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être d'autant plus abondante que la respiration est plus active, la respiration étant elle-même d'autant plus active que l'animal a besoin d'une plus grande quantité de chaleur ou de force motrice. Par exemple, les animaux à sang froid étant toujours en équilibre de température avec le milieu dans le quel ils sont plongés, perdent beaucoup moins de chaleur par le rayonnement que les animaux à sang chaud; aussi leur respiration est-elle moins active, et le besoin d'aliments moins impérieux. De ce nombre sont les poissons, qui ne respirent que par la faible quantité d'oxygène contenue en dissolution dans l'eau, et qui peuvent rester pendant fort longtemps presque complètement privés de nourriture.

Telle est, réduite à sa plus simple expression la théorie classique due au génie de Lavoisier, théorie d'autant plus admirable qu'elle concorde parfaitement avec les idées et les découvertes relatives à la théorie dynamique de la chaleur. Mais M. Figuier a changé tout cela. Écoutons-le.

<< Beaucoup d'animaux, surtout ceux qui vivent dans l'eau, sont contraints de manger sans cesse, de manger toujours, sous peine de mourir d'inanition. Chez les animaux supérieurs, la nécessité du boire et du manger est moins impérieuse; car la fonction de respiration vient apporter au corps, par l'absorption de l'oxygène et d'un peu d'azote, une certaine dose d'éléments réparateurs, qui supplée aux substances alimenlaires. Cet avantage est très-appréciable chez l'homme. Notre respiration est une fonction d'une haute importance et qui subvient, dans une large mesure, à la réparation des organes. L'oxygène, que notre sang emprunte à l'air pendant la respiration, entre pour beaucoup dans notre nutrition. Chez les oiseaux, où la fonction respiratoire est très-active, et où les organes qui exercent cette fonction ont un grand développement, l'oxygène inspiré entre également pour beaucoup dans la nutrition, et remplace une forte dose d'aliments1. »

Autant vaudrait nous annoncer l'invention d'un foyer trèséconomique, dans lequel on ne dépense qu'une faible quantité de charbon, grâce à un courant d'air très-actif qui remplace une forte dose de combustible. Comment un homme capable

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d'écrire et de faire imprimer de semblables énormités, oset-il se poser en docteur universel, en réformateur des doctriues philosophiques et religieuses!!...

IV

Nous venons de voir la confiance que mérite l'enseignement scientifique de M. Figuier; arrivons à sa philosophie, et commençons par les questions de logique et de méthode.

La première qualité d'un philosophe, c'est de ne jamais se contenter de preuves discutables. Sapiens nihil affirmat quod non probet, disaient les scolastiques; le savant n'affirme jamais sans prouver. Et si quelque proposition ne repose que sur des arguments défectueux et imparfaits, cette proposition, au lieu d'être notée comme certaine, sera tout au plus regardée comme probable, encore exigera-t-on que les arguments qui militent en sa faveur aient cependant une certaine valeur malgré leurs défauts.

M. Figuier ne s'embarrasse pas pour si peu. Lorsque vous lui demanderez des preuves, il vous répondra par l'une de ces phrases dont il semble avoir fait collection: Il nous semble. Notre sentiment individuel. Selon nous. Il est possible que.

D'après nous. — Nous pensons.
Nous admettons.

Nous croyons. —

-Nous sommes convaincus que.
La place que nous leur assignons.

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D'après notre système.
Dans notre pensée.
Nous croyons ferme

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ment. Le système que nous avons conçu. Nous ne mettons pas en doute que. - Rien n'empêche que.

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Par exemple, comment prouver que l'éther planétaire est habité et qu'il est habité par des êtres surhumains? C'est bien simple: «Il Il serait bien surprenant, selon nous, que tandis que la vie déborde, pour ainsi dire, dans les eaux et dans l'air, elle manquât absolument dans le fluide qui est contigu à l'air. Tout annonce donc que l'éther est habité. Mais quels sont les êtres qui vivent dans l'éther planétaire? Selon nous, ce sont des êtres surhumains que nous considérons comme étant

des hommes ressuscités et pourvus de toutes sortes de perfections morales1. »

C'est tout, et désormais ces deux propositions fondamentales, sur lesquelles repose la théorie entière, seront admises sans discussion, comme étant parfaitement démontrées et évidemment certaines.

La religion catholique nous enseigne que l'âme, séparée du corps, demeure à l'état de pur esprit jusqu'à la fin du monde, et qu'au jour du jugement dernier elle reprendra le même corps qu'elle a possédé pendant sa vie, et qui est destiné à jouir avec elle de la gloire éternelle ou à subir un chàtiment sans fin. Ce dogme est tellement conforme à la saine raison que beaucoup de philosophes ont cru pouvoir le démontrer sans avoir recours à la parole de Dieu et à l'autorité infaillible de l'Église. Telle n'est pas la pensée de M. Figuier.

Laissons de côté, dit-il, ou considérons comme de simples mythes de l'imagination orientale, ces corps humains tombés en putréfaction, disparus, réduits en poussière ou brûlés, qui, au jour du jugement dernier, se trouvent pourtant intacts et prêts à recevoir leur âme, » —- Pour lui, l'être surhumain on s'en souvient, doit au sortir de ce monde s'unir à un corps subtil et éthéré qu'il trouvera en dehors de notre atmosphère. Cette opinion est assez neuve pour avoir besoin de quelque démonstration. L'auteur l'a compris, et voici en quoi consistent ses preuves: On pourrait peut-être concevoir l'être surhumain sans corps; on pourrait s'imaginer que l'âme purement spirituelle, constitue l'être bienheureux, qui plane dans les espaces éthérés. Ce n'est pas ainsi toutefois que nous le concevons. Cette immatérialité absolue ne nous paraît devoir s'appliquer qu'à un être beaucoup plus élevé en hiérarchie morale que l'être surhumain lui-même, et dont nous aurons à parier plus tard. Nous croyons que l'habitant des espaces éthérés a un corps; que l'âme sortant du séjour terrestre, vient se loger, s'incarner dans un corps, comme elle faisait ici-bas. Seulement ce corps doit être pourvu de qualités infiniment supérieures à celles qui sont l'apanage du corps humain. >>

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Lorsqu'on entend ainsi les devoirs de la logique, lorsqu'on n'accorde aux preuves et aux démonstrations qu'une valeur aussi secondaire, il en doit peu coûter de se contredire soimême. En voici un exemple frappant. L'auteur veut expliquer les idées innées par un vague souvenir d'une existence antérieure. A la page 286, il va au-devant d'une objection : On répondra peut-être, pour employer l'argument favori de Descartes, que nous avons des idées innées parce que telle est la volonté de Dieu qui a créé notre âme. Mais une telle réponse serait arbitraire et banale; on peut l'invoquer, et on l'invoque à propos de tout, et ce n'est pas là un argument logique. »

A la page suivante, le même argument va reprendre toute sa valeur aux yeux de cet écrivain qui vient, par exception, de se montrer si sévère pour la logique. Il s'agit d'expliquer comment l'âme du méchant, en recommençant une nouvelle épreuve sur cette terre, ne conserve aucun souvenir de son existence antérieure.

« Nous sommes sans mémoire, parce que cette mémoire aurait troublé ou même rendu impossible l'épreuve de notre vie terrestre, parce qu'il entre dans les vues de la nature de nous faire recommencer l'épreuve de l'existence sans aucune trace présente dans notre esprit, de nos actes antérieurs, qui gêneraient notre libre arbitre'. >

:

Ainsi, dire que telle est la volonté de Dieu, ce n'est pas un argument logique; mais, dire que cela entre dans les vues de la nature, c'est tout autre chose il y a là une explication très-satisfaisante et qui dispense de toutes les autres, et c'est à quelques lignes de distance que le même argument est successivement repoussé comme absurde, invoqué comme démonstratif,

Aborderons-nous maintenant la question de méthode? Elle nous montrera l'ouvrage que nous examinons sous un jour nouveau et tout aussi défavorable que les précédents. « Ce système, dit l'auteur, peut être erroné, et on pourra lui en substituer un autre, plus logique ou plus savant. Mais ce qui restera, nous l'espérons, c'est la synthèse que nous avons

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réalisée de tous les faits de l'ordre physique et moral que nous avons rapprochés... L'explication théorique que nous avons formulée des faits ainsi groupés peut ne pas être acceptée, nous le répétons, mais nous croyons que les faits sont bien rassemblés et que c'est sur leur groupement qu'il faudrait établir toute théorie ayant la prétention d'expliquer l'univers. Si notre explication est contestée, notre synthèse des faits restera, nous l'espérons '.

Mais où se trouve donc cette synthèse des faits que M. Figuier croit avoir si merveilleusement établie? C'est le lien par lequel il rattache les uns aux autres tous les êtres de la création; cette vaste échelle de la nature sur les degrés de laquelle il place tout ce qui a vie; ce cercle sans fin partequel il soude l'un à l'autre tous les anneaux de la chaîne des êtres vivants.

Parlons sans métaphore; sa synthèse, c'est la transmigration des âmes à travers le règne végétal, le règne animal, le règne humain, le règne surhumain. Hypothèse, encore une. fois; hypothèse purement gratuite, pour ne rien dire de plus La première chose qui doit préoccuper un penseur, c'est de savoir s'il est dans le vrai; tous les plus beaux systèmes du monde n'ont de valeur qu'autant qu'ils contiennent au moins une parcelle de vérité. Faire une synthèse, c'est grouper autour d'un principe incontestable un certain nombre de faits qui en dépendent, et qui, ainsi groupés, forment un corps de doctrine. C'est ainsi que Lavoisier fit une magnifique synthèse en montrant que la respiration des animaux n'est autre chose qu'une combustion lente, et que la combustion elle-même n'est qu'un simple phénomène de combinaison chimique. Mais où est donc le principe incontestable qui sert de fondement à la doctrine que nous examinons? Où est la vérité qui sert de lien aux différentes parties du système? Tout repose sur quelques hypothèses vieilles comme le monde, sur quelques principes mal compris, joints ensemble par des arguments sans

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