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à la Définition conciliaire par une double profession de foi. Nous croyons à la Providence de Dieu sur son Église. Et pour n'en citer qu'un trait: quelle admirable chose, écrivait naguère une plume polonaise, que cette politique d'en haut qui maintient l'Europe en paix, tant que la paix est nécessaire à son Église, et qui agite le monde du souffle de la guerre, quand l'œuvre divine, pour accomplir sa tâche, a besoin qu'une soupape de sûreté soit ménagée à l'excitation des esprits. Toujours l'homme s'agite, qu'il s'agite donc sur un terrain où sa turbulence n'attaque que les corps. Ciel! on ne voit encore que du feu ; bientôt on ne verra que du sang. Que de deuils! Et d'un autre côté que d'espérances!

Nous croyons surtout à l'assistance de Dieu dans son Église et nous transcrivons ces paroles sacramentelles : Indubitate credendum est eumdem esse Domini nostri Jesu Christi et Ecclesiæ orthodoxx, sponsæ ejus, spiritum, per quem gubernamur ac dirigimur ad salutem. C'est le dernier mot des Exercices de saint Ignace. Heureux qui peut le signer de son nom! Plus heureux encore qui le signerait avec son sang!

A. DE PONLEVOY.

MÉLANGES

UNE INTRODUCTION A L'HISTOIRE DE N.-S. JÉSUS-CHRIST.

PRÉPARATION EXÉGÉTIQUE A LA VIE DE N.-S. J.-C. ou EXAMEN CRITIQUE DES RÉCITS DE L'EVANGILE, par M. l'abbé E. LE CAMUS, chan. honor. d'Avignon, etc. (Ambroise Bray, éditeur, 1869.) T. I. Prix 7 fr. 50.

<«< Un livre qui établirait au-dessus de toute discussion Jésus-Christ et son histoire, en faisant justice de toutes les objections, serait un bon livre pour l'humanité croyante et incroyante. Ce livre, je l'ai essayé. D'autres reprendront mon travail avec de nouvelles lumières et plus de bonheur, car la science exégétique en France peut et doit faire des progrès. Elle est une branche très-importante de la théologie catholique, et on sent aujourd'hui plus que jamais le grand danger qu'il y aurait à la négliger. Nos études critiques seront par conséquent de simples essais, car rien d'analogue n'a été publié parmi nous. (Préf., p. IX et X). »

L'auteur, en nous exposant lui-même le but de son ouvrage et les motifs qui l'ont déterminé à écrire, montre assez qu'il a foi, malgré l'indifférence de plusieurs, en l'avenir de l'exégèse catholique en France, et qu'il entend ne demeurer pas étranger à ses progrès. Il est du nombre de ceux qui ont vu de plus près M. l'abbé Le Hir; qui, après l'avoir eu pour guide et initiateur, ont su encore conserver en lui un conseiller et un ami; en un mot, qui ont senti l'étincelle sacrée communiquée par le génie du maître: pour ceux-là il ne semble pas possible que de telles leçons demeurent sans écho, et un tel père sans héritier. Exoriare aliquis!

Quelques uns toutefois ont cru voir dans cet exposé une ardeur un peu trop confiante; il leur paraît surtout bien difficile d'admettre que <«< rien d'analogue à ce livre n'ait été publié parmi nous. Ils rappelleraient volontiers à M. l'abbé Le Camus que des ouvrages comme ceux du P. de Valroger (Introduction historique et critique aux livres du N. T.) ou de M. Wallon (De la croyance due aux Evangiles), auraient aussi quelque droit de s'appeler une préparation exégétique; que le titre, après tout, en devenant plus allemand, ne peut conférer au travail lui-même le mérite de la nouveauté.

Si M. Le Camus ne devait donner au public que son premier volume, et si ce volume était réduit à sa première partie, le reproche serait fondé. L'Introduction, en effet, n'est pas neuve et ne pouvait l'être :

elle résume souvent d'excellents ouvrages, entre autres ceux que nous avons cités; et si l'on peut lui adresser un reproche, c'est d'en faire parfois un usage trop silencieux et trop discret. Mais enfin, sans être neuve, cette Introduction était nécessaire. « Avant de jeter le lecteur au milieu des discussions critiques sur les événements de la vie de Jésus, il faut juger avec lui la valeur des documents dont on veut faire usage. Il serait imprudent, en effet, de chercher à défendre dans le détail ce qu'on n'aurait pas d'abord défendu dans l'ensemble. » Que l'on parcoure au hasard l'un des sept chapitres de cette Introduction, on verra que l'auteur a élagué toutes les questions de détail; que, dans les questions générales, il a fait son choix avec un discernement digne d'éloges; qu'il s'avance enfin à travers ces études préliminaires comme le cultivateur parcourt une grande route, non pour jouir d'une voie frayée, mais pour arriver plus sûrement et plus vite au champ de son travail. Certitude de l'histoire évangélique sans les Évangiles; du livre qu'on appelle l'Evangile; de l'antiquité des Evangiles; de leur rédaction, de leur intégrité, de leur véracité; telle est, avec un chapitre final sur la possibilité du surnaturel, la première partie de ce volume, et comme la préface de l'ouvrage entier.

L'œuvre vraiment originale commence à la page 205, avec l'histoire des trente premières années de la vie de N.-S. Ici, vous n'avez plus seulement, comme dans d'autres ouvrages bien connus, soit une concordance évangélique avec dissertations et notes explicatives, soit un ensemble des passages difficiles avec les réponses fournies par la vraie critique, soit enfin une Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ, opposée, d'après les données évangéliques, au produit d'une imagination romanesque; vous avez l'oeuvre propre de M. Le Camus, récit complet, suivi, raisonné, qui vous prépare à une simple lecture plus pleinement intelligente du récit primitif; marche lente, mais dirigée par un guide, sur ce même terrain que vous avez ensuite la joie de parcourir seul, sans y trouver de pierres d'achoppement. Si nous avons saisi la pensée de M. l'abbé Le Camus, voilà ce qui lui donne quelque droit de considérer son plan comme nouveau dans l'apologétique et l'exégèse chrétienne. Les faits ainsi classés dans l'esprit du lecteur, la concorde évangélique s'établit d'elle-même. Qu'il développe ce plan jusqu'an bout, et l'on aura suivi comme pas à pas le Sauveur du monde dans ces contrées diverses qu'« il a parcourues en faisant le bien. » La clarté y gagne, les redites sont évitées; et, « quoiqu'il ne faille pas chercher ici ce mouvement, cette liaison des événements, ce progrès de l'action qui sont le charme d'un livre purement biographique (préf., p. X), » une certaine animation de style distinguera un pareil travail d'une série de thèses ou de dissertations; parfois même la chaleur et le coloris pourront y trouver leur place : c'est que l'auteur, en disant ce qu'il sait et ce qu'il aime, le dit encore à sa manière:

Cui lecta potenter erit reș,
Nec facundia deseret hunc nec lucidus ordo.

Ici toutefois un écueil était à craindre, et l'auteur ne l'a pas toujours évité. Le procédé de l'exégèse est essentiellement une marche régulière, comme l'indique l'étymologie même de son nom. Parmi les lecteurs de M. l'abbé Le Camus, plusieurs trouveront que la rigueur de sa méthode fléchit trop souvent devant la tentation d'une sortie éloquente; ils se délieront de toutes les pages où l'exposition sent l'homélie. Ce ton, qu'il faut bien se résoudre à appeler déclamatoire, est surtout malheureux dans le chapitre qui traite du surnaturel. Aux matérialistes, positivistes, rationalistes, nos exhortations profitent peu : c'est assez de donner des raisons, pourvu qu'elles soient péremptoires. N'apostrophez pas, ne multipliez pas les points d'interrogation; signalez plutôt le manque de logique, et, s'il y a lieu, notez une faute de grammaire. Le rationalisme feindra de n'avoir rien senti, mais la raison saura prononcer.

Chose singulière, le même zèle, qui s'échappe parfois en violentes apostrophes, donne à l'auteur, sur certains points, des tendances conciliatrices où le danger est encore à côté du bon vouloir. On ne peut expliquer autrement les incertitudes de sa doctrine sur l'inspiration des livres saints. Lui-même, dans une note, nous montre sous quelles influences il a traité cette matière délicate: « Je parle ici comme apologiste, dit-il, et j'ai le droit de faire les concessions que je fais. La vérité est une, sans doute, mais la manière de la présenter est multiple. Celui qui discute n'a à s'inquiéter que des opinions de ses contradicteurs, et ici nos contradicteurs sont les rationalistes, et non les théologiens de telle époque et de telle école. »

Les concessions que signale cette note ont évidemment quelque chose qui embarrasse l'auteur lui-même. Et, il faut bien l'avouer, ce n'est pas ainsi que le maître disait, ce n'est pas sur ce pied qu'il établissait la réfutation des adversaires du surnaturel. Pour M. l'abbé Le Hir, l'homme, chargé de parler et d'écrire au nom de Dieu, est celui qui a reçu la parole, qui en est dépositaire responsable, et c'est, on s'en souvient, la belle explication qu'il donnait de la forme passive nabi, nom du prophète de l'ancienne loi'. Que M. l'abbé Le Camus distingue de cette révélation proprement dite la simple inspiration, où l'illumination divine est, pour ainsi parler, toute pratique, et porte directement sur le choix des choses à écrire : rien de mieux. Mais toujours est-il que l'écrivain inspiré reçoit de Dieu l'impulsion : souffle, instinct de l'Esprit saint qui rend l'homme dépositaire d'une chose divine et fait Dieu lui-même l'auteur du livre inspiré. Dès lors, ce n'est pas faire œuvre d'apologiste que de confondre un pareil secours avec celui qui garantit l'Église de toute erreur. Le doute d'ailleurs, s'il a pu exister sur ce point, est aujourd'hui dissipé. L'auteur effacera, dans une autre édition, les lignes où il écrit que « l'inspiration (p. 175) n'est qu'une simple assistance eficace de Dieu; » il ne l'appellera plus une simple

Etudes bibliques, par M. l'abbé Le llir, t. I, p. 57.

« garantie divine (p. 171). » Mais, à la place de ces phrases et autres analogues, il écrira cette déclaration du concile du Vatican (sess. I, c. II de Revelatione): « L'Église reconnaît ces livres pour sacrés et canoniques, non parce que, composés par le seul travail humain, ils ont ensuite été approuvés par son autorité, non-seulement parce qu'ils contiennent la révélation pure de toute erreur, mais parce que, écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur, et ont été comme tels confiés à la garde de l'Église1. » Libre ici à l'exégète de faire remarquer que cette action divine qui prend l'homme pour son instrument, pour son secrétaire autorisé, dispose néanmoins de lui avec respect, lui laisse sa personnalité tout entière, son style propre, les qualités de son esprit et de son cœur, sans même lui enlever ni les louables préoccupations qui amassent peu à peu les matériaux du livre, ni le coûteux honneur d'une composition laborieuse. Toute cette suavité, qui appartient essentiellement au mode d'action de la Providence divine, n'enlève rien à sa force, à son étendue, à son efficacité. Mais peut-on dire que cette force n'est pas amoindrie dans la doctrine qui s'exprime en ces termes : « Dieu n'a pas chargé les évangélistes de faire des cours de science, ni des leçons d'histoire (p. 183).» Passe pour les cours de sciences, qu'on s'attendait peu à voir figurer ici. Quant aux leçons d'histoire, il faut nous entendre. Nous l'accordons volontiers si M. l'abbé Le Camus veut dire que les Évangiles ne présentent, dans leur rédaction, ni un enchaînement régulier des faits, ni surtout l'explication de cet enchaînement,-ce que suppose la leçon d'histoire,-sans même faire exception pour saint Luc, qui pourtant a une préface, comme les historiens de la Grèce et de Rome, et qui promet de l'ordre dans son récit. Nous croyons, avec les meilleurs harmonistes, que l'ordre dans les Évangiles est logique plutôt que chronologique. Avec le but commun de répandre la bonne nouvelle, chaque évangéliste a encore son point de vue spécial déterminé par les besoins divers de ses lecteurs. Bonne nouvelle de saint Mathieu aux Juifs, toujours lents à croire : Jésus de Nazareth est vraiment le fils de David, le roi d'Israël, le messie promis par les prophètes, de saint Luc aux Gentils, encore hésitants et timides: le Messie est le Sauveur universel, le roi dont toutes les nations forment l'héritage; - de saint Jean aux peuples de l'Asie, étourdis par les rêves du gnosticisme: Jésus est le Christ fils de Dieu, le Verbe de Dieu fait chair, éternel comme son Père, et un avec lui. Étant donnée cette diversité dans le but, il est tout simple que la marche de chaque narration, soustraite aux règles ordinaires de l'his

1 Eos vero Ecclesia pro sacris et canonicis habet non ideo quod sola humana industria concinnati sua deinde auctoritate sint approbati; nec ideo duntaxat quod revelationem sine errore contineant; sed propterea quod Spiritu Sancto inspirante conscripti Deum habent auctorem atque ut tales ipsi Ecclesiæ traditi

sunt.

* Sap., 42, 48.

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