Sayfadaki görseller
PDF
ePub

s'enrichissant d'âge en âge, parce qu'elle est l'esprit humain lui

même.

[ocr errors]

Voulant tracer un simple tableau, M. de Margerie a dû choisir et par conséquent lui-même nous en avertit - - commettre des omissions. Il en est une qu'auront déjà réparée tous les lecteurs de la Théodicée et des Leçons sur la Famille. La Théodicée est un de ces ouvrages durables qui constatent et fixent les résultats de la science dans une branche déterminée. Il résume, en les complétant, les conclusions de la philosophie véritable sur l'existence et la nature de Dieu, sur ses attributs et les principaux problèmes qui s'y rattachent. Nous ne voulons pas contester à la philosophie séparée la valeur de certaines analyses morales savamment étudiées. Mais pourrait-elle présenter une œuvre réunissant, comme le livre de la Famille, à la finesse d'observation cette plénitude de doctrine qui donne à un auteur la confiance d'embrasser la situation tout entière, parce qu'il est assuré de proposer le remède complet aux maux qu'il signale.

M. de Margerie avoue que, pour traiter dignement le sujet qu'il n'a fait qu'esquisser dans les dernières pages de son ouvrage, il eût fallu un livre tout entier. Pourquoi ne l'a-t-il pas écrit ? demanderont sans doute beaucoup de lecteurs que la nouveauté et l'importance de la matière auront charmés. En effet, personne ne semble mieux préparé que M. de Margerie pour écrire l'histoire de la philosophie chrétienne au XIXe siècle et montrer ce que l'on pourrait attendre du libre développement d'un spiritualisme dégagé des liens du rationalisme.

P. FRISTOT.

LA PROVIDENCE ET LES CHATIMENTS DE LA FRANCE.-Études de philosophie religieuse sur le temps présent, par le R. P. TOULEMONT, de la Compagnie de Jésus. Paris, Joseph Albanel. 1872, in-12.

Après avoir épuisé les moyens pour rendre à la santé une forte constitution ébranlée par les excès, le médecin a recours à un dernier remède qu'il tient en réserve et dont l'effet peut être aussi fatal que salutaire; tout dépend de l'organisation du malade. Avec quel intérêt ne suit-il pas le travail intérieur, la crise déterminée par ce procédé violent? La main de Dieu a versé à la France épuisée de désordres, le breuvage qui doit ou la précipiter dans la mort ou la ramener à cet état florissant qui en avait fait le premier royaume du monde. Nous qui aimons notre pays, nous avions l'œil sur ce grand malade, chacun de ses mouvements était l'objet de notre étude, chaque moment nous donnait l'espoir que le sang chrétien, vigoureux encore malgré son appauvrissement, réagirait pour aboutir au salut. La crise a passé; le châtiment n'a servi qu'à dévoiler la profondeur du mal. Ce n'est pas une médecine, dit-elle, c'est un poison que l'on m'a versé; et ce bras secourable qui s'est étendu vers elle est repoussé comme celui

d'un ennemi. Un concert d'accusations s'est élevé contre la Providence divine: puisqu'elle voulait châtier, que n'a-t-elle dirigé ses coups contre cette Prusse, officine où s'élaborent les blasphèmes, les impiétés que la science incrédule lance contre le ciel ?

En 1807, après Friedland, le comte de Maistre écrivait de SaintPétersbourg « J'ai eu, depuis que je raisonne, une aversion particu lière pour Frédéric II, qu'un siècle frénétique s'est hâté de proclamer un grand homme, mais qui n'est au fond qu'un grand prussien. L'histoire notera cet homme comme l'un des plus grands ennemis du genre humain qui ait jamais existé. Sa monarchie, héritière imperturbable de son esprit, était devenue un argument contre la Providence, pour les sots, bien entendu, mais il y en a beaucoup. » A cette objection qui se renouvelle de nos jours et sans plus de raison est venue s'en ajouter une autre qui lui sert de complément: Qu'avons-nous fait à Dieu pour nous accabler sous cette succession non interrompue de désastres?

La réponse se trouve dans le livre du R. P. Toulemont. C'est un traité complet des voies de Dieu dans le gouvernement de l'univers. Après avoir exposé avec une clarté parfaite la vérité de la Providence, l'auteur recueille les objections les plus spécieuses élevées dans ces derniers temps au nom de la science et de la philosophie, et sa réfutation démontre, une fois de plus, que la sottise la plus éblouissante n'est pas le partage du vulgaire :

Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant.

Parcourant ensuite cette longue chaîne de calamités dont nous ressentirons longtemps les meurtrissures, il met en pleine lumière la main de Dieu châtiant la France parce qu'elle a renié sa mission providentielle de bouclier de l'Église. D'après la loi du talion, proclamée par la Sainte-Écriture, le coupable est puni par où il a péché : la France a été flagellée par cette Prusse qui ne doit sa grandeur qu'à notre connivence et dont les abominables blasphèmes ne sont devenus populaires que parce que nos écrivains les ont dépouillés de leurs brouillards d'outre-Rhin pour les habiller à la française. Ce n'est pas à Berlin, c'est à Paris que se distribue la renommée.

Les jugements de Dieu ne se justifient plus en eux-mêmes pour notre génération incroyante et légère. Le plaidoyer du P. Toulemont ne laisse aucune accusation sans réponse, aucun murmure sans une parole d'apaisement. Quoi de plus fréquent que d'entendre dans la bouche même des chrétiens cette banale objection: Pourquoi les innocents enveloppés dans le châtiment des coupables? pourquoi l'impunité et la prospérité des méchants? Ils oublient le fondement de la religion catholique sur le calvaire où est le Juste, où sont les coupables? Qu'ils lisent le beau chapitre que l'auteur consacre à y répondre, et désormais, loin de se plaindre de la Providence, ils trouve

ront une ample matière à remercier Dieu qui ne permet ce triomphe apparent du crime que pour mieux faire ressortir l'éclat de toutes les

vertus.

Notre patrie a été associée ici-bas à la charge que le Fils de Dieu s'est donnée à lui-même d'être avec l'Église Ego vobiscum sum; si des chefs aveugles l'ont répudiée et que cette désertion soit le principe de nos malheurs, que reste-t-il à faire sinon de reprendre ce glorieux drapeau ? Pour un pécheur la conversion est pénible, pour une nation c'est une morale impossibilité; mais Dieu s'en mêle, et comme c'est une œuvre théandrique, si j'ose m'exprimer ainsi, nul honnête homme ne peut s'en désintéresser. A l'œuvre donc; aux niveleurs qui ne savent que joncher le sol de ruines, opposons l'armée des constructeurs et des architectes. Le dernier chapitre traite des devoirs des catholiques envers Rome et la France,

Une élégance soutenue dans le style, une imagination grande et variée, souvent une éloquence entrainante donnent un charme singulier à l'étude de ces hautes considérations. Le respect du R. P. Toulemont pour ses lecteurs lui a peut-être fait dépasser parfois le but. Une des femmes les plus spirituelles du XVII siècle, Mme de La Fayette, disait « Une période inutile retranchée vaut un louis; un mot, vingt sous. » N'y aurait-il pas eu profit pour le lecteur, sans perte pour l'écrivain, dans la suppression d'un certain nombre d'épithètes qui me semblent plutôt une surcharge qu'un embellissement dans la phrase? Je me permets de relever en outre quelques néologismes comme infinitude, médicamentation. Après ces réserves si légères, il ne me reste qu'à louer un ouvrage auquel Nosseigneurs les évêques de Poitiers, de Saint-Dié et d'Angers ont donné leur haute approbation.

P. GUENNÉGAN.

LES LOIS DE LA VIE ET L'ART DE PROLONGER SES JOURS, par J. RAMBOSSON. In-8°, X-456 pp. Paris, Firmin Didot, 1874.

S'il suffit d'un titre attrayant pour se faire bien venir du lecteur, M. Rambosson peut être certain du succès. Nous tenons tous à la vie, et nous apprendrions volontiers l'art de prolonger nos jours, au moins jusqu'aux dernières limites que les lois posées par la nature et par son Auteur peuvent nous laisser espérer d'atteindre. Le règne des charlatans est passé; tous nos contemporains auraient honte d'aller consulter un marchand d'orviétan; et cependant, un docteur assurerait sérieusement qu'il lui est possible de prolonger, ne fût-ce que d'une année, la vie de ses clients, combien de personnes s'empresseraient à ses consultations, dussent-elles venir en secret, comme certain personnage de l'Évangile?

Hâtons-nous de dire que l'ouvrage de M. Rambosson déconcerterait complétement les lecteurs qui l'aborderaient avec de semblables pré

occupations. Les questions difficiles de la science de la vie y sont traitées d'une manière sérieuse et intéressante; l'auteur y montre, et par des préceptes et par des exemples, que pour parvenir à un âge avancé, il faut se soumettre aux lois d'une sage hygiène physique et morale. Les lecteurs ne voudront peut-être pas mettre en pratique tous les conseils relatifs au régime végétal, mais ils ne pourront s'empêcher d'admirer la sagesse de l'Église catholique dont les préceptes, aujourd'hui trouvés si durs, sont cependant conformes aux lois générales que l'homme devrait s'imposer pour conserver sa santé et prolonger ses jours.

Tout ce qui concerne la science de la vie est entouré pour nous de tant de mystères et d'obscurités, qu'il est bien difficile d'en parler longuement sans aborder des questions controversées; aussi ne voulonsnous pas assurer que nous partageons toutes les opinions de l'auteur. Il nous semble, par exemple, qu'il attache trop d'importance aux idées de M. Trémaux relatives aux influences du sol et de ses émanations sur l'homme. Nous avons essayé, nos lecteurs s'en souviennent peutêtre, non pas de réfuter les idées de M. Trémaux, mais de les réduire à leur juste valeur. Il est vrai que M. Rambosson échappe à la plupart de nos critiques en attribuant l'influence directe, non pas du sol luimême, mais à ses produits et à ses émanations: c'est là précisement la thèse que nous avions soutenue.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un petit mérite que d'avoir écrit un volume in-8 sur un sujet aussi difficile et aussi intéressant. Nous félicitons sincèrement l'auteur et nous recommandons instamment son ouvrage aux personnes qui s'occupent de la propagation des bons livres.

N. LARCHER.

PARIS.

-

L'un des Gérants: C. SOMMERVOGEL.

IMP. VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, 5.

LA SCIENCE ET LA VERTU'

« C'était une lampe ardente et brillante, disait NotreSeigneur Jésus-Christ de son précurseur'. Quiconque est choisi pour être précurseur de Celui qui est la Lumière, s'il veut mériter le même témoignage, ne doit pas, en séparant la vertu et la science, diviser le divin flambeau; car, si le secours de la science est utile, je dirai même nécessaire à la vertu, combien le secours de la vertu n'est-il pas plus nécessaire à la science?

I

On ne saurait méconnaître, en effet, les services que la science rend à la piété dans l'apostolat, selon l'ordre ordinaire de la Providence. Et d'abord n'est-ce pas à elle évidemment qu'il appartient de dissiper l'ignorance aujourd'hui si profonde? On l'a dit souvent, la principale cause de cette indifférence religieuse, de ce mépris de l'Église où languissent les âmes, ce n'est pas encore tant la préoccupation des intérêts matériels ou la corruption des mœurs, que cette ignorance déplorable des choses de Dieu, où tant de révolutions et de guerres ont précipité les nations. Il faut donc que le clergé

• Nous avons trouvé parmi les notes que le R. P. Olivaint, de chère et vénérée mémoire, laissa dans sa cellule au moment de son départ pour la Préfecture de police, quelques pages, qui, nous en sommes convaincus, rappelleront à plus d'un lecteur celui qu'ils aimaient à entendre. Au moyen de quelques retouches on aurait pu donner à ce travail un cachet de plus grande perfection; mais un sentiment de pieux respect nous a interdit d'y introduire le moindre change(Note de la Rédaction.)

ment.

⚫ Jo., v, 35.

Décembre 1871. Ive série.

T. VI.

52

« ÖncekiDevam »