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quelques légers entretiens sur la nature du premier principe et sur l'origine du mal; que Denys, joignant à de si faibles notions ses propres idées et celles de quelques autres philosophes, les avait exposées dans un ouvrage qui ne dévoile que son ignorance 1.

Quelque temps après le retour de Platon, le roi lui envoya le philosophe Archédémus, pour le prier d'éclaircir des doutes qui l'inquiétaient. Platon, dans sa réponse que je viens de lire, n'ose pas s'expliquer sur le premier principe 2 ; il craint que sa lettre ne s'égare. Ce qu'il ajoute m'a singulièrement étonné ; je vais vous le rapporter en

substance:

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« Vous me demandez, fils de Denys, quelle « est la cause des maux qui affligent l'univers. Un jour, dans votre jardin, à l'ombre de ces lau«riers 3, vous me dites que vous l'aviez décou« verte. Je vous répondis que je m'étais occupé « toute ma vie de ce problème, et que je n'avais « trouvé jusqu'à présent personne qui l'eût pu « résoudre. Je soupçonne que, frappé d'un premier trait de lumière, vous vous êtes depuis « livré avec une nouvelle ardeur à ces recher<*ches; mais que, n'ayant pas de principes fixes,

2

'Plat. epist. 7, t. 3, p. 341.- Id. epist. 2, p. 312. — Id. ibid. p. 313.

«

«

<< vous avez laissé votre esprit courir sans frein << et sans guide après de fausses apparences. Vous ⚫ n'êtes pas le seul à qui cela soit arrivé. Tous « ceux à qui j'ai communiqué ma doctrine ont « été dans les commencemens plus ou moins « tourmentés de pareilles incertitudes. Voici le & moyen de dissiper les vôtres. Archédémus vous « porte ma première réponse. Vous la méditerez « à loisir ; vous la comparerez avec celles des au<< tres philosophes. Si elle vous présente de nou« velles difficultés, Archédémus reviendra, et

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n'aura pas fait deux ou trois voyages, que vous << verrez vos doutes disparaître.

« Mais gardez-vous de parler de ces matières « devant tout le monde. Ce qui excite l'admira« tion et l'enthousiasme des uns serait pour les « autres un sujet de mépris et de risée. Mes « dogmes, soumis à un long examen, en sortent « comme l'or purifié dans le creuset. J'ai vu de « bons esprits qui, après trente ans de médi«tations, ont enfin avoué qu'ils ne trouvaient

plus qu'évidence et certitude où ils n'avaient, pendant si long-temps, trouvé qu'incertitude « et obscurité. Mais, je vous l'ai déjà dit, il ne « faut traiter que de vive voix un sujet si relevé. *« Je n'ai jamais exposé, je n'exposerai jamais par « écrit mes vrais sentimens ; je n'ai publié que

• ceux de Socrate. Adieu, soyez docile à mes

«

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conseils, et brûlez ma lettre après l'avoir lue plusieurs fois. »

Quoi! les écrits de Platon ne contiennent pas ses vrais sentimens sur l'origine du mal? Quoi! il s'est fait un devoir de les cacher au public, lorsqu'il a développé avec tant d'éloquence le système de Timée de Locres? Vous savez bien que, dans cet ouvrage, Socrate n'enseigne point, et ne fait qu'écouter. Quelle est donc cette doctrine mystérieuse dont parle Platon? à quels disciples l'a-t-il confiée? vous en a-t-il jamais parlé? Je me perds dans une foule de conjec

tures.

La perte de Platon m'en occasionne une autre à laquelle je suis très - sensible. Aristote nous quitte. C'est pour quelques dégoûts que je vous raconterai à votre retour. Il se retire auprès de l'eunuque Hermias, à qui le roi de Perse a confié le gouvernement de la ville d'Atarnée en Mysie 1. Je regrette son amitié, ses lumières, sa conversation. Il m'a promis de revenir; mais quelle différence entre jouir et attendre! Hélas! il disait luimême, d'après Pindare, que l'espérance n'est que le rêve d'un homme qui veille 2 : j'applaudissais

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Diog. Laert. in Aristot. lib. 5, §. 9. Dionys. Halic. epist. ad Amm. cap. 5, t. 6, p. 728. Diog. Laert. ibid. §. 18. Stob. serm. 10,

alors à sa définition; je veux la trouver fausse aujourd'hui.

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Je suis fâché de n'avoir pas recueilli ses réparties. C'est lui qui, dans un entretien sur l'amitié, s'écria tout à coup si plaisamment : «O mes << amis ! il n'y a pas d'amis 1» On lui demandait à quoi servait la philosophie : « A faire librement, dit-il, ce que la crainte des lois obligerait de « faire 2. » D'où vient, lui disait hier quelqu'un chez moi, qu'on ne peut s'arracher d'auprès des belles personnes? « Question d'aveugle,» répondit-il 3. Mais vous avez vécu avec lui, et vous savez que, bien qu'il ait plus de connaissances qne personne au monde, il a peut-être encore plus d'esprit que de connaissances.

SOUS L'ARCHONTE THÉMISTOCLE.

La 2.o année de la 108. olympiade.

(Depuis le 8 juillet de l'an 347, jusqu'au 27 juin de l'an 346 ` avant J. C.)

LETTRE DE CALLIMÉ DON.

Philippe, instruit de la gaîté qui règne dans nos assembléesa, vient de nous faire remettre

I

Phavor. ap. Diog. Laert. lib. 5, §. 21.

-

2

Diog. Laert. ibid. §. 20. -3 Id. ibid. — a Elles étaient composées de gens d'esprit et de goût, au nombre de soixante, qui se réunissaient de temps en temps, pour porter des décrets sur les ridicules dont on leur faisait le rapport. J'en ai parlé plus haut. ( Voyez le chap. XX.)

un talenta. Il nous invite à lui communiquer le résultat de chaque séance1. La société n'oubliera rien pour exécuter ses ordres. J'ai proposé de lui envoyer le portrait de quelques-uns de nos ministres et de nos généraux. J'en ai fourni sur-lechamp nombre de traits. Je cherche à me les rappeler.

Démade 2 a, pendant quelque temps, brillé dans la chiourme de nos galères 3; il maniait la rame avec la même adresse et la même force qu'il manie aujourd'hui la parole. Il a retiré de son premier état l'honneur de nous avoir enrichis d'un proverbe. De la rame à la tribune, désigne à présent le chemin qu'a fait un parvenu 4.

Il a beaucoup d'esprit, et surtout le ton de la bonne plaisanterie 5, quoiqu'il vive avec la dernière classe des courtisanes 6. On cite de lui quantité de bons mots 76. Tout ce qu'il dit semble venir par inspiration; l'idée et l'expression propre lui apparaissent dans un même instant aussi ne se donne-t-il pas la peine d'écrire

a Cinq mille quatre cents livres. - 'Athen. lib. 14, cap. 1, p. 614. - 2 Fabric. bibl. græc. t. 4, p. 418.- 3 Quintil. lib. 2, cap. 17, p. 128. Suid. in Anuad. Sext. empir. adv. gramm. lib. 2, p. 291. -4 Erasm. adag. chil. 5, cent. 4, p. 670.- 5 Cicer. orat. cap. 26, t. 1, p. 441. — 6 Pyth. ap. Athen. lib. 2, p. 44.-7 Demetr. Phal. de cloc. Voyez la note VI à la fin du volume.

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