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nelle? Hélas! le fait n'est que trop commun; et que devient alors l'éducation des enfants, une œuvre qui doit être essentiellement une sous peine d'être dépourvue d'efficacité ? Les idées opposées se neutralisent, les exemples sont en contradiction avec les leçons données. On peut bien, observe finement le P. Matignon, on peut bien écarteler un écusson et réunir dans un même blason les attributs de deux familles; mais peut-on également fondre ensemble des principes qui se contredisent, le oui et le non? D'une part l'enfant trouvait la foi, la piété, une religion solide dont il subissait l'influence; de l'autre, il aperçoit l'indifférence, l'incrédulité peut-être. Entre ces deux traditions son choix est bientôt fait; il va où la nature l'incline, où la passion le porte, et l'œuvre toujours assez laborieuse de l'éducation chrétienne échoue tristement contre cet obstacle.

C'est en moraliste très-pénétrant, en scrutateur habile du cœur humain, que le P. Matignon étudie les obstacles qui tiennent au caractère, à la tournure d'esprit, comme il dit lui-même; obstacles que l'amour-propre, la susceptibilité froissée accroissent quelquefois dans des proportions formidables. Le seul remède à ce mal, c'est la mortification chrétienne, et l'on éprouve une fois de plus la vérité de ce mot: Pietas ad omnia utilis est. Oui, la piété bien entendue peut seule faire régner la paix et la bonne harmonie dans la famille. Mais il y a aussi des dangers qui viennent du dehors, des influences extérieures qui compromettent l'unité des idées et des sentiments dans la famille : les lectures, par exemple, lectures de livres et de brochures en deliors du contrôle du père de famille, mais pardessus tout la lecture du Journal. Ah! la riche matière à réforme que celle-là! Combien de fois, en effet, le journal ne devient-il pas une cause de division, un vrai brandon de discorde qui allume la guerre entre les membres d'une même famille! Son action s'exerce tous les jours; c'est la goutte d'eau qui creuse la pierre; le salpêtre qui ronge la muraille et la transforme pour ainsi dire en lui-même. On se croit fort contre lui; qu'on y prenne garde, il finít à la longue par vous gagner, par vous séduire; il trouve des auxiliaires chez vous, tout autour de vous; enfants, domestiques, tout y passe; vous l'avez introduit dans la place : il y est maître. Le P. Matignon traite aussi des cercles, des sociétés et fréquentations, et il revient à plusieurs reprises sur ce sujet essentiellement pratique, où il montre une grande expérience de la vie moderne. Où sont aujourd'hui les familles dont le foyer soit véritablement le centre commun, le point de ralliement, non-seulement pour les affaires et l'accomplissement des devoirs sérieux de la vie, mais encore pour les distractions et les plaisirs? Père, mère, enfants, chacun a sa société, ses relations à part, tellement qu'on devient, sur une foule de points, étranger les uns aux autres et qu'on finit par ne plus s'entendre, par ne plus parler la même langue. La journée se passe dans une séparation obligée, mais le soir au moins ne va-t-il pas réunir tout le monde? Point du tout, le père ira à son cercle, le fils à son

club, la mère. restée seule avec ses filles, recevra ou visitera ses amies; que si par hasard on passe ensemble la soirée, c'est en nombreuse compagnie, dans une de ces réunions officielles d'où toute intimité est bannie. Nos lecteurs, nos lectrices surtout réfléchiront à ce que le P. Matignon, dans sa huitième conférence, dit des salons modernes comparés aux salons d'autrefois. Si ce tableau est fidèle, j'en suis fâché, et j'engage toutes les maîtresses de maison à ne rien épargner pour nous ramener aux traditions de politesse et de bon goût qui faisaient le charme des salons d'autrefois, au grand profit de la morale et des vertus domestiques.

Le père de famille, tel que vous le représente le P. Matignon, est véritablement le roi de ce petit État dont Dieu lui a confié les destinées; il règne et il gouverne de droit divin. « On a pu abolir ailleurs le droit divin; ici il se retrouve dans toute sa force pas une de ces fonctions augustes qui soit d'invention humaine; pas une place au foyer domestique qui n'y soit marquée par le doigt de Dieu; pas un degré hiérarchique qui n'ait été établi, à l'origine même, par Celui de qui toutes choses relèvent et à qui elles doivent un tribut d'hommages. » Investi d'une si grande autorité, le père se tient néanmoins en garde contre l'absolutisme, et ne confisque à son profit et selon sa fantaisie aucune liberté légitime. Jamais il n'abdique, mais il ne tient pas non plus à distance celle que Dieu lui a donnée pour compagne; liaime à l'associer à ses desseins, à l'initier dans une mesure convenable à la conduite des affaires de la communauté, et à verser dans son cœur tous ses secrets. C'est par l'amour et le respect qu'il règne beaucoup plus que par la crainte. « Oui, dit éloquemment le P. Matignon, le père doit être le secret aimant qui attire et qui retient; il y a dans l'action mystérieuse qu'il est appelé à exercer quelque chose qui dépasse les industries de la tendresse et qui dépasse même la puissance de la nature. Laissez-moi vous le dire, c'est un don divin qu'il faut obtenir par la prière, acheter par le sacrifice, mériter et conserver par la pureté de la vie. La chasteté du père de famille est peutêtre ce qui contribue le plus à lui donner cet ascendant et cet empire sur les âmes. Pour lui, ce n'est point simplement une question personnelle que de fuir toute souillure; plus il en est exempt, plus la lumière de sa vie rayonne et enveloppe les siens, plus l'arome qui s'échappe de lui les embaume et les enivre; on ne peut se défendre de l'aimer, parce que lui-même il aime d'une manière plus pure; son cœur reste plus jeune, plus entier; il a plus de fraîcheur, par conséquent plus de ressemblance avec les affections naïves qui naissent autour de lui et qu'il s'agit de développer. >>

Telles sont ces conférences. On voit le fruit qu'elles ont dû produire dans les âmes, la douce influence qu'elles ont dû exercer sur les familles dont les chefs ont su en mettre à profit les enseignements si pratiques et si variés. Le P. Matignon avait affaire, cela est clair, à des hommes placés dans les conditions supérieures de la vie, ou du

moins appartenant à un niveau social où la culture de l'esprit est universelle. Son langage est conforme aux besoins d'un tel auditoire, c'est tout simple, et il aurait eu grand tort d'affecter une familiarité déplacée et de descendre aux détails infimes et vulgaires de la vie domestique. Mais ces mêmes vérités chrétiennes, dont il a fait l'application aux pères de famille parisiens qui fréquentaient la chapelle de la rue de Sèvres, elles sont tout autant à l'usage des classes laborieuses, des pauvres et des déshérités de ce monde, et c'est surtout dans ce milieu que nous voudrions les voir pénétrer. Pourquoi ne dirais-je pas toute ma pensée? Des réunions de pères de famille pourraient avoir lieu, avec la plus grande utilité, dans toute espèce de paroisses, non-seulement à la ville, mais à la campagne; et comme il est difficile de compter sur l'assiduité des hommes voués par état à de rudes travaux, on devrait ménager leur temps et leur bonne volonté, ne les réunir que trois ou quatre fois par an, je suppose, le dimanche. Mais alors que de bonnes vérités n'aurait-on pas à leur dire, à leur inculquer? Un prêtre zélé sentirait son cœur déborder en présence de tous ceux de ses paroissiens que Dieu a investis de cette éminente dignité de la paternité chrétienne. La paternité spirituelle qui est son partage donnant à ses paroles une force et une onction particulières, ses conseils seraient entendus, ses avertissements pris en bonne part; et chaque père de famille rentrerait chez lui plus pénétré de ses devoirs, mieux instruit des moyens de se faire aimer et respecter, avec la résolution de prêcher d'exemple et de fonder sur la vertu le bonheur de tous les siens. Ce serait là, nous n'en doutons pas, une excellente manière, et la plus efficace, de travailler à la régénération morale de la France.

CH. DANIEL.

VIE ET TRAVAUX DE ZACHARIA (Karl-Salomon), jurisconsulte et publiciste allemand, par Joseph ORSIER, avocat, etc. 1 vol. in-8°, 119 p. Paris, librairie internationale.

Voici un écrivain qui, pour s'enquérir des choses d'outre-Rhin, n'avait pas attendu la douloureuse leçon qui vient d'être donnée à la France, trop indifférente jusqu'ici à tout ce qui se passe chez ses voisins et qui pourtant aurait tant d'intérêt à en être instruite !

L'Académie de Législation de Toulouse avait pris une heureuse initiative, en proposant comme objet d'une étude spéciale le célèbre professeur d'Heidelberg, dont la notoriété dans notre pays se rattache à un Manuel de Droit civil français, plusieurs fois traduit dans notre langue. M. Orsier, docteur en droit et très-capable d'être ce qu'on appelle en Allemagne un privat-docent, a voulu étudier Zachariæ sur place et dans les universités où sa mémoire est encore vivante, où son enseignement se perpétue par l'organe de ses disciples. Le fils de

l'illustre professeur, M Karl-Edouard Zachariæ, baron de Lingenthal, qui a lui-même enseigné le droit romain à Heidelberg, a confié à notre compatriote de nombreux documents inédits, qui donnent à la partie bibliographique de cette étude un intérêt tout nouveau. Comme l'observe avec raison M. Orsier, Zachariæ est plus encore publiciste que jurisconsulte; dans ses Quarante livres sur l'État (Vierzig Bücher vom Staate), on reconnaît toute la hardiesse et l'originalité de la synthèse allemande; rien que l'analyse sommaire, dressée chapitre par chapitre, que nous en avons là sous les yeux, nous donne l'idée d'une œuvre qui serait peut-être plus vraie et plus orthodoxe que celle de Zachariæ, mais qui ne serait certainement pas plus vaste, plus compréhensive.

En traitant ici du Mariage, nous avons hautement blåmé les jurisconsultes français qui avaient pris pour guide, en pareille matière, ce légiste allemand et protestant; à sa suite, ils se sont égarés, et ont méconnu l'esprit de notre vieux droit français, essentiellement catholique. Nous ne rétractons pas ce blâme; mais nous engageons tous ceux qui ont quelque souci de l'étude du droit, qui ont en horreur la sécheresse et la vulgarité à laquelle elle est réduite dans nos écoles, à lire la consciencieuse notice de M. Orsier. Ici, comme dans l'art militaire, ce qui nous manque, c'est le travail, c'est la réflexion et l'approfondissement du métier. Certes, nous serions désolé qu'on sût le métier chez nous pour en faire usage au profit d'une domination injuste et tyrannique; mais si nous le savions mieux, qui nous empėcherait de mettre notre supériorité et notre ascendant reconquis au service des plus nobles causes?

CH. DANIEL.

BULLETTINO DI ARCHEOLOGIA CRISTIANA del Commendatore Giovanni Battista de Rossi. Seconda serie, anno primo e secondo. Recueil trimestriel. On s'abonne à Paris, chez Durand, 9, rue Cujas.

Depuis que la Révolution trône à Rome, M. de Rossi a été mis pour ainsi dire à la porte des catacombes. Oui, cette Rome souterraine que ses découvertes ont agrandie, dont il est l'explorateur le plus sagace et dont il restera l'historien classique, elle a passé en d'autres mains, celles qui détiennent injustement le patrimoine de saint Pierre et qui s'apprêtent à faire brèche au Vatican. Mais l'illustre archéologue ne perd pas courage et il poursuit, comme si de rien n'était, ses nobles travaux, préparant le tome troisième de Roma sotterranea cristiana et publiant son Bulletin arrivé à sa seconde série, dont nous avons sous les yeux deux années presque complètes.

Ce savant recueil, dont il est l'unique et infatigable rédacteur, a beaucoup gagné au point de vue matériel; le papier, le caractère sout meilleurs que dans la précédente série; le format grand in-8°, substitué

à l'in-4°, a moins à souffrir du transport par la poste; enfin les planches, aujourd'hui séparées du texte, reproduisent avec plus de fidélité la physionomie et le style des monuments. Le dirons-nous? La science de l'archéologue arrive elle-même à une plénitude qui couronne dignement vingt années et plus de sérieux et patients labeurs. Un exemple pour confirmer ce que j'avance. Tout le monde avait remarqué, au tome troisième du Spicilegium Solesmense, une belle étude de M. de Rossi sur l'histoire de l'IXOYZ symbolique des premiers chrétiens. Ce travail, qui remonte à une quinzaine d'années, fut justement applaudi; mais ce n'était pas le dernier mot de l'antiquaire romain, chacun pourra s'en convaincre en lisant ce qu'il vient d'écrire dans son Bulletin pour expliquer une fort belle pierre gravée représentant un dauphin, extraite de la sépulture d'Adhémar, évêque d'Angoulême (10761101), dont elle ornait l'anneau pastoral. Que de questions à propos de ce simple monument! La gravure est d'époque classique, observe M. de Rossi, et l'on pourrait être tenté de ne voir dans le dauphin qu'un symbole païen d'un usage très-répandu. D'autre part, certains détails de composition indiquent une intention chrétienne, si bien que ce dauphin serait le fameux IXOYZ ou poisson qui représentait le Christ aux yeux des premiers chrétiens. Mais le dauphin qui passait, selon Athénée, pour être piλavoρwñóτatos, et qui était devenu pour les anciens le symbole de toute espèce de sauvetage, n'aurait-il pas été adopté par les chrétiens précisément pour cette raison, tellement que le poisson ou IXOYΣ n'aurait pas d'autre origine? Remarquons-le bien, cela renverserait tous les termes de l'explication admise jusqu'ici; car on avait toujours vu dans l'IXOr les cinq initiales de Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ, et par conséquent une allusion à la divinité de Jésus-Christ et à sa qualité de Sauveur; on ne lui soupçonnait même pas d'autre origine. Voilà le problème nettement posé. D'où viendra la solution? De l'observation des monuments anciens. Si à mesure qu'on remonte le cours des siècles le poisson symbolique est plus habituellement un dauphin, il y aura grande chance que l'explication nouvelle soit la vraie. En est-il ainsi? Non, répond M. de Rossi, et il le prouve. Or, la preuve qu'il peut fournir est tout simplement une grande nouveauté en matière d'archéologie chrétienne; car on n'avait pas avant lui de données positives et certaines sur l'âge de la plupart des monuments, et les données qu'il emploie dans cette occasion sont une acquisition récente, le fruit des recherches poursuivies en ces derniers temps à travers toutes les cryptes des catacombes. C'est là le mérite propre du grand archéologue; il a su introduire dans la science qu'il cultive avec tant d'honneur une chronologie sûre, et par là il élimine une foule d'inconnues, procédant à la solution des problèmes les plus compliqués avec l'exactitude et la rigueur de la méthode mathématique.

Ce que nous disons là s'applique aussi à une intéressante étude sur les sigles ΧΜ, qu'il faut lire décidément : Χριστὸς Μιχαὴλ Γαβριήλ,

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