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ceux que je n'entendais pas et de tenir pour suspecte ou fausse une doctrine aussi obscure que surprenante ?

« Socrate.Encore, Mercure, la comprenez-vous quelque peu ou semblez-vous la comprendre, et c'est ce qui m'étonne : les dieux sans doute ont des lumières que n'ont pas les simples mortels. J'aurais tort de m'en plaindre, et c'est déjà beaucoup d'être délivré de ce corps dont la pesanteur retardait en moi l'élan de la pensée. Je l'avouerai pourtant, si prompte et si vive qu'elle soit à l'heure présente, elle ne peut saisir, et encore moins juger ces nouvelles spéculations dont le bruit est venu jusqu'à nous. Il me paraît, quand on les expose en ma présence, que j'entends quelque chose, et l'instant d'après j'ai tout oublié. Quelques mots bruyants et bizarres retentissent à mon oreille, quelques idées sans suite et sans objet flottent devant mon esprit, et pour les unir je fais de vains efforts. Ma raison n'a nulle prise sur cette déraison, elle est hors de son atteinte. » (P. 132, 133, 134, 137.) Nous avions déjà le Socrate de Xénophon et celui de Platon, entre lesquels les habiles étaient en peine de fixer leur préférence. En voici un troisième qui s'impose à notre attention. Si Socrate est synonyme de fine pénétration dans l'appréciation des systèmes, de clarté et de pittoresque animation dans l'exposition des vérités, de piquante vivacité dans la réfutation et l'argumentation, celui de M. Charaux est aussi authentique. Pour sortir d'embarras les érudits n'auront d'autre ressource que de dire que Socrate n'est pas une individualité, mais le bon sens lui-même qui se plaît à faire de temps à autre dans l'arène de la philosophie une soudaine et vive irruption. M. Charaux qui sait mieux que personne où il a pris son Socrate, ne les contredira point. Nous avons beaucoup cité, parce que citer nous a paru le meilleur moyen d'engager à lire ce charmant opuscule. Et ici nous nous permettrons une critique. D'une exécution typographique très-élégante, qui fait honneur aux presses de Bar-le-Duc, il nous a paru toutefois par l'exiguité de son volume, imiter trop exactement ces joyaux délicats dont la ténuité se dérobe au regard et à la main. Je crains qu'il ne disparaisse sous l'amas de brochures de circonstance, dont le format couvrira sans peine ses trop modestes dimensions.

Certes je ne veux pas faire un reproche à M. Charaux de n'avoir pas eu recours à ces artifices typographiques qui donnent à la matière raisonnable d'un frêle in-18, le volume (et le prix) d'un in-12 ou même d'un in-8°. Je désire seulement que, dans une nouvelle édition, les sept dialogues que j'ai lus avec tant de charme, reparaissent accompagnés d'autres qui donnent au bon sens, avec l'avantage de la valeur, celui tant estimé de l'épais bataillon.

P. FRISTOT.

LES ARTICLES ORGANIQUES DEVANT L'HISTOIRE, LE DROIT ET LA DISCIPLINE DE L'ÉGLISE, par M. l'abbé HÉBRARD. Paris, Lecoffre, 1870.

Ce livre, œuvre remarquable d'érudition et de saine doctrine, se recommande à l'attention de tous les hommes sérieux. L'auteur a étudié les articles organiques sous le triple aspect de l'histoire, du droit et de la discipline ecclésiastique. Interrogeant les documents les plus dignes de foi, il pose ces trois questions: Les Articles organiques font-ils partie du Concordat? Le Pape a-t-il concouru à la rédaction des Articles organiques? Le Pape les a-t-il jamais approuvés? — et il prouve victorieusement qu'il n'est point permis de soutenir l'affirmative. Considérés au point de vue du droit, les Articles organiques sontils une loi de l'Église? On ne saurait le prétendre, puisqu'ils n'émament pas de la seule autorité qui ait mission de donner des lois i l'Église. Sont-ils au moins une loi de l'État? Ici encore M. l'abbé Hébrard répond négativement. Comment en effet pourraient-ils revendiquer ce caractère, lorsqu'ils sont en opposition avec le Concordat, dont ils altèrent la substance, lorsqu'ils sortent de la sphère du pouvoir civil et entreprennent de réglementer ce qui est du ressort exclusif de l'autorité spirituelle? M. l'abbé Hébrard signale en outre et met en évidence avec une grande force de logique une cause de nullité radicale tirée de l'inobservation des formes requises pour la confection des lois. Présentés aux pouvoirs législatifs comme constituant un tout indivisible avec le Concordat, les Articles organiques furent votés et promulgués sans avoir subi, article par article, l'épreuve de la discussion qu'exigeait la Constitution alors en vigueur. Dans la troisième partie de l'ouvrage, l'auteur met les Articles organiques en opposition avec la discipline générale de l'Église et la discipline particulière de l'Église de France, et démontre qu'ils rendent toute discipline impos sible, en ruinant l'autorité et la liberté de l'Église; puis, afin de briser jusqu'à la dernière arme dans la main d'un panégyriste de l'œuvre impériale qui se prévaudrait des libertés de l'Église gallicane, l'auteur examine ce qu'il faut penser de ces prétendues libertés.

La lecture du livre conduit à cette conclusion: Les Articles organiques, non-seulement sont une violation manifeste du Concordat, mais ils ne tendaient à rien moins qu'à transformer l'Église de France en une église nationale, placée sous le joug du pouvoir civil; un seul lien devait rattacher désormais l'Église de France au Siége de Pierre, l'institution canonique des évêques; mais cette institution, dans la pensée de l'auteur des Articles organiques, devait se réduire à une pure for malité, l'envoi docile et complaisant des bulles réclamées par le chef de l'Etat. Le Concordat stipulait à la vérité que l'institution serait conférée « suivant les formes établies par rapport à la France avant le changement de gouvernement, » ce qui impliquait le droit pour le

Saint-Siége de faire procéder aux informations d'usage par ses délégués, et en outre la faculté de repousser les sujets qu'il croirait ne devoir pas agréer, mais les Articles organiques réservent les informations à des délégués du gouvernement. Quant au droit d'exclusion, on sait avec quelle vigueur il a été contesté au Souverain Pontife et sous le premier Empire et sous le second. Si la tentative d'asservissement dont les Articles organiques furent destinés à devenir l'instrument, ne parvint pas à triompher de la noble résistance de l'épiscopat français, les Articles organiques ne laissèrent point cependant de compromettre gravement l'indépendance de l'Église, et ils n'ont point cessé d'être une menace perpétuelle aux mains des gouvernements hostiles. Tout bon catholique doit donc s'associer au vou émis par M. l'abbé Hébrard, et désirer avec lui qu'un gouvernement bien inspiré supprime définitivement ce legs d'un pouvoir despotique, et, d'accord avec le Saint-Siége, remplace une législation oppressive par un ensemble de dispositions qui, en conciliant les droits respectifs et les justes intérêts des deux puissances, rétablisse et consolide une harmonie éminemment désirable.

Si l'étendue d'un article bibliographique devait se mesurer à l'importance de l'ouvrage dont il est rendu compte, cette analyse rapide serait notablement insuffisante; mais, malgré sa brièveté, elle aura atteint son but si, comme nous l'espérons, elle persuade de lire et d'étudier le travail substantiel dont un simple résumé n'a pu donner qu'une idée bien imparfaite : nous en conseillons la lecture au clergé, qui y puisera une science abondante de droit ecclésiastique, aux hommes chargés du soin des affaires publiques et aux jurisconsultes, à qui il importe d'avoir des notions exactes concernant les rapports essentiels de l'Église et de l'État, dans un temps surtout où des voix ennemies de la religion appellent à grands cris une séparation absolue et radicale de la Société spirituelle et de la Société civile.

C. DE LAAGE.

LE CORPS CATHELINEAU PENDANT LA GUERRE (1870-1871), par le général CATHELINEAU. Paris, Amyot, 1874, in-12, 2 vol.

M. de Cathelineau nous avertit dès le début que cet ouvrage est la collection de ses notes de chaque jour pendant la dure et triste campagne de l'hiver dernier et des lettres ou pièces officielles, relatives aux troupes placées sous son commandement. Il n'a donc prétendu faire ni une œuvre littéraire, ni un de ces récits apprêtés, où une forme trop travaillée fait craindre au lecteur soupçonneux que la substance même des faits n'ait été plus ou moins altérée, ne fût-ce qu'involontairement, pour la mieux adapter aux idées et au but de l'écrivain. Ici au contraire tout est simple et sans recherche; et, si parfois la trame de quelque narration est coupée un peu brusquement, si le style est souvent heurté, du moins on voit se refléter dans

toute leur spontanéité les impressions, les craintes, les tressaillements de chaque heure. D'ailleurs cette simplicité même ne fait que mieux ressortir le patriotisme ardent et pur, qu'on sent vibrer partout et que soutiennent et vivifient la foi vive, la piété sincère et franche, digne héritage du Saint de l'Anjou.

Avant même que le régime impérial eût trouvé dans le désastre de Sedan une fin trop méritée par son origine violente et ses errements révolutionnaires, M. de Cathelineau n'avait pas hésité à mettre au service du pays son courage et le prestige tout vendéen de son nom. Cette offre eût-elle été agréée par l'autorité que renversa le 4 septembre? Il semble répondre affirmativement. Est-ce générosité de sa part? Nous serions tenté de le croire; car la lettre du comte de Palikao qu'il cite à l'appui de sa trop bienveillante hypothèse, ne nous parait rien moins que péremptoire. En tout cas les événements ne laissèrent pas le loisir de répondre favorablement à ses propositions. Cet acte de bon sens était réservé au pouvoir qui s'était intitulé et se montra, cette fois du moins, gouvernement de la défense nationale. Rendonslui pleine justice sur ce point; sur tant d'autres il n'est pas digne même d'indulgence! Toutefois, si dans les hautes régions l'acceptation fut pleine et sincère comme l'offre était loyale et désintéressée, il n'en fut pas de même dans les rangs inférieurs de la bureaucratie démocratique. L'auteur raconte brièvement et sans récriminer les obstacles mis à son généreux dessein par le despotisme des préfets républicains, puis les embarras et les tracasseries qu'ils ne cessèrent de lui susciter lorsqu'ils se virent hors d'état d'empêcher absolument la formation du corps vendéen. Ces pages, pourtant très-modérées dans les appré ciations et la forme, donnent une juste idée de l'esprit étroit et mesquin qui animait alors plus d'un fonctionnaire; ceux qui ne croient jamais au dévouement véritable donnent la mesure de celui qui les anime.

En dépit de toutes ces difficultés l'organisation put commencer à Amboise. Elle fut menée avec une étonnante célérité ou plutôt l'organisation et l'entrée en ligne se firent presque du même coup. Les Prussiens, précipitant leur marche, étaient déjà maîtres d'Orléans; on n'avait pas encore de forces sérieuses à leur opposer et, pour arrèter le torrent, on devait en toute hâte employer au moins les moyens dont on pouvait à la rigueur disposer. Grâce à cette urgente nécessité, le corps vendéen à peine constitué se trouve chargé de faire face à l'ennemi, qui menace les avant-postes sur la rive gauche de la Loire vers Saint-Laurent-des-Eaux ; on lui adjoint un bataillon de mobiles de la Dordogne, qui restera associé durant toute la campagne à ses souffrances et à ses exploits.

Pour suivre le détail des marches et des contre-marches qui occupèrent les premières semaines et les apprécier au point de vue militaire, la carte d'état-major ne serait pas de trop. Mais, si ce précieux auxiliaire fait défaut au lecteur, il peut néanmoins se représenter

aisément les fatigues, les privations, les dangers dont était semée la vie aventureuse des héroïques volontaires et de leur chef. Que n'a-t-on profité partout, comme ils le firent, des bois, des cours d'eau, des plis de terrain, de tous les avantages locaux? N'aurait-on pas pu comme eux tenir les envahisseurs en échec, leur faire éprouver mille pertes de détail, les rendre circonspects en les effrayant par de hardis coups de main et protéger ainsi des contrées entières contre leurs ruineuses réquisitions? Trop peu de francs-tireurs, hélas! se montrèrent à la hauteur de cette mission, si bien remplie dès le début par ceux de Cathelineau. Ainsi s'écoula la première phase de la campagne jusqu'à la bataille de Coulmiers. Le corps vendéen ne put prendre à cette victoire une part directe; mais il s'était en revanche acquitté avec plein succès du rôle important d'arrêter les Allemands sur la rive gauche du fleuve. Peut-être empêcha-t-il un de ces mouvements tournants qui furent tant de fois funestes à nos armes. D'ailleurs il n'avait cessé de se porter en avant et fut ainsi le premier à se jeter dans Orléans, à peine évacué par le général Von der Thann.

M. de Cathelineau et ses braves, reçus avec une paternelle et gracieuse bonté par l'illustre évêque à qui l'ennemi devait plus tard faire expier chèrement son patriotisme et la joie de cette première délivrance, n'eurent rien de plus pressé que de rendre grâces au Dieu des armées qui venait de bénir enfin nos efforts; et, vrais soldats chrétiens, ils ne songèrent à un repos nécessaire qu'après avoir accompli cet essentiel devoir. Le repos toutefois fut de courte durée, et dès lors commença pour eux une période encore plus laborieuse.

Une carte détaillée va maintenant devenir absolument nécessaire pour se faire une idée nette des diverses positions, occupées par l'armée française, et des postes confiés à la vigilance active et au courage du corps vendéen. L'importance même de ces postes témoigne hautement de l'estime que lui avait attirée sa belle conduite. Le général d'Aurelles appréciait si bien les qualités de M. de Cathelineau que, voulant utiliser et coordonner pour la défense de la forêt d'Orléans, les mouvements trop irréguliers des francs-tireurs attachés à son armée, il les soumit tous à son autorité, malgré sa répugnance à accepter ce fardeau, si honorable sans contredit, mais si lourd dans les circonstances où l'on se trouvait. On espérait qu'il réussirait à les discipliner et à mettre ainsi à profit des forces, offrant de bons éléments, mais échappant trop souvent à tout contrôle et profitant de leur indépendance pour pressurer les populations et rivaliser parfois en brutalité et en déprédations avec les Prussiens eux-mêmes. Cette tâche ingrate, entreprise par dévouement, ne put être remplie bien longtemps. Les attaques de l'ennemi, se multipliant chaque jour, laissaient peu de loisir pour une organisation, pourtant si nécessaire. La capitulation de Metz avait rendu libre une armée qui marchait rapidement sur Orléans. Il faut lire dans l'auteur l'histoire de ces quelques semaines, passées face à face avec un adversaire entrepre

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