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l'Europe, c'est-à-dire au rétablissement du pouvoir temporel du Saint-Père, il importe, de l'aveu de tous, d'assurer la pleine indépendance de son autorité spirituelle. Les «garanties » italiennes sont un leurre, un masque hypocrite, incapable même de déguiser l'oppression du gouvernement usurpateur et la persécution anti-religieuse. - Puisqu'il y va d'un intérêt universel, puisque l'indépendance du Souverain Pontife constitue vraiment une « question internationale, comme on s'accorde unanimement à le reconnaître, placer cette même indépendance sous la garde des puissances et leur protectorat commun, est donc une nécessité et un devoir. - Elles auront, en conséquence, à faire respecter << les libertés nécessaires >> au Pape, et pour que l'exercice n'en soit point entravé, pour que la jouissance n'en soit pas illusoire, à déclarer inviolables les biens ecclésiastiques dont la possession, la plus légitime d'ailleurs qu'on puisse imaginer, est une condition sine qua non de l'indépendance pontificale, et qui, d'autre part, considérés dans leur destination et surtout dans leur origine, méritent, à ce double titre, la qualification de propriété internationale.

Les objections ne manqueront pas, il faut s'y attendre; mais quelle est leur valeur?

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On nous objectera le principe de non-intervention. — Le principe! mais où le lisez-vous écrit, ce principe? Est-ce dans le droit naturel qui prescrit, au contraire, aux particuliers comme aux peuples, d'intervenir en faveur de l'opprimé aux prises avec l'injustice? Est-ce dans un pacte anciennement ou nouvellement consenti par les nations civilisées? Mais où donc existe-t-il ce pacte et qui l'a signé? Est-il du moins écrit dans les faits, confirmé par les précédents historiques? Interrogez les annales des deux mondes, durant ces vingt dernières années la France, l'Angleterre et le Piémont intervenant en Crimée dans l'intérêt du Sultan; la France intervenant en Italie contre l'Autriche en faveur du Piémont; la France, l'Angleterre et l'Espagne intervenant au Mexique; la France et l'Angleterre intervenant en Chine; la France encore intervenant à Mentana pour une cause, hélas! déjà à demi trahie et complétement abandonnée depuis; la Prusse et l'Autriche intervenant de concert dans le Sleswig-Holstein,

en attendant Sadowa: voilà, sans parler d'événements trop récents et trop douloureux pour les rappeler, le singulier sans-gêne avec lequel, depuis son avénement, on traite ce fameux principe de non-intervention.

Il y a encore, nous ne le savons que trop bien, le principe des nationalités, en vertu duquel tout peuple a droit, dit-on, à son unité. Mais les Allemands de bonne foi ont fait euxmêmes, depuis longtemps et même après cette dernière guerre', bonne et complète justice de cette fausse théorie. On sait ce que valent et l'unité de race et l'unité de langue; c'est en vertu de ces merveilleuses unités que Metz, ville éminemment française, est allemande aujourd'hui, que la Pologne est prussienne, autrichienne et russe! S'arrondir à sa convenance aux dépens du voisin, ne s'appellera jamais un principe; on a beau faire, ce sera tout au plus un prétexte pour excuser l'ambition et couvrir l'usurpation.

Quant à l'Italie, elle n'a pas même la triste ressource d'invoquer ce mauvais sophisme pour pallier l'attentat commis à Rome. Outre que son unité est un rêve dont la réalisation définitive est démentie par toute son histoire, entre elle et la ville éternelle se dresse, au point de vue du droit, un obstacle infranchissable, celui que lui opposent une possession séculaire contre laquelle rien ne prescrit, et la liberté de deux cent millions de consciences catholiques engagée dans le débat. C'est donc par suite d'une singulière préoccupation d'esprit qu'un homme aussi pénétrant que M. Thiers, a pu glisser deux affirmations contradictoires dans le même discours, presque dans la même phrase: affirmation des droits du Pape à garder Rome au nom de la liberté de conscience; affirmation des droits de l'Italie à prendre Rome au nom de son unité3.

Voir, v. g., la brochure: Wo ist Europa's Zukunft? Freiburg im Breisgau, Herder, 1871.

« Il était impossible de créer l'unité italienne sans renverser le gouvernement temporel du Saint-Siége. Eh bien, pour moi affliger quelque nombre que ce soit de consciences religieuses est une faute qu'un gouvernement n'a pas le droit de commettre. » « L'Italie est devenue une. Soyons justes, impartiaux, c'était sa destinée à elle, et elle faisait bien de la poursuivre, ce n'est pas à nous de lui en faire un reproche. >>

Qu'on ne dise pas enfin; c'est une question religieuse; la politique se déclare ici incompétente. Car, premièrement il est faux que la politique doive, bien plus qu'elle puisse se désintéresser des questions religieuses, et de celle-ci surtout. La preuve, c'est qu'elle ne l'a jamais fait; et que de fois ne s'est-elle pas préoccupée des intérêts religieux, lorsqu'il s'agissait de les compromettre! D'ailleurs, on ne lui demande pas, il s'en faut bien, de s'immiscer dans ce qui n'est pas de son domaine, de se constituer juge de la foi; au contraire, on le lui interdit. Mais on la prie seulement d'être conséquente avec elle-même, de n'aller pas contre ce qu'elle affirme, de respecter, même chez les catholiques, la liberté de conscience; et pour cela, de ne pas encourager ce qui offense leur conviction, de ne pas déclarer honnête et juste ce qui la révolte, de ne pas prêter les mains à ce qui l'opprime. On la prie de dire nettement à l'Italie qui veut passer outre cela ne se peut, parce que cela est inique; nous ne vous reconnaissons point le droit de persécuter, au besoin, nous nous y opposons. - Est-ce trop exiger?

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En ce moment, Rome est une autre Jérusalem, et rien ne ressemble à ce que fut durant des siècles la question d'0rient, comme ce qu'est aujourd'hui la question romaine. Nous nous abstenons de pousser à bout un parallèle où tout ne serait pas au désavantage du Turc; mais que l'Europe voie ce qui se passe, et ne laisse pas faire! A Jérusalem, pour le bien de la chrétienté entière, elle avait à protéger une relique incomparable, le tombeau du Sauveur, et un incomparable souvenir, celui du passage de l'Homme-Dieu ici-bas. Ne craignons pas de le dire, il est à Rome une chose aussi grande, aussi sainte à garder : c'est l'Église, oeuvre vivante du Christ, c'est l'indépendance du Pape, son vicaire, et la liberté religieuse dont Rome est le plus sûr boulevard.

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Pour venir au secours du Vatican, n'attendez pas que la fureur des sectaires l'ait réduit en cendres, ni que le vernement italien, crime non moins grand! nous ait plus complétement encore ramenés au temps d'épreuve où l'Église priait pour saint Pierre en prison.

CH. CLAIR.

LES ESPAGNOLS CHRÉTIENS

DU

HAUT MOYEN AGE

TROISIÈME ARTICLE.

III°

DE LA TRAHISON ET DU PATRIOTISME DANS L'ESPAGNE CHRÉTIENNE.

I

Un peuple catholique n'est pas nécessairement un peuple de saints. Pour mériter ce dernier titre, il faut joindre les œuvres à la profession de la vraie foi, et conformer ses mœurs aux préceptes de Jésus-Christ. Or ces préceptes, précisément parce qu'ils sont divins, se trouvent en désaccord complet avec les inclinations charnelles et corrompues de notre nature. De là ces luttes intestines, dans lesquelles trop souvent, par la défaillance coupable de la volonté, les passions victorieuses entraînent le chrétien vers le mal que sa foi condamne et flétrit. Qui donc s'attendrait à ne rencontrer dans le glorieux passé de l'Espagne fidèle, que traits héroïques d'humanité, de probité, de dévouement et de piété sans mélange, se ménagerait d'avance de cruels mécomptes. Tous les vices, toutes les infirmités morales, sauf la mollesse et la làcheté

ont eu leurs représentants à Léon et dans les Asturies, au x siècle. On les y découvre à tous les degrés de la société espagnole, du plus haut au plus bas. Gouvernés d'ordinaire par des rois aussi sages que vaillants, les chrétiens du Nord en connurent et en supportèrent, avec plus ou moins de patience, un petit nombre d'odieux et de méprisables, l'usurpateur Maurécate, le turbulent et ambitieux Alphonse IV, le triste Sancho el Gordo qui allait mendier à Cordoue le secours d'Abdérame III pour remonter sur le trône d'où ses sujets

l'avaient fait descendre, Ramire III enfin avec les violences inconsidérées des dernières années de son règne et les ridi'cules de son pédantisme bysantin'. Les seigneurs, dont la vie entière se dépensait au service de leur Dieu et de leur patrie, dont quelques-uns même, par la pratique constante de toutes les vertus du soldat chrétien, gravirent, l'épée au poing et la prière aux lèvres, les plus hautes cimes de la sainteté', se trouvaient associés, grâce au hasard de la naissance, à des misérables, qui déshonoraient leur noblesse par d'abominables cruautés et d'impudents brigandages. D'autres sans se jeter aussi avant dans le crime, rapportaient de leurs courses en pays musulman des habitudes d'insolence, de rapine et de brutalité, dont les chartes et les histoires ecclésiastiques du temps racontent de tristes exemples'.

L'Église, sous ce rapport, ne fut pas plus privilégiée que la société civile. L'immense majorité de ses évêques se dévouait, il est vrai, à l'instruction des fidèles, au soulagement des infirmes, des pauvres ou des voyageurs, à la défense des opprimés; et la meilleure preuve qu'on puisse apporter de leur zèle et de leur charité est le grand nombre de saints que l'épiscopat espagnol a donnés au ciel dans le cours du x° siècle. Il est peu d'églises dans la partie indépendante de la Péninsule qui ne porte inscrit dans ses dyptiques un ou plusieurs des prélats qui l'ont gouvernée. Tuy vénère saint Vimaraise et saint Viliulfe, Orense saint Ansur, Dumium-Mondoñedo saint Rudesinde, Léon saint Froylan, Zamora saint Atilan et As

⚫ Citons l'échantillon suivant du style de sa chancellerie: « Ranirimus Flavius, Princeps Magnus, Basileus unctus, in regno fultus. » Cf. Escalona escrit. 48 (a. 974).

Le comte Osorio, par exemple, qui ne cessa de guerroyer sur les frontières, que pour se donner lui et ses biens au monastère de Lorenzana, dont il était le fondateur. On célèbre sa fête le 31 août. Cf. Florez, Esp. Sagr., XVIII, 291–298. Voir dans une charte de Bermude III (23 août 1032), l'acte d'accusation dressé par ce prince contre Sisenand Galiariz (Gutierrez?) et ses frères. Il y a là, en fait de scélératesses de tout genre, de quoi éclipser la session la plus chargée d'une de nos cours d'assises. Florez, ibid., XIX, 394, sgg.

Cf. Vit. S. Rudesindi, lib. II, c. 1, § 2 ; c. II, § 10, 11, 42 (Esp. Sagr., xv); Ordonii I chart. (28 jun. 860), Esp. Sagr., XXIV, escrit. 4; Veremundi III, chart. (30 aug. 1032), ibid., XL. escr. 25; Adefonsi VI, chart. (28 febr. 4078), ibid., ibid., escr. 28; Veremundi II judicium (16 nov. 983), ibid., XXXIV. escrit., 23, etc., etc.

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