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regardaient comme leur second fondateur. Tous les traités, tous les règlemens qui se faisaient en Sicile, on venait de près, de loin, les soumettre à ses lumières, et rien ne s'exécutait qu'avec son approbation 1.

Il perdit la vue dans un âge assez avancé 2. Les Syracusains, plus touchés de son malheur qu'il ne le fut lui-même, redoublèrent d'attentions à son égard. Ils lui amenaient les étrangers qui venaient chez eux. Voilà, disaient-ils, notre bienfaiteur, notre père; il a préféré au triomphe brillant qui l'attendait à Corinthe, à la gloire qu'il aurait acquise dans la Grèce, le plaisir de vivre au milieu de ses enfans 3. Timoléon n'opposait aux louanges qu'on lui prodiguait que cette réponse modeste: « Les dieux voulaient sauver la « Sicile; je leur rends grâces de m'avoir choisi « pour l'instrument de leurs bontés 4. »

L'amour des Syracusains éclatait encore plus lorsque, dans l'assemblée générale, on agitait quelque question importante. Des députés l'invitaient à s'y rendre ; il montait sur un char: dès qu'il paraissait, tout le peuple le saluait à grands cris Timoléon saluait le peuple à son tour, et après que les transports de joie et d'amour avaient

2

'Plut. in Timol. t. 1, p. 253. - Nep. in Timol. t. 1, cap. 4.3 Plut. ibid. p. 254.- 4

Nep.ibid.

cessé, il s'informait du sujet de la délibération, et donnait son avis qui entraînait tous les suffrages. A son retour, il traversait de nouveau la place, et les mêmes acclamations le suivaient jusqu'à ce qu'on l'eût perdu de vue1.

La reconnaissance des Syracusains ne pouvait s'épuiser. Ils décidèrent que le jour de sa naissance serait regardé comme un jour de fête, et qu'ils demanderaient un général à Corinthe toutes les fois qu'ils auraient une guerre à soutenir contre quelque nation étrangère 2.

A sa mort, la douleur publique ne trouva de soulagement que dans les honneurs accordés à sa mémoire. On donna le temps aux habitans des villes voisines de se rendre à Syracuse pour assister au convoi. De jeunes gens choisis par le sort portèrent le corps sur leurs épaules. Il était étendu sur un lit richement paré : un nombre infini d'hommes et de femmes l'accompagnaient, couronnés de fleurs, vêtus de robes blanches, et faisant retentir les airs du nom et des louanges de Timoléon; mais leurs gémissemens et leurs larmes attestaient encore mieux leur tendresse et leur douleur.

Quand le corps fut mis sur le bûcher, un héraut lut à haute voix le décret suivant : « Le

1 Plut. in Timol, t. 1, p. 254. — 2 Id. ibid. Nep. in Timol. cap. 5.

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peuple de Syracuse, en reconnaissance de ce que Timoléon a détruit les tyrans, vaincu les « barbares, rétabli plusieurs grandes villes, et donné des lois aux Siciliens, a résolu de con« sacrer deux cents mines a à ses funérailles, et << d'honorer tous les ans sa mémoire par des << combats de musique, des courses de chevaux « et des jeux gymniques 1. »

D'autres généraux se sont signalés par des conquêtes plus brillantes; aucun n'a fait de si grandes choses. Il entreprit la guerre pour travailler au bonheur de la Sicile, et quand il l'eut terminée, il ne lui resta plus d'autre ambition que d'être aimé.

Il fit respecter et chérir l'autorité pendant qu'il en était revêtu; lorsqu'il s'en fut dépouillé, il la respecta et la chérit plus que les autres citoyens. Un jour, en pleine assemblée, deux orateurs osèrent l'accuser d'avoir malversé dans les places qu'il avait remplies. Il arrêta le peuple soulevé contre eux: « Je n'ai affronté, dit-il, << tant de travaux et de dangers que pour mettre ⚫ le moindre des citoyens en état de défendre « les lois et de dire librement sa pensée 2. Il exerça sur les cœurs un empire absolu,

a Dix-huit mille livres. p. 253. Nep. ibid. cap. 5.

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'Plut. in Timol. t. 1, p. 255. - 'Id. ibid.

parce qu'il fut doux, modeste, simple, désintéressé, et surtout infiniment juste. Tant de vertus désarmaient ceux qui étaient accablés de l'éclat de ses actions et de la supériorité de ses lumières. Timoléon éprouva qu'après avoir rendu de grands services à une nation, il suffit de la laisser faire pour en être adoré.

FIN DU CHAPITRE SOIXANTE-TROISIÈME.

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CHAPITRE LXIV.

Suite de la Bibliothèque. Physique. Histoire naturelle. Génies.

MON arrivée de Corinthe, je retournai chez Euclide : il me restait à parcourir une partie de sa bibliothèque; je l'y trouvai avec Méton et Anaxarque. Le premier était d'Agrigente en Sicile, et de la même famille que le célèbre Empédocle; le second était d'Abdère en Thrace, et de l'école de Démocrite: tous deux, un livre à la main, paraissaient ensevelis dans une méditation profonde.

Euclide me montra quelques traités sur les animaux, sur les plantes, sur les fossiles. Je ne suis pas fort riche en ce genre, me dit-il; le goût de l'histoire naturelle et de la physique proprement dite ne s'est introduit parmi nous que depuis quelques années. Ce n'est pas que plusieurs hommes de génie ne se soient anciennement occupés de la nature; je vous ai montré autrefois leurs ouvrages, et vous vous rappelez sans doute ce discours où le grandprêtre de Cérès vous donna une idée succincte

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