, un don de Dieu et une impression du Saint-Esprit. »

Quesnel et les appelants de la Bulle Unigenitus prétendaient (proposition 53) « que la charité seule, au sens chrétien, fait les actions chrétiennes par rapport à Dieu et à Jésus-Christ » et que les actes de foi, d'espérance et des autres vertus, s'ils ne sont animés du mouvement de la charité, sont autant d'actes criminels émanant de la cupidité : il ne faut voir en eux « qu'hypocrisie ou fausse justice ». Or, Bossuet corrige ces erreurs, qui « ôteraient le nom de vertu »> aux vertus chrétiennes, aux vertus théologales elles-mêmes. «< Qui peut penser, dit-il, qu'un acte de foi ou d'espérance,... que le SaintEsprit met dans les pécheurs pour commencer leur conversion,... puisse être appelé péché par un chrétien, sous prétexte que ces actes ne sont pas encore véritablement rapportés à la charité? Il suffit que le Saint-Esprit les y rapporte. »>

On pourrait continuer cet examen comparatif de la doctrine de Quesnel condamnée en 1713 et de la doctrine tout à fait orthodoxe du grand évêque de Meaux. Mais à quoi bon? Il ressort clairement de ce qui précède que Le Dieu interprétait parfaitement la pensée de son maître, quand il disait que le prélat avait << pris occasion des Réflexions morales et de l'Avertissement composé sur elles, pour combattre le Jansénisme en lui-même et pour établir les principes qui lui sont le plus opposés ».

Aussi, n'est-ce pas sans étonnement qu'on lit dans la Revue du clergé français, page 390, que, « s'il n'y avait pas eu, même au point de vue du dogme, certaines affinités entre Bossuet et le Jansénisme, l'évêque de Meaux eût été moins indulgent ou plus clairvoyant sur le compte des Réflexions morales, et ne se serait point laissé aller à y justifier expressément des propositions condamnées dans la suite par la Bulle Unigenitus ». Là-dessus, la note suivante : « Sur ces propositions, voir M. l'abbé Ingold, Bossuet et le Jansenisme, 1897, in-8°, p. 82 à 85 ».

Eh bien, M. l'abbé Ingold venge Bossuet de tout soupçon de Jansénisme, et il commence, dès la page 79 et non pas 82 seulement, à montrer d'abord, comme nous, que « le désir de soutenir son ami, l'archevêque de Paris, contre le livre séditieux du Problème, portait Bossuet à chercher et à donner un sens orthodoxe aux passages qu'il en jugeait susceptibles »>; puis, que Fénelon lui-même et son ami de Langeron, que personne ne soupçonne de Jansénisme, « ne croyaient pas qu'on pût convenablement condamner certaines propositions de Quesnel, susceptibles d'être entendues dans un bon sens et qui, cependant, ont été condamnées par la Bulle Unigenitus; enfin, que Bossuet ne justifie les propositions de Quesnel qu'en les rapprochant du sens catholique, en leur donnant une signification opposée à celle du Jansénisme, à celle même que Quesnel avait en vue.

En d'autres termes, l'évêque de Meaux, avocat de M. de Paris, le justifie du reproche de Jansénisme, en ôtant, autant que possible, le Jansénisme d'un livre qui en était « pétri »<, «< infecté ».

Qu'il n'y ait pas absolument réussi, c'est incontestable.

Mais on ne le voit nulle part « justifier expressément des propositions condamnées dans la suite par la Bulle Unigen itus ». M. l'abbé Ingold le prouve, et M. Urbain ne répond à aucun des arguments d'un homme qui déclarait récemment qu'«< il faut pervertir le sens naturel des mots pour accuser Bossuet de Jansénisme ». Ses arguments, d'ailleurs, peuvent être fortifiés. Ainsi, pour la proposition deuxième condamnée par la Bulle Unigenitus et que Bossuet aurait défendue,

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