Sayfadaki görseller
PDF
ePub

étranges à de vrais cris de joie ou de douleur, l'auditeur sérieux a dû reconnaître combien vraie est l'énoncé de la 3° partie: « le rôle de la raison s'efface et son domaine est impuissant. Bossuet, qui s'impatientait du grand creux de la poésie païenne, ne se fût pas montré plus satisfait des irréguliers élans de la poésie islamique. On nous disait naguère qu'un poëte est grand quand il sait se livrer et se contenir : le poëte arabe se livre, il ne se contient pas. »

Avant d'arriver à porter ce jugement, le lecteur, comme autrefois l'auditeur, a eu la jouissance d'entrevoir à travers une traduction élégante et facile de nombreux vers qu'il sera au moins curieux d'étudier dans le détail. Du reste, les citations n'ont jamais été surchargées; et nous pouvons assurer que le lecteur français, aussi bien que le lecteur allemand, trouvera dans l'ensemble de ce discours ce qu'on recherche le plus après la clarté : l'intérêt, la vie et la fraîcheur.

Supposez maintenant un arabisant au début de sa carrière. La traduction allemande sera évidemment pour lui une amorce. Il tournera quelques feuillets, trouvera aux pages indiquées le texte qu'il aime déjà sans l'avoir déchiffré. La moitié du travail est faite. La netteté de l'impression, le soin minutieux avec lequel sont marquées les voyelles, enfin, le dirai-je, un intérêt tout affectueux que le P. Wenig, jusque dans ses moindres notes, montre à l'égard du jeune orientaliste, tout concourt à faciliter le travail, à assurer le progrès, à attacher plus profondément l'esprit et le coeur même à ces belles études dont les débuts seuls offrent quelque aridité.

C'est à la page 29 qu'il faut venir pour trouver, avec l'ensemble des textes, les réflexions par lesquelles le R. P. Wenig achève l'exposé de sa doctrine. Nous lui savons gré de nous avoir donné, d'après Ahlwards, un tableau fort intéressant des principaux sujets traités par la poésie arabe:

Rapports de l'homme avec la nature par la contemplation ou la jouissance; rapports avec ses semblables par l'amitié, la vie.commune, le souvenir des morts, l'amour ou la haine; enfin relations avec Allah par le repentir, la foi, la science des maximes de la sagesse, la fervente méditation de la vie et un regard de contemplation mystique sur le jugement et le monde à venir. »

Il n'est pas jusqu'à des notions élémentaires sur la mesure des vers arabes qu'on ne trouve dans ces notions diverses, où l'auteur se montre presque prodigue d'érudition. Sa liste bibliographique des ouvrages à consulter sur la poésie arabe sera reçue de tous avec reconnaissance; enfin il n'est pas, croyons-nous, un lecteur compétent qui, en achevant la lecture de cette excellente brochure, ne se dise qu'il a vu à chaque page la science du professeur et l'art du guide qui dirige des amis dans des sentiers aimés.

Pour notre part, nous remercions le P. Wenig du nouveau service rendu aux jeunes arabisants. Sa Schola syriaca a donné aux lettres syriaques, par l'attrait d'une doctrine claire et facile, des adeptes nom

breux: ce petit opuscule dans ses modestes proportions, cache pour plus d'un jeune lecteur le principe d'une vocation qui, ainsi encouragée au début, marchera d'un pas ferme à la vraie science, et montrera que l'on peut être à la fois orientaliste et chrétien.

M. LE GALL.

Ems, 8 août 1870.

VIE DE SAINT PAUL, par M. l'abbé Théobald NEVEUX, archiprêtre de Guéret. Paris, Ambroise Bray.

Je ne sais pourquoi ce petit livre commence par inspirer de la défiance. Il vient tard, il est bien court pour l'ampleur du sujet; et comme si la matière avait fait défaut, à un appendice utile sur l'authenticité des actes des apôtres s'en joint un autre de plus de 20 pages sur le miracle, dont les théories de M. Renan ne justifient ni la présence ni les dimensions: trois pages suffisaient au récit même de la conversion de saint Paul. Mais ce qui indispose bien plus le lecteur, c'est le ton de l'avant-propos et d'une partie du chapitre 1er, où l'auteur, en pleine admiration devant son héros, voudrait, ce semble, nous inspirer tout à coup l'enthousiasme dont il est saisi. Commençant, en un mot, par où il fallait finir, il veut imposer pour un héros à peine annoncé, peint à grands traits, vagues encore et confus, le cri d'admiration qui devait s'échapper spontanément de l'œuvre elle-même. Laudent opera! Ici, par exemple, il voit dans la poitrine de Paul « la tente terrestre de Jésus-Christ qu'il transporte d'un lieu à l'autre dans tout l'univers connu ? » - Vas electionis vaut mieux que tente terrestre; plus loin, il nous apprend que Paul parlait toutes les langues sémitiques, tous les dialectes grecs comme le latin de Ciceron. Cette assertion fera plus d'un incrédule, que l'Eglise ne condamnera pas.

[ocr errors]

Voilà, il faut l'avouer, de vrais obstacles à un jugement favorable sur cette biographie. Mais enfin, en présence d'une œuvre où tout annonce un travail sérieux, serait-il juste de s'arrêter à ces pierres d'achoppement? Nous avons repris notre livre au chap. II: Conversion de saint Paul, et nous avons successivement parcouru tous les chapitres jusqu'au beau chapitre final: le martyre de saint Paul. Combien notre impression a changé! A peine avons-nous vu l'auteur, si ce n'est que de temps en temps, et toujours à propos, sa main apparaissait pour renouer le fil brisé de la narration. La lecture achevée, non en un jour, mais lentement et avec le loisir de mieux rapprocher et comparer, nous sommes venu chercher nous même quelquesunes de ces pages qui étaient froides au début, et qui maintenant devenaient l'expression naturelle de nos propres sentiments. Puis, revenant sur notre lecture, nous avons comparé le saint Paul que nous connaissions à celui dont les actes venaient de passer sous nos

[ocr errors]

regards; et nous avons trouvé qu'en peu de pages serrées nous avions eu le portrait authentique de l'apôtre saint Paul.

Donc, malgré des défauts qui peuvent aisément disparaître, nous n'hésitons pas à louer et recommander ce modeste livre. Avec combien de fruit il serait lu par l'élève de nos colléges, déjà accoutumé à la lecture des Actes des Apôtres et souvent si indifférent en face de ces pages qu'un guide sûr ne lui a pas expliquées ! Quoique le prix de l'ouvrage n'y soit point indiqué, nous sommes assuré qu'il n'effraiera aucun acheteur et que l'acquisition en édifiera un grand nombre.

Oserions-nous demander à l'auteur de supprimer son dernier paragraphe? l'apparition subite d'Alexandre et de ses généraux étonne à pareil moment. Quant au rapprochement entre le manteau d'Élie transmettant à Élisée l'esprit de prophétie, et le manteau de Paul, laissé à Troade et ne transmettant rien à Timothée, il est vraiment d'un effet étrange, et laisserait le lecteur sous une fâcheuse impres

sion.

M. LE BRETON.

DIEU ET LA CONSCIENCE, par Ch. WADDINGTON, correspondant de l'Institut, Agrégé de la Faculté des Lettres de Paris, Professeur de philosophie au Lycée Saint-Louis. Paris, Didier. 4870.

Sous ce titre, M. Waddington a réuni un certain nombre d'écrits philosophiques qui ont paru dans des Revues, et plusieurs discours lus dans des circonstances diverses, notamment dans des assemblées protestantes. La pensée dominante du livre est l'ambition bien louable d'opposer les doctrines spiritualistes aux monstrueuses conceptions du matérialisme. L'auteur aura-t-il atteint ce but? M. Waddington fait profession d'être chrétien et libre penseur à la fois en cette double qualité aura-t-il raison des adversaires contre lesquels il engage la

lutte?

Si j'étais du nombre de ces derniers, je me permettrais de lui dire : << Au nom de la libre pensée que vous invoquez, qu'il nous soit loisible d'être matérialiste, comme à vous d'être spiritualiste: le principe que vous posez doit profiter à tous également. » Comme argument ad hominem et à titre de rétorsion, cette réponse aurait bien sa valeur.

Un matérialiste qui aurait conservé quelque souvenir du catéchisme appris dans son enfance, pourrait ajouter : « Si vous êtes libre penseur, cessez de vous dire chrétien: car le christianisme est le contrepied de la libre pensée; le christianisme est une doctrine qui a la prétention de s'imposer et de commander aux intelligences au nom d'une autorité supérieure et infaillible. »

M. Waddington ne manquerait pas sans doute de répliquer : « Ce n'est pas ainsi que je comprends le christianisme : ce qu'il est à mes yeux se concilie très-bien avec l'indépendance de la pensée. » Cette

conciliation, M. Waddington l'a en effet tentée dans la conclusion du livre, sous ce titre : « Accord de la raison et de la foi. >>

L'accord de la raison et de la foi est une vérité catholique, mais dans un sens qui n'est pas celui de M. Waddington. Pour le catholique, la foi est l'adhésion de l'intelligence à une vérité révélée de Dieu : pour M. Waddington, comme pour toute l'école rationaliste contemporaine, la foi commencerait là où s'arrête la raison; elle consisterait dans des aspirations accompagnées de persuasion et d'espérance concernant les destinées futures de l'homme la raison et la foi seraient donc deux tendances naturelles, l'une réflexe, l'autre spontanée et en quelque sorte instinctive.

Je ne sais si cette explication satisferait l'adepte du matérialisme, mais bien certainement elle ne satisfera pas quiconque considère la foi à la divinité de Jésus-Christ et aux dogmes révélés comme l'essence même du christianisme. M. Waddington nomme plusieurs fois JésusChrist, mais de telle sorte que, si l'expression rend exactement sa pensée, celui qu'il appelle « le Médiateur, le Fils bien-aimé du Père, le Saint et le Juste, » ne serait qu'un médiateur humain, Fils bien-aimé du Père au même titre que les autres hommes, mais à un degré supérieur. N'est-ce pas ce qu'il faut conclure de ces mots que nous rencontrons sous la plume de M. Waddington: « La parole divine incarnée dans le Fils bien-aimé du Père? » Qu'est-ce que « la parole divine >>> dans le langage de l'auteur? est-ce le Verbe, la seconde personne de la très-sainte Trinité? Mais la parole divine s'incarnant dans le Fils bien-aimé du Père, serait la même chose que le Verbe s'incarnant dans le Fils bien-aimé du Père, lequel n'est autre que le Verbe: ce qui reviendrait à dire que le Verbe s'est incarné dans le Verbe. Évidemment M. Waddington ne saurait accepter cette traduction de sa phrase. Le sens plausible de l'expression précitée ne serait-il pas celui-ci : « Dieu a parlé par la bouche d'un homme objet de sa prédilection et de ses grâces les plus signalées?»- Dieu a parlé : il a donc révélé certaines vérités? Cependant M. Waddington, loin d'admettre une révélation, l'exclut par le caractère même qu'il attribue à la foi. L'incarnation de la parole divine ne serait donc qu'une métaphore, et par conséquent ne devrait pas s'entendre dans le sens littéral et rigoureux. Les mots se prêtent naturellement à cette supposition: il est à désirer que telle ne soit pas la pensée qu'ils recouvrent; mais le doute est au moins autorisé par l'ambiguité de la phrase.

Je ne cacherai pas l'impression que j'ai ressentie à la lecture du livre. Le désir de faire une œuvre utile, qui semble l'avoir dicté, inspire une religieuse sympathie. Mais on ne peut se défendre d'une certaine tristesse, lorsqu'on se voit en présence d'un christianisme plutôt nominal que réel. On n'est pas moins peiné de rencontrer ce culte de la libre pensée qui, s'il est contraire au dogme chrétien, n'est pas moins opposé aux principes d'une saine philosophie. La libre pensée! mais c'est la négation de la nature même de l'intelligence. Rien n'est moins

libre en effet que la pensée : en présence de la vérité perçue, l'intelligence, par une glorieuse nécessité, est contrainte de donner son assentiment; si quelque liberté lui est laissée, c'est seulement lorsqu'elle est privée d'une vue évidente et certaine, c'est-à-dire lorsque la science lui est refusée. Donc plus l'homme connaît et moins l'intelligence est libre, d'où il résulte que la plénitude de la science exclurait toute liberté. La libre pensée ne serait donc pour l'homme qu'un bien triste privilége, indigne d'être ambitionné et réclamé comme un titre de gloire. C. DE LAAGE.

HISTOIRE BIBLIQUE DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU TESTAMENT, par le Dr SCHUS-
TER. Trad. sur la 48 édit. allemande, par l'abbé COUISSINIER, Fribourg en
Brisgau, Herder.
Paris, Méniolle, 7, rue de Sèvres. (Prix: cartonné:
4 fr. 50 et 4,75.)

4 fr. 20 c.

relié

Une des préoccupations d'une mère, quand l'intelligence de son enfant commence à jeter ses premières lueurs, c'est de lui fournir un aliment. Quel livre mettre entre les mains de ce petit être déjà avide de savoir? Les Allemands, qui, en fait de méthodes d'éducation et d'enseignement, pourraient nous en remontrer, ont un ouvrage qui satisfait à ce désir. Le docteur Schuster a composé, d'après le texte sacré, une histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament, dont le mérite est attesté par les approbations de presque tous les évêques d'Allemagne et par les nombreuses éditions qu'elle a déjà eues. Ce qui contribue beaucoup à cette vogue, ce sont les gravures dont ce livre est rempli. Bien différentes de certaines illustrations aussi faibles par leur exécution que ridicules dans leur conception, l'ouvrage dont je parle n'en contient aucune qui ne soit digne du sujet qu'elle représente. Elles ont le cachet de la bonne école allemande, à laquelle l'art chrétien a de si grandes obligations. M. l'abbé Couissinier a eu une heureuse inspiration en popularisant parmi nous le livre du Dr Schuster. Nous le recommandons vivement aux mères de famille et aux instituteurs de l'enfance. On devrait le trouver partout, d'autant plus que la modicité du prix le met facilement à la portée de tout le monde.

C. SOMMERVOgel.

THE CHURCH OF ST PATRICK... by the Rev. William WATERWORTH... London, Burns, Oates, 1869. (L'Église de Saint Patrice ou histoire de l'origine, des doctrines, de la liturgie et du gouvernement de l'ancienne Église d'Irlande, par le R. P. Waterworth, de la Compagnie de Jésus.)

L'ancienne Église d'Irlande, n'était, nous dit-on, rien autre chose « à son origine que l'Église actuelle d'Angleterre, et c'est Henri II qui, à l'instigation du pape Adrien IV, supprima l'ancien Credo pour lui << substituer la foi romaine. Donc saint Patrice n'est point l'apôtre de << l'île des Saints; elle a reçu le christianisme de l'Orient. >>

« ÖncekiDevam »