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admirable vie, et chaque page nous les montre ensuite pour ainsi dire réduites en actes.

Ambroise est un patricien devenu prêtre; tout ce qui remplit son enfance et sa jeunesse, « ces études, ces exemples, cette illustration et ce commandement, tous ces dons de la naissance, du génie, de la fortune, Dieu ne les avait réunis sur ce front prédestiné que pour le disposer à l'onction de sa grâce et y marquer la place de la couronne pontificale, presque égale, dit l'Apôtre, à celle même des anges. » Ce prêtre, que Dieu s'est choisi, unit dans son cœur deux amours, l'amour de la patrie et l'amour de l'Eglise. Il ne méconnaît point la cité de la terre : « devant la patrie menacée, il parle comme un soldat; devant la patrie envahie, il pleure comme un fils; devant la patrie malheureuse et ses enfant captifs, il agit comme un père. » Mais comme il aime infiniment plus encore la cité du ciel! «S'il mérite éminemment le nom de père de l'Église,» c'est qu'il a réellement engendré dans le Christ une génération nouvelle, une famille, une église.L'Église dont il est le Père, c'est l'Église puissamment et fortement constituée qui, seule vivante au milieu de la dissolution générale de l'empire, allait conquérir et discipliner les barbares; c'est l'Église du moyen âge avec son droit chrétien, sa prérogative publique du sacerdoce, son influence législative, ses institutions religieuses, sa tutelle du pauvre et du peuple opprimé, ses œuvres de charité, ses libertés surtout, liberté de conscience pour le service de Dieu, liberté de remontrance et de résistance aux pouvoirs oppresseurs, liberté d'apostolat et de dilatation. » L'alliance des deux cités, l'union de l'Église et de la société civile, « le sceptre du monde mis au service du Dieu de l'Évangile, »tel fut l'idéal de l'ami de Gratien et de Théodose1. Mais au moment où il croyait cet idéal réalisé, « la mort d'un seul homme remettait tout en question et creusait un abîme où allaient s'engloutir les espérances de l'empire et celles de la religion. Ambroise put comprendre alors quelle situation précaire crée à l'Église la faveur toujours fragile du despotisme, et quelle ruine générale entraîne dans sa chute la domination éphémère d'un seul, fùt-il un grand génie et un homme de bien. » Tout était-il donc désespéré, parce que l'Empire romain s'écroulait? Avec d'autres grands esprits du Ive siècle, Ambroise confondait les destinés de l'Empire avec celles du monde luimême et croyait que la chute de l'un allait inévitablement amener la fin de l'autre. Il n'en était rien, un monde nouveau allait naître, qui grandirait sous la tutelle de l'Église; celle-ci serait appelée non-seulement à le convertir, mais à le transformer, « à fixer, discipliner des races presque sauvages, les initier à la vie régulière des nations, donner au pouvoir sa consécration et sa limite, pénétrer de son esprit les mœurs et les lois. >>

D'ailleurs Ambroise avait lui-même préludé à cette grande œuvre;

' Introduction, XI, XII; Histoire, p. 124, 364.

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faire lui-même les corrections comme il les ferait plus ou moins pour des fautes de grammaire. Voilà bien des exigences; mais le sujet en vaut la peine, et la maison Hachette, qui a depuis long. temps fait ses preuves, est de force à supporter la vérité. Pour terminer, citons les dernières lignes de M. Wey, où l'on verra dans quelle mesure et par quels motifs il est sympathique à la cause des papes, aujourd'hui si délaissée. « Ce qu'est le Vatican pour les choses de l'esprit, dit-il, je le résume en peu de mots; sans sortir de cette enceinte, on peut puiser aux sources les plus pures l'enseignement des lettres divines et humaines; de la sculpture, de la peinture, des arts tant anciens que modernes, révélés par leurs modèles les plus accomplis. Propriétaires légitimes de leurs galeries patiemment amassées, les papes ont été les fondateurs, ils doivent rester les grands maîtres de cette Université. »

CH. DANIEL.

HISTOIRE DE SAINT AMBROISE, par M. l'abbé BAUNARD. Paris, Poussielgue, 4874. 4 vol. in-8, p. XL-624.

« Décidément, écrivait à l'auteur Mgr l'archevêque de Bourges, au mois d'août dernier, vous avez le privilége de faire de beaux et bous livres d'abord le Doute et ses victimes, puis l'Apôtre saint Jean, enfin aujourd'hui Saint Ambroise; autant d'œuvres sérieuses que vous avez semées sur le chemin de votre vie, qui attestent, outre le talent, des recherches patientes, des labeurs prolongés et, par-dessus toul, l'amour de la sainte Église, le zèle de sa gloire... >

On ne sait que louer davantage, en effet, dans les ouvrages de M. l'abbé Baunard, et tout particulièrement dans ce dernier, de la solidité du fond, du charme de la forme, ou des leçons si pratiques dont ils sont remplis. Sans doute l'histoire de saint Ambroise fait grand honneur à l'érudit et à l'écrivain; mais rien ici qui ressemble au vain étalage d'une érudition dépensée en pure perte ou au bruit inutile d'une harmonieuse parole qui ne chercherait qu'à plaire à l'oreille. Plus sérieuse et plus chrétienne est la fin que l'historien s'est imposée: c'est un prêtre, on le sent bien, qui tout préoccupé des àmes, va chercher pour elles seules dans le passé ce qui doit leur être un encoura gement, une consolation, un exemple; sans poursuivre avec trop d'empressement les allusions au temps présent, s'il se garde bien de les fuir, c'est moins pour donner à son livre ce qu'on nomme un intérêt d'actualité, que pour le rendre ainsi plus instructif, plus édifiant et plus utile.

Ce livre, si plein de choses, est vraiment fait avec saint Ambroise; le grand évêque y revit tout entier, on le voit agir, on l'entend parler L'Introduction expose avec éloquence les idées qui se dégagent de cette

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admirable vie, et chaque page nous les montre ensuite pour ainsi dire réduites en actes.

Ambroise est un patricien devenu prêtre; tout ce qui remplit son enfance et sa jeunesse, « ces études, ces exemples, cette illustration et ce commandement, tous ces dons de la naissance, du génie, de la fortune, Dieu ne les avait réunis sur ce front prédestiné que pour le disposer à l'onction de sa grâce et y marquer la place de la couronne pontificale, presque égale, dit l'Apôtre, à celle même des anges. >> Ce prêtre, que Dieu s'est choisi, unit dans son cœur deux amours, l'amour de la patrie et l'amour de l'Eglise. Il ne méconnaît point la cité de la terre: « devant la patrie menacée, il parle comme un soldat; devant la patrie envahie, il pleure comme un fils; devant la patrie malheureuse et ses enfant captifs, il agit comme un père. » Mais comme il aime infiniment plus encore la cité du ciel! «S'il mérite éminemment le nom de père de l'Église,» c'est qu'il a réellement engendré dans le Christ une génération nouvelle, une famille, une église.L'Église dont il est le Père, c'est l'Église puissamment et fortement constituée qui, seule vivante au milieu de la dissolution générale de l'empire, allait conquérir et discipliner les barbares; c'est l'Église du moyen âge avec son droit chrétien, sa prérogative publique du sacerdoce, son influence législative, ses institutions religieuses, sa tutelle du pauvre et du peuple opprimé, ses œuvres de charité, ses libertés surtout, liberté de conscience pour le service de Dieu, liberté de remontrance et de résistance aux pouvoirs oppresseurs, liberté d'apostolat et de dilatation. » L'alliance des deux cités, l'union de l'Église et de la société civile, « le sceptre du monde mis au service du Dieu de l'Évangile, » tel fut l'idéal de l'ami de Gratien et de Théodose1. Mais au moment où il croyait cet idéal réalisé, « la mort d'un seul homme remettait tout en question et creusait un abîme où allaient s'engloutir les espérances de l'empire et celles de la religion. Ambroise put comprendre alors quelle situation précaire crée à l'Église la faveur toujours fragile du despotisme, et quelle ruine générale entraîne dans sa chute la domination éphémère d'un seul, fût-il un grand génie et un homme de bien. » Tout était-il donc désespéré, parce que l'Empire romain s'écroulait? Avec d'autres grands esprits du Ive siècle, Ambroise confondait les destinés de l'Empire avec celles du monde luimême et croyait que la chute de l'un allait inévitablement amener la fin de l'autre. Il n'en était rien, un monde nouveau allait naître, qui grandirait sous la tutelle de l'Église; celle-ci serait appelée non-seulement à le convertir, mais à le transformer, « à fixer, discipliner des races presque sauvages, les initier à la vie régulière des nations, donner au pouvoir sa consécration et sa limite, pénétrer de son esprit les mœurs et les lois. >>

D'ailleurs Ambroise avait lui-même préludé à cette grande œuvre ;

• Introduction, XI, XII; Histoire, p. 124, 364.

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en lui« le despotisme impérial trouvait enfin un bras pour refréner ses emportements, et les peuples une puissance protectrice et vengeresse de leurs droits et de leur vie; » le premier il réclamait pour un autel chrétien le privilège glorieux d'être un lieu d'asile, et tandis que le prince vainqueur protestait à ses pieds qu'il lui devait ses victoires, lui-même, se prosternant à son tour, obtenait du prince la grâce des vaincus.

Le pontife a aussi ses combats et ses champs de bataille : toute sa vie, il lutta pour la religion contre l'indifférentisme; s'il s'arma contre l'idolatrie d'un argument très-familier aux Pères de l'Église, se réclamant, en faveur du christianisme, de la liberté légalement octroyée à tous les cultes possibles', ce n'est pas qu'il reconnût néanmoins aucun droit à l'erreur; il allait même parfois, à ce point de vue, jusqu'à une rigueur qui semblait excessive à saint Augustin2. Loin de lui la prétention d'imposer la vérité par la force; il entendait seulement la défendre, et même, autant que possible, avec modération et douceur. Mais ce qu'il ne consentit jamais à sacrifier d'aucune sorte, c'est l'indépendance de l'Église.

De là, son influence universelle et sa dignité immense, respectée par les usurpateurs, vénérées par les barbares, si grandes que l'estime d'Ambroise fait honneur aux plus puissants princes et que Théodose lui-même est suffisamment loué, quand le pontife conclut son éloge par ce cri qui contient à lui seul tout un panégyrique : « Oui, je l'ai aimé... >>

Et avec tout cela, une bonté de cœur incomparable! « Fort comme le diamant, il est tendre comme une mère; » s'il est terrible aux oppresseurs, il est compatissant aux pauvres; les pécheurs le trouvent miséricordieux. Rien n'égale l'attentive et prudente sollicitude dont il environne Augustin, ni la douce pitié qu'il témoigne à l'infortunée pécheresse Suzanne, dans son Epître sur la chute d'une vierge, ni la bonté paternelle qui tempère les sévères reproches adressés à Théodose. L'amitié est à ses yeux une vertu sacerdotale; un ami est pour lui «< un frère d'âme; » partout et particulièrement dans ses lettres, à l'étude desquelles l'historien consacre un chapitre entier, on respire le même suave parfum de charité, comme on trouve partout le souvenir et le nom de Jésus-Christ, principe et fin de toute affection pure".

Avec l'amour des hommes et l'amour de Dieu, se confond, dans le cœur d'Ambroise, l'amour de la sainte Eglise, de l'Eglise romaine; «< car c'est de Rome, disait l'illustre évêque, que découlent sur tout le monde les droits de la communion sacrée. » Pressentant déjà la scission lamentable de l'Orient d'avec le Saint-Siége, il aurait voulu qu'un

'P. 281.-V. Mgr Freppel, Saint Justin, Tertullien, etc.

P. 445 et note. * P. 116, 389.

• Voir surtout p. 247, 498, 50; 17, 59, 184, etc.

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concile général réunît à Rome les pasteurs du monde entier; c'est qu'il voyait uniquement le salut là où est l'Eglise, et l'Eglise là où est Pierre Ubi est Petrus, ibi ecclesia; ubi ecclesia, ibi nulla mors, sed vita æterna.

C'est dant cette royale voie de l'obéissance à l'Eglise romaine et à son chef, qu'Ambroise achemine toutes les âmes dont il a la charge; mais à plusieurs il apprend à marcher, par une soumission et un dévouement plus complets, dans une route plus rude vers de plus. hauts sommets; il est le conseiller de la vie virginale, le directeur de la perfection religieuse, dont lui-même il donne de plus en plus. l'exemple à mesure qu'il monte vers la sainteté en approchant du

terme.

Tel est ce livre, autant qu'une sèche analyse peut en donner l'idée. L'auteur, dans son enthousiasme pour son héros, s'y montre parfois un peu panégyriste, et se met peut-être trop exclusivement au point de vue de saint Ambroise, notamment en ce qui concerne le démêlé de Mélèce1; mais s'il y a quelque excès, il ne va point jusqu'à lui interdire toute critique; ainsi il ne craint pas de blâmer l'allégorisme trop persistant du grand docteur, sa trop grande rudesse contre Justine, et les erreurs d'histoire naturelle et de physique, qui du reste, étaient celles de son temps2.

En un mot, l'historien, j'aime à le redire, mettant de côté toute vue humaine, a fait œuvre d'apôtre; sa récompense, ainsi que le lui écrivait le R. P. Félix, il y a peu de jours, sera de ressusciter, en partie du moins, au milieu de nous, l'apostolat de Saint-Ambroise. »

CH. CLAIR.

L'ATMOSPHÈRE. DESCRIPTION DES GRANDS PHÉNOMÈNES DE LA NATURE, par Camille FLAMMARION. Gr. in-8, VII-824 pages. Paris, 1872. Hachette. Prix: 20 fr. broché.

Considéré au point de vue typographique, le volume que nous annonçons aujourd'hui peut se placer à côté de Rome par M. Fr. Wey. Il est orné de quinze planches chromo-lithographiques si bien exécutées qu'on serait tenté de les prendre pour des aquarelles. Les différents phénomènes de la nature sont représentés par 228 gravures sur bois dans lesquelles nous ne savons ce qu'il faut le plus admirer de la beauté du dessin, de la finesse du trait, de la perfection du tirage. Le papier et les caractères sont en harmonie avec les gravures, et font de ce volume un beau livre d'étrennes.

Le sujet de l'ouvrage est d'ailleurs du plus haut intérêt, et il est

• P. 237. Voir les Etudes, 1866, t. II, p. 519 et seqq. (Art. du P. Toulemont.) * P. 479. Saint Ambroise, chose merveilleuse, agite le problème de la jonction du golfe Arabique et de la Méditerranée par le percement de l'isthme de Suez, p. 481.

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