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il ressort clairement de ses lettres, de ses confidences (voir en particulier sa lettre à Rancé et ses confidences à Fleury et à l'abbé Le Dieu), et surtout du fameux Sermon sur l'Unité de l'Église, qu'il appréhendait, dans cette convocation extraordinaire, de grands dangers pour l'Église. Il ne ressort pas moins clairement de la marche de l'Assemblée qu'il en a été tout au plus et par moments le modérateur, qu'il a été débordé par des meneurs rompus à l'intrigue, que plus d'une fois ses avis ont été méprisés, ses propositions raturées. » Il disait à l'archevêque de Reims : « Vous aurez la gloire (?) d'avoir terminé l'affaire de la régale; mais cette gloire sera obscurcie par ces propositions odieuses (les quatre Articles). » En somme, il empêcha « un schisme », et il pouvait écrire, le 9 décembre 1697 : « A l'égard de ce qu'on dit du clergé de France, vous savez quelle fut ma conduite dans l'Assemblée de 1681 et 1682, et ce que je fis pour empêcher qu'on n'allât plus loin. » Ici, M. Gérin, qui se pique de rectifier la citation inexacte faite par l'abbé Émery, laisse de côté tout le dernier membre de phrase: « qu'on n'allát plus loin ». Mauvaise foi, ou négligence coupable!

Quoi qu'il en soit, l'Assemblée de 1682 mit Bossuet en rapport avec un Lyonnais distingué. Était-ce l'archevêque Me de Neuville de Villeroy? Il semble que la place de ce prélat, qui portait un beau nom et jouissait d'une haute autorité, était marquée au premier rang dans une Assemblée du clergé de France. Eh bien, c'est l'honneur de ce grand archevêque et par là même de l'Église de Lyon, qu'il ait été écarté par la Cour et par Colbert, le véritable auteur, avec l'archevêque de Paris, de Harlay, de la Déclaration de 1682, comme Bossuet l'attestait à Le Dieu, le 17 janvier 1700. « L'Assemblée se tenant dans la primatie (de l'archevêque de Lyon), dit un manuscrit inédit, à la date du 3 avril 1682, il aurait fallu le faire. président au préjudice de M. de Paris (de Harlay, comme Pierre d'Espinac et Claude de Bellièvre, archevêques de Lyon, avaient présidé les Assemblées de 1579 et de 1606). Cela a été cause qu'il n'a pas été nommé. Il soutient que l'Assemblée ne peut avoir la force d'un Concile national, où tous les évêques sont convoqués. » L'archevêque de Lyon avait mille fois raison. Il

aurait même pu ajouter que les 37 archevêques et évêques de l'Assemblée de 1682 commettaient une faute grave, en voulant faire une déclaration solennelle de leur doctrine sur les limites d'un pouvoir établi au-dessus d'eux. Mais, si Mg de Neuville de Villeroy n'allait pas si loin, il était très indépendant vis-à-vis de la cour et aurait exercé dans l'Assemblée de 1682 une influence contraire aux volontés de Colbert et du roi. Saint-Simon a laissé sur M. de Lyon une page immortelle, qu'il fait bon relire aujourd'hui, où nos évêques, hélas! sont à la merci des préfets et des injustices arbitraires du Gouvernement. «< I (M. de Neuville) commandait à Lyon et dans tout ce gouvernement avec une autorité d'autrefois. Les intendants (les préfets de l'époque) souffraient impatiemment de n'y être rien, d'y faire peu de chose, et l'archevêque était en attention continuelle sur eux pour les contenir et ne leur rien passer. Ces dispositions réciproques en avaient fait rappeler beaucoup, à mesure qu'ils se brouillèrent avec l'archevêque. Le roi, las enfin d'en changer sans voir cesser les démêlés, envoya le duc de Villeroy, gouverneur de la province, à Lyon, avec tout pouvoir, et au même temps le chargea d'une liste entière du Conseil (1) pour la montrer à son oncle, afin qu'il y choisit qui bon lui semblerait, et qu'après cela au moins il vécût en repos. (Voyez-vous d'ici, Messieurs, le Président de la République ou le ministre de l'intérieur envoyant la liste des préfets à Son Eminence le cardinal et le chargeant de choisir le préfet du Rhône?) Le duc, depuis maréchal de Villeroy, partit tout bouffi d'une distinction si extraordinaire (2) et ne douta pas que son oncle ne s'en trouvât comblé; mais le petit bonhomme lui dit d'abord qu'il n'était qu'un sot, qu'il n'avait qu'à rempocher sa liste et dire au roi qu'il estimait tant tous ceux de son Conseil qu'il n'y pouvait choisir personne et que tous lui seraient également bons; puis ajouta qu'il ne serait pas la dupe d'en demander aucun, pour qu'on lui fermât la bouche sur ce choix, dès qu'il s'en voudrait plaindre:

(1) Il s'agit du Conseil d'Etat ou des parties, où l'on prenait les inten

dants.

(2) C'est lui dont le même Saint-Simon dit que « sa suffisance n'avait d'égale que son insuffisance ».

que c'était une porte qu'il ne se fermerait jamais et le moyen de les tenir de court ou de les faire ôter, et lui cependant de demeurer le maître. Il tint parole, et le demeura si bien qu'en aucun temps personne n'a été si maître que lui jusqu'à sa mort. >>

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On comprend qu'à la place d'un archevêque, très gênant pour le pouvoir et grand ami des jésuites, auxquels il légua sa bibliothèque de plus de 4.000 volumes, sauf la collection des Conciles, Colbert et de Harlay aient fait élire comme députés de la province de Lyon, à l'Assemblée de 1682, l'évêque de Langres, Armand de Simiane de Gordes, premier aumônier de la reine, « un vrai gentilhomme, dit Saint-Simon, et le meilleur homme du monde, » que «< tout le monde aimait et qu'on appelait volontiers « le bon Langres », mais qui « n'était pas fait pour être évêque », tant «< il jouait à toutes sortes de jeux et le plus gros jeu du monde »; et l'évêque d'Autun, Roquette, que Molière n'a pas caricaturé dans Tartufe, mais dont la Bruyère et Saint-Simon ont immortalisé les ridicules. « C'était, dit l'auteur des Mémoires, (un) homme de fort peu, qui avait attrapé l'évêché d'Autun, et qui, à la fin, ne pouvant mieux, gouvernait les États de Bourgogne à force de souplesses et de manège autour de M. le Prince. Il avait été de toutes les couleurs à Mme de Longueville, à M. le prince de Conti, son frère, au cardinal Mazarin... Tout lui était bon à espérer, à se fourrer, à se tortiller. » C'est lui, nous raconte Racine dans ses Fragments historiques, qui, montrant à Le Tellier, archevêque de Reims, un beau buffet d'argent et lui disant qu'il était pour les pauvres, s'attira cette réponse : « Vous auriez pu leur en épargner la façon. »

A côté des évêques d'Autun et de Langres, la province de Lyon avait envoyé à l'Assemblée de 1682 plusieurs ecclésiastiques comme députés du second ordre, entre autres le Lyonnais Claude de Saint-Georges, Chanoine Comte de Lyon à Saint-Jean, précenteur de l'Église et agent général du clergé de France -ce qui était alors un grand honneur et une haute situation. Claude de Saint-Geroges eut donc la joie d'entendre, le 9 novembre 1681, dans l'église des Grands Augustins, le sermon d'ouverture de l'Assemblée prononcé par M. de

Meaux, le Sermon sur l'unité de l'Église, que Rohrbacher appelle «< un sophisme », mais dont Bossuet pouvait écrire le 10 novembre au docteur Dirois : « J'aurais prêché dans Rome ce que je dis avec autant de confiance que dans Paris », et plus tard, en 1693, à Mme de Luynes : « De grands cardinaux m'ont écrit de Rome que le Pape avait lu et approuvé mon discours. » L'abbé Maury l'appelait avec raison «< un prodige d'érudition, d'éloquence, de sagesse et de génie » et Nisard << un chant et comme un hymne de triomphe ». Son Sermon fut publié par ordre de l'Assemblée en janvier 1682, après avoir été relu par une commission spéciale, composée des deux archevêques de Paris et de Reims, de l'évêque de Tournay et de quatre députés du second ordre : « L'on alla jusqu'à la chicane; mais il passa tout d'une voix qu'on n'y changerait pas une syllabe », ainsi que l'écrivait l'orateur au cardinal d'Estrées, le 1er décembre 1681. Tous les Lyonnais y purent admirer avec un légitime orgueil un passage fameux. Bossuet, parlant de « cette chaire romaine, tant célébrée par les Pères, où ils ont exalté comme à l'envi« la principauté de la chaire apostolique, la principauté principale, l'Église mère..., le chef de l'épiscopat d'où part le rayon du gouvernement », ajoutait : « Vous entendez dans ces mots saint Optat, saint Augustin, saint Cyprien, saint Irénée, saint Prosper, saint Avite, saint Théodoret, le concile de Chalcédoine et les autres; l'Afrique, les Gaules, la Grèce, l'Asie, l'Orient et l'Occident unis ensemble ». Il y a mieux encore, dans la deuxième partie du Sermon, où, à propos de l'Église gallicane, l'orateur s'écrie, après avoir constaté que le Seigneur avait excité << saint Pierre et ses successeurs à nous envoyer dès les premiers temps les évêques qui ont fondé nos églises » : « Il est vrai qu'il nous est venu d'Orient, et par le ministère de saint Polycarpe, une autre mission qui ne nous a pas été moins fructueuse. C'est de là que nous avons eu le vénérable vieillard saint Pothin, fondateur de la célèbre Église de Lyon, et encore le grand saint Irénée, successeur de son martyre aussi bien que de son siège; Irénée digne de son nom et véritablement pacifique, qui fut envoyé à Rome et au Pape saint Éleuthère de la part de l'Église gallicane; ambassadeur de la

paix, qui depuis la procura aux saintes Églises d'Asie, d'où il nous avait été envoyé; qui retint le Pape saint Victor, lorsqu'il les voulait retrancher de la communion, et qui, présidant au Concile des saints évêques des Gaules, dont il était réputé le Père, fit connaître à ce saint Pape qu'il ne fallait pas pousser toutes les affaires à l'extrémité, ni toujours user d'un droit rigoureux... Le même saint Irénée a prononcé cet oracle révéré de tous les siècles : « Quand nous exposons la tradition que la très grande, très ancienne et très célèbre Église romaine, fondée par les apôtres saint Pierre et saint Paul, a reçue des apôtres et qu'elle a conservée jusqu'à nous par la succession de ses évêques, nous confondons tous les hérétiques, parce que c'est avec cette Église que toutes les Églises et tous les fidèles qui sont par toute la terre doivent s'accorder à cause de sa principale et excellente principauté. » Après ce magnifique sermon, Claude de Saint-Georges fut encore témoin du rôle de conciliateur, de modérateur, que Bossuet joua dans l'Assemblée de 1682, lorsqu'il ne prit la plume des mains de l'évêque de Tournai, Monseigneur de Choiseul-Praslin, « que pour faire avorter, dit l'illustre abbé Émery, un projet de rédaction contraire au dogme de l'indéfectibilité de la foi dans le Saint-Siège, et dont l'approbation aurait pu être surprise à l'Assemblée; et par là il rendit à la religion et au clergé de France un service inappréciable ». La rédaction des quatre Articles faite par Bossuet ayant été acceptée, Claude de Saint-Georges la signa de son nom, accompagné de ces mots qu'on y voit encore : « Comes Lugdunensis, Comte de Lyon. >>

Rentré dans ses foyers, Claude de Saint-Georges ne dut-il pas, ainsi que l'abbé Jannon, l'abbé Tallemant, Jacob Spon et de Carcavi, le bibliothécaire du roi, parler avec une enthousiaste admiration d'un évêque comme M. de Meaux, avec lequel, nous le verrons, il resta lié jusqu'à la fin de sa vie?

IV

Bossuet était encore en relation avec les grands imprimeurs lyonnais Anisson. Des deux frères, Jean et Jacques,

AUTOUR DE BOSSUET. T. II.

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