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et

paroître un de ces exemples redoutables qui
étalent aux yeux du monde sa vanité toute
entière. Vous verrez dans une seule vie,
toutes les extremités des choses humaines :
la félicité sans bornes 'aussi bien que les mi-
sères; une longue et pénible jouissance d'une
des plus belles couronnes de l'univers.
Tout ce que peut donner de plus glorieux la
naissance et la grandeur accumulées sur une
tête qui ensuite est exposée à tous les ou-
trages de la fortune; la rébellion, long-
temps retenue, à la fin toute maîtresse; nul
frein à la licence; les lois abolies; la majesté
violée par
des attentats jusqu'alors inconnus;
un trône indignement renversé..... voilà les
enseignemens que Dieu donne aux rois. >>

Souvenir d'un grand siècle, d'une princesse infortunée, et d'une révolution mémorable, oh! combien la religion vous a rendus touchans et sublimes, en vous transmettant à la postérité!

CHAPITRE XI.

Funérailles du Guerrier, Convoi des Riches, Coutumes,

etc.

UNE noble simplicité présidoit aux obsèques du guerrier chrétien. Lorsqu'on croyoit encore à quelque chose, on aimoit à voir un aumônier dans une tente ouverte, près d'un champ de bataille, célébrer une messe des morts sur un autel formé de tambours. C'étoit un assez beau spectacle de voir le Dieu des armées descendre, à la voix d'un prêtre, sur les tentes d'un camp français, tandis que de vieux soldats, qui avoient tant de fois bravé la mort, tomboient à genoux devant un cercueil, un autel et un ministre de paix. Aux roulemens des tambours drapés, aux salves interrompues du canon, des grenadiers portoient le corps de leur vaillant capitaine, à la tombe qu'il avoient creusée pour lui avec leurs baïonnettes. Au sortir de ces funérailles, on n'alloit point courir pour des trépieds, pour de doubles coupes, pour des peaux de lion aux ongles d'or, mais on s'empressoit de chercher, au milieu des combats, des jeux funèbres et une arène

plus glorieuse; et si l'on n'immoloit point une génisse noire aux mânes du héros, du moins on répandoit en son honneur, un sang moins stérile, celui des ennemis de la patrie.

Parlerons-nous de ces enterremens faits à la lueur des flambeaux dans nos villes, de ces chapelles ardentes, de ces chars tendus de noir, de ces chevaux parés de plumes et de draperies, de ce silence interrompu par les versets de l'hymne de la colère, Dies ira? La religion conduisoit à ces convois des grands, de pauvres orphelins sous la livrée pareille de l'infortune par là elle faisoit sentir à des enfans qui n'avoient point de père, quelque chose de la piété filiale; elle montroit en même temps à l'extrême misère, ce que c'est que des biens qui viennent se perdre au cercueil, et elle enseignoit au riche qu'il n'y a point de plus puissante médiation auprès de Dieu, que celle de l'innocence et de l'adversité.

Un usage particulier avoit lieu au décès des prêtres; on les enterroit le visage découvert : le peuple croyoit lire sur les traits de son pasteur l'arrêt du souverain juge, et reconnoître les joies du prédestiné, à travers

l'ombre d'une sainté mort, comme, dans les voiles d'une nuit pure, on découvre les splendeurs du ciel.

La même coutume s'observoit dans les Couvens. Nous avons vu une jeune religieuse ainsi couchée dans sa bière. Son front se confondoit, par sa pâleur, avec le bandeau de lin dont il étoit à demi couvert; une couronne de roses blanches étoit sur sa tête, et un flambeau brûloit entre ses mains les grâces et la paix du cœur ne sauvent point de la mort, et l'on voit se faner les lis, malgré la candeur de leur sein, et la tranquillité des vallées qu'ils habitent.

:

Au reste, la simplicité des funérailles étoit réservée au nourricier, comme au défenseur de la patrie. Quatre villageois, précédés du curé, transportoient, sur leurs épaules, l'homme des champs au tombeau de ses pères. Si quelques laboureurs rencontroient le convoi dans les campagnes, ils suspendoient leurs travaux, découvroient leurs têtes, et honoroient d'un signe de croix leur compagnon décédé. On voyoit de loin ce mort rustique voyager au milieu des blés jaunissans, qu'il avoit peut-être semés. Le cercueil, couvert d'un drap mortuaire, se ba

lançoit comme un pavot noir, au-dessus des fromens d'or, et des fleurs de pourpre et d'azur. Des enfans, une veuve éplorée, formoient tout le cortége. En passant devant la croix du chemin, ou la sainte du rocher, on se délassoit un moment; on posoit la bière sur la borne d'un héritage; on invoquoit la Notre-Dame champêtre, au pied de laquelle le laboureur décédé avoit tant de fois prié pour une bonne mort, ou pour une récolte abondante. C'étoit là qu'il mettoit ses bœufs à l'ombre, au milieu du jour ; c'étoit là qu'il prenoit son repas de lait et de pain bis, au chant des cigales et des alouettes. Que bien différent d'alors, il s'y repose aujourd'hui ! Mais du moins les sillóns ne seront plus arrosés de ses sueurs; du moins son sein paternel a perdu ses sollicitudes; et par ce même chemin, où les jours de 'fêtes il se rendoit à l'église, il marche maintenant au tombeau, entre les touchans monumens de sa vie, des enfans vertueux et d'innocentes moissons.

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