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cience de chacun, par le sentiment public, par le blâme ou les encouragements de tous, je serais avec vous; ce que je ne puis accepter c'est l'obligation légale en pareille matière, obligation qui en Allemagne même s'est en quelque sorte abrogée par ses propres effets; la législation qui l'impose n'étant plus que comminatoire, et les pénalités qui la sanctionnent ne s'appliquant presque jamais. ›

C'est l'aveu d'un des plus chauds partisans de ce détestable système1. Est-ce donc une loi inappliquée et inapplicable que vous souhaitez avec tant d'ardeur ? Ce serait vraiment beaucoup de bruit pour rien! Permettez-moi encore un mot et j'achève : Si jamais l'enseignement obligatoire recevait définitivement droit de cité en France, continuerait-il à comprendre, comme en Prusse, « l'instruction religieuse et morale? » Mis plus que jamais sous la surveillance et la direction de l'État, serait-il, toujours comme en Prusse, confessionnel? Serait-il également abandonné aux ministres des différents cultes, en tout ce qui concerne le gouvernement moral et intellectuel1?

Vous savez bien, Monsieur, que telles ne sont pas les visées de vos partisans de l'obligation, presque tous grands protecteurs de l'enseignement laïc, dans ce que le mot a de plus radical.

Messieurs, dit gravement l'Anglais, notre enquête officieuse laisse désormais, ce me semble, fort peu à désirer; peut-être l'un de vous aura-t-il la pensée d'en communiquer le résultat, sinon à M. le ministre, du moins au public. En ce cas, disposez à votre gré de mes notes. Un mot à mon sens, les résume je veux dire cet aveu peu suspect de J.-J. Rousseau Si le législateur se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l'Etat ne cessera d'être agité jusqu'à ce qu'il soit détruit ou changé et que l'invincible nature ait repris son empire. » Vous voyez, par toute votre histoire depuis bientôt un siècle, que

M. F. Roquain, dans la Revue contemporaine. V. Revue de l'Instr. publique, 23 juin 1870.

V. le rapport officiel publié par le ministre de l'Instr. publ. en Prusse, et analysé par le Journal officiel français, 25 février 1870.

le philosophe de Genève cette fois du moins n'a dit que trop vrai. Or, ce qu'il a dit doit nous instruire sur le sujet que nous avons ensemble étudié. L'épreuve qu'on renouvelle en France a chez vous ses précédents : déjà la Convention avait ordonné en 1793 l'instruction obligatoire; et cependant ce terrible pouvoir à qui certes l'énergie ne manquait pas, parvint au résultat diamétralement opposé. Sous le régime de la Terreur, vous le savez mieux que moi, il n'y eut plus d'écoles, et pendant le reste de la République, à peine furent-elles fréquentées par le cinquantième de la population'. En 1797, le directoire recommence, sans plus de succès, la triste expérience'. Plus sages mille fois, les gouvernements qui viennent ensuite déclarent ces mesures de contrainte inopportunes, < pensant que ce qu'on entreprendrait de faire par une coaction légale, s'accomplirait d'une manière plus sûre par le secours du temps et le progrès de l'opinion3.

- Sans doute,

Patience et longueur de temps,

Font plus que force ni que rage!

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Les héritiers de la première république n'en ressuscitent pas moins, en 1848, l'idée de leurs pères; en cela comme en tout le reste, qu'ont-ils obtenu? L'humiliation d'un nouvel échec. Or, ce sont en grande partie, les noms de ces mêmes hommes, qu'on lit au bas des récents projets de loi sur l'o

• Charles Dupin, Les forces productives, t. II, p. 52.

⚫ M. Duruy, dans son fameux Rapport officiel du 5 mars 1865, sentant luimême ce que ces tristes précédents avaient de compromettant et de fâcheux, s'en tirait par un argument qui n'aurait plus cours aujourd'hui : « Le principe de l'instruction obligatoire, par cela seul qu'il a été proclamé en 1793 par la Convention nationale, passe aux yeux de beaucoup de personnes pour un engin révolutionnaire. Il suffira que le gouvernement de l'Empereur l'adopte pour lui ôter le vice originel... » Un baptême républicain suffira-t-il à le laver?

› Rapport au Gouvernement, 1843. - M. Rouland exprimait le même sentiment, dans l'Exposé de la situation de l'Empire (janvier 4863): « Les parents libres de la disposition de leurs enfants, en vertu du droit naturel et civil, ne sont point comme dans d'autres pays, contraints à l'instruction primaire sous peine d'amende ou de prison. En France, nous préférons à cette contrainte violente l'uction bienfaisante des idées et des intérêts qui portent, de tous côtés, les classes laborieuses au désir des connaissances élémentaires. >>

• Voir la note page 1TMo.

bligation; ils la veulent à tout prix, on dirait que c'est là le palladium de leur parti!

Je doute

que

la France consente à se mettre encore en ceci à la remorque de ces revenants de 48 et de 93... Carpentras! cria une voix; Carpentras !

Fiction que tout cela, dira-t-on! - Ami lecteur, qui m'avez suivi jusqu'au bout, considérez,je vous prie, non pas le cadre imaginaire, mais le fond du tableau ; non pas ce que sont les interlocuteurs, mais ce que valent leurs raisons; non pas ce qui est déjà, mais ce qui menace d'être bientôt. La loi d'obligation, injuste, tyrannique, impraticable, fatale à l'instruction qu'elle prétend servir, n'existe pas encore, c'est vrai. Mais, prenez-y garde; fiction aujourd'hui, elle sera une réalité demain, si les honnêtes gens s'endorment. Caveant consules! caveant omnes!

Ive série.

T. VI.

CH. CLAIR.

49

PROMENADE

A TRAVERS LES AUTOGRAPHES

(Suile.)

VI

Genus irritabile vatum! Vieux proverbe, souvent vrai. Les lettres que je vais faire connaître à nos lecteurs en sont une nouvelle preuve.

Le Père Jacques de la Fosse, ou Delafosse d'après sa signature, indigne prêtre de la Congrégation de la Mission, » naquit à Toul le 29 novembre 4621. Il fut élevé au collége des Jésuites de Paris. De bonne heure ses goûts et ses aptitudes le poussèrent sur les pentes du Parnasse latin, pentes fort encombrées à cette époque. On ne s'y élevait pas toujours bien haut, mais on essayait de gravir. Jusqu'à quelle hauteur monta notre poëte lorrain? Don Calmet (Bibliothèque Lorraine, p. 376) assure qu'en général il y a beaucoup de feu dans la poésie de la Fosse, beaucoup de pensées nobles et élevées; mais son goût pour la mythologie qui se fait sentir jusque dans ses poésies saintes, les rend quelquefois obscures par les termes singuliers qu'il y emploie, et les allusions trop fréquentes qu'il fait à la fable. »

A dix-neuf ans, Jacques entra chez les Lazaristes de Paris,, le 8 octobre 1640, et fut promu au sacerdoce en 1648, date qui me semble plus exacte que celle de 1658, indiquée par l'abbé Boulliot dans sa Biographie ardennaise (I, p. 420). Après avoir professé quelques années les humanités à la pension dite de Saint-Charles, dans la communauté de la mission du faubourg Saint-Laurent, il fut vers 1663 (et non vers 1660) envoyé à Sedan, dont la paroisse était desservie par sa Congrégation depuis 1643; il y mourut le 30 avril 1647.

Les œuvres imprimées de notre auteur se composent de quelques poésies latines: I. Une lettre et une ode, insérées

p. 3 du recueil publié par le P. Lalemant, chanoine de SainteGeneviève, en l'honneur du P. Fronteau (et non Fronton, comme dit l'abbé Boulliot): Joannis Frontonis Memoria, disertis, per amicos virosque clarissimos, encomiis celebrata. — II. Des odes composées en 1665 à l'occasion de trois croix élevées et 1664 et 1665 par ordre de Louis XIV, d'Anne d'Autriche et de la reine Marie-Thérèse, sur la place d'armes de Sedan en face du temple des calvinistes, sur la place de la Halle et sur les bords de la Meuse. Ce sont des exhortations aux dissidents pour les ramener à l'unité. - III. Quelques odes adressées à Pierre de Vienne, seigneur de Trévilliers, pour le consoler de la mort de son cousin-germain, Guillaume Cornuel, supérieur des Lazaristes de Troyes. IV. In Divum Franciscum Salesium, nupera apotheosi consecratum, odæ panegyricæ. Trecis, 1668, in-4°. Ces six odes ont été traduites par l'abbé Pellegrin, et imprimées, avec le texte en regard, en 1704 et à la suite de son édition d'Horace en 1715.

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Quant au P. Labbe, à qui sont adressées les deux lettres suivantes, nous ne pouvons le croire inconnu à nos lecteurs. Il suffira de leur rappeler qu'il était excellent juge en fait de poésie latine.

Au Reuerend Pere Le Reuerend Pere L'Abbe de la compagnie de Jesus, au college de Clermont, rue Saint-Jacques à Paris.

MON REUEREND PERE

De Sedan ce 15 febr. 4666.

La grace de nostre Seigneur soit auec nous à iamais. On ma mandé de Paris que vostre Reuerence parloit avec mespris d'une piece de vers que iay composé sur les croix erigees à Sedan, par la magnificence et la piété de nostre monarque. Je vous auoüe que iay beaucoup de peine à le croire. Vous estes la personne du monde de qui iaurois moins attendu ce mauuaix traittement. Il ya douse ou treze ans que festois à Paris et que ie me donnois lhonneur de temps en temps de reuoir le college de Clermont, don iay puisé les commancements du peu de science que ie possede. Il me semble que ie fus assez heureux de trouuer acces aupres de vostre personne de qui iay tousiours faict une estime singuliere, tant pour sa vertu que pour son erudition. Je remarquè en vous Mon Reuerend Pere, tout le caractere et la figure dun honneste homme, et sur cette idée iay depuis publié partout vostre merite, ien ay mesme porté de bruict dans les prouinces les plus esloignées. Je m'estonne fort comme quoy un

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