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nant et actif aux avant-postes de Chilleurs-aux-Bois, Loury, Naneray, Chambon, ainsi que des engagements qui précédèrent et accompagnè rent la bataille plus importante de Beaune-la-Rolande. C'est alors sans contredit que le récit des événements devient tristement attachant. Le mouvement décisif des troupes allemandes s'accomplissait. Arrêtés après Coulmiers par la nécessité de nous organiser, nous avons donné au prince Frédéric-Charles le temps d'arriver, c'était désormais avec lui qu'il fallait se mesurer. Si Beaune-la-Rolande ne fut pas encore pour nous une défaite proprement dite, du moins notre armée n'avança pas et ne dérangea nullement les combinaisons de la stratégie prussienne. Aussi, au moment même où, trompé par l'interprétation grossièrement erronée de l'autocrate Gambetta, le général en chef venait d'annoncer à notre armée l'irruption du général Ducrot hors des lignes d'investissement et sa présence à Longjumeau et donnait ordre de se porter vigoureusement à sa rencontre, tous ses calculs étaient déjoués; nous étions soudainement écrasés par des forces immenses et contraints à une retraite désastreuse et précipitée. Le corps franc de la Vendée, prenant part au mouvement en avant indiqué d'abord, avait déjà quitté la forêt d'Orléans pour gagner celle de Montargis; tout à coup ordre exprès lui arrive d'occuper de nouveau en toute hâte les positions qu'il vient de quitter après les avoir si longtemps défendues victorieusement. Malheureusement l'ordre avait éprouvé un retard considérable. Déjà les masses ennemies, poussant le général Martin des Pallières, s'étaient audacieusement engagées dans la forêt et se précipitaient sur Orléans. Il n'était plus temps de les arrêter notre armée se repliait en désordre au-delà de la Loire ou vers Beaugency. Le corps vendéen courait le plus grand danger d'être cerné complétement; déjà un messager, envoyé au milieu du désordre par M. de Cathelineau, faisait savoir que son ambulance était au pouvoir de l'ennemi. Il n'y avait pas un instant à perdre: on ne pouvait échapper que par des prodiges de prudence et de rapidité : M. de Cathelineau sut les réaliser. Manifestement protégé du ciel, comme il se plaît à le reconnaître, il parvient à gagner le fleuve et à le traverser malgré le manque de pont. Mais tous les corps, placés sous ses ordres, n'ont pu le rejoindre; d'ailleurs des nuées de Prussiens ont déjà franchi la Loire eux aussi et courrent le pays, harcelant les corps en retraite et s'emparant des fuyards. Ce ne fut qu'après mille péripéties et en faisant d'immenses détours pour dépister les poursuites qu'on put enfin atteindre Châteauroux et se refaire en sûreté des fatigues et des souffrances de ces tristes jours.

L'armée de l'Est allait alors commencer cette série d'opérations militaires, qui devait comme les autres se terminer par tant de désastres; le corps vendéen lui fut d'abord attaché. Mais on comprit qu'on ne pouvait commettre l'indélicatesse de le faire combattre près d'un auxiliaire tel que Garibaldi et sa destination fut aussitôt changée; il devait désormais remplir en avant du Mans le rôle périlleux dont il

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venait de s'acquitter près d'Orléans avec tant de bravoure, de succès même; car, s'il n'avait pu empêcher une défaite générale, jamais du moins une position, confiée à sa garde, n'avait été enlevée par l'ennemi et, s'il avait reculé, c'était après tous les autres. Pour gagner ce nouveau poste, un long circuit fut nécessaire; on dut prendre par Poitiers, Niort et Angers; le froid était glacial, les retards énormes; on souffrit beaucoup jusqu'au passage à Angers. Mais là Mgr Freppel avait d'avance fait préparer tout ce qui pouvait soulager ces souffrances; de sa personne il voulut venir encourager les vaillants défenseurs de la France et, cette fois comme toujours pendant ces temps malheureux, montra ce que peut la charité active et tendre d'un vrai pasteur. Enfin on arrive au Mans. Le général Chanzy attendait avec impatience ce renfort important; Vibraye et la forêt de Montmirail étaient sans défenseurs; on fait partir les Vendéens sans même accéder à la demande de M. de Cathelineau qui désirait vivement un peu de repos pour ses braves enfants, comme il se plaisait à les appeler. Le poste assigné fut occupé le jour de Noël; on s'y reposa devant l'ennemi en montrant d'ailleurs la même vigilance et obtenant les mêmes résultats que dans la forêt d'Orléans.

Hélas! là encore un désastre était imminent. On voulut imprudemment avancer; les Prussiens en profitèrent pour achever notre perte à la bataille du Mans. Une nouvelle retraite dut s'opérer; le corps vendéen ne pouvant l'empêcher, la protégea du moins héroïquement et soutint avec une fermeté inébranlable des attaques renouvelées à chaque instant. Ces brillants faits d'armes augmentèrent encore l'estime dont jouissaient les volontaires et leur chef; aussi, lorsqu'on eut atteint la ligne de la Mayenne, celui-ci reçut-il le grade de général et fut-il chargé d'organiser la défense sur le cours de la rivière depuis Château-Gonthier jusqu'à Angers. Il se mit aussitôt à l'œuvre avec un redoublement d'activité.

Cependant le drame lugubre de la résistance touchait au dénouement. Refoulée jusqu'à Laval, l'armée de la Loire était désormais impuissante à secourir Paris que l'inexorable famine contraignait à céder. L'armistice fut conclu. On n'interrompit pourtant pas dans l'Ouest les travaux défensifs; il fallait se tenir prêt en cas de reprise des hostilités. Mais cette résistance à outrance, si bruyamment réclamée par ceux qui y auraient pris le moins de part, fut jugée impossible par l'Assemblée de Bordeaux. La France dut boire jusqu'à la lie le calice des humiliations; on prorogea l'armistice, puis on signa les préliminaires de la paix. Dès lors on s'occupa du licenciement des corps francs. Pour celui de la Vendée ce fut une heure pleine d'émotions; si doux et si forts étaient les liens de fraternité d'armes, contractés au milieu des fatigues et des souffrances d'une pareille campagne! Et pourtant l'on devait se séparer sans avoir pu, même au prix du sang, venger l'honneur de la patrie et assurer son bonheur!

Ces liens n'auront-ils pas à se resserrer un jour ? Les enfants de la

Vendée ne se retrouveront-ils pas un jour sous la conduite de celui qui fut pour eux un père plus encore qu'un chef? Tous se le demandaient; l'avenir donnera la réponse. Ce qu'on peut aftirmer, c'est que, si la France a besoin encore du général de Cathelineau et de ses braves, ils seront là et ne marchanderont ni leur dévouement ni leur vie.

H. DE SESMAISONS.

LA PATERNITÉ CHRÉTIENNE. Conférences prêchées à la réunion des pères de famille du Jésus de Paris, par le R. P. A. MATIGNON, de la Compagnie de Jésus. Années 1868-1869. Paris, Victor Palmé, 4870, in-12, p. 424.

L'habile éditeur de Bourdaloue, le P. Bretonneau, dont les préfaces sont à lire, fait cette observation sur les sermons de son éloquent confrère : « Le P. Bourdaloue, dit-il, les a remplis d'instructions propres à tous les états. Comme il cherchait moins à plaire qu'à se rendre utile et que son zèle était universel, il avait soin de proportionner sa morale à toutes les conditions des hommes; et ce qu'il y a d'assez remarquable, c'est qu'il ne parle presque jamais en particulier à ceux que la Providence a distingués par leur naissance ou par leur rang, sans adresser ensuite la parole aux autres que Dieu n'a pas ainsi élevés, et que par une merveilleuse diversité de vues, il trouve tout à la fois dans le même mystère et pour les grands et pour les petits, selon leur situation différente, des règles de conduite et des motifs de sanctification. »>

Est-ce à dire que ce grand prédicateur se tint dans les généralités et qu'il évitât d'en venir aux détails, aux applications particulières de la morale chrétienne? Loin de là, car alors il n'aurait fait que peu ou point de fruit; il n'eût pas été cet ouvrier apostolique, cet homme puissant en œuvres et en paroles que nous savons, et qui n'eut pas son égal pour convertir les âmes, au moins parmi les orateurs en renom du XVIIe siècle. Mais cela veut dire qu'il s'efforçait d'approprier tour à tour ses instructions à toutes les conditions de la vie, à toutes les classes de personnes, sans exclusion comme sans préférence. Quelquefois même, pour aller plus droit au but, il lui arriva de consacrer un sermon entier aux devoirs spéciaux de tel ou tel état, comme lorsqu'il prêcha, deux dimanches de suite, sur les devoirs des pères et mères par rapport à la vocation de leurs enfants, et sur l'état de mariage.

Avouons-le toutefois, devant un auditoire où sont confondus tous les âges comme tous les états, le prédicateur est mal à l'aise pour traiter à fond un pareil sujet; il craint toujours que la leçon donnée aux parents ne puisse profiter aux enfants et que les personnes vouées au célibat ne prêtent qu'une attention distraite à un discours qui roule tout entier sur les devoirs des gens mariés. Mais réunissez dans

une même enceinte toutes les mères chrétiennes, tous les pères de famille, alors aucune de vos paroles ne tombera à terre, toutes iront à leur adresse, jamais vous n'aurez travaillé avec plus de fruit à la réforme des mœurs.

Le P. Matignon a eu cette bonne fortune de pouvoir épancher son âme devant un pareil auditoire. « En 1867, nous apprend-il, plusieurs pères de famille se sont entendus pour demander qu'on les réunît périodiquement et qu'on les entretînt d'une manière spéciale des graves devoirs qui concernent la conduite de leur maison et l'éducation de leurs enfants. Cette idée a bientôt été accueillie avec empressement par un grand nombre d'autres. La réunion se tient le premier dimanche de chaque mois (sauf les mois d'été) dans la chapelle intérieure, rue de Sèvres, 35. Ceux qui ont donné leur nom comme venant habituellement sont convoqués par une lettre circulaire; les autres peuvent également y assister. A neuf heures précises, on dit une messe basse, suivie d'une allocution et d'une bénédiction du Saint-Sacrement. >>

Oh! la bonne et salutaire pensée, et que cette pratique est à la fois simple et féconde! Comprenez-vous l'efficacité de la parole du prêtre au sein d'une telle réunion? Il n'y a là que des pères de famille, des hommes mariés ou des jeunes gens qui sont en âge de s'établir et qui doivent déjà songer aux graves obligations qu'un avenir prochain leur réserve. Qu'est-ce que la paternité et d'où vient-elle ? Ont-ils jamais bien approfondi cette question au point de vue chrétien et telle qu'elle apparaît dans la pure lumière de la foi? Ont-ils quelquefois médité sur cette grande parole de l'Apôtre : Ex quo omnis paternitas in cælo et in terra nominatur (Eph., II, 15)? Toute paternité vient de Dieu! Donc, la famille elle-même appartient à Dieu, c'est Dieu seul qui en est le principe et la fin dernière. « Le père est un administrateur, non un propriétaire. Le Créateur, qui aurait pu se passer de son concours, a eu en lui tant de confiance qu'il a voulu se l'associer dans l'œuvre la plus grande, la plus importante de toutes, disons-le aussi, la plus délicate et la plus difficile, à savoir la production de l'homme, sa formation; ce qui signifie, en d'autres termes, la venue d'une âme à l'existence et son façonnement, sa préparation aux grandes destinées qui l'attendent. Telle est l'entreprise commune que poursuivent de concert Dieu et la famille. >>

Voilà le thème, voilà la vérité fondamentale que le P. Matignon a développée dans ses allocutions du dimanche. De ce seul principe, que de conséquences pratiques n'a-t-il pas su tirer, toutes parfaitement déduites, toutes se rattachant à cette grande notion de la paternité chrétienne subordonnée en tout à la paternité divine et trouvant en elle sa règle et son modèle, puisque personne n'est père autant que Dieu : Nemo tam Pater quam Deus! Toujours et partout les droits de Dieu sur la famille non-seulement s'affirment, mais s'imposent, et force nous est de les subir et de les reconnaître. Si Dieu agit en

maître, s'il reprend par la mort une partie de ce qu'il a donné, que fera la famille? Va-t-elle murmurer, s'irriter comme d'une injustice? Ah! souffrir, oui, pleurer, oui encore; mais elle devra toujours dire, comme le plus éprouvé de tous les pères : Le Seigneur me l'avait donné; il me l'a enlevé que son saint nom soit béni. Dominus dedit, Dominus abstulit... sit nomen Domini benedictum. Mais d'autres fois, Dieu se présente en solliciteur; il demande ce jeune homme, cette jeune fille. On refuse, on se croit dépouillé injustement, comme si l'on était seul le maître. Quel blasphème et quelle folie! Comment l'homme peut-il à ce point méconnaître les droits de Celui qui est l'auteur et le maitre de la vie, sans lequel il n'y aurait ni père, ni enfants, ni famille?

C'est le père de famille qui est le défenseur né des droits de Dieu sur la famille; il tient son mandat de la Providence et il est lui-même, pour tous les siens, une sorte de Providence visible. Cette défense doit s'étendre à toutes les questions importantes qui lui sont déférées : question de formation et d'éducation première; question d'enseignement et de préparation pour l'avenir; question de contacts, de relations sociales, de plaisirs, etc., etc. En toutes ces choses, il doit protéger les droits de Dieu, être l'organe de ses volontés, le défenseur de sa loi. Mais on ne protége bien que les intérêts qu'on aime; et qu'arrivera-t-il si le père de famille est lui-même infidèle à la loi de Dieu ? Celui qui oublie cette partie de son mandat s'amoindrit, se découronne, il abdique et favorise l'insurrection dans sa famille. Il a méconnu les droits de Dieu, et les siens sont foulés aux pieds; en bannissant Dieu de sa famille, il y a introduit l'anarchie et la ruine; ses fils et ses filles perdront le respect, sa vieillesse sera sans honneur et sa mort sans consolation. Terribles leçons que ce siècle multiplie sous nos yeux et dont bien peu de pères savent profiter.

Une importante vérité sur laquelle insiste le P. Matignon, et qui fait le fond commun de toutes ses conférences, c'est que la famille étant une création de Dieu, la plus belle et la plus achevée, elle doit porter le sceau et comme la signature de Dieu dans son unité, et que cette unité n'y peut régner qu'autant que le père en est le centre. Il s'agit d'unité morale, bien entendu, unité des idées, des affections, des vies. Les obstacles à cette unité sont nombreux, en notre siècle surtout; faut-il en nommer quelques-uns? Diversité des traditions dans la famille; ce sont des branches empruntées à des troncs différents, chacun a sa sève. Dans l'union qui s'est formée, les considérations de fortune ou de position ont prévalu; on apporte des idées opposées, en religion, en politique; peut-être même, et l'inconvénient est plus grand encore, sur les questions pratiques d'éducation; il est bien difficile alors d'éviter les conflits. Voilà deux courants très-distincts qui se rejoignent; vont-ils se confondre, ou bien ressembleront-ils à ces fleuves qui, tout en coulant dans le même lit, ne mêlent pas leurs eaux, mais marchent côte à côte, chacun gardant sa couleur origi

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