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Le premier en date de tous ses écrits est une Histoire de Notre-Dame de Fourvières, publiée à Lyon dès l'année 1838. Le titre ajoute: Recherches sur l'autel tutélaire des Lyonnais; et en effet ce mot de recherches est bien justifié, car on voit poindre dans l'Introduction, trop longue à mon avis, l'antiquaire et le philologue étymologiste. On sent que celui qui a écrit ces pages aurait pu tout comme un autre, s'enfonçant de plus en plus dans les bibliothèques, jouir en paix des bonnes fortunes qui manquent rarement de couronner les efforts d'une érudition patiente et qui sait attendre. Mais l'ouvrage exaltait les grandeurs de Marie et racontait ses bienfaits; là était le vrai mobile, le charme attachant d'une pareille étude. Avant tout le jeune auteur était heureux de consacrer les prémices de son talent et de ses veilles érudites à celle en qui nous saluons la Mère du Verbe incarné et le Siége de la divine Sagesse.

Deux ouvrages du P. Cahour sont du genre polémique. Dans le premier: Les Jésuites par un jésuite, il réfute les violentes accusations dont la Compagnie de Jésus se vit assaillie pendant ces tristes années 1843 et 1844, où le monopole universitaire, si justement attaqué par les catholiques, eut pour principaux champions deux fameux professeurs du Collège de France, lesquels, faisant flèche de tout bois, dénaturaient à plaisir notre histoire, torturaient le texte de nos Constitutions, pour en faire sortir l'odieux et l'absurde, au gré de leurs animosités aveugles et presque délirantes; eux et leurs pareils assez peu soucieux de leur dignité personnelle et de l'honneur de leur corps pour embrigader sous leur drapeau toute la bohême littéraire du temps, et pour accepter, entre autres, les services compromettants de l'auteur du Juif errant. Étranges auxiliaires, vraiment, pour les éducateurs privilégiés et patentés de la jeunesse française! Et quand on songe que le Gouvernement d'alors couvrait, non-seulement d'une scandaleuse impunité, mais d'une protectien mal déguisée ces ignominies! Ayant lâché la bride aux passions révolutionnaires, il lui en prit mal quelques années plus tard. Demandez à M. Guizot ce qu'il en pense aujourd'hui.

Les agitations et les fatigues de la lutte eurent des suites douloureuses pour le P. Cahour. Une congestion sanguine,

qui se porta sur les yeux, faillit le mettre, avant le temps, hors de combat. Mais il était trop tard pour reculer. Voulant aller * jusqu'au bout de ses forces, il perdit un œil et sentit un nuage s'étendre sur celui qui lui restait; sujet d'angoisses et d'appréhensions perpétuelles. Etre homme d'études et privé de la vue, c'est toujours bien rude; mais un prêtre est doublement à plaindre lorsque, tournant un regard éteint vers les pages de son missel et faisant de vains efforts pour lire les prières du Saint-Sacrifice, il se voit dans l'impossibilité de monter à l'autel. Sans les dispenses qui lui vinrent de Rome fort à propos, et qui l'autorisèrent à réciter chaque jour la même messe votive, le P. Cahour eût été privé de la consolation la plus précieuse à son cœur sacerdotal. Il n'en resta pas moins, pour ses travaux littéraires, dans un assujettissement fort pénible, assujettissement qu'une charité ingénieuse parvint à lui rendre supportable, mais sans qu'il recouvrât jamais, depuis cette épreuve, sa liberté d'action, son entrain naturel et sa spontanéité première.

De l'autre polémique, je ne dirai qu'un mot, m'apercevant que je m'attarde trop à ces commencements, moins intéressants que ce qui va suivre.

C'était après la chute du Gouvernement de Juillet. Le monopole universitaire était vaincu; la liberté d'enseignement, une liberté précaire encore, mais enfin suffisante, était enfin conquise et l'on commençait à en jouir. Deux causes faillirent, dès le début, compromettre cette situation. Un ministre avait imaginé la bifurcation; source d'affaiblissement pour l'Université et pour qui voudrait suivre le dangereux exemple qu'elle était forcée de donner. Un prêtre, avec les meilleures intentions du monde, mais très-imprudemment, avait déclaré la guerre à l'enseignement classique, tel qu'il se pratiquait depuis des siècles; sous ce prétexte spécieux que Cicéron et Virgile, quoi qu'on fît pour les rendre inoffensifs, devaient inoculer leur paganisme à la jeunesse chrétienne. Grande rumeur à ce sujet, discussions acerbes et irritantes, trouble et division dans le camp catholique. C'est dans ces conjonctures que le P. Cahour, combattant les ennemis de droite et de gauche, a dextris et a sinistris, prit en main la défense des études classiques ménacées des deux côtés à la

Le premier en date de tous ses écrits est une Histoire de Notre-Dame de Fourvières, publiée à Lyon dès l'année 1838. Le titre ajoute: Recherches sur l'autel tutélaire des Lyonnais; et en effet ce mot de recherches est bien justifié, car on voit poindre dans l'Introduction, trop longue à mon avis, l'antiquaire et le philologue étymologiste. On sent que celui qui a écrit ces pages aurait pu tout comme un autre, s'enfonçant de plus en plus dans les bibliothèques, jouir en paix des bonnes fortunes qui manquent rarement de couronner les efforts d'une érudition patiente et qui sait attendre. Mais l'ouvrage exaltait les grandeurs de Marie et racontait ses bienfaits; là était le vrai mobile, le charme attachant d'une pareille étude. Avant tout le jeune auteur était heureux de consacrer les prémices de son talent et de ses veilles érudites à celle en qui nous saluons la Mère du Verbe incarné et le Siége de la divine Sagesse.

Deux ouvrages du P. Cahour sont du genre polémique. Dans le premier: Lés Jésuites par un jésuite, il réfute les violentes accusations dont la Compagnie de Jésus se vit assaillie pendant ces tristes années 1843 et 1844, où le monopole universitaire, si justement attaqué par les catholiques, eut pour principaux champions deux fameux professeurs du Collège de France, lesquels, faisant flèche de tout bois, dénaturaient à plaisir notre histoire, torturaient le texte de nos Constitutions, pour en faire sortir l'odieux et l'absurde, au gré de leurs animosités aveugles et presque délirantes; eux et leurs pareils assez peu soucieux de leur dignité personnelle et de l'honneur de leur corps pour embrigader sous leur drapeau toute la bohême littéraire du temps, et pour accepter, entre autres, les services compromettants de l'auteur du Juif errant. Étranges auxiliaires, vraiment, pour les éducateurs privilégiés et patentés de la jeunesse française! Et quand on songe que le Gouvernement d'alors couvrait, non-seulement d'une scandaleuse impunité, mais d'une protectien mal déguisée ces ignominies! Ayant làché la bride aux passions révolutionnaires, il lui en prit mal quelques années plus tard. Demandez à M. Guizot ce qu'il en pense aujourd'hui.

Les agitations et les fatigues de la lutte eurent des suites douloureuses pour le P. Cahour. Une congestion sanguine,

qui se porta sur les yeux, faillit le mettre, avant le temps, hors de combat. Mais il était trop tard pour reculer. Voulant aller 'jusqu'au bout de ses forces, il perdit un œil et sentit un nuage s'étendre sur celui qui lui restait; sujet d'angoisses et d'appréhensions perpétuelles. Etre homme d'études et privé de la vue, c'est toujours bien rude; mais un prêtre est doublement à plaindre lorsque, tournant un regard éteint vers les pages de son missel et faisant de vains efforts pour lire les prières du Saint-Sacrifice, il se voit dans l'impossibilité de monter à l'autel. Sans les dispenses qui lui vinrent de Rome fort à propos, et qui l'autorisèrent à réciter chaque jour la même messe votive, le P. Cahour eût été privé de la consolation la plus précieuse à son cœur sacerdotal. Il n'en resta pas moins, pour ses travaux littéraires, dans un assujettissement fort pénible, assujettissement qu'une charité ingénieuse parvint à lui rendre supportable, mais sans qu'il recouvrât jamais, depuis cette épreuve, sa liberté d'action, son entrain naturel et sa spontanéité première.

De l'autre polémique, je ne dirai qu'un mot, m'apercevant que je m'attarde trop à ces commencements, moins intéressants que ce qui va suivre.

C'était après la chute du Gouvernement de Juillet. Le monopole universitaire était vaincu; la liberté d'enseignement, une liberté précaire encore, mais enfin suffisante, était enfin conquise et l'on commençait à en jouir. Deux causes faillirent, dès le début, compromettre cette situation. Un ministre avait imaginé la bifurcation; source d'affaiblissement pour l'Université et pour qui voudrait suivre le dangereux exemple qu'elle était forcée de donner. Un prêtre, avec les meilleures intentions du monde, mais très-imprudemment, avait déclaré la guerre à l'enseignement classique, tel qu'il se pratiquait depuis des siècles; sous ce prétexte spécieux que Cicéron et Virgile, quoi qu'on fit pour les rendre inoffensifs, devaient inoculer leur paganisme à la jeunesse chrétienne. Grande rumeur à ce sujet, discussions acerbes et irritantes, trouble et division dans le camp catholique. C'est dans ces conjonctures que le P. Cahour, combattant les ennemis de droite et de gauche, a dextris et a sinistris, prit en main la défense des études classiques ménacées des deux côtés à la

fois. Son livre des Études classiques et des Études professionnelles eut deux éditions en peu de mois, la seconde aux frais du Comité de l'enseignement libre, qui témoignait ainsi de son adhésion à la thèse de notre confrère.

Nous avions donc enfin des colléges, des écoles libres, et c'était beaucoup; mais nous arrivions sur le terrain fort dénués et avec un désavantage évident, nous trouvant encore, à beaucoup d'égards, tributaires de l'Université, qui seule, depuis le commencement du siècle, avait eu les coudées franches et s'était prévalue de son monopole pour inonder la librairie classique des ouvrages composés par ses profeeseurs. Or, ces ouvrages, on le conçoit du reste, ne réalisaient pas toujours notre idéal, et l'esprit répandu dans toutes leurs pages n'était pas précisément celui que nous avions à cœur d'inspirer à la jeunesse. Il fallait donc se mettre à l'œuvre et pourvoir tout d'abord au plus pressé. C'était surtout en ce qui touche la littérature moderne que nous constations les écarts les plus regrettables et que nous pouvions le moins nous fier aux produits universitaires. Le P. Cahour pensa qu'il y avait là, pour lui, un service à rendre, un emploi très-utile de son savoir et de son expérience de professeur. Vainement lui disait-on qu'il avait mieux à faire, qu'on attendait de lui des travaux d'un ordre plus relevé, travaux ajournés depuis longtemps; le désir de faire encore quelque chose pour la jeunesse l'emporta sur toute autre considération, et, avec l'approbation des supérieurs, il se mit à rassembler les éléments d'une collection classique qui a paru en cinq volumes in-8°, sous ce titre Poésies françaises distribuées et annotées à l'usage des Colléges.

Pour moi, je l'avoue, je crois encore que cette besogne, d'ailleurs nécessaire, pouvait être exécutée à moins de frais et sans absorber, pendant des années entières, à peu près toute l'activité d'un esprit comme le sien. Mais la faute une fois commise, reste à voir s'il n'en est pas résulté pour nous quelque avantage, et l'avantage est grand, ce me semble, en cette occasion. Par là même qu'il était excellent critique, ami de l'érudition sérieuse, le P. Cahour ne pouvait toucher à rien sans approfondir. Que si, en creusant, il rencontrait la veine, il la suivait jusqu'au bout, et tirait de la sorte de son

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