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qui, arrivés à Colchos, virent Jason attelant les taureaux qu'il avait domptés, ne sera rien auprès du vôtre'. »

Il est bien certain que le poëme de Dante, où de toutes parts l'idéal évangélique étincelle, a des splendeurs et des émotions réservées au lecteur chrétien. Cependant, je ne crains pas de l'affirmer, puisque l'universalité de la réputation du poëte florentin est là pour soutenir mon jugement : la Divine Comédie, lue comme on lit l'Eneide et l'Iliade, c'està-dire sans conviction religieuse, suffit encore à démontrer que l'Évangile ouvre au génie des horizons nouveaux, plus lumineux et plus vastes que ceux du Parnasse antique, et que Béatrix mène plus haut que Virgile.

Mon idéal et ma philosophie sont l'idéal et la philosophie de ce grand poëte. Si je n'ai pas, comme lui, assez de puissance dans le style et dans l'imagination pour dérouler moi-même aux regards de mes lecteurs les horizons nouveaux et lumineux que leur promet l'étude à laquelle je les invite, j'aurai du moins donné l'éveil à leurs pensées, et ce que je n'aurai pu faire ils le feront eux-mêmes. Car, nous venons de le voir par la popularité de la Divine Comédie, il n'est pas nécessaire de croire à l'Évangile pour goûter sa poésie. Homère, Phidias et Platon, s'ils se réveillaient tout à coup, admireraient l'idéal de saint Augustin, de Dante, de Michel Ange et de Raphaël.

Peut-être dois-je prévoir aussi un reproche auquel, je l'avouerai en finissant cet avant-propos, je serais plus sensible qu'aux préjugés des philosophes et des artistes. Un prêtre, un religieux consacrant ses veilles, ses dernières veilles, car il n'est plus jeune, à l'étude des beautés de l'art et à la contemplation des musées! Si mon ouvrage et mon nom venaient à réveiller cet étonnement, je pourrais répondre en rappelant que ce fut un jésuite, le P. André, qui, au milieu du siècle dernier, inaugura en France l'étude de la science à laquelle j'ai travaillé ; que le célèbre auteur de l'Histoire de la peinture en Italie, œuvre classique dans les ateliers, l'abbé Lanzi, avait été jésuite aussi avant la suppression de notre Compagnie. Mais il serait mieux d'en appeler à l'importance philosophique et théologique de la philosophie des beaux-arts. Nulle part elle

1 Paradiso, c. II, v. 10-18.

n'a tant occupé les penseurs qu'en Allemagne. Là toute philosophie, inspirée par Kant, tourne à l'Esthétique, toute esthétique tourne au panthéisme, et celle de Hegel, la plus célèbre de toutes, ne proclame le génie de l'homme qu'en refusant l'intelligence à son créateur.

Prêtre et défenseur de la vérité avant d'être ami des beauxarts, je n'aurais jamais étudié leurs lois et leurs chefs-d'œuvre, si je n'avais pas pu rendre ce travail digne de mon apostolat.

L'art et la science du Beau se sont éloignés de Dieu, source de toute beauté et créateur suprême, je les y ramène, et ce n'est pas sans quelque confiance qu'au déclin d'une vie que je devais à la gloire de Dieu et au salut des âmes, je m'écrie avec le rhéteur philosophe de Carthage et de Milan, devenu l'évêque et l'apôtre d'Hippone : « O éternelle vérité, sagesse première, vous êtes mon Dieu! Vers vous je soupire et dans mes travaux du jour, et dans mes veilles religieuses et littéraires. Lorsque soulevé pour la première fois par votre inspiration puissante, je portai sur vous mon débile regard, vous l'abaissâtes en rayonnant sur moi avec force; et je tressaillis d'amour et d'horreur; et j'entendis comme une voix qui me criait d'en haut: Je suis la nourriture des forts; crois et tu me mangeras; et tu ne me changeras pas en toi; mais ce sont tes pensées qui se transformeront dans les miennes. Et, malgré l'éloignement de cette voix, que j'entendis comme on entend au fond du cœur, il m'était impossible de douter; et j'aurais plutôt douté de ma vie que de l'existence de cette vérité, qui, par les ouvrages qu'elle a faits, se laisse voir et comprendre1. »

Le jour où cette inspiration passa de l'âme d'Augustin dans la mienne, mon ouvrage fut conçu. C'était en 1845, dans l'exil, deux ans après avoir presque perdu la vue en combattant pour la défense de mes droits à ma patrie et à l'enseignement de la vérité.

A. CAHOUR.

St. August., Confess., lib. VII, c. xvII. Oper., t. I, p.

439.

DE LA RÉGÉNÉRATION MORALE

DE LA FRANCE

( Suite'.)

LES COMMUNES RURALES

I

Après la famille, l'unité sociale la plus élémentaire est la commune rurale. Réunion d'un certain nombre de familles domiciliées au même lieu ou réparties en divers groupes sous le nom de villages, de hameaux, la commune a son organisation, sa physionomie à part; elle a son territoire, ses intérêts, son budget, son pouvoir dirigeant; elle forme comme une petite société dans la grande; et de même qu'elle a des devoirs à remplir vis-à-vis du pays tout entier, le pays doit aussi respecter ses droits, et ne point toucher à l'autonomie qui lui est propre.

Deux grands fléaux pèsent depuis longtemps sur nos communes rurales. Le premier est la dépopulation, qui leur enlève leurs habitants; le second est la démoralisation, qui les atteint tous les jours davantage et menace de porter leur corruption au niveau de celle des villes.

D'où vient le mouvement si marqué d'émigration vers les grands centres? Comment se fait-il que nos campagnes soient presque désertes, qu'on se plaigne de n'y plus même trouver le nombre de bras nécessaires à la culture du sol; et que pendant ce temps, les villes regorgent d'une population surabondante, dont le trop plein y engendre non-seulement le

Voir la livraison de Septembre 1871.

n'a tant occupé les penseurs qu'en Allemagne. Là toute philosophie, inspirée par Kant, tourne à l'Esthétique, toute esthé tique tourne au panthéisme, et celle de Hegel, la plus célèbre de toutes, ne proclame le génie de l'homme qu'en refusant l'intelligence à son créateur.

Prêtre et défenseur de la vérité avant d'être ami des beauxarts, je n'aurais jamais étudié leurs lois et leurs chefs-d'œuvre, si je n'avais pas pu rendre ce travail digne de mon apostolat.

L'art et la science du Beau se sont éloignés de Dieu, source de toute beauté et créateur suprême, je les y ramène, et ce n'est pas sans quelque confiance qu'au déclin d'une vie que je devais à la gloire de Dieu et au salut des âmes, je m'écrie avec le rhéteur philosophe de Carthage et de Milan, devenu l'évêque et l'apôtre d'Hippone : « O éternelle vérité, sagesse première, vous êtes mon Dieu! Vers vous je soupire et dans mes travaux du jour, et dans mes veilles religieuses et littéraires. Lorsque soulevé pour la première fois par votre inspiration puissante, je portai sur vous mon débile regard, vous l'abaissâtes en rayonnant sur moi avec force; et je tressaillis d'amour et d'horreur; et j'entendis comme une voix qui me criait d'en haut : Je suis la nourriture des forts; crois et tu me mangeras; et tu ne me changeras pas en toi; mais ce sont tes pensées qui se transformeront dans les miennes. Et, malgré l'éloignement de cette voix, que j'entendis comme on entend au fond du cœur, il m'était impossible de douter; et j'aurais plutôt douté de ma vie que de l'existence de cette vérité, qui, par les ouvrages qu'elle a faits, se laisse voir et comprendre 1. »

Le jour où cette inspiration passa de l'âme d'Augustin dans la mienne, mon ouvrage fut conçu. C'était en 1845, dans l'exil, deux ans après avoir presque perdu la vue en combattant pour la défense de mes droits à ma patrie et à l'enseignement de la vérité.

A. CAHOUR.

St. August., Confess., lib. VII, c. xvII. Oper., t. I, p. 434.

DE LA RÉGÉNÉRATION MORALE

DE LA FRANCE

(Suite'.)

LES COMMUNES RURALES

I

Après la famille, l'unité sociale la plus élémentaire est la commune rurale. Réunion d'un certain nombre de familles domiciliées au même lieu ou réparties en divers groupes sous le nom de villages, de hameaux, la commune a son organisation, sa physionomie à part; elle a son territoire, ses intérêts, son budget, son pouvoir dirigeant; elle forme comme une petite société dans la grande; et de même qu'elle a des devoirs à remplir vis-à-vis du pays tout entier, le pays doit aussi respecter ses droits, et ne point toucher à l'autonomie qui lui est propre.

Deux grands fléaux pèsent depuis longtemps sur nos communes rurales. Le premier est la dépopulation, qui leur enlève leurs habitants; le second est la démoralisation, qui les atteint tous les jours davantage et menace de porter leur corruption au niveau de celle des villes.

D'où vient le mouvement si marqué d'émigration vers les grands centres? Comment se fait-il que nos campagnes soient presque désertes, qu'on se plaigne de n'y plus même trouver le nombre de bras nécessaires à la culture du sol; et que pendant ce temps, les villes regorgent d'une population surabondante, dont le trop plein y engendre non-seulement le

Voir la livraison de Septembre 1874.

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