lettrés et les artistes, Conrart et Chapelain; les PP. Rapin, Bouhours,
Bourdaloue, Dez, Gaillard, de la Rue, de la Chaise; La Bruyère,
Boileau et Racine; Mignard et Rigaud; M de Scudéry et Charles
Perrault, étaient les amis de Bossuet. Le diocèse de Meaux était
fier de son évêque et le lui témoigna au moment de ses funérailles.
- Paris et la France pensaient comme Meaux, à propos du cardi-
nalat dont on parla pour Bossuet. Les plus illustres savants de
l'époque, dom Mabillon, dom Ruinart, dom Martène, dom Lami,
les abbés Renaudot, Fleury, Nicaise, Jacob Spon, Nicole, le P. Mau-
duit, Regnier des Marais; les docteurs Dirois, Pirot, Pastel, Bour-
ret, Bertin, Langlois, de Launoy, Hermant, avaient pour Bossuet
l'estime la plus profonde......
III. L'Église de France le révérait comme « son oracle »,
l'ami de saint Vincent de Paul et de l'abbé de Rancé, de dom Inno-
cent le Masson, prieur de la Grande Chartreuse, qui le félicitaient
de sa lutte contre le Quiétisme, comme les PP. de Latenai, Candide,
Champy, Séraphin, Augustin, Estiennot, Roslet, Prinslet, Cambo-
las, Colombet, MM. de Mauleuvrier et Tronson, M. Brisacier et le
P. de la Chaise...
Le clergé séculier, chapitre de Metz, prêtres de Meaux, abbés Fleury,
de Langeron, Fénelon, avant la querelle que l'on sait et où il avait
tout l'épiscopat contre lui, M. Morel, Mgr de Valdérie de l'Escure,
Mer de Péréfixe, Mgr de Harlay, le cardinal de Noailles, NN. SS.
Caillebot de La Salle, de Sève, de Brou, de Coislin, de Bissy, Le
Tellier, de Colbert, de Nesmond, Godet des Marais, Le Pelletier,
de Bonzy, de Pradel, Chevalier de Saulx, de Percin de Mont-
gaillard, de Rotundis de Biscaras, Fléchier, de La Broue, le Camus,
voyaient en Bossuet « l'oracle des évêques
L'Europe, comme la France, l'admirait : l'Université de Lou- vain en Belgique, l'évêque de Castorie en Hollande, l'Angleterre, l'Écosse, l'Allemagne avec le duc de Brunswick, Mar de Furstem- berg, l'abbé Molanus, Leibniz, l'Espagne, les cours de Turin, de Modène, le grand-duc de Toscane, les PP. Campioni, Massoulié, Cloche, les cardinaux Cibo, Noris, de Aguirre, Spada, Albani, Al- tieri, Nerli, Barberini, Carpegno, Casanate, Colloredo, Censi, Fer- rari, Ottoboni, Panciatici, Sacripanti, Delphini, vénéraient M. de Meaux; et Innocent XI, Innocent XII, Clément XI lui adressaient des éloges dont Léon XIII s'est fait l'écho...
Les œuvres historiques de Bossuet sont les plus méconnues, malgré le cas qu'en faisaient La Bruyère, Mabillon, Charles Perrault, le
Journal des savants et les protestants. Il faut les envisager
dans leur ensemble, pour en dégager la physionomie de Bossuet
historien.....
Le Discours sur l'histoire universelle et l'Histoire des Varia-
tions ont été attaqués par Voltaire, Paul Albert, Victor Hugo, de
Rémusat, Scherer, Renan, M. Jules Lemaitre, M. Hémon, et défen-
dus par Nisard, M. Rébelliau et M. Brunetière. Il n'y a qu'à étu-
dier la méthode historique de Bossuet et la valeur des œuvres
qu'elle a produites....
II. — Très bien préparé à écrire l'histoire par l'enseignement qu'il
avait reçu à Navarre, Bossuet débuta par la Réfutation du Caté-
chisme de Paul Ferri, pleine d'une remarquable exactitude.
Paris, il fut lié avec tous les érudits, historiens, philologues, épi-
graphistes, archéologues, membres de l'académie Lamoignon, du
« Petit Concile », amis de l'abbé Nicaise, bénédictins, éditeurs des
classiques du Dauphin, dont il devait suivre les traces. - Dans sa
Lettre au Pape Innocent XI, il indique sa méthode : grande exac-
titude, soin de remonter aux sources, art de mettre en relief les
mœurs, les lois, les grands changements et le secret des conseils.
Il était donc capable de faire œuvre « d'érudit et de savant »..
L'Histoire de France du Dauphin est écrite d'après les textes ori- ginaux et a le mérite d'une innovation de premier ordre la pein- ture des institutions et de la vie nationale, l'art de distinguer, << d'individualiser les époques », qui paraît surtout dans les Em- pires....
L'idée première du Discours sur l'Histoire universelle ne vient ni de Pascal ni de Du Guet. Elle est dans les premiers sermons de Bossuet, dans saint Augustin, Salvien, Balzac : Bossuet l'a dé- veloppée en grand théologien, en grand orateur et en grand historien. -S'il y a des imperfections, elles tiennent à la science historique du XVIIe siècle. Si Bossuet rapporte tout à Jésus-Christ, c'est que son avènement est le centre de toutes les choses humaines. S'il croit que tout dépend de Dieu, il n'en croit pas moins au libre ar- bitre. Si les cadres où se meut l'humanité sont plus larges que ceux dont parle Bossuet, M. Brunetière établit avec Renan qu'il n'y a que les Juifs, les Grecs et les Romains qui méritent d'être étudiés. La valeur scientifique du Discours sur l'Histoire universelle est
aussi incontestable que sa valeur littéraire.....
L'Histoire des Variations a coûté à Bossuet quatre années en- viron de travail. - Il n'a pas eu de collaborateur, quoique ses amis
lui aient fourni des documents.
suffisait....
D'encyclopédique qu'elle était au xe siècle, la controverse entre les
catholiques et les protestants était devenue beaucoup plus restreinte
au XVIIe siècle, sous Richelieu, Mazarin et Louis XIV, et plutôt
historique que théologique. Perpétuité est marque de vérité,
variation signe d'erreur : voilà l'idée générale d'où est née l'Histoire
des Variations, plutôt que des Variations signalées par de la Bas-
tide dans l'Exposition de Bossuet.......
L'Histoire des Variations est une œuvre éminemment scientifique,
à cause de la sûreté des informations et des sources, toujours ci-
tées; à cause du choix des documents et du parti qu'en tire Bos-
suet, avec une pleine liberté de jugement; à cause de la nature
des renseignements qu'il demande à chaque auteur; à cause enfin
de l'esprit d'analyse et de la pénétration scrutatrice de M. de
Meaux.
L'Histoire des Variations est aussi une œuvre d'art, par le style et
les admirables portraits de Luther, de Calvin, de Zwingle, de Bucer,
d'Ecolampade, de Cranmer, d'Henri VIII et surtout de Mélanch-
thon......
M. Rébelliau a répondu aux reproches faits par les protestants au fond
et à la forme des Variations. - Il a lui-même tort de parler des
« airs de hauteur écrasante» de Bossuet, qui s'est surpassé lui-
même dans cette œuvre de science et d'art...
Dans les Oraisons funèbres, Bossuet ne peut pas, ne doit
pas dire « toute la vérité ». - Mais il ne jamais dit que la vérité :
« Nous ne donnons point de fausses louanges devant ces autels »>,
déclarait-il un jour, et il n'a manqué à cette parole ni pour la reine
d'Angleterre, ni pour la duchesse d'Orléans, ni pour la reine Marie-
Thérèse, ni pour la princesse Palatine, ni pour Le Tellier, ni pour
le grand Condé. Il a tout insinué délicatement, sans être ren-
seigné comme nos historiens. - Il a donné d'admirables tableaux
d'histoire et de magnifiques portraits.....
VIII. Bossuet fut donc un grand historien: supérieur à ses contem-
porains, Mézeray, Daniel, etc., il a devancé les vues de Fénelon,
dans sa Lettre à l'Académie. Il a été le créateur de la philosophie
de l'histoire, le continuateur des Thucydide et des Tacite, le véri-
table précurseur de nos grands historiens du XIXe siècle..
Le dernier historien de Bossuet.
Ce devait être M. Brunetière, ou M. Crouslé, ou l'abbé Lebarq. C'est M. Rébelliau, l'auteur de Bossuet historien du protestantisme. Son Bossuet, très loué par quelques journaux et revues, a, pour- tant, a quelque peu scandalisé » les esprits les plus distingués. Il
faut y relever des inexactitudes et des lacunes sur la vie, les œu-
vres et le caractère de Bossuet.....
On ne sait s'il avait quatorze ou quinze ans, quand il lut la Bible
dans le cabinet de son père, et non pas de son oncle. C'est son
talent plutôt que sa « laboriosité infatigable », qui frappa ses maîtres. 284
M. Rébelliau ne dit presque rien sur sa piété, ses longues études phi-
losophiques, théologiques, patristiques, bibliques, au collège des
Godrans, à Dijon, et au collège de Navarre, à Paris, où il fallait si-
gnaler ses brillants succès, surtout ses rapports avec saint Vincent
de Paul, au moment de son ordination sacerdotale et durant les
années qui suivirent 1652. — M. Rébelliau n'a pas su entrer dans cette
grande âme de prêtre, et c'est une lacune irréparable, d'où dérivent
bien des inexactitudes......
Ainsi, d'abord, il n'est pas vrai que Bossuet n'ait guère fréquenté que
saint Bernard parmi les docteurs scolastiques. - C'est saint Thomas
qu'il avait pris pour maître en tout, comme le plus fidèle disciple
de saint Augustin.....
Rapprocher la Méditation sur la brièveté de la vie, écrite en 1648
et non pas en 1649, de telle page pessimiste de Senancour est aussi
faux qu'irrespectueux...
Précepteur du Dauphin, Bossuet n'eut à « découvrir » ni les orateurs,
ni les historiens, ni les poètes grecs et latins, qu'il connaissait à
fond il n'y eut qu'un « renouveau de sa culture classique ».....
Bossuet ne fut pas à Metz « supérieur de communautés », mais d'une
seule communauté, pour laquelle il composa un Règlement. Sa
Refutation du Catéchisme de Paul Ferri est de 1655, et non pas
de 1654. Il aurait fallu parler des sermons prêchés à Dijon et à
Paris en 1656-57, mettre la chute de Fouquet en 1661 et non en
1663-64, reconnaître que Louis XIV avait été mieux élevé qu'on ne
l'a dit et laisser dans l'ombre ce que dit M. Rabbe, à propos de la
Compagnie du Saint-Sacrement....
Mieux valait donner un tableau des prédications de Bossuet à Paris
et constater que Bossuet orateur fut préféré à Mascaron, à Le Boux,
à Fromentières, à Bourdaloue, etc., comme l'attestent tant de pages
des journaux du temps, sans parler du choix de Bossuet comme
défenseur du Committimus en 1669, puis comme évêque et précep-
teur du Dauphin, à la grande joie du clergé de France, qui assistait
en corps à son sacre. L'Académie et les poètes du temps le félici-
taient de ses succès oratoires, en attendant qu'à Meaux on fût ravi
d'une éloquence, louée par le P. de La Rue, les abbés de Polignac,
de Clérembault et Joly.......
Bossuet, précepteur du Dauphin, ne renonça ni à « la théologie dog-
matique », ni à « la controverse », puisqu'il publiait en 1671 l'Ex-
position de la doctrine catholique, travaillait à instruire les pro-
testants et les nouveaux catholiques, et tenait les célèbres réunions
du Petit Concile, où il était le Père grec....
Le conseil des dépêches n'était pas celui des « affaires étrangères ». Ce n'est pas en 1698, mais en 1700-1701, que Bossuet fut en cor- respondance avec Lamoignon de Basville et les évêques du midi. La négociation avec Leibniz dura de 1691 à 1694-95 et non pas à
1693; elle fut reprise en 1700, et non pas en 1699. La Lettre sur
le cardinal Sfondrate est, non pas de 1700, mais de 1697. Après
l'Assemblée de 1700, Bossuet n'est point « occupé, tout le temps,
des Jansénistes et de Richard Simon »; il négocie avec Leibniz; il
écrit des Instructions et des livres contre les protestants.......
Pourquoi ne rien dire du ministère de Bossuet à Meaux, prédications,
visites pastorales, missions, direction des religieuses? - La grande
âme de l'évêque échappe à M. Rébelliau, qui parle « d'échecs et de
déceptions» pour Bossuet, alors qu'il avait ses plus beaux succès
en 1698, 1699, 1700, 1702, 1703, où il passait pour « l'oracle » du
clergé et un « Père de l'Église Il fallait retracer la mort si
édifiante du saint prélat, qui provoqua tant de regrets.................................
II. Pour «
comprendre Bossuet», on a besoin de vastes connais-
sances et d'une science ecclésiastique qui manque à M. Rébelliau.
Ses jugements sont loin de plaire à M. Brunetière, qui n'oublie pas
plus que moi « les conditions d'une œuvre d'art ». — « Un portrait »
doit être ressemblant; or, le Bossuet de M. Rébelliau n'est pas celui
de l'histoire...
Les écrits latins de Bossuet sont ou négligés, ou dénaturés.
a s'évertua pas dix ans » à composer la Defensio Declarationis. Sa dernière rédaction détruisait les précédentes. - M. Rébelliau n'en dit rien, pas plus que des Commentaires latins de Bossuet sur
l'Écriture...
Pourquoi ne pas étudier les Lettres de Bossuet, qui font tomber les
accusations portées contre lui et permettent d'établir l'excellence
de sa direction si libérale?.....
Pourquoi ne pas signaler ce que Bossuet orateur, exégéte, auteur ascé-
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