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qui l'embrasse de tout son cœur en l'appelant son fils (1) ». Où est donc Bossuet « la haine », imaginé par le sectaire' Victor Hugo?

Mais revenons à l'Édit du 22 octobre 1685. Aussitôt qu'il eut été rendu, Bossuet prescrivit, le 1er novembre 1685, « un jeûne pour le samedi, dit Rochard, afin que Dieu inspirât aux hérétiques de se convertir ». Il ordonna aussi des prières des Quarante-Heures.

Dès le surlendemain, 3 novembre, ayant dit la messe du Saint-Esprit, il fit, selon Rochard, « une charmante et belle allocution», dont le texte était : Rogate Dominum messis ut mittat operarios in messem suam (Matth., Ix, 38), et il eut, d'après le même témoin, « la consolation de voir plusieurs protestants convertis ». « Il était infatigable, ajoute le narrateur, et d'un zèle sans pareil. >> En cette circonstance, il avait parlé cinq quarts d'heure, « et chacun fut ravi de l'entendre ». Le 4 novembre, il ouvre une mission pour les «< frères errants » à Lizy.

Le 9 novembre, après une prière à haute voix devant le Saint-Sacrement exposé, il fait à Meaux un sermon sur ce texte Congregabuntur filii Juda et filii Israel pariter. (Osée, II.)

Le 8 décembre, en revenant de Paris, il prêche à Claye pour les protestants.

Le 16 décembre 1685, troisième dimanche de l'Avent, dans une homélie qui fut fort admirée, au dire de Rochard, lieute

(1) Voici cette Lettre si touchante et si belle :

Quelle nouvelle pour moi que celle de votre sortie hors de l'Église! Dieu m'a voulu humilier car, après ce que vous avez écrit dans votre dernier ouvrage, je croyais que vous deviendriez un des plus grands défenseurs de notre sainte croyance, et je vous en vois l'ennemi; mais j'espère que je ne serai pas frustré dans mon attente. Dieu a voulu vous humilier aussi bien que moi par votre chute, pour vous rendre à son Église plus docile, plus soumis et par là plus éclairé. Je vis dans cette espérance, et cependant, en quelque moment que Dieu vous touche le cœur, venez à moi sans rien craindre vous y trouverez un appui très sûr pour toutes choses, un ami, un frère, un père qui ne vous oubliera jamais et jamais ne cessera de vous rappeler à l'Église par les cris qu'il fera à Dieu. Je ne veux point disputer, et j'aime mieux finir en vous embrassant de tout mon cœur. Recevez, mon fils, » etc.

nant du chirurgien du roi dans la vicomté de Meaux, il expliqua «< ce que c'était du sacrifice de la messe et des cérémonies. Il combattit aussi cette objection souvent faite que l'Église se sert d'une langue inconnue. Il justifia la confession en commentant le Confiteor qui se dit à la messe... Les protestants, ajoute Rochard, étaient ravis de l'avoir vu en chaire et entendu ».

Le 19 décembre, il allait animer de sa présence et de sa parole la mission qui,se donnait à Nanteuil-les-Meaux, et il prêchait sur le Missus est Angelus Gabriel.

Il revint à Meaux le 21 décembre, jour de saint Thomas, et, quoique ce fût un vendredi, il y eut « à l'écouter, dit Rochard, autant de monde comme en une grande fête ».

Il << prêcha pour conforter les catholiques et pour animer et convertir les hérétiques ». Et Rochard, après avoir insisté sur l'excellence des raisons apportées par l'orateur, qui les tirait de l'Écriture, surtout du Nouveau Testament, qui était «son fort», et des saints Pères, qu'il possédait également bien, conclut en disant qu'il faisait « aux protestants des objections si fortes que personne ne pouvait plus douter de ce qu'il disait et prouvait ».

Le lendemain, 22 décembre, il recevait, dans la chapelle de l'évêché, l'abjuration d'une soixantaine de protestants des environs de Meaux, et « il leur fit, dit toujours Rochard, un discours très beau et très touchant sur leur réunion à l'Église ».

Le 23 décembre, quatrième dimanche de l'Avent, Bossuet << prêcha la controverse », en sa cathédrale, sur la sainte Eucharistie: « L'église, dit encore notre témoin, se trouva entièrement pleine, ainsi qu'à l'ordinaire lorsque ce prélat prêchait. >>

Le jour de Noël, nouveau sermon, « où il se trouva un nombre infini de personnes, ce qui donna beaucoup de consolation à M. notre évêque..... A la messe de minuit, tous les nouveaux convertis du Marché furent à Saint-Étienne sur le jubé et aux hautes stalles du chœur, et de là considéraient et admiraient les cérémonies ». (Rochard.)

Le 30 décembre, autre sermon à la cathédrale sur la présence réelle de Notre-Seigneur dans l'Eucharistie: Hoc est

corpus meum. « L'église était entièrement pleine, y ayant plus de 4.000 personnes de tout âge et de tout sexe, et même des dragons, entre autres un major » qui s'était converti avec une telle contrition qu'il avait tiré des larmes de tous les yeux, ' même de l'intendant.

Le 1er janvier 1686, Bossuet prêche encore sur la justification et les œuvres, à l'adresse des protestants, et, le soir, il confirme aux Ursulines trois converties.

Le 4 janvier, prédication nouvelle à Nanteuil-les-Meaux. Le 6 janvier, jour de l'Épiphanie, grand sermon à la cathédrale sur le culte intérieur et le culte extérieur, pour expliquer que l'adoration n'est due qu'à Dieu et qu'il ne faut qu'honorer et vénérer les anges et les saints. Il désabusait ainsi les nouveaux convertis de leurs anciens préjugés et il leur disait, ajoute Rochard, « beaucoup de belles choses qu'on ne se lassait pas d'entendre. On avait un extrême plaisir de l'entendre parler; car on l'aurait écouté une journée sans s'y ennuyer, tant il avait de facilité à prêcher ».

Le chirurgien annaliste laisse échapper ce mot étrange : « A la vérité, il prenait une très grande peine envers tous ces gens-là.»Bossuet était donc bon pour les huguenots jusqu'à scandaliser d'excellents catholiques!

Voilà les «< prouesses » de «< cet aigle », comme parle Victor Hugo.

Il y en a d'autres aussi belles. Bossuet ne voulait pas dans son diocèse de dragons, « de missionnaires bottés ». Il s'attira même à ce sujet les reproches de l'intendant, comme l'attestent l'abbé Le Dieu et M. Gaillardin, dans son Histoire du règne de Louis XIV (V, p. 116). La Correspondance des contrôleurs généraux, publiée par M. de Boislisle, nous montre clairement (I, nos 201, 253, 333, 394; II, nos 76, 93, 99, etc.) que les intendants se chargeaient habituellement de la recherche, de la punition et de la conversion des mal convertis, et que celui de la généralité de Paris, M. de Mesnards, ami de Bossuet, ravi de l'entendre parler, mais moins patient que lui (1), semble avoir joué le rôle « d'un surveillant, d'un es

(1) Le Dieu, Mémoires, p. 188.

AUTOUR DE BOSSUET. T. II.

pion » pour M. de Meaux. Il faut mettre sur le compte de cet agent trop zélé, comme l'a établi la Revue historique de 1884, la présence dans le diocèse de Meaux de quatre compagnies des dragons de la reine. Les garnisaires ayant paru chez M. et Mme de Séguier, qui avaient personnellement irrité Louis XIV, Bossuet, surpris et affligé d'une telle mesure, fit cesser ce commencement de persécution et obtint que M. et Mme de Séguier pussent résider à l'évêché, où ils se convertirent et abjurèrent entre les mains du prélat.

Preuve incontestable qu'il était « féroce »>! En voici une autre du même genre. « Entre les ministres et les réunis, dit Le Dieu (Mémoires, I, p. 199), qui se sont adressés à M. de Meaux et dont plusieurs ont été longtemps ou dans sa maison ou dans son séminaire, car il en avait toujours quelquesuns à sa suite, à Paris, à Meaux et à Germigny, deux ont paru plus distingués par leur esprit M. Saurin et M. Papin. Ils étaient aussi très estimés des protestants, à qui ils s'étaient fait connaitre dans de longs voyages d'Allemagne, de Hollande et d'ailleurs pour s'entretenir avec les plus honorables ministres. M. Saurin avait été ministre en Suisse et M. Papin prêtre de la religion anglicane. Des pays étrangers, ils s'adressèrent l'un et l'autre à M. de Meaux, qui leur procura des passeports pour rentrer dans le royaume. M. Papin et sa femme arrivèrent les premiers à Paris, firent leur abjuration entre les mains de M. de Meaux, le 15 de janvier 1690, à Paris, et M. Saurin à Germigny, le 15 de septembre suivant. Ils ont été longtemps auprès de ce prélat, en attendant des pensions et des établissements qu'il a obtenus pour eux. M. Saurin amena depuis, de Suisse, sa femme, qui y était restée, et elle fit aussi abjuration à Paris le 27 de mai 1691, et ils sont restés en grande correspondance avec M. de Meaux jusqu'à sa mort. »

Étranges « persécutés », qui deviennent les obligés et les amis de leur soi-disant «< persécuteur »>!

<«<Loin d'avoir souffert des tourments, pouvait écrire Bossuet le 24 mars 1686, dans sa Lettre aux nouveaux catholiques, aux protestants convertis de son diocèse, loin d'avoir souffert des tourments, vous n'en avez seulement pas entendu

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parler; aucun de vous n'a souffert de violence ni dans ses biens ni dans sa pers onne. Je ne vous dis rien que vous ne sachiez aussi bien que moi. Vous êtes revenus paisiblement à nous, vous le savez. » Le 26 mai 1686, il écrivait au Père Johnston, religieux anglais, au sujet de cette Lettre pastorale du 24 mars : « Ce que je dis de la réunion des protestants de mon diocèse est exactement vrai. Ni chez moi ni bien loin aux environs, on n'a pas seulement entendu parler de ce qu'on appelle tourments... Dans mon diocèse, il est vrai que tout s'est passé (c'est-à-dire la réunion en masse et officielle) sans aucun logement de gens de guerre et sans qu'aucun ait souffert de violence ni dans sa personne ni dans ses biens. » En face de cette double affirmation d'un prélat dont la franchise est reconnue de tout le monde, que valent les accusations vagues et injurieuses formulées de loin, en Hollande, par Jurieu, dans ses Lettres pastorales du 15 décembre 1685 et du 3 janvier 1686, reproduites dans les Réflexions sur la cruelle persécution, et reprises par Basnage dans son Histoire de la religion des Eglises réformées, postérieure de quatre ans, 1690? Bossuet protesté lui-même contre les accusations de Basnage, qui a dû reconnaître son erreur sur certains points; et l'abbé Le Dieu, qui habitait Meaux depuis 1684, oppose le démenti le plus péremptoire aux calomnies intéressées des protestants : « Quoique les ministres réfugiés en Hollande, écrivait-il en 1704 (Mémoires, p. 189), aient pu dire ici de la conduite de M. de Meaux, qu'il avait usé de violence, c'est un fait certain qu'il n'y eut aucune exécution militaire dans la ville, ni dans le diocèse de Meaux, hors dans une seule famille de noblesse, à la campagne, du nom de Séguier, dans la Brie. C'était un vieux gentilhomme avec sa femme, tous deux fort entêtés, chez qui M. l'intendant envoya dix ou douze soldats en garnison. Ils vinrent chez M. de Meaux et firent leur abjuration très librement. » Le Dieu affirme encore que « les protestants rebelles n'étaient pas moins connus (à Bossuet) que les nouveaux catholiques. Il les faisait venir aussi très souvent à Meaux même et dans les autres lieux de son diocèse, quand il y était en visite, et jamais aucun ne s'est plaint de ses rigueurs ».

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