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comment alors expliquez-vous ce fait que vous avouez naivement: Le christianisme est la seule digue que nous puissions opposer au torrent dévastateur des fausses doctrines, qui a déjà fait tant de mal à notre pauvre France! Vous exaltez la justice et la providence de Dieu : mais où seraient-elles done si notre dernière ressource était une fausse doctrine? Et si vous étiez dans l'erreur? Car toutes les suppositions sont possibles, même celle-là. Si le dogme chrétien était l'expression de la vérité? Si hors de l'Église il n'y avait pas de salut? Dans ce cas, vous auriez, par votre livre, contribué à écarter du ciel et à diriger vers l'enfer un certain nombre d'âmes qui auront cru à votre parole. Êtes-vous assez sûr de votre doctrine pour assumer une semblable responsabilité? L'éternité est une chose sérieuse; un homme sage ne la compromet pas pour une hypothèse hasardée.

Enfin, M. Figuier a rêvé cette doctrine pour se consoler, il nous la propose pour nous consoler nous-mêmes. Nous aussi, nous avons fait des pertes cruelles pendant les derniers événe ments qui ont ensanglanté notre pauvre patrie. Nous avons perdu les amis les plus tendres et les plus dévoués, les plus aimables et les plus vertueux, pour qui nous n'aurions pas hésité à sacrifier jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Ils nous ont été enlevés dans des circonstances qui rendent encore nos regrets plus amers et notre douleur plus inconsolable. Et cependant, nous avons trouvé une consolation, non pas dans la lecture du livre de M. Figuier, mais dans la foi et dans l'espérance chrétiennes. Le saint homme Job s'écriait au milieu de ses épreuves: « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai au dernier jour. Je serai de nouveau revêtu de mon corps et je verrai Dieu dans ma propre chair. Je le verrai moi-même, et non un autre, et je le contemplerai de mes propres yeux; telle est l'espérance qui repose dans mon cœur1. »Oui, telle est notre foi, telle est notre espérance. Elle ne s'appuie pas sur une vaine hypothèse, sur un

Scio enim quod Redemptor meus vivit, et in novissimo die de terra surrecturus sum et rursum circumdabor pelle mea, et in carne mea videbo Deum meum, quem visurus sum ego ipse, et non alius: reposita est hæc spes in sinu meo. (Job. XIX, 25.)

système fragile; elle s'appuie sur la parole de Dieu lui-même, et elle est inébranlable comme lui. Ce n'est pas une foi aveugle, reposant sur un vague sentiment qui nous entraîne sans que nous sachions pourquoi: elle a pour fondement la certitude que Dieu a parlé, et que la parole de Dieu est nécessairement conforme à la vérité.

Attendons quelque temps, et nous retrouverons dans les joies de la céleste patrie tous ceux que nous avons connus et aimés sur la terre: reposita est hæc spes in sinu meo.

N. LARCHER.

EN FRANCE

I

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Il nous faut tirer parti de nos malheurs pour nous instruire; convaincus par une trop cruelle expérience de n'être pas en tout le premier peuple du monde, nous devons, au lieu de récriminer inutilement contre nos vainqueurs, leur emprunter ce qui a fait leur force, afin de les battre un jour, s'il plait à Dieu! avec leurs armes. propres Voilà ce qu'on ntend dire de toutes parts, et on a raison. Cette sage et virile pensée qui, nous l'espérons, est celle du plus grand nombre, portera ses fruits, à une condition pourtant : c'est que la résolution soit sérieuse, persévérante et que, ne nous jetant pas d'un excès dans un autre avec cette facilité d'engouement qui déjà, après Rosbach, était dans notre nature, nous ne passions point de la prussophobie à la prussomanie.

Parmi toutes les transformations jugées nécessaires depuis nos revers, et dont nous cherchons le modèle en Allemagne, la réforme de l'enseignement public tient peut-être le premier rang. Et de fait, elle a une immense importance; dans une certaine mesure au moins, les destinées du pays en dépendent, nulle autre restauration n'est plus urgente... Mais, afin d'être salutaire, sur quels points doit porter cette réforme? Pour mettre notre enseignement public au niveau de l'enseignement allemand, suffit-il de développer l'instruction primaire? C'est là une illusion très-commune à cette heure, et qu'un écrivain distingué signalait naguère en ces termes: « On a dit que les victoires de Sadowa et de Sedan avaient été gagnées par le maître d'école allemand. Cette phrase ingenieuse a fait fortune, elle a été reçue dans notre pays comme un axiome... Nous sommes facilement dupes des phrases t

des formules et nous n'avons ainsi qu'une vue étroite des choses. Tout le monde chez nous se passionne pour l'instruction primaire, mais personne ne pense à l'enseignement supérieur. On s'imagine que la lecture, l'écriture, un peu d'orthographe et de calcul suffisent pour élever le niveau d'une nation et pour lui donner un irrésistible ascendant intellectuel. Ce n'est pourtant pas le maître d'école allemand qui a gagné la bataille de Sedan, ce sont plutôt les universités allemandes. Si les Prussiens possédaient, plus que nous, les hautes connaissances qui font de la guerre moderne une sorte de lutte scientifique... croit-on qu'ils devaient cette supériorité à une connaissance plus générale de l'écriture, de la lecture et des quatre règles de l'arithmétique élémentaire?... Si nous croyions avoir satisfait à notre devoir et assuré le retour de notre grandeur en nous contentant d'établir l'enseignement primaire obligatoire, nous commettrions une grave erreur et nous nous exposerions à d'inévitables déceptions'. »

A quoi l'on répond: Nous ne pouvons faire tout à la fois; commençons par l'école et par le peuple; les universités et les savants auront leur tour.

Fort bien, mais il est encore besoin de demander en quoi va consister surtout cette réforme de l'enseignement primaire? a Elle consistera, dit-on de tous côtés, à le rendre d'abord universel. D

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Rien de mieux; aucun dissentiment sur ce point n'est possible; tous nous voulons la même fin la plus grande diffusion de l'instruction primaire; nous ne différons d'avis que sur le choix des moyens. Est-ce tout? « Non, nous voulons, ajoute-t-on, rendre cet enseignement primaire beaucoup plus complet. D

Ah! s'il vous plaît, ici prenez garde; plus universellement répandu sera l'enseignement, et plus il devra demeurer élé

M. Paul Leroy-Beaulieu. (Journal des Débats, 46 nov. 1874.)

2 Évidemment, il ne s'agit point ici de discuter l'absurde programme exposé dans le dernier discours de M. Gambetta, « programme étendu et varié, de sorte qu'au lieu d'une science tronquée, on dispense à l'homme toute la vérité, et que rien de ce qui peut entrer dans l'esprit humain ne lui soit caché... » Ce n'est là qu'une phrase de rhéteur, et ce que Mgr l'évêque d'Orléans a justement appelé une niaiserie.

Ive série. — T VI.

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mentaire. Vous aurez beau faire, vous ne créerez pas un peuple de savants. Le savoir à une certaine dose, en dehors des simples notions générales, sera toujours le lot du petit nombre. Il en est de l'instruction comme de la richesse: le niveau général des connaissances, comme celui du bien-être, peut monter aussi haut que vous voudrez, il y aura toujours des gens relativement ignorants, comme des gens relativement pauvres; et ces gens-là, bon gré mal gré, seront toujours le grand nombre. En vain se promet-on, pour fruit d'une loi nouvelle, l'égalité enfin établie sur des bases rationnelles1; » dans l'ordre intellectuel, plus encore peut-être que dans l'ordre économique et social, l'égalité absolue est un vain rêve. D'ailleurs, pour atteindre ce but, il ne faudrait pas se proposer la Prusse pour modèle; car, nous le verrons, rien de moins uniforme, de moins égalitaire que l'instruction même populaire au delà du Rhin.

Et quand vous aurez fait tous vos efforts pour rendre l'instruction la plus universelle et la plus complète possible, aurezvous enfin réalisé votre programme? Aurez-vous mis l'école française au niveau de l'école allemande ? Eh non! rien ne sera fait, absolument rien, ou plutôt moins que rien, si toute votre réforme n'a pas eu pour but de restaurer la religion et les mœurs. Et c'est pourtant sur cette question essentielle les patrons, les défenseurs de l'enseignement populaire sont profondément divisés! Les uns sont d'un parti qui ne se propose rien moins que de supplanter la religion, toute religion, par ce qu'ils appellent la « science, » et qui n'est qu'un matérialiste effronté. D'autres veulent et disent les mêmes

que

• M. Assézat. (Journal des Débats, 7 nov. 1874.)

• On a distribué, pendant la Commune, à tous les enfants des écoles, un infame petit livre intitulé: Dieu devant la science ou religions et franc-maçonnerie, par Édouard Roullier, M... — Paris, en vente au Gr.. O... de France, 46, rue Cadet. On y lit, p. 48: « La raison universelle n'existe pas; la morale universelle n'existe pas; la nature, bonne en elle-même, n'existe pas; Dieu n'est pas prouvé, l'âme n'est pas prouvée... » Et p. 20: « L'homme ne pouvant connaître rien de ce qui est en dehors et au-dessus des sens, que ce soit surcaturel ou métaphysique, est forcément réduit à ne connaître que ce qui est dans son domaine... Il étudiera les mathématiques, l'astronomie, la chimie, la bioogie, la sociologie... Nous ne craignons pas de dire que cette étude est l'étude u vrai Dieu... Voici venir le culte du Positivisme. >>

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