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lance leur opposition? Unité, direction, ordre, conservation, tels sont les effets de sa présence.

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Cet argument est spécieux; il a produit, je le sais par expérience, plus d'une conviction sincère. Mais, en revanche, il a le défaut ordinaire des arguments spécieux, il prouve trop; car il s'applique avec une égale justesse aux machines artificielles, à une montre, par exemple. Il confond deux choses qui doivent rester distinctes les forces qui entrent en jeu dans le fonctionnement d'une machine, et l'intelligence du constructeur. L'ordre merveilleux des fonctions vitales que nous examinons n'accuse que le plan du Créateur. C'est à ce plan, dont nous parlerons tout à l'heure, que sont dus « l'unité, la direction, l'ordre, la conservation. Une force vitale inintelligente, comme celle que l'on croit ici découvrir jusque dans les plantes, ne peut, à proprement parler, rien coordonner. Elle domine, dites-vous, les forces atomiques; mais cellesci sont aussi inintelligentes; qu'est-ce que cette domination? qu'est-ce qu'un commandement entre deux êtres sans intelligence? Il se réduit ici nécessairement à une pure influence matérielle, il devient une action tout à fait analogue à celles que l'on étudie en mécanique. Dès lors il ne vous rend plus le service que vous lui demandez. Ne pourrait-on pas dire aussi, en empruntant votre langage, que la gravitation universelle est une force principale et supérieure, qui domine toutes les autres dans le système solaire, qui coordonne leurs actes et balance leur opposition, et qu'elle produit dans les grands phénomènes de la mécanique céleste, l'unité, la direction, l'ordre et la conservation? Et pourtant vous ne prétendez pas que ce grand rôle, assigné à la gravitation par le plan du Créateur, fasse sortir celte force de l'humble catégorie des forces atomiques. Les génies conducteurs des planètes ont définitivement disparu. Sans doute les forces atomiques n'expliquent pas l'ordre intentionnel que l'on observe dans les phénomènes vitaux ; mais d'abord votre force vitale, inintelligente et matérielle, ne l'explique pas non plus; et ensuite le monde purement minéral vous offre des exemples d'un ordre intentionnel également admirable, sans qu'il vous semble nécessaire d'inventer des causes secondes autres que les atomes. La raison de cet ordre est dans l'intelligence et la volonté de la cause

première. Nous essaierons tout à l'heure d'en indiquer l'expression la plus simple et la plus générale.

Le troisième et dernier argument de nos adversaires se base sur un fait unique, simple, vulgaire, mais éminemment démonstratif, disent-ils, dans la question qui nous occupe,» la mort.-Mais est-il bien vrai d'abord que la mort soit un phénomène unique et simple? Les corps vivants, tels que nous les connaissons, plantes et animaux, sont-ils simplement le résultat de l'addition de deux termes : un corps mort plus une certaine chose unique et simple qu'on appellerait la vie? Ne sont-ils pas plutôt des associations d'organes ayant tous leur vie propre? Ces organes ne nous offrent-ils pas tous les jours en physiologie deux phénomènes en quelque sorte opposés? Tantôt ils continuent toutes leurs fonctions vitales longtemps après que l'association est complétement dissoute; tantôt ils les cessent complétement tandis que l'association subsiste et que tous les autres organes continuent à fonctionner ensemble. La mort locale et la vie partielle sont des faits vulgaires qui seuls rendent possibles un grand nombre d'expériences. Que dire de la mort temporaire à laquelle on peut soumettre certains végétaux et certains animaux, soit en les gelant entiè rement de manière à les rendre cassants et à arrêter toutes les fonctions vitales, soit en les desséchant et les portant à des températures supérieures à celle de l'eau bouillante? Evidemment nos adversaires n'ont ici considéré que ce qu'on pourrait appeler la mort générale ordinaire d'un organisme complet. Eh bien! fermons aujourd'hui les yeux sur des difficultés qu'ils n'ont pas voulu voir, et ne parlons que de la mort générale dans les conditions ordinaires.

Ce phénomène est «éminemment démonstratif, » nous disentils. Malheureusement, pour le rendre tel, ils sont obligés d'en donner une interprétation, probablement fausse, rejetée par les physiologistes, et que rien n'autorise à regarder comme vraie. D'après eux, quand la mort n'est pas le résultat d'une lésion de l'organisme ou d'une altération importante du milieu, le corps mort est dans les mêmes conditions physico-chimiques que le corps vivant. Pourquoi donc la machine s'arrête-t-elle, pourquoi même commence-t-elle à se désorganiser; n'est-ce pas la preuve qu'un principe vital différent des atomes a retiré

son action? On pourrait, me semble-t-il, appliquer le même raisonnement à toute machine qui s'arrête ou se détraque par l'usure de quelque partie importante. Qui jamais a démontré que le corps vivant ne diffère du corps mort par rien d'important dans les conditions physico-chimiques? Les autopsies viennent chaque jour donner un démenti à cette assertion, en montrant le plus souvent que l'état physico-chimique auquel l'organisme était arrivé au moment de la mort, rendait impossible la continuation des phénomènes vitaux. Dans bien des animaux sans doute, et dans l'homme en particulier, le principe spécial dont nous avons déjà reconnu l'existence cesse au moment de la mort d'agir sur les atomes de l'organisme. Dans un autre article, nous relèverons ce fait; mais l'expérience nous porte à croire que, même dans les animaux, la mort de l'organisme est une cause et non un effet de cette séparation. Quoi qu'il en soit, nous parlons ici des végétaux aussi bien que des animaux, et il est évident que, dans les uns et dans les autres, si des organes essentiels viennent à être mis hors d'usage, l'organisme est inévitablement condamné à s'arrêter, c'est-à-dire à mourir. Cette cause de mort s'observe tous les jours, rien ne fait soupçonner qu'elle n'est pas générale; elle est évidemment suffisante, et l'on n'a pas le droit de nous en imposer une autre.

En résumé, on n'a pas encore signalé, dans les phénomènes plastiques des corps vivants, une seule circonstance qui nous y fasse légitimement soupçonner l'intervention directe d'agents autres que les atomes. Voyons si les phénomènes purement mécaniques nous poussent vers une autre conclusion, si les déplacements particulaires qu'il nous reste à étudier ont une autre cause que les déplacements moléculaires et atomiques.

3° Phénomènes purement mécaniques. La physiologie végétale pourrait nous fournir bien des exemples curieux de semblables phénomènes. Les uns, comme l'héliotropisme, s'expliqueraient par les actions atomiques du milieu, je veux dire par les vibrations calorifiques et lumineuses; les autres, comme les mouvements ciliaires et protoplasmiques, nous indiqueraient des causes analogues à celle que nous allons reconnaître dans les animaux. Mais, pour abréger, nous nous en tiendrons aux contractions musculaires que ces derniers nous

présentent; elles sont les mieux connues, et leur explication fait suffisamment entrevoir ce qui se passe dans les autres cas.

Ici peut-être on posera une objection. Les contractions musculaires sont souvent volontaires, elles appartiennent donc à la classe réservée pour l'article suivant. Je réponds que le principe spécial qui se révèle chez les animaux n'agit sur les muscles que par l'intermédiaire du système nerveux, c'est-àdire indirectement. L'expérience le prouve sans réplique, puisqu'il suffit de couper les nerfs pour l'exclure entièrement des phénomènes musculaires. Son intervention n'est pas nécessaire pour la contraction, et il peut être remplacé par d'autres agents. On peut donc étudier à part et en premier lieu les phénomènes musculaires en réservant toujours les phénomènes nerveux. Ainsi, pour une locomotive, la volonté du machiniste et tous les mouvements de son corps qui interviennent si puissamment dans le fonctionnement de la machine, n'empêchent pas qu'on ne place très-justement l'étude de cette machine dans les traités de physique et de mécanique.

Les muscles sont de véritables machines à feu, c'est-à-dire des appareils servant à transformer une énergie qui se manifeste, ou qui du moins pourrait se manifester, sous forme de chaleur. Seulement, il est bon d'en faire la remarque pour éviter des généralisations hâtives, ce sont des machines peutêtre fort différentes de celles que nous avons étudiées dans le second et le troisième article, et il est très-possible que le second principe de la thermodynanique ne s'y applique pas. Dans nos machines artificielles, ce qui nous sert à transformer l'énergie, ce sont les dilatations et les contractions qui accompagnent les changements de température du corps renfermé dans le cylindre. Il n'y a peut-être rien de semblable dans les muscles. Voici ce que la physiologie nous apprend.

On peut, à l'aide du curare, empoisonner le nerf moteur d'un muscle, sans altérer en aucune façon la contractilité de ce muscle. L'extrémité du nerf, privée par le poison de la nourriture qu'elle puisait dans le sang, meurt, c'est-à-dire, perd sa faculté spéciale d'exciter la contractilité; mais le muscle continue à vivre, c'est-à-dire, à pouvoir se contracter, et il se contracte chaque fois qu'on le soumet à une exci

tation extérieure. Que se passe-t-il pendant la contraction? L'examen du sang nous l'apprend. Le sang qui sort par les veines du muscle contracté, diffère notablement de celui qui y pénètre par les artères; il est plus chaud, il a une couleur très-noire, il contient beaucoup d'acide carbonique et peu d'oxygène. Au contraire, si l'on assure le repos absolu du muscle, le sang en sort à peu près comme il était entré; en d'autres termes, le sang veineux est alors presque aussi rouge que le sang artériel; il renferme peu d'acide carbonique et beaucoup d'oxygène. L'expérience a montré que des muscles, privés de sang artériel, perdent en deux heures toute trace d'excitabilité, et qu'il suffit de leur rendre ce sang pendant quelques minutes pour leur rendre en même temps toutes leurs propriétés. Ces faits nous indiquent clairement d'où vient l'énergie qui se manifeste dans la contraction. Il se produit dans le muscle une combinaison chimique du carbone et de l'oxygène. Cette combinaison, comme nous l'avons vu plus haut, fait passer une certaine quantité d'énergie virtuelle à l'état actuel. Il se fait alors deux parts de cette énergie: l'une devient visible dans le travail qui accompagne la contraction, l'autre devient calorifique et augmente la température du muscle et du sang qui le traverse. Les expériences de M. J.. Béclard confirment cette interprétation. Ce physiologiste a montré qu'en augmentant par une surcharge plus ou moins forte la portion visible de l'énergie actuelle dégagée dans la contraction, on diminue à volonté l'accroissement de température et par conséquent la portion calorifique. On n'a pas encore, il est vrai, des mesures exactes de toutes ces différentes énergies, mais on peut déjà conclure probablement de l'expérience qu'il y a équivalence parfaite entre les quantités qui se transforment, et par suite que toute l'énergie nécessaire au phénomène a pour cause unique les atomes de carbone et d'oxygène qui se combinent chimiquement dans le muscle. Il n'intervient donc dans la contraction musculaire, considérée en elle-même et non dans le phénomène excitateur, aucun autre agent que les atomes.

Bien que ce phénomène excitateur soit réservé pour l'article suivant, il est utile d'en dire déjà quelques mots aujourd'hui. Nous venons de reconnaître dans la nature deux nouvelles espèces très-différentes de machines à feu, les feuilles et les

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